
<< La voie à suivre >> Chapitre 14
Write by Le Kpetoulogue
Chapitre 14
Une fois chez elle, elle se dépêcha d'aller dans sa salle de bain pour se laver. Durant plusieurs minutes, elle se frotta la peau encore et encore, de toute part. On aurait dit qu'elle voulait s'arracher la peau. Elle se sentait tellement souillée qu'elle aurait voulu faire fondre ce corps qui était le sien dans l'acide pour qu'il n'en reste pas la moindre impureté. Peu importe comment elle se frottait le corps, elle n'arrivait pas à se sentir propre. Elle finit par s'asseoir dans la salle de bain, recroquevillée sur elle-même, l'eau qui coulait sur son corps. Elle se sentait sale, dégoûtée d'elle-même. Des idées noires se succédaient l'une après l'autre dans sa tête. Il fallut que sa mère crie son nom pour la sortir de ses pensées
Sa mère : « Grace, qu'est-ce que tu fais ? Tu ne viens pas au culte ? il est presque l'heure »
Grace : « … »
Sa mère : « Grâce ? »
Grâce : « J'arrive maman, je finis de me laver et je vous rejoins »
Sa mère : « D'accord, dépêche-toi »
Une fois sa mère sortie, Grace resta un bon moment dans la salle de bain. Plus tard, comme elle rejoignit ses parents à l'église. Son père était un pasteur et pour sa famille la religion était très importante. Tout le monde dans le quartier leur citait en exemple. Tout portait à croire que c'était une famille fondée sur les enseignements du Seigneur. Son père était vraiment très connu de la communauté.
Grace n'eut pas le courage d'aller s'asseoir auprès de sa mère et ses frères et sœurs à l'avant. Elle préféra s'asseoir à l'arrière sur un banc qui était vide. Elle était encore perdue dans ses pensées. Ne sachant plus quoi faire pour sortir de cette situation dans laquelle elle s'était mise. Il n'avait fallu qu'une seule erreur pour lui pourrir la vie. C'était qu'une seule erreur… comment est-ce que les choses avaient empiré jusqu'à ce stade. Tout le monde autour d'elle était en train de prier avec fermeté et foi. Mais sa foi en elle avait fini par s'effriter petit à petit à force de subir les assauts pervers de M. Koua. Elle avait fini par se dire qu'elle était trop impure, trop sale, trop dégoûtante pour que Dieu lui vienne en aide. C'est avec cette pensée que Grâce s'effondra en larmes à l'insu de tout le monde dans l'église
Leila avait un plan assez simple pour gagner les élections : convaincre les chefs de classe d’encourager leurs camarades à voter pour elle. Certaines classes, notamment celles des élèves en dernière année, étaient déjà très favorables à son adversaire, Eric. Étant lui-même en dernière année, il était peu probable qu’ils acceptent de voter pour une étudiante de première année en tant que présidente du conseil. Ils n’aimeraient sûrement pas voir quelqu’un de plus jeune qu’eux occuper une telle position.
Il y avait aussi des classes qui se fichaient complètement du résultat des élections, mais heureusement, elles étaient peu nombreuses.
Leila demanda à Yohan de s’occuper des classes où les chefs de classe étaient des garçons. Il ne devrait avoir aucun mal à les convaincre. Quant à elle et Luqman, ils se chargeraient des classes dirigées par des filles.
Pour certaines classes, la présence de Luqman n’était absolument pas nécessaire : en expliquant simplement son programme, Leila réussissait à convaincre les chefs de classe. Il faut dire que le président actuel de l’université ne faisait strictement rien pour les étudiants.
En revanche, dans d’autres classes, la présence de Luqman jouait clairement en leur faveur. Il s’agissait surtout des classes où les filles étaient largement majoritaires. Ces dernières, ayant développé un certain intérêt pour Luqman, se laissaient facilement influencer. Leur raisonnement était assez absurde, mais elles se disaient qu’en votant pour Leila, elles avaient peut-être une chance de se faire remarquer par lui. Tout se déroulait bien jusqu’à ce que Leila arrive dans une classe de deuxième année. La chef de classe s’appelait Myriam. Elle n’était pas seulement la représentante de sa classe, mais aussi une figure influente parmi les étudiants de seconde année. La convaincre était donc primordial pour Leila.
Cependant, Myriam ne se laissa pas impressionner par le discours de Leila. Elle n’y accordait aucune importance et se contentait de fixer Luqman droit dans les yeux. Ce dernier, adossé au mur un peu plus loin, soutenait son regard sans difficulté. Myriam lui faisait les yeux doux, mais Luqman restait impassible.
Leila : « Hum hum… Myriam, tu m’écoutes ? »
Myriam : « Oh, pardon… Tu disais quelque chose d’important ? Je n’ai pas fait attention. »
Leila : « Je t’expliquais mon programme… Donc, je disais… »
Leila reprit son explication, mais comme tout à l’heure, Myriam l’ignorait et continuait de faire du charme à Luqman.
Leila : « Myriam, tu peux être sérieuse, s’il te plaît ? On parle de quelque chose d’important, là. »
Myriam : « Vraiment ? En vrai, peu importe qui est président du conseil, moi, je m’en fiche un peu. Je ne pense pas que tu puisses réellement changer quoi que ce soit dans cet établissement. Mais bon, peut-être que ce sera mieux qu’Eric, qui ne fait strictement rien. Néanmoins… qu’est-ce que j’y gagne, moi ? »
Leila : « Bon, qu’est-ce que tu veux ? »
Myriam : « Je veux Luqman. Si tu m’aides à l’avoir, je t’assure les votes de tous les étudiants de deuxième année. »
Leila : « Comment t’aider à l’avoir ? »
Myriam : « Fais pas l’innocente, tu as très bien compris ce que je veux dire. »
Leila : « Je ne peux pas t’aider à l’avoir. Ce n’est pas un enfant, il fait ses propres choix. Et toi non plus, tu n’es pas une enfant. Je ne pense pas que tu aies besoin de moi pour séduire un mec qui t’intéresse dans cette université. »
Myriam était le genre de femme qui ne passait jamais inaperçue. Une beauté hypnotique, une présence qui captivait dès le premier regard. Elle dégageait une sensualité naturelle, presque enivrante. Ses courbes étaient parfaitement sculptées, mises en valeur par des tenues toujours choisies avec soin, sans jamais tomber dans la vulgarité. Sa peau, d’un éclat velouté, semblait appeler au toucher. Chaque mouvement de ses hanches était une invitation silencieuse, et son regard de braise transperçait quiconque osait le croiser.
Mais ce n’était pas seulement son physique qui la rendait irrésistible. Myriam avait cette assurance presque féline, ce mélange enivrant de douceur et de domination. Sa voix, suave et maîtrisée, résonnait comme une douce mélodie, et chacun de ses mots était pesé pour susciter l’intérêt, voire le désir. Il émanait d’elle une aura magnétique, un charme indéfinissable qui ensorcelait ceux qui s’approchaient d’elle, hommes comme femmes.
Alors qu’elle fixait Luqman, elle jouait de ses atouts avec une subtilité déconcertante, un sourire en coin, un battement de cils calculé, une légère inclinaison de la tête qui la rendait encore plus fascinante. Pourtant, Luqman restait impassible.
Myriam : « Luqman est différent. J’ai déjà essayé de l’approcher, mais il semble ne m’accorder aucun intérêt. »
Leila : « Peut-être qu’il ne cherche pas quelque chose de futile. Tu sais, tous les hommes ne veulent pas juste s’amuser. »
Myriam : « Qu’est-ce que tu sous-entends ? On dirait que tu ne veux pas être présidente, hein. »
Leila : « Mais si… eeeh hum. Mais vraiment, je ne sais pas ce que je peux faire. »
Myriam : « Obtiens-moi un rendez-vous en tête-à-tête avec lui, et tu auras nos votes. »
Leila : « Vraiment ?? »
Myriam : « Bien sûr, je te le promets, ma chérie. »
Plus tard, lors d’un débrief avec Yohan et Luqman, Leila sentit un regard insistant sur elle. Intriguée, elle tourna la tête dans cette direction, mais elle n’eut que le temps d’apercevoir quelqu’un s’éclipser à toute vitesse.
Leila : « … »
Luqman : « Un souci ? »
Leila : « Euh… non, rien. »
Yohan lui annonça que certaines des classes qu’il avait vues étaient fortement favorables à sa candidature, mais d’autres risquaient d’être plus difficiles à convaincre.
Leila : « Comment ça ?? »
Yohan : « Tchai, ce sont des gars qui mangent avec Eric. Tchai Je sais pas encore comment, mais je vais essayer de trouver une solution pour les convaincre. Et même si ça ne passe pas, je vais directement parler aux étudiants. Et de ton côté ? »
Leila : « Dans l’ensemble, ça a plutôt bien été. C’est juste Myriam qui risque de poser problème. »
Yohan : « Quelle Myriam ça ? C’est pas la même Myriam qu’on connaît, là ? »
Leila : « Elle-même, tchoor. Elle a fait une demande bizarre pour accepter de nous donner son vote et garantir ceux des secondes années. »
Yohan : « Ahii ?? Mais accepte ! Tu sais combien d’étudiants il y a en seconde année ? Ils sont nombreux hein ! »
Leila : « … »
Yohan : « C’est quoi le problème ?? Elle veut que tu voles la lune pour elle ou bien ? »
Leila : « Non, non. Elle veut un rendez-vous avec Luqman. »
Yohan : « Attends, elle est intéressée par Luqman ?? Pouaaa, mon frère, tu es chanceux hein ! »
Luqman : « En quoi est-ce que c’est une chance ? »
Yohan : « Myriam ?? Pouaaa, la fille est magnifique. Elle est trooop jolie, troooop canon, trooop sexy. Y a même des meufs dans l’université qui veulent la mougou ! »
Leila : « Oorh, faut pas abuser non plus… »
Yohan : « Ahii ? Je suis sérieux ! Mais bref, où est le souci ?? Luqman va lui accorder son rendez-vous et c’est tout. »
Leila : « Hum… ça ne te dérangerait pas, Luqman ? »
Luqman : « Tout dépend de ce à quoi m’engage ce rendez-vous. »
Yohan : « Tchrrrrr, regardez-moi celui-là même… Ouais, vous les jolis garçons, vous n’avez pas de soucis dans vos vies quoi ! Une fille comme ça s’intéresse à toi et tu fais malin, tchrrr. Si j’étais à ta place, même si elle me demandait de gifler mon vieux à cause d’un bisou, j’allais faire ça, chap ! »
Leila : « Ooorh, va là-bas, Yohan. Tu aimes trop ça ! Tu ne t’engages à rien, Luqman, elle a juste parlé d’un rendez-vous. »
Luqman : « D’accord. Si ce n’est que ça, je veux bien. »
Un peu plus tard, vers la fin des cours, alors qu’elle annonçait à Myriam la réponse de Luqman et qu’elles discutaient d’un jour pour le rendez-vous, Leila ressentit à nouveau ce regard persistant qu’elle avait remarqué plus tôt. Cette fois-ci, elle eut le temps de voir qu’il s’agissait d’une étudiante qu’elle ne connaissait pas, qui la fixait avec une attention troublante. Mais dès que Leila croisa son regard, la fille s’éclipsa à toute vitesse, comme si elle venait d’être prise en faute.
Leila : « Dis, tu connais la fille qui vient de descendre les escaliers, là ? »
Myriam : « Je crois qu’elle s’appelle Grâce… un truc comme ça, je sais plus trop. »
Leila : « Ha… elle me regardait beaucoup, là. Je sais pas pourquoi ? »
Myriam : « Peut-être qu’elle est lesbienne. Moi, il y a plein de filles qui me regardent, o0w. Fais pas attention. »
La veille du rendez-vous, Leila se trouvait dans sa chambre. Il était minuit et elle avait un mal fou à s’endormir. Impossible d’arrêter de penser à ce rendez-vous. À force de tourner et retourner la situation dans sa tête, elle finit même par se parler à elle-même.
Leila : « Hum… Cette Myriam-là, elle a vu quoi sur Luqman même ? C’est garçon qui lui manque dans grande université comme ça-là ? »
Leila : « Et puis lui aussi, il a pas beaucoup insisté pour refuser son rendez-vous, hein… Ça se trouve, c’est son genre de femme qui est là… »
Elle passa devant son miroir et s’y arrêta un instant, observant son reflet avec un œil critique.
Leila : « Elle a quoi de plus que moi ? Je suis jolie aussi. J’ai fesses, j’ai seins. Bon, mon cui n’est pas gros comme pour elle, mais c’est pas petit aussi, ahii… Je suis bonne, tchai. Bien sexy et tout. »
Face à toutes ces questions qui lui traversaient l’esprit, Leila hésita une tonne de fois avant de finalement se décider à appeler Luqman.
Luqman : « Allô, Leila ? »
Leila : « Tu ne dors pas encore ? »
Luqman : « Non, j’étais en train de prier. Je ne vais pas tarder à dormir. Il y a un souci ? »
Leila : « Euh… non… rien. Je t’appelais, euh… juste pour savoir si… ha oui voilà, s’il y a de l’électricité chez toi ? »
Luqman : « Oui, j’ai de l’électricité, pourquoi ? Il y a une coupure chez toi ?? »
Leila : « Non non … EEEEEH pardon je voulais dire oui oui, il y a une coupure »
Luqman : « Ha … ok. Du coup, tu avais besoin de quelque chose en particulier ? »
Leila : « Hum … Juste que … euh … ce n’est pas que ça m’intéresse hein, je demande ça juste comme ça, et qui sait, peut-être que je pourrais te donner des topos, mais genre demain là, tu veux envoyer Myriam où ? »
Luqman : « Ce n’est pas moi qui décide. Elle m’a dit qu’elle a une liste d’endroits où elle veut aller, mais qu’on commencerait par le zoo »
Leila : « Han han … vers quelle heure comme ça ? »
Luqman : « Sans doute dans l’après-midi »
Leila : « Je vois … »
Luqman : « C’est tout ? »
Leila : « Oui oui … »
Luqman : « D’accord, je te laisse alors. Je vais dormir. Bonne nuit, dors bien »
Leila : « Merci, à toi de même »
A Suivre …