Le boudoir de Madame K
Write by Kossilate
Chapitre deux : Le boudoir de Madame K.
- Phoebe, appela madame K assise dans son fauteuil de patronne
- Oui madame, répondis-je en entrant dans son bureau.
- Tu as de nouveaux invités……Ce sont de gens très importants et l'un d'eux a demandé expressément à vous avoir Kira et toi. Je compte sur vous pour qu'il dépense sans penser.
- Oui madame K.
- Maintenant va te préparer. Kira ne va pas tarder à revenir et je la mettrai aussi au courant.
- ……
Cela faisait huit mois que mon père m'avait échangé contre sa dette de jeu. Depuis, je n'avais plus eu aucune nouvelles ni de lui ni de mes sœurs… Mes sœurs. Que devenaient-elles ? Ont-elles des difficultés dans leurs études ? Notre père avait-il échangé l'une d'entre elles contre une autre dette de jeu ? Évidemment, ces questions qui me turlupinaient, restèrent sans réponse car le bordel dans lequel mon père m'avait envoyé se trouvait à Lagos. De plus, je n'y avais pas assez de droits pour voyager jusqu'à Abeokuta afin de voir mes sœurs et de m'enquérir de leurs nouvelles.
Dans cette situation, je trouvais un mince réconfort en me disant que si je n'étais pas rentrée aussitôt ce serait l'une de mes sœurs, voir les deux qui auraient été à ma place. Même si cet établissement n'est pas à proprement parler un bordel, la dégradation de la dignité et du respect féminin qui se font ici, seraient au moins épargnés à mes sœurs.
Le boudoir de Madame K était plus un lieu de danse exotique qu'un bordel. Même si certaines filles y acceptaient quelques à coté, de leur propre initiative ou après demande expressive des clients, pour arrondir leur fins du mois, il demeurait avant tout un lieu où des hommes ayant du surplus dans leur poche, venaient se rincer l'œil sur les courbes dénudées de jeunes filles incarnant leur fantasme. En un mot, c'était un lieu de débauche et je l'ai tout de suite détesté. Devant l’air outrée et humiliée que j'affichais à mon arrivée, plusieurs filles se moquèrent de moi en disant que ce n'est que de la danse avec « un peu moins de vêtements que d'ordinaire. ». Je leur répondais alors le plus calmement possible :
- Selon mon humble avis, mon corps est bien trop important pour que plus d'une paire d’yeux masculins ne le voient. Et même dans ce cas, ces yeux auraient dû être ceux de mon homme. Eve a été créée nue mais à ce moment seul les yeux de Adam, son mari, l'on vu et après cela aucun autre homme que lui, n'a plus eu se privilège. Dieu à permis que ce soit ainsi pourquoi voulez vous le changer.
Cette façon de penser, monta contre moi Madame k qui avait peur que je ne fasse fuir les clients et toutes les filles du boudoir…Ces dernières me trouvant trop coincée. Toutes les filles à l'exception d'une : Kira….Kira est une jeune fille qui s'est occupée de m'installer pendant que Madame k et le créancier de mon père discutait de combien je valais. Étant mon aînée de deux ans et plus ancienne que moi, elle m'a tout de suite prise sous son aile.
- Chérie cesse de pleurer parce que ça n'émeut personne ici et cela ne servira qu'à te donner des maux de têtes, dit-elle en me regardant pendant que je me noyais dans mes pleurs et ma douleur.
- ……..
- Pourquoi es-tu là ??
- ……
- S'il t'a volé, je peux t'aider à partir d'ici. Mais pour cela j'ai besoin que tu te calmes, ajouta t elle en commençant à être exaspérée.
- Et si c'est mon père qui m'a échangé contre une dette de jeu ?? Pourras-tu toujours m'aider ? demandai-je en sentant tout mon ressentiment remonter en moi ?
- Ah dans ce cas……à défaut de t'aider à partir d'ici, je pourrai faire en sorte que tu ne finisses pas comme toutes les autres filles.
- C’est-à-dire….
- En voyant ton dégoût en entendant parler de danse nue, j'imagine que tu n'es pas non plus prête pour coucher ou te laisser tripoter par certains clients un peu trop porter sur l'aspect sexuel de notre travail, m’expliqua t elle en grimaçant.
- Oh mon Dieu…fis-je au bord de la crise cardiaque.
- Ta réponse me laisse croire que j'ai vu juste.
- ……
- Eh bien ! Pour commencer, il faudrait que tu ne te mettes pas Madame K à dos et donc que tu arrêtes de pleurer.
- ……
- Je veillerai à ce que tu sois toujours dans mes spectacles et je pourrai ainsi garder un œil sur les mains trop baladeuses dans ta direction.
- Merci.
- Ici il faut jouer le jeu pour ne pas se faire remarquer et donc s'éviter les foudres de Madame K.
- D'accord, lui répondis en essuyant mes larmes et ma morve d'un revers de la main.
- Je vais y aller. Tu es dans cette chambre pour un moment mais je dirai vouloir m'occuper de ton initiation pour que Madame K te laisse emménager dans la mienne.
- Merci.
Après cette discussion, Kira m'aida à m'installer et me posa plein de questions pour en savoir plus sur moi. Elle me parla aussi d'elle et me donna plein de conseils pour éviter des prises de becs avec les autres filles et Madame K.
- Pourquoi m’aides-tu ? La questionnai je tandis qu'elle se dirigeait vers la porte.
- Je suis dans ce boudoir depuis sa création, j'ai vu comment toutes les filles qui sont passées par ici ont changé pour le pire et je ne voudrais pas ça pour toi.
- Pourquoi moi ? Avais-je alors demandé un peu suspicieuse.
- …..
- Vous auriez pu le faire à une autre ou pour toutes les autres. Pourquoi moi précisément ?
- Détrompe-toi Phoebe. Je propose mon aide à toutes les filles ici lorsque je sens qu'elles aspirent à autre chose que cette vie. Tu n'es ni la première ni la dernière.
- Alors pourquoi nous aides-tu alors ?
- Waow. On croirait presque tu ne veux pas de mon aide.
- Non, non loin de là. En fait, je me pose juste des questions.
- Alors, laisse moi te dire que comme toi j'ai été obligée d'atterrir ici à cause d'un de mes parents. Plus précisément à cause de ma mère. Et je trouve un malin plaisir à aider les filles qu'elle malmène ici.
- Tu veux ……
- Oui madame K est ma mère et je te serai gré de ne pas le crier à toutes les autres, déclara Kira avec un sourire amère en sortant de ma chambre.
Après ce jour, Kira me protégea comme elle me l'avait promis et peu à peu nous étions devenues de très bonnes amies. Lors de mes moments de nostalgie concernant mes sœurs, elle était présente et lors de ces moments d'insurrection contre le peu de scrupule de sa mère, j'étais présente. Elle se chargea aussi de mon « éducation » au milieu de la danse. Contre toute attente, mon bac scientifique ne m'aida ni à bouger les reins, ni à savoir me déshabiller et encore moins à savoir jouer cette comédie dans laquelle je végète depuis huit mois.
À son retour, quelques heures après l'annonce de Madame K, elle vint me rejoindre toute excitée dans notre chambre.
- Il paraît qu'on a de nouveaux clients.
- Ouais il paraît, répondis-je couchée sur mon lit le regard fixé sur le plafond.
- Allez soit un peu plus enthousiaste, on aura de nouvelles têtes d'après Madame K. Ça nous changera de ces mêmes têtes de députés corrompus qui commencent à me sortir par le c….
- Ooook. Ne m'impose pas cette image de ces vieux vicelards coincés dans ton …..brrr, m’écriai-je en frissonnant.
- Tu es trop drôle petite.
- Tu es trop excitée l'aïeul.
- Il faut bien, Madame K m'a demandé une nouvelle chorégraphie pour ces clients et je compte bien m'amuser…..Et t’obliger à en faire autant.
- Je n'y arriverai pas et tu le sais.
- Et si pour une fois tu la fermais et que tu te contentais de faire ce que je te demande ?? Qu'est ce que je t'ai dit lors de ta première danse ?
- Si tu n’arrives pas, imagines et laisses ton corps s'exprimer.
- Eh bien ! Pas si bête la petite, tu sais au moins écouter. Il reste maintenant à mettre en pratique.
- …..
- En avant la musique, ajouta Kira devant mon petit sourire.
Cinq heures, des barres de rires et beaucoup de transpiration plus tard, Kira avait mise au point une nouvelle chorégraphie et me l'avait apprise. Même si à l'idée de devoir la faire devant des hommes, mon regard s'assombrissait, je me devais d'avouer que cette chorégraphie était d'enfer et que je pourrai prendre du plaisir à l’exécuter. Nous nous dépêchâmes donc d'aller préparer la salle réservée par Madame K pour nos nouveaux invités. C'était une salle au mur couvert de motifs orientaux, pourvue d'une lumière rouge tamisée et remplie de coussins comme on en voyait dans les salons arabiques ou les harems des rois. Disposés en un large cercle dont le centre désencombré servirait de piste de danse, les coussins devaient offrir à nos clients une vue imparable sur tout ce qui se trouvait sous nos jupes. Moi je trouvais cela superflue car de toute façon, les jupes étaient faites dans un tissu si fin et transparent, qu'elles ne laissaient pas beaucoup de place à l'imagination. Madame K par contre semblait aux anges par le travail fait par sa fille. Ce n'était pas de la fierté, loin de là. Elle se réjouissait plutôt par avance de tous les billets qu'elle aurait à compter le soir même.
Aux environs de vingt deux heures, lesdits invités firent leur entrée, et je laissais Perle l'une des filles du boudoir, les installer tandis que Kira et moi nous préparions à assurer deux heures de spectacle non-stop. Nous devions commencer notre spectacle habillées en danseuse orientale puis le finir vêtues comme des princesses nigériane, avec beaucoup moins de vêtements que de véritables princesses mais quand même parées comme tel. Le groupe d'homme qui s'était payé nos prestations était formé de six amis dont l'un allait bientôt se marier. Je ne connaissais pas lequel c'était car je n'avais pas pris la peine de le demander à Kira. Mais dans l'assemblée, l'un des jeunes hommes retenu de suite mon attention. Il était grand, de teint clair et paraissait avoir moins de trente ans. Sa chemise blanche tendue sur son corps attestait de sa musculature et sa voix au timbre grave et doux était pure délice pour les oreilles. Effectivement, comparé à l'aspect préhistorique des hommes que nous avions eu divertir jusqu'à ce jour, cette nouveauté était un courant d'air frais. Les autres hommes n'ont plus n'étaient pas en reste mais la voix de cet homme en particulier avait cette capacité à dévier mon regard sur lui-même si je ne pouvais pas bien distinguer parfaitement ses traits avec la lumière tamisée.
- Prête, murmura Kira en me rejoignant derrière le rideau d'où j'observais la salle.
- ……..
- Si tu n'y arrives pas….
- Imagine et laisse ton corps s’exprimer, finis je à sa place en la suivant dans la salle.
Cela aurait bientôt fait deux heures que nous dansions pour ces hommes en alternant changement de costumes et passage solos. Ils avaient les mains tranquilles à l'exception d'un certain Rodrigue qui essaya à plusieurs reprises de me toucher un peu trop loin. À chaque fois Kira volait à ma rescousse et diluait toute tension. Malgré cet incident, cette nuit-là, je pris pour la première fois du plaisir à danser et à bouger mon corps. Comme me le demandait Kira, j'e m’imaginais danser pour une et une seule personne.. Mais cette fois, ce cher mari dont je ne distinguais que l'ombre d'ordinaire, avait un corps et c'était celui du jeune homme de tout-à l'heure. Ce ne fut que lors de leur départ que je sus son identité et une honte énorme me consuma lorsque je me rendis compte que je fantasmais sur le futur époux d'une autre. En effet, ce jeune inconnu qui m'avait donné des idées pas très catholiques, c'était d'ailleurs la première fois en dix neuf ans d'existence, était déjà promis à une autre.
Apres cette soirée, pour mon plus grand malheur, Madame K se mit à me programmer beaucoup d’autres clients car c'était la première fois qu'elle m'avait dansée si bien et sans ce masque de froideur que j'abordais dans toutes les autres prestations avant celle là. Elle commença même à me faire faire des spectacles toute seule et ce qui devait arriver, arriva.
Rodrigue qui n'avait pas digéré d'être ainsi éconduit à plusieurs reprises, revint quelques semaines plus tard et demanda à me voir en spectacle seule. À la fin de ma prestation le soir là, il agrippa mon poignet et me colla à lui.
- Tu connais l'histoire du loup et de l'agneau.
- Non….non monsieur, marmonnai je en essayant de me libérer de l'étreinte de sa main.
- C’est l'histoire d'un loup qui avait faim et qui trouva un agneau nouvellement né près d'un cours d'eau, continua-t-il en me mordant le lobe de l'oreille.
- Lâchez-moi s'il vous plaît.
- L'agneau fit tout pour que le loup ne le mange pas. Mais c'était sans compte sur la faim du loup et tout ce qu'il était capable de faire pour assouvir ce désir.
- Monsieur…..
- J’ai faim de toi petit agneau et rien ne saurait me dissuader de te manger, déclara-t-il en déchirant mes vêtements au même moment qu'un cri de détresse franchissait la barrière de mes lèvres.
Malheureusement, ce soir là personne ne m’entendit, personne ne vint à ma rescousse. C'est ainsi que je prédis ma virginité de la pire manière qu'on pouvait imaginer : En me faisant violer.