Le bout du tunnel

Write by Pegglinsay

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-Madame Martin votre fils à ce qu’on appelle la scarlatine. C’est une maladie enfantine qui se manifeste par la fièvre, des éruptions cutanées, des vomissements et j’en passe…

- Est-ce grave docteur ?, dis-je désespérément.

- Je ne peux rien dire en ce moment mais ce n’est pas un cas extrême. Cependant il y a des préventions  à faire pour le moment. Je vais vous donner une liste comme ça ce sera mieux.  Comme la maladie n’est pas à son stade maximum , on ne peut pas parler de contagion…

- Pardon docteur mais est-ce que vous pouvez être plus clair ? parce que, désolée, je ne comprends rien à ce…

- D’accord, dit-il, votre fils va devoir passer au moins trois jours à l’hôpital. On va lui administrer des antibiotiques qui lui permettra de guérir plus vite madame. Ça va maintenant ?

- Ça ira quand mon fils sera guéri, mais merci.

- Bien ! Une dernière chose, n’oubliez pas de passer à l’ économat. Les frais des chambres se payent d’avance.

- Bien sur, je vais y passer.

Je laissai le docteur et pris mon téléphone pour appeler mon mari. Le téléphone sonna mais sans réponse. Dépitée, je lui laisse un message en lui donnant des nouvelles de son fils.

 Aujourd’hui faisait deux jours depuis que mon Éric était à l’hôpital. Larissa me tenait compagnie comme elle pouvait. Chaque deux heures, soit elle m’appelait soit elle me laissait un message pour pouvoir me remonter le moral. Je commençais à m’énerver contre David, j’avais besoin de lui plus que jamais en ce moment. Mais monsieur n’était pas dispo.

J’entendis mon téléphone sonner, je le pris. C’était un appel de David. En parlant du loup on voit sa queue.

- Monsieur ! lui dis-je. Il savait que, quand je le nommait ainsi cela voulait dire que j’étais fâchée.

- Chérie je suis désolé, je n’ai pas pu prendre mon téléphone de toute la matinée. Notre boss était présent ce matin, et il nous mettait des bâtons dans les roues. Je suis en pause maintenant…

- Si tu le dis, dis-je d’un ton méfiant.

- Arrête Léa ! Tu penses que j’aurais fait exprès de ne pas t’appeler en sachant que l’un de mes fils est malade ? Franchement chérie, je  suis humain et père de surcroit.

Le ton commençait a monter entre nous et pour le moment je n’avais pas besoin de ça.

-  D’accord dear, désolé. Je suis sur les nerfs en ce moment.

- Moi également je m’excuse Léa. Si tu savais tous ce qui me tracassent en ce moment. But anyway… Comment va notre fils ?

    Je lui ai raconté ce qu’avait dit le médecin et je passais plus de dix minutes à lui parler. Mais l’appel fut coupé, je vérifie problème de réseaux.

- Merde ! Foutue compagnie !!!!

J’essayais de refaire l’appel mais on me dit la même chose. Je me laissais choir sur une chaise et pensais à ce que je devrais faire, la nuit allait encore être longue.

                                                               ****

Quatre jours s’écoulèrent et Éric sortit enfin de l’hôpital. Il était encore faible mais n’avait plus de fièvre, ni de douleur et avait passer le cap de vomissement. Seule sa peau n’avait pas encore récupéré, le docteur m’avait dit que cela allait prendre quelques semaines avant qu’il soit totalement rétabli. Le meilleur dans tout cela c’est qu’il était sorti. Je remerciais Dieu et prenais cette semaine comme une mise à l’épreuve. J’étais confiante et avais une certaine paix. Je savais que mon Dieu était présent.

Une heure plus tard, on était chez nous, dans  notre appartement de quatre pièces. J’installe mon fils, lui donne ses médicaments et le laisse se reposer un peu. Je retourne au salon où m’attendaient  mes beaux-parents et Larissa. 

- Dieu soit loué!!!!  Notre bébé est enfin sorti. Je déteste tellement les hôpitaux, dit ma belle-mère.

- Pas au tant que moi, répondis-je.

- Tu as parlé à David ? 

- Je lui ai parlé ce matin. Il compte m’appeler cet après-midi, lors de sa sortie de travail…

La sonnerie de mon téléphone m’interrompre, je regarde l’écran et remarque un numéro inconnu.

- Bonjour !

- Bonjour ! C’est bien Léa Martin à l’appareil ? 

- Oui c’est elle. À qui ai-je l’honneur ? dis-je en m’éloignant des autres.

- On est world vision Christian(WVC),une mission internationale Chrétienne, implantée en Haïti il y a plus de quinze ans. En ce moment on est entrain de chercher un assistant pédagogique pour notre école...

Je n’ai même pas écoute le reste de la conversation. Mon esprit a fait un bug sur les derniers mots que vient de dire la femme qui était au téléphone.

- Hello ! Vous êtes toujours là ?

- Désolée, le réseau passe mal, mentis-je. Vous disiez ?

- On n’aimerait vous rencontrer lundi à  dix heures du matin, dans notre local en plaine pour un entretien.

- D’accord, bien sur madame…

- Venez avec un nouveau CV. On vous attends. Au revoir et à lundi Mme Martin.

- A lundi, merci !

Je raccroche et commence à danser sur une musique imaginaire. Mon fils Nicolas vient me surprendre entrain de faire des pas de danse.

- Tu fais quoi là maman ?

Je le prends dans mes bras et exécute des pas de plus belle. Je sais que c’est un peu trop tôt pour crier victoire mais cela fait deux ans que j’avais donné des CV un peu partout mais sans réponse. Si ce n’est pas un miracle de DIEU, c’était quoi alors ?  je m’arrête et chatouille mon fils, il gigote dans tout les sens en riant à gorge déployée. Je le dépose et retourne au salon, je reprends mon visage sérieux, j’avais pas envie d’en parler pas avant d’être embauchée.

- Désolée, une amie qui me demandait des nouvelles d’Éric. 

Une heure plus tard, tout le monde était déjà parti. Apres avoir vérifiée qu’Éric dormait toujours, je me calais dans mon vieux canapé pour appeler mon mari. J’avais hâte de lui parler de mon premier entretien. Oui, c’était le premier depuis des années que je déposais des CV par-ci par-là. C’était le commencement de quelque chose, je le sentais. 

- Amour !

- Mon chéri, comment tu vas ? 

- Ça peux aller, et toi ? Comment se porte Éric ? 

- Moi ça va et ,Éric, il se rétablit.

- Je viens à peine de sortir du boulot et je me tiens maintenant dans la voiture. J’allais justement t’appeler…

- Ça se voit que nos esprits sont liés.

- Bien sur chère madame, n’oublie pas qu’on forme qu’une seule chair, dit-il en plaisantant. Je t’aime Léa Jean Martin !

- Je t’aime aussi David Martin ! dis chéri, j’ai un entretien d’embauche, dis-je tout excitée.

- Ah oui ! Intéressant ! et c’est dans quelle institution ?

- Privée, une mission chrétienne. J’ai pas beaucoup d’infos pour le moment…

- Et on les trouve où ?

- En plaine…

- En plaine !!!?? mais c’est loin Léa. Comment tu vas faire ? Et les enfants ? les amener à l’école et aller les chercher ! Tu as déjà pensé à tout ça ? 

Je me redresse du canapé, parce que franchement j’ai pas bien entendu les dires de David. Pourquoi tant de questions d'un coup?  Peut être que j’interprète mal ses propos, mais le ton de sa voix m'inquiète.

- Comment ça ?? Je sais que c’est assez loin mais le plus important ce n’est pas la distance, dis-je en haussant la voix.

- Oui le plus important ce sont nos fils !

- Ah ! je vois maintenant ! Comme ça si je commence à travailler mes enfants vont être relégués au second rôle, c’est ça ton inquiétude ?

- Léa, je me casse en deux ici pour que vous ne manquiez de rien. Je sais que cela n’est pas suffisant puisqu’on est toujours sur la seuil de la misère. Mais aller travailler si loin et en plus les garçons sont encore petits et je ne suis pas présent…

- Sois franc David, dis moi clairement le fond de tes pensées.

- Je ne voudrais pas que tu ailles travailler si loin. VOILA !

-

- Léa !?

- …..

Je n’arrive pas à répondre, certes c’est un peu loin. Pas aussi loin que ça mais si je comptes les embouteillages cela me fera une heure et demi en voiture. Je pourrais déposer mes enfants à l’école mais je ne pourrai pas aller les chercher. Je devrais trouver quelqu’un pour le faire à ma place.

Je sais qu’on doit se soumettre à son homme mais là j’allais passer outre à ce commandement. David sait qu’il est si difficile de trouver du travail et lui il me parle de distance !!!!

- Désolée cher époux ,dis-je d’un ton ironique, mais rien de tout ce que tu me diras me ferait changer d’avis. J’irai à ce entretien et tant mieux si on me garde. La seule chose qui me fera refuser ce sera le salaire. Si c’est un salaire minable alors là, je  laisserai tomber.

Je ne peux pas comprendre que David réagit ainsi ! Certes je serai moins présent pour mes fils mais je serai toujours avec eux ! Bon sang !

- Tu t’es déjà demandé comment une mère célibataire pouvait vivre ? lui dis-je sur un ton agressif.

- Ne te compare pas à une mère célibataire, tu n’en es pas une !

- Mais physiquement  je suis seule et ne va pas me dire que t’es toujours là pour nous parce que ce n’est pas le cas. L’argent ne peut pas tout faire, ne l’oublie jamais. Toute la sainte journée je reste enfermée dans une maison seule !!! Ma routine : emmener les enfants à l’école, faire le nettoyage, la nourriture, puis aller les chercher, les aider à étudier, à faire leurs devoirs. Et le week-end : souvent je les envoie chez leur grands-parents et moi j’en profite pour faire la lessive, faire du nettoyage à fond. Trop fatiguée, je reste à la maison pour dormir  et je ne suis même plus capable de sortir pour aller l’église voire m’amuser. Depuis quatre ans ma vie se résume à cela ! Je ne veux pas dire que là où tu es, tu as une vie de prince mais j’ai pensé que tu me comprendrais. En plus, deux salaires valent mieux qu’un David. Le pire j’ai même pas l’emploi et on commence déjà à se chamailler…

- Ce n’est pas le travail mais la distance Léa…

- Tu sais quoi, j’ai plus envie d’en parler. Désolée, je vais devoir te laisser, ma batterie est à plat et il n’y a pas d’électricité pour le moment.

- Chérie écoute…

- A plus David !

- D’accord. A plus !


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