Le cauchemar
Write by Rre Byzza
- Mactar tu as tort de me tourner le dos ! Si tu ouvres cette porte, si tu la franchis…..
Un grincement, une porte que l’on referme bruyamment derrière soi.
Malgré tout cet imbroglio dans sa tête, Mactar se plut à se dire intérieurement qu’il l’avait échappé belle. Que lui arrivait-il ? Il semblait nager dans une fiction romanesque, irréelle ! Comment pourrait-il expliquer cela à Astou sa femme bien aimée ? Elle en serait brisée, la famille éclaterait !
Astou et son état de grossesse, six mois déjà, pourrait-elle supporter ce drame ? Non il ne pourrait pas prendre ce risque de la traumatiser avec les conneries de sa sœur ! Il va tenter de la raisonner, après tout elle vient tout juste de sortir de l’adolescence !
Un cri strident le tira de ses pensées, il s’arrêta net, pétrifié ! Un deuxième cri plus violent sembla le transpercer, son esprit en émoi il perdit tout sens du raisonnement ! il se rua de nouveau dans l’appartement ouvrit la porte dans sa course ! Ses yeux furetèrent partout dans le séjour, rien. Il bondit vers le salon, pas de Penda, un troisième cri l’orienta vers la chambre à coucher !
L’horreur !
Mactar avait l’esprit paralysé, aucune pensée logique n’arrivait à prendre forme. Il s’avançait pourtant, mécaniquement vers la forme recroquevillée sur le lit conjugal couvert tant bien que mal par des lambeaux de ce qui jadis fut son habillement ! Sur le drap ocre aux effigies de cœur, comme une esquisse de toile de maître, une forme rougeâtre qui contrastait avec ces cœurs enlacés!
Il posa sa main sur le corps frêle de la jeune fille, la retourna doucement. Son cœur battait la chamade ! Que s’était-il passé ? A-t-elle tenté de se suicider ?
La jeune fille se laissa relever le buste, s’agrippa à la chemise de Mactar, laissa choir sa tête doucement sur son épaule !
- Penda ! Que se passe-t-il ? Que t’est-il arrivé ?
En réponse, elle sembla abandonner son corps au doux appel de la gravité, entraînant Mactar dans sa « chute » vers le lit !
Soudain comme possédée, elle le griffa violemment au visage, s’agrippant ensuite à lui comme une folle !
- Laisses moi, laisses moi ! Criait-t-elle à tue tête.
Des pas derrière la porte, des voix s’interrogeant, Mactar sentit sa vie basculer. Vite se dégager !!!
Telle une diablesse, Penda tenait bon, elle l’empêcherait de se lever le temps que les voisins arrivent ! Elle continuait à crier pour ameuter les voisins ! Elle savait que tendre dans l’âme, Mactar rechignerait à la frapper, seule alternative pour se sortir de son étreinte désespérée ! Et même si par malheur il la frappait, cela ne ferait que du bien à son plan diabolique.
Les pas s’approchaient, les voix interrogatrices aussi ! Elles demandaient ce qui se passait en ces lieux !
Dans un ultime effort, Mactar se dégagea de l’emprise de Penda, la chemise complètement déchirée, Penda retenant encore entre ses doigts les restes de tissus !
Des mains, d’innombrables mains, des voix confus, Mactar ne savait plus où il était ! Ces mains le tiraient, le paralysaient ; il aurait voulu crier, il était devenu aphone !
En chœur, des expressions de dégout, de rage, le mépris et la menace grandissante d’une vindicte populaire. Comment a-t-il pu ? Qu’est ce qui lui a pris ? Sa pauvre femme si gentille ne mérite pas ça ! Le salaud, sa femme est enceinte ! Tout lui parvenait comme une seule voix, son esprit ne tenait plus, il cria, il cria de toutes ses forces ! Un premier choc limita ce bruit infernal, un coup de poing porté au visage, un malabar immense, l’injure à la bouche « ferme ta grande gueule fils de p… » ! Ce fut le début, les autres étaient tout aussi disposés à lui faire sa fête, et les femmes tenaient à l’émasculer séance tenante !
Il aurait voulu être dans un rêve, se réveiller, bientôt le cauchemar prendrait fin, il se réveillera près de sa femme bien aimée, elle lui sourira et il soupirera, content d’être délivré de si noirs songes ! Mais cette douleur répétée de son corps ankylosé, à force d’être retenu par tant de mains lui rappela que son calvaire était bien réel !
- Ne le tuez pas, laissons la justice faire son travail ! Tonna une voix
Le vieux briscard Martin, respecté dans tout le quartier pour son chaud caractère, mais surtout sa prompte propension à sortir son arme datant de la guerre. Le silence s’imposa net ! Les gens lui firent place, il s’avança vers Mactar retenu par quatre gros bras, le lorgna, puis se tourna !
- Allons-y, on l’amène à la police !
Personne n’osait contredire le vieux, il ouvrit la marche et le cortège se mit en marche vers le commissariat !
Penda recroquevillée dans les bras d’une femme pleurait ! Elle pleurait toutes les larmes de son corps ! La vieille Daba n’en pouvait plus, elle éclata aussi en sanglot ! Tant d’innocence souillée, cette frêle jeune fille ne méritait pas ça ! Ah les hommes !!!
Quelques femmes s’affairaient au maintien d’un cordon sécuritaire, les hommes ne devaient plus accéder du regard à la victime, jusqu’à l’arrivée des secours ! Une haie imposante s’était faite au devant de la porte, faite de visages sombres, aux rides imperturbables ! Le premier homme qui osera, le premier…..
Les femmes se chamaillent toujours entre elles, mais quand on touche à la dignité de l’une d’entre elles, elles se solidarisent, radicalement !
Astou descendit du taxi, tant bien que mal ! Elle avait reçu de sa voisine Anta un coup de fil ! « Vite, ta maison brule, rapplique dare dare, ton mari a violé ta sœur ! » Avant même qu’elle ait pu placer un mot, elle avait raccroché !