Le coup de pouce

Write by Farida IB


Debbie…


Moi : on va où ?


Il me jette un coup d’œil.


Moi : Armel dis-moi où tu m’emmènes, donne-moi un indice tout au moins. Je ne sais pas, un petit mot, une lettre qui pourra me renseigner sur notre destination.


Il me jette un autre coup d’œil et augmente le volume du lecteur, il y a Sympa d’Ariel Cheney qui passe. Il dose le volume et se met à chantonner avec sa grosse voix là. Je souffle.


Moi : tu es vraiment déterminé à ne rien me dire ?


Et déterminé à me snober aussi pfff. Je me résigne à ne plus demander. Je pose ma tête contre la vitre pour suivre notre itinéraire. Actuellement, nous sommes sur l’échangeur  d’Agoè-Zongo évoluant vers Kégué. 


Nous nous sommes retrouvés sur la route de la Foire Togo 2000. Je me dis qu’on va peut-être à la Foire internationale du Livre, c’est l'un des événements publics du moment et qui est susceptible de m’intéresser. Sauf qu’il vient de dépasser le site et a bifurqué sur la route de l’aéroport. Je me dis alors qu’on va dans un de ces restaurants huppés sur le tronçon de l’aéroport. 


Et puis bref ! Je ne veux même plus y penser, je me suis assez torturée l’esprit avant de pouvoir choisir ma tenue. Ce qui n’a pas du tout été une sinécure. Déjà que je suis hyper indécise et qu’en plus il précise que je dois être coquette, vous vous imaginez bien le sale quart d’heure par lequel je suis passée. J’ai mis ma chambre sens dessus, dessous j’ai fini mon forfait internet en recherchant des tenues ″coquettes″ sur le net. C’est mon dernier recours  habituellement, mais si j’étais bien renseignée sur l’endroit… Enfin bref ! Je crois que mon choix le fait. J’ai opté pour une robe cocktail blanche sans manche avec un creux sur la poitrine qui moule très bien ma petite forme. J’ai enfilé mes éternelles sandales à talon en corde couleur saumon clair et mis la perruque brésilienne qu’il m’a offerte pour mon anniversaire passé. Quant au maquillage, j’ai géré ça propre (rires) j’ai quand même été formé par Diana, la fille aux doigts de fée.


Armel : allez, on descend.


J’émerge de mes pensées pour me rendre compte qu’il s’est arrêté à l’aéroport, précisément sur le parking. Je descends telle une automate en voyant qu’il me tient la portière. 


Moi : c’est ici notre destination ? On voyage ?


Il lève les yeux au ciel.


Armel : Deborah arrête de poser les questions et suit moi.


Il me donne mon blazer en fourrure que je pose simplement sur les épaules. Je l’ai pris pour le cas où vu qu’il pleut beaucoup dernièrement. Je le suis à l’intérieur où il va d’abord vérifier le tableau d’embarquement avant de nous diriger vers le hall d’attente. Il me désigne un siège à double face et va se poser sur celui de derrière de sorte à ce qu’on se fasse dos. Ce qui veut dire qu’il a soit quelque chose d’important à me dire, soit une grande décision est sur le point d’être prise ou tout simplement qu’il est intimidé. Mais un Armel qui balise ? Jamais dans cent ans, mille ans ! Et ce qui m’intrigue plus que tout, c’est qu’il ait choisi l’aéroport pour le faire. On va peut-être voyager après, qui sait ? Non mais attendez deux secondes, je ne peux pas me permettre un voyage là. Non non et non, et mes tafs ? Je n’ai même pas réglé mon différend avec Noémie et Junior il ne se sent pas bien, et…


…. Je suis vraiment navré.


C’est lui qui vient de parler. Je tourne subitement ma tête derrière les yeux plissés. Je peux le voir qui fixe un point imaginaire le dos courbé. 


Armel : je te fais beaucoup souffrir, je n’arrête pas d’enchaîner des coups tordus malgré mes bonnes résolutions. Alors que t’es tellement parfaite.


Moi :…


Armel : j’ai beau faire des efforts, les filles elles-mêmes ne me rendent pas la tâche facile. Tu me connais trop bien, tu sais que je ne sais pas dire non.


Moi : eh bah, tu n’avais qu’à éviter de les aborder aussi !


Armel haussant le ton : laisse-moi finir s’il te plaît.


Moi croisant les bras : mmh.


Armel : Sacha, je ne suis plus avec. Au moment où elle m’a écrit, j’avais en tête de rompre avec elle et cela s’est fait entre temps. 


Ah ouais, c’est censé me réjouir le cœur ça n’est-ce pas ? On en parle des autres que je n’ai pas encore découvert ?


Armel : tu m’as demandé combien elles sont...  Honnêtement, je ne veux pas enfoncer le clou. C’est pas important de toute façon.


Moi :…


Armel : Deborah moi je t’aime.


Je lève subitement les yeux comme si je pouvais le voir.


Armel ajoutant : à ma manière, mais je t’aime. Tu es mon repère Deborah, je me sens tellement bien avec toi. D’un autre côté, je ressens ce besoin immuable de te protéger envers et contre tous. Même contre moi, je veux te protéger.


Mooohh, c’est meuugnnan ça.


Armel : je veux tellement le meilleur pour toi.


Il se tait des secondes qui deviennent des minutes, je ne dis rien non plus jusqu’à ce qu’il se redresse et s’accoude nonchalamment au haut du dossier.


Armel : il est clair que je ne suis pas l’homme qu’il te faut…


À ces mots, mon rythme cardiaque s’est accéléré. Mon sixième sens entrevoit déjà ce qui s’apprête à suivre. J’ai dressé mes oreilles quand bien même une once de mon être ne voulait pas l’entendre. Je ne veux pas que ce soit cela, pas encore, je ne le supporterai pas.


Armel : mais si je ne peux pas être l’homme de tes rêves, je veux être au moins une source d’accomplissement pour toi.


Je plisse les yeux déroutée et perplexe pendant qu’il se tourne complètement vers moi et parle en faisant un mouvement de tête vers les sièges en face.


Armel : tu vois la dame là-bas ?


Je suis son regard pour tomber  sur un monsieur qui lit un livre avant de repérer une jeune dame qui elle lit un journal. Je lui donnerai la quarantaine, plus ou moins. Enfin c’est difficile à détecter, mais une chose est sûre ça ne peut pas être l’une de ses coups. À moins qu’il devienne maintenant un gigolo.


Armel : elle c’est Madame Essivi Mimi Bossou-Soedjede ou tata Mimi comme elle aime qu’on l’appelle tout simplement. Elle a plusieurs cordes à son arc, mais celui qui m’intéresse, c’est sa fonction de Directrice de Publication. Je lui ai parlé de toi et elle a accepté de te rencontrer. Elle a une conférence à Boston, elle doit embarquer à 22 h 30. (avisant sa montre) Ce qui vous laisse une vingtaine de minutes pour discuter.


Je le regardais avec de gros yeux comme ça sans savoir quoi faire ni quoi dire, je regarde ensuite la dame et le regarde alors qu’il garde un sourcil interrogateur.


Armel : vas-y, tu attends quoi ? 


Je le regarde une dernière fois avant de me lever et de marcher avec les jambes lourdes jusqu’à la dame.


Moi balbutiant : bonsoir Madame Bossou. (c’est tout ce que j’ai retenu) 


Elle quitte des yeux son journal et braque sur moi un regard étrange.


Madame Bossou : bonsoir, comment ça va ?


Moi m’éclaircissant la voix : bien madame, je viens de la part d’Armel Elli.


Elle hausse les sourcils.


Moi : le fils de monsieur Fulbert Elli, l’avocat.


Madame Bossou sourire tendre : ah oui, tiens ! Tu dois être sa copine… Deborah, c’est ça ?


Moi timidement : oui oui.


Madame Bossou : il m’a beaucoup parlé de toi (tapant la place libre à côté) vas-y assois-toi, nous n’avons pas beaucoup de temps pour discuter.


Je m’assois au bout de la chaise droite comme un ″ i ″.


Madame Bossou : alors il m’a dit que tu étudies pour devenir une rédactrice.


Moi hochant la tête : c’est bien cela.


Madame Bossou : c’est parfait, je recherche une assistance dans le domaine. Une personne de main qui sera mes yeux et mes oreilles ici à Lomé et avec qui je pourrai collaborer efficacement à distance. Tu crois pouvoir assumer ce rôle ?


Moi : j’apprendrai à le faire, tout est une question de volonté.


Madame Bossou : bien dit, j’aime cette mentalité. Seulement que si tu es retenue, tu devras travailler exclusivement pour moi. Ton amoureux m’a dit que tu cumulais déjà deux fonctions en plus de tes études.


Moi : euh oui, c'est des jobs à temps partiels que je fais pour joindre les deux bouts, mais que je suis prête à laisser tomber si je trouve quelque chose de plus intéressante et de plus gratifiante. D’autant plus qu’il s’agit de mon métier de rêve.


Madame Bossou : il me l’a dit ça aussi (me bousculant gentiment) il doit bien te connaître ton amoureux.


Je souris timidement et lève les yeux vers mon amoureux en question, mais il n’était plus là. Il est passé où lui ? Bon on va s’en soucier plus tard, mon destin est en train de se jouer. 


Madame Bossou : ceci étant dit, je vais te faire passer un test. Je suis sur le point de voyager pour deux semaines donc nous allons mettre ce temps à profit. 


Moi : ok d’accord.


Madame Bossou : ce sera simple comme test, tu vas juste me produire un texte sur... Sur une jeune femme togolaise, une femme inspirante. Je ne parle pas d’une femme influente et déjà célèbre. Celle dont tu vas parler est sous la couverture d’une femme ″ordinaire" mais elle inspire d’autres femmes de par  sa bravoure et sa pugnacité. (énumérant) Je veux que tu me parles de ses origines, du milieu dans lequel elle a grandi et par ricochet son environnement familial. Si elle a un parent ou un grand-parent comme modèle. Je voudrais que tu me parles un peu de ses rêves d’enfances, ses études, de sa vie professionnelle. Ses combats et ses réussites. (supputant) Oui tiens, tu vas aussi  énumerer ses préférences culturelles et pourquoi pas parachever ce texte par un message de fond ?


Je bloque un moment silencieuse pour enregistrer toutes les informations.


Madame Bossou : tu pourras retenir tout ça ? (répondant elle-même) Le mieux serait de t’envoyer les informations par écrit. Tu as un e-mail, j’espère.


Moi : oui (fouillant dans mon sac à main) je vais vous l’écrire.


Madame Bossou : pas besoin, je vais te remettre ma carte (elle le fait) il y a tous mes contacts et mes e-mails là-dessus. Pense à te les faire concevoir également, c’est plus pratique.


Moi : d’accord, je le ferai. Par rapport au texte que je dois rédiger, vous le voulez en combien de mots exactement ?


Madame Bossou : pas beaucoup, je dirai 300 avec des phrases simples et concises.


Moi : ok (la fixant hésitante) si éventuellement, je suis retenue et j’espère l’être, est-ce que je pourrai poursuivre mes études ?


Madame Bossou : mais bien sûr que tu pourras continuer tes études. Probablement en cours du soir, mais tu as besoin de consolider tes connaissances. Et certainement que je te ferai suivre des formations avant l’embauche. Bon tout ça dépendra du texte. Tu me l’envoies ensuite, on avisera. 


Moi : je vous promets d’y mettre tout mon cœur.


Madame Bossou : c’est ce que j’attends de toi ma jolie. Tu as donc deux semaines pour me l’envoyer et dès que je suis de retour à Lomé, je t’appelle pour la suite.


Moi : d’accord ça marche, je vous remercie pour l’aubaine.


Madame Bossou : c’est ton chéri qu’il faut remercier, il s’est beaucoup investi pour te décrocher cette opportunité et j’en déduis que tu dois en être digne.


Moi la petite voix : j’essaie de l’être.


Madame Bossou : c’est déjà bien d’essayer, prenez soin l’un de l’autre. 


Elle passe en revue les consignes par rapport au test et nous nous séparons en nous faisant la bise quand la voix dans l’interphone résonne. Je cours à la recherche de mon monsieur à moi le cœur irradie de joie. Autant vous dire que j’ai envoyé ma frustration contre lui et le voile de confusion sur notre relation paître. Certes, je n’avais rien décidé encore, je me suis simplement fait la raison de vivre le moment présent comme me l’a conseillé Diana. Mais là, ça a le mérite d'être clair. Armel je le garde pour moi. Je vais peut-être souffrir encore longtemps. Mais bon, je trouverai bien plus tard un moyen de le transformer en l’homme que je veux qu’il soit.


[Intermission]


Je sors du terminal et le vois adossé à la rambarde, je le rejoins d’un bond et saute dans ses bras.


Moi m’écriant : toi, je t’aime cro cro cro.


Armel : wow wow wow fait doucement, tu vas nous faire…


Ses mots meurent sur ses lèvres que je viens de capturer. Très vite, je franchis la frontière entre nos lèvres et m’enfonce dans sa bouche. Je l’embrasse franchement à couper le souffle et il répond avec la même fougue. Je me détache à un moment.


Armel encore dans les vapes : euh je pensais que tu n’aimais pas les effusions publiques ?


Moi souriant : disons qu’aujourd’hui est une exception, c’est à la hauteur de ce que tu viens de faire pour moi.


Armel : c’est rien ! L’occasion s’est présentée et j’ai sauté dessus, maintenant il te reste à foncer.


Je souris et l’embrasse brièvement.


Moi : je le ferai (me remettant sur la pointe des pieds) pardon, je t’ai mis du gloss partout.


Je nettoie promptement sa bouche avec le pouce et à peine je finis que je la capture à nouveau sa bouche puis passe mes bras autour de son cou pour approfondir le baiser. C’est là qu’il se détache. 


Armel : j’ai compris que tu es heureuse et tu fais n’importe quoi quand tu l’es, mais il faut qu’on cause sérieusement.


Moi : rhooo bae ne gâche pas l’ambiance (relevant la tête pour le regarder) j’ai entendu tout ce que tu as dit toute à l’heure, ajouter à la promesse faite le jour de ton anniversaire et je dois avouer qu’en dehors de cette histoire de message de Sacha-machin, je le sentais réellement que tu faisais des efforts pour arrondir les angles. Ce n’est pas le moment de tout gâcher. 


Armel : tu ne dis pas ça parce que je viens de te décrocher le boulot de tes rêves ? 


Je secoue la tête négativement en me décollant de lui.


Moi : en aucun cas, j’ai vécu bien pire avec toi tu sais ? Au collège, on te surnommait le tireur d’élite (il se cache le visage avec une main, je souris) il y a eu cette période entre la troisième et la première où tu les ramenais par trio journalier, un peu comme une prescription médicale jusqu’à ce que ta mère te mette un véto. (il rajoute l’autre main) Aujourd’hui, je peux dire que nous revenons de loin et que nous sommes très bien partis pour connaître des jours meilleurs.


Il souffle dans ses mains et me lance un regard désolé. 


Armel : je suis désolé de t’avoir infligé tout ça, mais vraiment. Je suis un cyclique, c’est une partie de moi que je ne peux pas contrôler. Je n’en suis pas fier au contraire, je m’en veux tous les jours pour le mal que je te fais et à d’autres filles probablement. (il soupire) Je suis prêt à changer, j'ai la volonté de le faire. Seulement que ça ne se fera pas du jour au lendemain.   


Moi hochant la tête : j’en suis consciente et tu peux compter sur mon soutien absolu.


Armel : je n’attends pas moins venant de toi.


Il me lance un regard doucement provocant. Je lui lance un regard appuyé et enhardi, puis lui souris à la dérobée.


Armel sourire au coin : je crois que c’est le moment de reprendre nos affaires.


C’est n’est qu’à ce moment-là que je me préoccupe des regards autour de nous. Je secoue la tête négativement, mais il était déjà lancé. Il m’entoure la taille pour me rapprocher de lui et s’abaisse pour m’embrasser. Tout ce que je peux dire, c’est que ça me fait un bien fou. Il remonte sa main jusqu’à ma nuque et moi, je glisse une main sur son torse. Je sentais que ça prenais une autre tournure, mais j’étais comme électrisée.


Voix : il y a des hôtels pour ça   tchuuip’s !


On se sépare précipitamment, comme Noémie et son type il y a quelques heures. Quel karma doux Jésus ! Je cache mon visage contre son torse très très très embarrassée. Les commentaires fusaient de partout, la plupart s’offusquant de mon ″âge″. L’ironie du sort hein, pauvre moi ! 


Vous vous doutez que ça n’a pas été facile d’arriver à la voiture bien qu’Armel ait tout fait pour qu’on ne découvre pas mon visage. 


Armel le ton rieur : ça y est, tu peux ouvrir tes yeux, nous sommes à l’abri.


Moi les ouvrant : si tu ris, je te jure que je t’en colle une.


Armel riant doucement : je te signale que nous sommes deux dans cette situation.


Moi : mais c’est moi qu’on a le plus insulté.


Armel se lâchant : j’avoue oui, tu n’avais pas qu’à être petite krkrkr.


Moi : Armel ce n’est pas drôle du tout, demain je risque de faire la une des réseaux sociaux comme (faisant les griffes avec mes doigts) la petite qu’on tripotait à l’aéroport. 


Armel : mais nan, mais nan personne n’a eu le temps de filmer.


Moi : comment tu le sais toi ? Tu étais occupé à m’embrasser.


Armel : et j’ai qu’une envie, c’est de recommencer.


Je le regarde mal. 


Moi : jamais de la vie ! Pas ici en tout cas.


Armel : ok, allons chez moi. On va se prendre un truc en route qu’on mangera en buvant un cru que j’ai précieusement gardé dans ma réserve personnelle. Une manière de fêter dignement ton nouveau poste.


Moi : futur nouveau poste ! Je dois d’abord passer un test.


Armel me jetant un coup d’œil : un test pour quoi faire ?


Il parle en faisant la manœuvre pour sortir du parking pendant que j’attache la ceinture de mon côté.


Moi : tu ne pensais quand même pas qu’elle allait me filer le poste juste comme ça.


Armel : bah ouais, c’est comme ça que ça se passe souvent. 


Il paie le ticket à la guérite et attend que la barrière de sécurité se soulève suffisamment pour redémarrer.


Armel (les yeux rivés sur la route) : et en quoi consiste le test ?


Moi : je dois écrire sur une jeune femme togolaise inspirante et là franchement aucune idée ne me vient en tête. 


Armel haussant l’épaule : bah écrit sur toi même.


Moi perplexe : comment ça moi ? En quoi je peux inspirer d’autres femmes avec ma misérable vie ?


Il freine brusquement, ce qui me fait pousser un cri strident.


Moi : oh mais t’es fou ? 


Armel (me fixant le front plissé) : tu viens de dire quoi là tout de suite ?


Moi parlant vite : que je ne peux pas être une source d’inspiration, maintenant dégage de la route avant qu’une voiture nous vienne nous rentrer dedans.


Armel fronçant les sourcils : tu es même sérieuse là ? 


Moi (au bord d’une crise d’angoisse) : Armel dégage de la route là !!


Il souffle et va garer sur un côté de la voie.


Armel : dis-moi une femme inspirante pour toi, c’est quoi ? Une femme qui est née avec une cuillère en or dans la bouche c’est ça ?


Moi : beh non, mais genre Rihanna, Gabine Amoussou, Nathalie Koah, elle c’est ma préférée. Il y a aussi Emma Lohouess.


Armel : les deux premières peut-être, le reste bof je ne vais pas m'étendre sur le sujet. Laisse-moi te faire le résumé de ta vie (comptant de ses doigts) tu totalises vingt années de vie sur terre, seulement ! À toi seule tu t’occupes d’une famille de six gosses depuis tes 15 ans sans compter les activités commerciales que tu menais déjà à 11 ans. En dépit de tout tu n’as jamais lâché tes études, tu ne t’es jamais livré à la dérive morale, tu as toujours gardé ta dignité et ton intégrité dans toutes les situations. 


Moi (le regard fuyant) : vu sur cet angle, tu n’as pas tout à fait tort.


Armel : j’ai totalement raison wesh, et encore je ne t’ai pas dit le plus important. (j’arque le sourcil) Tu supportes le phénomène que je suis depuis des années, si ça ce n’est pas un exploit.


Moi éclatant de rire : tu n’es pas sérieux krkrkr.


Armel : plus sérieusement, si tu crois que tu n'inspire personne, tes sœurs au moins tu les inspires. Tu as tout de même pu remarquer qu’elles sont en train de suivre tes pas.


Hmm ça oui, je l’ai remarqué.


Armel : tacitement tu leurs as appris à compter sur personne d’autre qu’elles-mêmes. Pas seulement elle, à moi tu m’as donné la force de foncer malgré mes échecs scolaires, tu m’as toujours poussé à donner le meilleur de moi. Tu es ma source d’inspiration mi amor, ma source vitale. Deborah, je ne trouve pas les mots pour t’exprimer mon admiration envers toi.


Il dit tout ça en me fixant dans le blanc des yeux. Je ne vous dis pas, la chair de poule de ça.


Moi (lui montrant mon bras) : maintenant, je sais ce que ressent un poisson rouge.


Il rit.



…. Entre temps chez les Attila…


Cassidy…


Pa-Guillaume (un oncle à Georges me fixant) : quoiqu’on dise, vous avez été uni devant Dieu et nos ancêtres. Que rien ne sépare ce qui a été uni en Dieu et au-delà des liens terrestres.


Sa mère : ammiii, élatsè !!! (Dieu exaucera).


Je lève les yeux et la regarde alors qu’elle ajoute.


Mère Georges : en soit Cassidy, c’est une bonne femme.


Georges : ça c’est vrai !


Mère Georges enhardie : regardez là assise (ils me regardent) belle comme une fleur qui s’ouvre, au premier rayon du soleil au levant. Douce comme ces fruits exotiques que l’on trouve dans ces pays où le vent et le sable emportent les chants des nomades. (elle compte du doigt) Cette femme m’a toujours considéré comme sa mère et s'est toujours comportée avec moi comme telle. Elle n’a jamais élevé le ton sur moi (avec une demi-rotation de la tête et le doigt de refus catégorique) jamais, elle n’a répondu à mes provocations. (avec un mouvement du cou incliné, l’index en l’air) De l’argent, des pagnes (avec vigueur) de qualités ! Elle m’achetait chaque mois. Des bijoux hors de prix et j’en passe. Non seulement ça, elle m’embuait telle un nouveau-né à chacune de mes visites. Grâce à elle, j’ai mangé tous les plats de ce monde, même ceux des pays asiatiques. (elle souffle) Tout ça pour dire que s’il doit avoir une femme dans le foyer de mon fils, c’est bien cette femme au cœur pur. 


Elle dit ça en me pointant du doigt, j’ouvre seulement les yeux et la regarde dépassée. C’est au tour de mon père d’intervenir.


Papa : Pa-Guillaume, maman Norberta (passant son regard entre les deux) je magnifie votre sagesse. En effet que rien ne puisse séparer ce que Dieu a uni.


Pa Guillaume : toutoutou (exactement !)


…. Papa donne moi de l’argent.


On se retourne tous pour voir son petit dernier arrêté dans l’encadrement de la porte.


Papa le grondant : Aboudou tu ne vois pas les invités ? Dégage d’ici et que ça saute !


Aboudou plaintif : papa j’ai faim, il n’y a plus rien dans les marmites. 


Papa : tu étais où quand le repas a été servi ? Ecoutes je n’ai pas un franc à te donner, je ne t’ai envoyé nulle part.


Aboudou gesticulant : papa moi j’ai faim, j’ai faim. C’est toujours comme ça ici.


Il se met à pleurer, carrément.


Maman : ehh Aboudou qu’est-ce que tu nous fais comme ça (détachant un nœud au bout de son pagne) vient prendre, tu iras t’acheter quelque chose à manger.


Georges (fouillant dans ses poches) : laissez ma-Cassie, je vais m’en charger.


Il lui donne un billet de 5 000 que papa arrache aussitôt et le troque contre une pièce de 200 qu’il lui remet. 


Aboudou le ton boudeur : mais papa donne-moi au moins 500, tu as pris 5 000.


Papa le ton menaçant : Aboudou dégage d’ici avant que je te batte à sang.


Il détale.


Papa se tournant vers ses hôtes : vous nous excuserez pour ce petit désagrément.


Mère Georges : nous comprenons, les enfants peuvent se montrer difficiles parfois.


Papa : spécialement la génération actuelle (passant du coq à l’âne) alors je disais tantôt qu’entre nos deux familles subsiste des liens infaillibles donc malgré tout nous devons rester en bons termes. 


Pa-Guillaume s’exclamant : je suis bien d’accord !


Papa : Cassidy qui est là, c’est ma fille (posant une main sur sa poitrine) mon sang. Elle est cette femme que vous avez connue grâce aux valeurs essentielles de la vie que sa mère et moi lui avons inculqué. Vous savez, chaque parent et un père de surcroit veut toujours du bien pour sa fille. Nous la voulons heureuse et épanouie, mais rien ne fait plus plaisir à un père que de voir sa fille dans un foyer ; être une bonne épouse pour un homme qui sache prendre soin d’elle comme nous pourrions le faire nous-mêmes. (regardant Georges) Et votre fils assis ici m’a démontré un nombre impondérable de fois que ma fille n’aurait pas pu trouver mieux.


Georges : le bon Dieu en est témoin !


Je le regarde bien en face et le toise.


Papa concluant : Cassidy est fait pour Georges et Georges dit qu’il n’est rien sans Cassidy, alors que la volonté de Dieu et des ancêtres soit faite !


Georges et les siens : ammiiiii/ammeennn !!!


Georges : je vous remercie papa pour vos paroles pleines de sagesses. Permettez-moi d’ajouter quelques petits mots.


Papa : bien sûr mon fils, tu as la parole.


Georges : je vous en suis reconnaissant (s’éclaircissant la voix ) de fait, on ne peut facilement oublier le passé. J’ai fait du tort à votre fille, je reconnais avoir commis beaucoup d’erreurs dans la fièvre de la jeunesse. Je veux donc profiter de votre présence et celle de ma famille pour lui demander sincèrement pardon. Je voudrais qu’elle me pardonne et qu’elle oublie ce passé obscur afin qu’on reprenne sur de nouvelles bases.


Papa à moi : Cassie qu’est-ce que tu en dis ?


Je me redresse et tourne bien mon regard face à eux.


Moi : j’en dis qu’il y a longtemps que j’ai pardonné à Georges, je l’ai fait pour ma paix et ma tranquillité intérieure.


Maman : et c’est une bonne chose en soi.


Moi : en outre avec tout le respect que je vous dois, je ne retournerai jamais, je dis bien jamais dans le foyer de cet homme.


Mère Georges : ma fille ne dis pas ça voyons, on ne dit jamais jamais.


Moi (la regardant fixement) : eh bien, je l’ai dit ! Et avec véhémence, je le répète : ton fils, plus jamais dans cette vie, même dans mes autres vies.


Papa ton conciliant : ne fais pas ta têtue ma fille, ton mari fait pieds et mains pour arranger les choses.


Moi outrée : papa tu n’as qu’à l’épouser si tu veux ! Moi Cassidy Delali Attila, fille de sa mère, j’ai dit que hein je ne veux plus de cet homme. Point barre !


Ceci dit, je me lève et me dirige dehors suivie par ma mère.


Maman : Cassie ne fait l’impolie, tu veux nous faire honte devant ta belle-famille ou quoi ?


Moi (me tournant furieuse) : belle famille my ass, des sans-gêne et tous de la même faire. Et sa mère qui vient faire son hypocrite ici que ça a quitté ici pour sortir là-bas, c’est aujourd’hui qu’elle reconnaît mes efforts inh ? (rire nerveuse) Comme les temps changent. Je ne suis plus la grosse femme stérile, mais une femme au cœur pur. 


Je lance un long juron dans leur direction et vais m’enfermer dans ma chambre. Je me glisse contre la porte que ma mère tape un moment puis après rien. Je me mets à faire des va-et-vient dans la chambre en pestant, ça ne s’arrêtera donc jamais. Non-content de m’avoir suivi partout dans la journée comme un chien en laisse, c’est sa famille qu’il ramène ce soir. Ce matin, j’étais paisiblement en train de faire mes emplettes dans le  marché du quartier quand il a débarqué de nulle part et m’a suivi pendant tous mes achats. Je ne voulais pas taper un scandale en plein marché donc je l’ai laissé jouer au mari exceptionnellement attentionné le temps d’un instant et le type l’a pris comme un début de réconciliation. 


Toc toc toc !!


Moi criant : dégagez de ma chambre, je ne veux voir personne !


..... Même moi ??


Moi : Saliha ? C’est bien toi ?


J’ouvre précipitamment la porte et lui saute au cou.


Moi : ils t’ont libéré !?


Saliha riant aux éclats : oui je suis sortie de prison, mais sitôt tu veux m’étrangler.


Moi me détachant d’elle : pardon (la reprenant dans mes bras) je suis trop contente de te voir.


Elle lance un regard vers Georges et ses parents qui viennent de passer le portail.


Saliha : et on dirait que je tombe au bon moment.


Moi : vraiment (me décalant)  entrons.


Elle entre et je ferme la porte derrière moi, nous prenons place chacune sur la moquette en nylon. Elle croise ses pieds sous  les jambes.


Moi d’entrée de jeu : dis-moi comment tu as fait pour t’évader.


Saliha : je ne me suis pas évadée, je suis sortie par la grande porte. 


Moi : ils t’ont laissé sortir comme ça ? À cette heure en plus.


Saliha : oui après avoir accepté d’épouser le vieux Fofana.


Moi écarquillant les yeux : tu as fait ça ? Mais pourquoi !!? 


Saliha balayant l’air de la main : ma co laisse, c’est un faux-semblant. C’était la seule solution que j’ai trouvée pour sortir de cet échant, enfin pour l’instant. Il faut voir ma mère, elle est partie dans des délires pas possible. Elle a trouvé une date et prévoit qu’on fasse les courses du mariage samedi.


Moi : et tu comptes t’en sortir comment ?


Saliha haussant l’épaule : je vais y réfléchir. Pour le moment je suis en liberté, c’est tout ce qui compte.


Moi : mais Sali, tu es en train de jouer avec le feu là.


Saliha (sur le ton de la plaisanterie) : tu es là pour quoi ? Quand ça va péter, tu pourras jouer aux pompiers de service.


Moi pas rassurée du tout : hmmm.


Saliha : bon raconte moi tout, Georges et toi ça y est, vous vous êtes rabibochés ?


Moi : tcchhrr rabibochés pour  aller où ? Il vient même de m’encourager à quitter ce pays. Jusqu’à ce soir j’étais encore dans le doute malgré que j’aie l’argent en ma possession, mais là je suis résolument décidée à partir. Je ne veux plus être sur le même territoire que ce malotru.


Saliha se marrant : tu veux fuir ton mari, mais il est gentil non ? Il t’accompagne au marché tout ça.


Moi plissant le front : comment tu  (comprenant) Sali, c’est toi qui a donné ma position à Georges ce matin ?


Saliha hochant la tête : il fallait que quelqu’un me remplace dans mon rôle d’assistance de course.


Moi : je suis sûre que tu viens de l’inventer ce poste.


Saliha : j’avoue que oui kiakiakiakiakia.


Moi : pfff tu n’es qu’une petite chipie qui se fait juge et parti à la fois. Une traître puufff ! 


Saliha sourire espiègle : dans tout ça où est notre argent ? Montre-moi que je touche un peu pour voir ce que ça fait de tenir un million et demi dans sa main.


Je souris en secouant la tête puis lui sors l’enveloppe que je trimballe sur moi depuis hier dans mon soutien-gorge. De me laisser ohh, mes petits frères sont trop speed. Saliha sort une liasse de l’enveloppe qu’elle détache et se met à frotter tout son corps avec les billets.


Saliha : je prends l’onction des millions. Qu’à partir  de ce jour, je les compte par millier.  


Moi amusée : lol je n’en veux pas moi de l’argent de ce gros tas de pervers.


Saliha arquant le sourcil : et pourquoi donc ? Ton grand-oncle a dit que tu pouvais l’utiliser.


Moi : quand bien même, je n’en veux pas. Je ne connais pas l’origine de cet argent. On ne sait jamais, il a peut-être fait du charme dessus pour qu’après je me retrouve à le suivre comme une abrutie. (moue boudeuse) Je n’en veux pas, tu peux les garder si tu veux.


Saliha : mdr toi et tes élucubrations. En tout cas grand bien m’en fasse (faisant le départage) de l’argent gagné sans effort, le goût de ça ! Demain, j’irai au coin de friperies (faisant mine de réfléchir) non pour une fois, j’irai au grand marché, chez les dames qui vendent les premiers choix à Achaokpédi. Ensuite, j’irai manger dans l’un de ces restaurants chics en ville pour terminer dans un supermarché et faire des achats de folies. Mais pas trop non plus, il faut que je pense à faire quelque chose de sérieux avec cet argent parce qu’il est évident que cette chance ne se présentera pas deux fois dans ma vie. (implorant) Ya Allah, bénit la vie de ta fille Cassidy. Accorde-lui tous les bienfaits de ce monde et de l’au-delà, car elle est une bénédiction pour ma vie. C’est grâce elle que j’ai vu et tenu le million pour la première fois, Ya Allah depuis le ventre de ma mère j’entends seulement qu’on appelle quelque chose million...


Moi (lui arrachant les billets des mains) : tchuuiipp donne-moi ça ici et tu m’arrêtes ce cirque !


Saliha pouffant de rire : mais tu n’en veux pas non ?


Moi la toisant : je vais les garder, ça servira à quelque chose. Et puis mine de rien, j’ai un voyage à préparer.


Saliha : voilà qui est sensé ! (s’adossant à une chaise) En parlant de voyage la première étape, c’est de signer le contrat avec mon type.


Moi : oui demain on ira le voir, ensuite on pourra vadrouiller en ville. (frottant mes doigts) On a le gain !


Saliha : ohh yesss je suis partante !! Et ce week-end, on doit faire le chaud. Je dois fêter ma liberté.


Moi : et comment ? J’ai un nouveau pigeon pour nous assurer le week-end en plus.


Saliha : c’est qui lui ? Koffi ? L’autre pas le tien.


Moi : ils font tous les deux parti du syndicat des moisis et assimilés de toute façon. Ce n’est pas d’eux que je parle, mais du petit que je n’arrête pas de croiser depuis un certain temps.


Elle hausse les sourcils.


Moi : celui qu’on a rencontré en boite et tu as mémorisé son numéro.


Saliha : c’est lui dont tu me parles souvent ? (oui de la tête) Mais tu ne m’as pas dit que c’était un fier guerrier aux valeurs ancestrales.


Je la regarde et éclate de rire en émettant l’appel.


Moi : tu as bien vu que le fier guerrier ne doit pas avoir plus de 25 ans.


Saliha : lol il a l’air plus vieux et ça fait quoi s’il a 25 ans ? Est-ce que tu as vu qu’il est absolument trop mimi, trop sexy, trop quoi ! 


Ça sonne.


Moi (décollant l’appel) : Sali tu l’as vu pendant combien, cinq minutes !?


Saliha : tu me connais, je suis une fine observatrice. (rêvassant) Mais dis-moi est-ce que tu as remarqué son regard perçant ? Ce charisme indéniable, un magnétisme saisissant. Et son ahuri subtile et délicieux, de quoi aller illico le réconforter par une bouillie chaude, des petits bisous et... d'autres trucs encore. Et ses lèvres, tendres et suaves que l'on pourrait mordiller, mais, en se demandant avant si on ne va pas lui enlever son labello ou gloss, mais pas trop...


Moi dépassée : Sali c’est bon, je le sais il est beau et craquant.


Saliha : non fantabuleusement beau et croquant, avec sa petite barbichette qui nous ferait des chatouillis dans le cou et laisserait échapper des fous rires que l'on pourrait confondre avec ceux dû à un orgasme en bonne et due forme…


Moi élevant la voix : ça suffit ! Laisse-moi me concentrer sur l’appel dit donc. 


Elle hausse les épaules en me faisant un sourire malicieux, je relance le numéro d’Armel qui sonne une énième fois dans le vide tout comme à chaque fois que je tente de rentrer en contact avec lui. J’insiste jusqu’à ce que la voix de l’opérateur mobile s’emmêle. Je range l’appareil et me tourne vers Saliha. 


Moi : bon je suis désolée de te faire perdre tout ton enthousiasme, mais le type ne décroche pas.


Saliha : insiste !


Moi : ça ne sonne même plus, laissons tomber d’accord ? Apparemment, il veut se faire désirer. Tu me connais, je ne suis pas du genre à courir derrière un homme et lequel encore ? Sans doute qu’il doit avoir le même âge que mon troisième petit frère. 


Saliha l’air sérieusement déçue : c’est trop nul je te jure, ce mec a tout pour lui.


Moi fronçant les sourcils : tu parles pour toi ou pour moi ?


Saliha : pour nous.


Je fronce davantage les sourcils.


Saliha : lol détends-toi, il n’y a rien ni personne qui puisse détrôner Moustapha de mon cœur. Par contre ton type, je voudrais bien pouvoir l’admirer tous les jours.


Moi : eh beh dommage pour toi qu’il ne veuille pas décrocher mes appels.    



…. Du côté de Novissi….


Debbie…


Nous nous sommes arrêtés au Chilliloco (restaurant-pizzéria) nous sommes assis l’un en face de l’autre à attendre nos Burgers en discutant à bâtons rompus quand son téléphone s’est mis à vibrer, je dois dire à nouveau. Je ne sais pas qui insiste autant à vouloir le joindre, mais ça n’a pas l’air de le réjouir. Il prend machinalement un air courroucé et éteint l’appareil d’un geste furieux.


Moi méfiante : c’est qui ?


Armel (rangeant le téléphone dans sa poche) : personne (au tac) on en était où ?


Je le regarde pas convaincue, mais ne dis rien. Il reprend son air d’avant et me regarde dans le blanc des yeux, intensément  comme s’il tombait amoureux pour la première fois. C’est comme ça depuis notre arrivée dans le restaurant. Au début, je trouvais ça mignon après c’était un peu dérangeant. Là, j’ai craqué. 


Moi faisant les gros yeux : je peux savoir pourquoi tu me regardes ainsi depuis toute à l’heure ?


Armel : je n’ai pas le droit de te regarder ?


Je lève les yeux au ciel, toujours à répondre à une question par une autre.


Armel : t’es trop belle ce soir, si seulement tu pouvais avoir mes yeux pour te regarder.


Moi maugréant : ok ok ça suffit Armel, ça devient gênant à la fin. J’ai dit qu’on allait remettre les choses en perspective, je ne suis plus fâchée après toi du tout, je t’assure ! Tu n’as pas besoin de me sortir ton baratin.


Il rigole et prend ma main qu’il embrasse.


Armel : je te jure que je ne te baratine pas, je te trouve vraiment magnifique. Quand j’ai dit de te faire coquette, je savais déjà que tu allais assurer, mais là tu as carrément tué le jeu. Je te donne A+ pour la robe et le maquillage A++++++++++++++++++++.


Moi : ahah j’ai compris l’idée t’inquiète. 


Armel (me fixant amusé) : tu devais te maquiller plus souvent, ça te sublime.


Moi lui souriant : ma mère me l’a dit aussi.


Armel stupéfait : ta mère te complimente maintenant ?


Moi : elle fait bien plus, nous nous entendons bien dernièrement tu sais ?


Armel : tant mieux pour vous, ça ne risquerait pas d’arriver avec mon père.


Il ouvre ainsi le débat sur son père avec qui il a toujours entretenu une relation tendue. Je l’écoute ruminer sur le stage qu’il l’oblige à faire et les conditions dans lesquelles ça se déroule sans intervenir. Non parce que je n’ai pas de contre-arguments, mais j’évite qu’on tombe dans un dialogue de sourds et qu’après ça se retourne contre moi. Ces deux là j’ai toujours pensé que leur problème, c’est la réciprocité, un peu comme qui se ressemble se déteste. 


C’est l’arrivée des commandes qui met fin à son monologue. Le trajet retour se passe dans une atmosphère… Lascive, je dirai. Personne ne parle, on se contente de coups d’œil furtifs et à la dérobé, des regards émoustillés qui en disent long sur la suite de la soirée. C’est ainsi qu’on se retrouve à s’embrasser sérieusement devant nos maisons, il a incliné mon siège et s’est calé entre mes jambes. Pendant qu’on se dévore mutuellement, il tire sur la lanière dans le creux de ma poitrine ce qui lui donne accès libre à mes seins. Il se saisit d’un téton qu’il roule entre ses doigts. Il quitte ma bouche un instant, me baisant et me mordillant la mâchoire puis de la pointe de sa langue, il parcourt ma gorge jusqu’au lobe de mon oreille qu’il attrape entre ses dents puis le caresse et le pince pendant que sa barbichette me chatouille le cou. Je souris dans un soupir.  


Moi le stoppant : bae quelqu’un peut nous voir.


Armel : on s’en fout !


Moi : nan, on s’en fout pas. J’ai ma réputation à préserver.


Il enfonce sa tête dans mon cou en râlant. 


Moi : vas-y rentre, je te rejoins dans pas longtemps. Le temps de me débarrasser de mes artifices et de récupérer mon artillerie.


Il me sourit et s’assoit sur son siège pendant que j’enchaîne d’une voix sexy.


Moi : j’ai envie de te faire ça dur ce soir. Je vais te faire du miel et des cristaux de menthe, tu vas le sentir de la naissance de tes cheveux à la pointe de tes pieds.


Armel : aouchh (détachant ma ceinture) dépêche-toi de descendre.


Moi un pied à terre : lol n’oublies pas de laisser le second portail ouvert.


Armel : c’est comme si c’était fait.


Il m’envoie un bisou volant que j’attrape et le ferme sur ma poitrine en me dirigeant vers la maison. En ouvrant le portail, je tombe sur Noémie en pleine conversation téléphonique devant leur porte. Va savoir avec qui ! Lorsqu'elle m'aperçoit, elle  se lève et entre dans la chambre en claquant la porte, je soupire. J’aurais aimé qu’on règle ce désaccord ce soir si je n’avais pas d’autre projet en tête. Je n’aime pas dormir fâchée avec quelqu’un, fin seulement si cette personne m’a vraiment mise en rogne. Je prends l’allée menant vers notre bâtiment quand ma mère sort de sa chambre.


Dada : ma fille, tu es rentrée ? Je t’attendais pour dormir.


Je hausse les sourcils surprise en la rejoignant.


Moi : ça c’est depuis quand ça ? Ton mari ne t’a pas rendu l’une de ses visites nocturnes ? 


Dada (un geste évasif de la main) : il ne va pas tarder.


Moi : hum ça ne m’intéresse pas de le savoir, je posais la question juste comme ça.


Elle me fait un sourire contrit tout en me remettant un papier, je le prends et le déroule.


Dada : c’est le budget pour mon commerce, nous l’avons finalisé.


Moi : ok je vois, on peut en parler demain s’il te plaît ? Là, j’ai une urgence.


Dada : d’accord sans problème, par contre il faut que j’inscrive aussi les enfants aux cours de vacances demain ou vendredi. Ça commence lundi.


Moi : je m’occuperai de ça demain t’inquiète.


Dada : d’accord, tu es un ange.


Elle me souhaite une bonne nuit et s’en va en me laissant avec un sourire béat sur les lèvres. Quoi de plus pour égayer cette belle soirée. Dans la chambre, je vais directement vers ma valise et sort tout mon artillerie. Rien d’autre qu’un ensemble de dessous sexy, une robe ultra sexy, des perles en bois lumineuses à l'obscurité et mon élixir. Je ne vous dirai pas le contenu, c’est mon petit jardin secret. Je décide de prendre une douche rapide et me rends sous la douche sans attendre. Là-bas, je découvre la grosse surprise qui m’attendait et du coup, j’ai compris d’où émanait mes sautes d’humeur et mon irritabilité ces derniers jours. 


Bien bon, je vais le prendre ce bain et après remballer tout ça pour aller juste se  blottir dans les bras de monsieur. C’est déjà pas mal comme plan, vous ne trouvez pas ?

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