Le plan

Write by Farida IB



Khalil…


Drinnngg Drinnnggg


C’est mon téléphone qui sonne, je remets la couverture sur moi et replonge dans mon sommeil. 


Drinngg Drinnngg.


Je laisse sonner peinant à ouvrir mes yeux. Il faut dire que j’ai dormi à peine trois heures cette nuit, je fais une rhino depuis l’instant où je me suis essayé au nettoyage, et ce, malgré le masque que j’avais mis sur le visage. Du coup, j’ai éternué toute la nuit avec le nez et les yeux qui coulaient à flots.  


La sonnerie se fait insistante encore un moment, je tends la main et tâte partout à la recherche du téléphone les yeux toujours fermés.


Nahia hurlant depuis sa chambre : bon sang décroche ce truc !


J’ouvre un œil et aperçois le téléphone sur la table basse, je décroche ensuite sans vérifier le numéro. J’ouvre complètement mes yeux sitôt que la voix doucereuse de ma mère me parvient.  


Moi (m’éclaircissant la voix) : " Houbi Kouli Hayati ! " (l'amour de ma vie !)


Maman maugréant : on ne dirait pas pour autant, il a fallu que  (articulant) l'amour de ta vie ravale sa fierté et sa profonde douleur et t'appelle pour que tu te rappelles de son existence.


C’est vrai que je ne lui ai pas fait signe de vie depuis que je suis rentré de kPalimé (Kpalimé) enfin comme ils disent.


Moi évasif : "smahili" (pardonne moi) maman, je voulais finir mon installation pour te consacrer le plus de temps possible.


Maman : à ce que je sache, tu as quand même trouvé le temps d’appeler ton frère, ta sœur et tes amis. Avoue simplement que tu m’as placée dans la même barque que ton père pour qu'on en finisse.


Moi : roohh où vas-tu chercher ça encore ?


Maman : Khalil ça fait un peu plus de deux semaines que je n’ai pas de tes nouvelles. Même lorsque tu es revenu de ton escapade, tu n’as pas daigné prendre de mes nouvelles 


 Moi (souffle) : c'est vrai que j’ai eu tort sur ce coup là, je suis désolé de t’avoir blessé maman. Je promets de tout faire pour me racheter et rectifier le tir dorénavant . 


Maman : hmmm


Moi calmement : Oummiii ?? 


Elle marque un temps de pause, je devine que c'est pour sourire.


Maman (du coq à l'âne) : ça va? Tu manges bien là-bas ?


Moi : lol maman je me nourris très bien.


Maman ton sceptique : hmm ! Qui s’occupe de te faire à manger ?


Moi : je mange au restaurant pour le moment.


Maman ton morne : Ya’Allahhh voilà que tu dois maintenant consommer la malbouffe. Quand est-ce que ton père t’autorise à rentrer ?


Moi soupire exaspéré : il ne m’autorise rien, je rentrerai une fois que le dossier sera bouclé.


Maman : plus précisément quand ?


Moi : je ne sais pas encore Oumi, je te tiendrai au courant de l’évolution de l’affaire.


Maman soupirant tristement : je t’enverrai quelques recettes faciles afin que tu puisses faire ta propre cuisine.


Moi scandant : tu veux que je me mette au fourneau ?


Maman : c’est mieux que de manger la nourriture malsaine  des restaurants. J’imagine qu’en ce moment, on ne voit plus que tes os.


Moi agacé : maman ça peut aller !


Maman : mon fils ne le prend pas sur ce ton, je me fais simplement du souci pour toi.


Je me passe la main sur le visage pour tempérer mon agacement.


Moi : ça ira maman, je peux me débrouiller comme un grand.


Maman : hmmm ! Prends soin de toi mon chéri.


Moi : comme toujours.


Maman : ok, dis-moi, comment ça se passe avec la demoiselle Nahia ?


Moi évasif : ça va, nous posons les bases.


Maman ton implorant : je t’en prie ne va pas chercher des ennuis là-bas. Elle m’a l’air facile à vivre cette fille, d'autant plus que j'ai eu une bonne impression dès notre premier échange.


Heureusement que ce n’est qu’une impression.


Moi simplement : j’ai compris.


Bruit de l’eau qui coule dans la douche


Moi d'un trait : maman, j'espère que tu ne verras pas d’inconvénient à ce que j’interromps notre discussion, je dois me préparer pour le boulot.


Maman ton enjoué : au contraire mon chéri, je suis heureuse que tu montres de l’intérêt à ta mission. Je te laisse à tes occupations.


Moi : d’accord merci maman.


Maman (me rattrapant au vol) : attends, essaie d’appeler ton père de temps à autre. Ça lui fera plaisir.


Moi neutre : ok.


Elle raccroche et je fonce dans la salle de bain où je prend une douche rapide. Après le bain, je m’apprête en un temps record pour attendre miss grande gueule sur le palier de ma porte. 


En réalité, ne pas dormir cette nuit m’a mis dans le cogito. Je pense que nous sommes partis du mauvais pied dès le départ et continuer sur cette lancée ne nous mènera nulle part. J'envisage corriger le tir, mais par mes propres moyens. Je veux d'abord voir  jusqu’où s'étendra cette rage qu'elle nourrit contre moi. Cela faisant, je vais m’atteler à la pousser à bout et me servir de mon charme pour la faire descendre de son piédestal. C’est évident qu’elle ne saurait me résister encore longtemps parce qu'il appert que je ne lui suis pas indifférent. Enfin, la manière dont elle a eu à me reluquer hier en dit long sur ses pensées. C’est donc pour cela que j’ai opté pour un costume sur mesure Giorgio Armani couleur bleu foncé et une fragrance et des effluves plus dosées que la normale pour l’attendre. J’ai également plaqué mes cheveux de côtés pour mettre l’accent sur la couleur bleue de mes iris auxquels les femmes n’ont jamais su résister auparavant. De quoi exacerber ma personnalité et mon charme naturel quoi. (clin d'œil) 


Pourtant, lorsqu’elle sort enfin de chez elle, elle me salue posément et passe devant moi en regardant devant elle, la tête et les épaules bien droites. Alors qu'à la différence, je suis plus que séduit par sa robe droite en tissu local fendu sur un côté qui lui donne un air de diva. Encore que ses chaussures compensées affinent et rallonge ses jambes plus que d’habitude. 


Je lui emboîte le pas en la reluquant avec minutie, à un moment elle fixe la montre sur son poignet puis accélère les pas. Je l’imite dans son geste et nous nous retrouvons sans tarder devant sa voiture. Elle la déverrouille et passe du côté chauffeur avant de me fixer les sourcils froncés. 


Nahia : je vous dépose quelque part ?


Moi : à l’agence bien sûr ? Ce n’est pas là que vous allez ?


Nahia : si, mais vous vous n’avez rien à faire là-bas pour le moment.


Moi : bah, je ne vais pas rester à la maison à me tourner les pouces non plus, je ne suis pas un homme au foyer. Je peux peut-être vous être utile.


Elle hausse les épaules et s’engouffre dans le véhicule, ce que je fais de mon côté sans crier gare. Seuls mes éternuements et mes mouchages se faisaient entendre pendant tout le trajet. J’ai bien envie de la titiller, mais l’air torturé de son visage m’en dissuade. Son visage terne, les traits tirés à l’extrême ainsi que le regard hagard qu'elle arbore indiquent que ce n’est pas la grande forme chez elle ce matin. 


À l'agence, elle me présente officiellement à son staff constituée essentiellement de femmes un peu trop superficiel à mon goût. La présentation faite, elle tamponne son assistance devant son bureau et lui demande de me prendre ce que je veux comme petit-déjeuner. Cette dernière me propose un menu composé de chausson aux pommes, un jus de fruit et un expresso. Menu auquel j’adhère totalement. On pénètre le bureau ensemble par la suite et on prend place chacun sur nos sièges. Elle met son poste en marche avant de voûter son dos en extension, la tête reposant lourdement dans sa main libre tandis qu'elle balaie d'un doigt l'écran tactile.


Moi me grattant le nez : vous êtes sûre que ça va ? 


Elle me jette un coup d’œil.


Moi insistant : je demande parce que vous avez l’air pas trop en forme.


Nahia : parce que vous m’avez empêché de dormir cette nuit.


Moi : oups, je suis désolé. C’est mon allergie.


Je bloque un éternuement en me pinçant le nez.


Nahia : ça ira.


Je la regarde perplexe au moment où elle fixe l'ordinateur portable l'air perdue pendant quelques minutes.


Moi la sortant de ses pensées : et moi ?


Elle lève un sourcil dans ma direction.


Moi : bah, je fais quoi moi ? Je ne peux pas rester là à glander toute la journée


Nahia m’imitant : bah, ce n’est pas comme si vous aviez le choix non plus. Ou bien vous voulez que je vous rappelle pourquoi nous ne sommes pas en train de travailler sur notre projet commun en ce moment ?


Moi soupirant : pas besoin, je me disais simplement que je peux vous être utile à quelque chose.


Nahia ton suffisant : je ne crois pas.


Je soupire de frustration et décide de ne pas insister. La porte s’ouvre une vingtaine de minutes plus tard sur Annie qui m’apporte le plateau de déjeuner tout sourire. Elle le pose devant moi et aménage un coin de la table où elle dispose le contenu et  m’invite à prendre place avec toutes les faveurs d’un pacha.


Moi prenant place : merci, mais ce n’était pas nécessaire de faire tout ça. 


Atchoumm !!!


Annie sourire colgate : je l’ai fait avec plaisir monsieur.


Sa patronne lui jette juste un coup d’œil et attend qu'elle arrive au niveau de la porte pour parler.


Nahia : Annie, tu lui prépares de la limonade dans laquelle tu ajoutes un peu de gingembre, de la cardamome et du sucre.


Annie tenant la porte : bien reçu madame.


Moi stupéfait : c’est pour quoi ?


Nahia : pour que vous arrêtez de me déranger les tympans.


Moi la titillant : mais quelle délicate attention ! Il ne faudrait surtout pas que je m’y habitue.


Nahia : weh, c’est ça !


Je mange avec un sourire aguicheur accroché aux lèvres, mais c’est sans compter sur l’attention de Miss qui garde le nez plongé dans son ordi. Or, elle ne fait rien à part défiler des photos sur l’écran. Le plateau fut remplacé par sa décoction que je prends toujours subjugué par sa sollicitude. Je me mets à faire des cent pas dans la pièce une fois repu, c’est fait exprès pour obtenir son attention et la réaction ne tarde pas.


Nahia soupire exaspérée : vous comptez faire ça toute la journée ?


Moi haussant l’épaule avec nonchalance : je m’occupe comme je peux.


Elle veut parler, mais la sonnerie de mon téléphone l’interrompt. Je laisse sonner quelques secondes ce qui la fait soupirer de rage, je décroche en lui faisant un clin d’œil. Elle tchipe.


Jemal : bro j’ai trouvé le plan idéal et je le mets à exécution aujourd’hui même. 


Moi : Singh on dit bonjour le matin !


Elle me fixe du coin de l’œil.


Jemal : ici, nous sommes dans l’après-midi.


Moi : dans ce cas, tu dis bonsoir puisque toi et moi n’avons pas dormi ensemble.


Jemal : roohh ta miss te contamine déjà ?


Moi : " Singh Sir Kawad" (dégages Singh) c’est quoi l’arnaque ?


Il se met à blablater alors que je continue mes va-et-vient l'air de rien. Je l’écoute d’une oreille distraite en lançant des regards pointus aux photos que la miss défile. Photos sur lesquelles je la  reconnais ainsi que ses nièces. Quant aux autres, je pense que ce sont ses amies vu la complicité qu'on décèle dans leur regard. Les photos… Mais… Waaaaooooohh !!! 


Moi dans l’appareil : Jemal, je te reviens.


Jemal : est-ce que tu as au moins écouté ce que j’ai dit ?


Moi : type tu gères comme tu peux, c’est la fin qui justifiera les moyens.


Jemal : top !


Je me retourne vers la miss dès qu’il raccroche.


Moi : c’est vous sur les photos ? 


Nahia (se tournant à demi vers moi) : vous voulez que ce soit qui d’autres ?


Moi (levant les yeux au ciel en me rapprochant d’elle) : vous êtes obligée d’être toujours irritante ? 


Nahia :…


Moi : ce sont des photos de quoi ?


Silence.


Moi ton dur : c’est à vous que je m'adresse !  


Elle me lance un regard furieux.


Moi me passant la main dans les cheveux : ça change quoi si vous me répondez ?


Nahia ton agacé : c’est pour une pub voilà !


Moi tirant ma chaise vers elle : je peux vous suggérer quelques-unes que j’ai trouvé très percutantes.


Elle hésite, mais je ne lui laisse pas le choix, on s’y met en cochant celles que je choisis. Il y a une sur laquelle elle était M-A-G-N-I-F-I-Q-U-E.


Moi suggestif : vous devriez penser à mettre celle-ci sur votre profil, ça vous fera de la publicité gratuite.


Elle hoche simplement la tête.


Moi continuant encouragé : je suppose que c’est pour en faire des affiches.


Nahia : oui, c’est pour une campagne publicitaire.


Moi : je peux vous porter un coup de main dans le montage du spot  si vous êtes d'accord.


Nahia : qu’est-ce qui vous dit que je ne l’ai pas encore fait ? 


Moi : ça fait deux heures que vous êtes assise à défiler les photos dans le vide !


Elle ouvre la bouche puis la referme avant de prendre une grande inspiration.


Nahia posément : je doute que vous…


 Moi l’interrompant : mademoiselle Adja, nous sommes appelés à travailler en équipe sous peu sur  une pareille tâche donc vous n’allez pas trouver d’inconvénient à ce que je m’entraine avec cette campagne ci. Puisqu’assurément, vous ne me trouvez pas assez qualifié pour faire ce travail.


Nahia : ce n’est pas une campagne d’essai…


Moi l’interrompant à nouveau : tester-moi, laissez-moi vous prouver mes compétences et vous me jugez ensuite.


Nahia soupire résignée : ok !


Je ne me le fais pas répéter deux fois avant de l’écarter carrément devant le poste. On travaille jusqu’à la pause déjeuné pendant laquelle elle nous commande à manger. On s’y remet jusqu’aux environs de 18 h, heure locale et elle décide de reporter l’impression au jour suivant. J’attends qu’on s’installe dans la voiture pour émettre un commentaire.


Moi : vous voyez que je ne suis pas aussi nul que vous le prétendiez.


Elle roule des yeux.


Nahia : ne prenez pas la grosse tête non plus, je n’ai pas encore donné mon appréciation sur votre apport.


Moi ton dérisoire : apprenez à être moins rabat-joie, ça vous ira à merveille.


Elle me lorgne avant de se recentrer sur la route. Au cours du trajet, j’essaie de repérer quelques endroits pour mémoriser notre itinéraire. Jusque-là j’ai juste remarqué un carrefour giratoire à cause de la couleur rouge écarlate tout autour. C’est là qu’elle bifurque d’habitude pour nous amener chez nous. Vingt minutes plus tard nous arrivons au carrefour en question et elle prend la direction de la maison.


Moi arquant le sourcil : nous rentrons à la maison ?


Nahia : oui.


Moi : vous ne partez pas en famille ce soir ?


Nahia me jetant un coup d’œil : bah logiquement.


Moi sourire contrit : c’est vrai qu’elle est bête ma question.


Nahia : bingo !!


Je ne dis rien, enfin ça cogite dans ma tête. J’ai envie d’entamer une conversation et lui poser les questions qui me trottent à l’esprit en ce moment, mais je redoute de me prendre un vent. Je lui jette donc de temps en temps des coups d’œil pour aviser son profil sérieux.


Nahia me fixant au coin de l'œil : quoi ? 


Moi me grattant la tête : en fait, je me demandais juste pourquoi faire un tel détour tous les jours. Enfin, excusez mon impertinence, je….


Elle me prend de court en répondant sans complexe.


Nahia : je m'y rend pour préparer le dîner de mes parents. C’est la seule condition pour que ma mère accepte  de me laisser avoir un chez-moi. 


Moi : ah ok, ce qui induit à une autre question impertinente. (sans transition) Pourquoi avez-vous  émis la volonté de quitter le domicile familial qui, sans étendre, est très somptueux vu de la façade pour vivre seule ?


Nahia ton sec : ça, c’est mon problème.


Moi ne démordant pas pour autant : ok, je vais me contenter de cette réponse pour l’instant. Et votre fils dans tout ça ?


Elle me jette un coup d’œil interrogateur.


Moi dans ma barbe : euh, fin, je voudrais savoir…


Nahia voix rauque : je n’entends rien !


Je sursaute.


Mais ?


Je soupire et me racle la gorge.


Moi : je disais…


Nahia m’interrompant une fois de plus : oui ?


Moi parlant vite : pourquoi votre fils n’habite pas avec vous ?


 Elle me jette un autre coup d’œil l’air surprise par ma question.


Nahia calmement : ça m’évite de croiser son père.


Je me redresse, cette petite discussion m’intéresse tout à coup.


Moi : ah oui ? (elle hoche la tête.) Ça me fait plaisir de savoir que je ne suis pas le seul sur votre liste des personnes indésirables.


Elle me fusille du coin de l’œil et je souris en me félicitant intérieurement d’avoir brisé la barrière. Je mets une pause à notre petite conversation jusqu’à la maison. Là, je tourne en rond des minutes durant en réfléchissant sur la prochaine tentative. C’est alors que je me sers un verre d’eau à la cuisine que je reçois une notification de message. Je l’ouvre et découvre les fameuses recettes de ma mère. Je lève les yeux au ciel et soudain j'eus une idée brillante. Je prends une douche rapide et m’habille décontracté pour me retrouver sur le pas de la porte de ma chère voisine. J’appuie sur la sonnette et attends quelques minutes avant que la porte ne s’ouvre sur elle dans une robe qui ne laisse pas de la place à l’imagination. 


Nahia brusque : c’est quoi la parade cette fois ?


Moi décontenancé : euhh, je pensais que… Enfin je voudrais vous inviter à dîner.


Nahia : non !


Moi moue de chien battu : mais allez, dites oui s’il vous plaît !?


Nahia catégorique : j’ai dit non et inutile d’insister.


J'inspire profondément.


Moi : soyez moins fermée le temps d'un instant s'il vous plaît. Un simple dîner, histoire de fêter notre début de collaboration et en même temps vous remercier pour votre délicatesse ce matin. Je dois dire que votre potion magique m'a remis d'aplomb.


Nahia les mains croisées sous sa poitrine : non merci.


Moi soupirant : et dire que je m’étais imaginé quelques minutes qu’avec notre petite conversation de toute à l’heure, nous étions devenus amis pour autant.


Nahia : désolée donc de vous désenchanter, ce n’est pas du tout le cas. 


Moi exaspéré : à un moment, il faudrait que vous vous rappeliez que vous êtes la seule personne que je connais dans ce pays…


Nahia me coupant : il y a mademoiselle l’hôtesse qui fait apparemment plus bonne guide que moi.


Moi parlant vite : Mélissa !


Nahia : pardon ?


Moi : Mélissa, c’est son prénom.


Nahia roulant des yeux : comme si ça m’intéressait de connaître son prénom ! (ajoutant) Appelez la au lieu de m’importuner, j’ai du travail à rattraper moi.


Je pousse un long soupir.


Moi : elle est dans les airs en ce moment.


Nahia : attendez donc qu’elle revienne.  


Moi : c’est une possibilité, mais vous pouvez prendre le relai sur l’entrefaite. 


Nahia l’air agacé : M Ben Zayid ne comptez pas sur moi pour assurer l’intérim de Madeleine.


Moi : Mélissa !


Nahia : c’est la même chose !


Moi : non ce n’est pas la même chose, Madeleine ça fait quatre syllabes alors que…


Mes mots meurent sur mes lèvres lorsque j’entends la porte claquer.



*** Quelques heures plus tôt ***


Ussama…


Je conclus une vente en apposant ma signature sur les papiers épars devant moi. Une fois cette dernière étape terminée, mon client, un grand baron allemand du pétrole me tend une forte poignet que je saisis avec un franc sourire.


Moi : ravi d’avoir conclu cette affaire avec vous.


Le baron : le plaisir est partagé M. Ben Zayid.


Je salue tour à tour ses collaborateurs avant de sortir de là le sourire aux lèvres. J’attends d’être dans ma voiture pour appeler mon père grâce à qui ses négociations ont très vite abouti. Sacré Al-Amine, il n’arrêtera jamais de m’étonner. Au moment où les autres pères rapportent des présents à leurs enfants au retour de leurs voyages, le mien me ramène des clients qui maximisent mon compte en banque avec des nombres de zéro à donner le tournis.


Moi dès qu’il décroche : salam papa, on vient de terminer les négociations.


Papa : quel est le verdict ?


Moi : il a mordu à l’hameçon, il a adhéré à ma proposition sans rechigner.


Papa : je ne doute pas une seconde de ta capacité de persuasion fiston, tu as fait un bon boulot comme d'habitude.


Moi : tout le mérite te revient, c’est grâce à toi…


Papa m’interrompant : est-ce que j’étais là lorsque tu concluais la vente ?


Moi me grattant la tête : non  


Il a déjà pris sa voix rauque.


Papa : fiston, il n’y a rien de mal à être fier de soi.


Moi : mouais, c’est vrai. 


Papa : tu me feras le point à mon retour, je dois raccrocher maintenant.


Moi : d’accord papa, passe une bonne soirée.


Il raccroche aussitôt et je démarre vers la maison. Il est 20 h à ma montre lorsque je passe le seuil de la porte de la cuisine où je ne trouve que les domestiques. Je fais demi-tour vers les appartements des parents et fus accueilli par l'odeur agréable des bougies parfumées mêlée à l'encens que maman brûle tous les soirs dans toutes les pièces de la maison. Ce qui signifie en même temps qu'elle est en pleine méditation.


Moi (pénétrant le salon) : je suis rentré maman.


Elle émerge de leur chambre au moment où je traverse le vestibule de la porte du salon pour prendre le long couloir, on se rencontre à mi-chemin et je la serre très fort dans mes bras avant de lui faire un bisou sonore sur le front tout sourire.


Maman me fixant dans les yeux : toi, tu viens de te faire de l’argent.


Moi ne cherchant pas à nier : des millions de pétrodollars.


Maman (me montant la joue) : tu sais que tu fais notre fierté à ton père et à moi ?


Moi lui souriant : je le sais Oumii.


Maman sourire tendre : dis-donc, c’est la journée des câlins, je suis vraiment gâtée.


Je fronce les sourcils d’incompréhension.


Maman : même Khalil a sorti le mot magique.


Je rigole.


Moi : c’est vrai que ça n’arrive pas souvent dans son cas.


Maman : à qui le dis-tu ? (au tac) Tu as mangé ?


Moi : pas encore.


Maman : j’ai fait du tajine Kefta et ton dessert préféré.


Moi me léchant les lèvres : je vais de ce pas me doucher et me régaler.


Maman : d’accord, file avant que ça ne refroidisse, tu sais bien que les repas réchauffés n’ont pas le même goût que les originaux.


Moi riant dépassé : mère et ses théories de la vieille époque.


Maman me réprimandant faussement : Ben Zayid tu veux dire que ta mère est vieux jeu ?


Moi : jamais maman, est-ce que tu m'as entendu dire une pareille absurdité ?


Maman : ça vaut mieux pour toi, aller file !!


Je ne me le fais pas répéter et fonce dans mon appartement, j’entreprends d’ôter mes vêtements dès que je franchis la porte. C’est en calcif que je pénètre ma chambre, sitôt une lumière tamisée rejaillie dans la pièce. J'ouvre grandement mes yeux et ma bouche en apercevant l'image de ce qui me semble être une femme avec de l’embonpoint étalée toute nue le long du lit, les fesses bien mises en évidence. 


Je reste figé au bord de la panique.


Moi begayant : qui... Qui êtes vous ?


Elle se redresse et prend tout son temps pour descendre du lit avec des gestes salaces. Elle avance ensuite vers moi en cachant ses parties intimes avec chacune de ses mains. 


Voix de femme : bonsoir chéri, tu en as mis du temps.


Moi me décalant à reculons : qui êtes-vous ? Ne me faites pas du mal s’il vous plaît, vous voulez quoi ? De l’argent ? Une maison, une voiture ?


La voix se rapprochant : non beau gosse, c’est toi que je veux.


Moi scandalisé : quoi ? D'ailleurs, qui vous a laissé entrer dans ma chambre ? (criant) Oh voleur (tout bas) ou plutôt voleuse. (criant à nouveau) Ohhh voleuse, une voleuse dans ma chambre. À moi !!! À moi !!


Plus elle se rapproche plus le ton de ma voix diminue avec mes pieds qui flageolent et mon corps parcouru de sueurs froides.


 Je la regarde craintif et médusé lorsqu’elle arrive à ma hauteur et se met à balader sa main sur mon torse pour finir sa course dans mon entrejambes, le regard émoustillé.


Elle ton suave : ton frère avait raison, tu es beau comme un dieu et tu en as un **** bien gros à faire pâlir toutes les jeunes filles de cette ville.


Une frousse viscérale s’empare de mon être lorsqu’elle pose ses lèvres sur les miennes. Je parviens tant bien que mal à lui mordre les siennes malgré les tremblements.


Elle (soufflant dans mes oreilles) : détends-toi bébé, laisse-moi m’occuper de toi. Tu verras comme c’est bon.


J'éclate en sanglots.


Elle : mais beau gosse, je ne mords pas voyons.


Moi ton menaçant : je vais appeler la sécurité si vous ne vous éloignez pas de moi (hystérique) Sécurité !! Balram !!! 


Elle : ils ne peuvent pas t’entendre. (regard libidineux en caressant mon membre) Bebou laisse-moi m’occuper de ton cornichon.


J'arrive à me dégager de son emprise et recule jusqu’au niveau du dressing. J'ouvre la porte avec empressement avant de m’enfermer là-dedans. Sitôt, à l'abri, je m’écroule sur le tapis en osier en pleurant tout mon soul.





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