le retour

Write by L'Africain

Puis le Grand Chef lui dit :

-Félicitation, tu as passé avec brio les différentes épreuves et tu as visité les royaumes du Gabon. Tu es digne à présent de passer à la consécration ultime qu’es la circoncision. Demain la cérémonie d’intronisation des impétrants démarrera très tôt. Tu ne devras ni manger ce soir, ni toucher une femme.

Soudain les deux vieillards docteurs de la loi traditionnelle, se mirent à murmurer en présentant des airs menaçants. En effet, selon eux, l’accès de cet otanganis aux secrets de la communauté, fera de lui un personnage auquel le Grand Chef accordera certainement beaucoup d’attentions. Vu la sympathie manifestée à son égard par le celui-ci et même par le peuple, il devient clairement un élément gênant. Alors ils se mirent à réfléchir sur une stratégie qui visera à garantir leurs intérêts.

Puis vers six heures du matin, tous les impétrants furent vêtus de caches sexes et de kaolin au visage. Chacun l’un derrière l’autre se préparait mentalement toute la journée à l’épreuve finale qui les attendait. Aussi, chacun livrait à tour de rôle aux Grand Chef, le nom de baptême qui leur avait été donné là-bas.

En milieu de journée, les femmes et notamment Rosa se mirent ensemble dans une zone du village, attendant avec impatience les résultats de l’examen que devraient passer les impétrants. Ces derniers, l’un derrière l’autre passèrent à tour de rôle pour l’acte ultime. On pouvait entendre des espèces de griots qui soutenaient par leurs chants, les jeunes hommes qui devaient prouver leur courage et leur patience en recevant sans ciller, avec le sourire, les coups de bâton les plus cinglants sur la poitrine. Il ne fallait surtout pas extérioriser la douleur aussi intense soit elle. Sinon, malgré la réussite de toutes les épreuves précédentes, ils resteraient à tout jamais, la risée des autres hommes du village. Alors François sachant cela et déterminé à réussir, s’arma de courage. A son tour, il pressa très fortement entre ses dents, un morceau de bambou qui lui avait été donné pour aider à supporter la douleur. Puis un vieillard se mit en face de lui, lança au-dessus de sa tête un morceau de noix de cola afin de détourner son attention. Sans rien comprendre, en fixant la noix qui retombait sous ses yeux, il ressentit d’un coup sec son prépuce tombé entre les mains du vieillard « maître du couteau » qui fit l’opération. Celui-ci projeta aussitôt des fractions de cola mélangée à du piment qu’il mâchait depuis le début de la journée, sur son organe génital qui avait tout d’un coup bien rétrécit. Cette action visait à amplifier la douleur afin d’éprouver à son paroxysme les impétrants pour cette ultime épreuve. Simultanément il prononça de paroles incantatoires, implorant les ancêtres pour la bénédiction, la protection et le remerciement. Face à cette épreuve, François n’émit aucun crie tout en serrant très fortement le morceau de bambou entre ses dents. Toutefois il aurait fallu de peu pour qu’il laisse échapper des cris de douleurs accompagné de larmes de sang pour exprimer la passion qui aurait été la leur. C’est alors qu’après quelques minutes d’observation, par les hommes qui examinaient avec minutie la moindre manifestation de douleur extériorisée par les impétrants, François reçut l’admiration de tous et ces derniers le reconnurent comme l’un des leurs.

Plus tard, portés tel des trophées de victoire par les aînés et ayant reçu la clef du cercle initiatique très fermés des hommes, les voilà conduit vers la zone réservée aux femmes.  Ils reçurent également l’admiration de toutes les jeunes filles prêtent à aller en mariage. Ces dernières vêtues de tissus de raphia protégeant uniquement la poitrine et le bassin, exposaient fièrement leur collier autour des reins et surtout leurs atouts corporels dans l’optique de plaire à ces nouveaux mâles forts et virils. Certaines esquissaient des pas de danses traditionnelles et mettaient en évidence leur postérieur assez bien charnu qui se mouvait avec la même cadence que le collier autour des reins. Rosa quant à elle exprima une joie et une fierté d’avoir un vrai homme. Certains nouveaux circoncis prient par un étonnant mélange de douleur et d’excitation, foncèrent tout azimut vers ces jolies créatures tout en ayant l’embarra du choix. Ils ne savaient pas s’il fallait pleurer car la douleur y était toujours présente où jubiler suite à cette réussite. François quant à lui, ne laissait exprimer qu’une vague sensation de joie, tellement il fut exténué face aux épreuves qu’il dû endurer pendant plus d’un mois dans la forêt. C’est alors que Rosa le serra dans ses bras et lui présenta ses vives félicitations tout en le remerciant d’avoir accepté d’endurer tout ça juste pour elle.

Puis ce fut la fête dans tout le village, l’otangani de jadis, se fit dorénavant surnommer Olamba par tous. Même les gamins furent mis au parfum des exploits de l’otangani. La nouvelle comme une traînée de poudre, se propagea dans tout le village et même aux villages avoisinants. Il était devenu un blanc nègre.

Plusieurs mets préparés en prélude à cette cérémonie, furent servis à tout le monde. La boisson aussi était distribuée à qui voulut en boire. Des chants traditionnels parlant de récit de victoire étaient entendu partout dans le village.

Puis le Chef informa toute la population de se tenir prête car il y aura dans quelques instants la sortie des masques. C’est un moment solennel ou il y a communication entre le monde des morts et celui des vivants. C’est alors qu’il fit appel à François par son nom de baptême Olamba, afin qu’il se tienne avec eux les anciens. Il lui dit qu’il allait assister à une véritable cérémonie traditionnelle. Il rajouta en disant :

- Je suis le gardien d’un savoir qui date de la nuit des temps. De l’époque où il n’y avait aucune race différenciant la couleur de la peau. Avant que certains pour des raisons diverses, partis vers des contrées lointaines. Vous les blancs, vous furent nos frères dans un passé lointain, aussi loin que la mémoire collective à oublier. L’Afrique est le berceau de l’humanité. Tous les peuples de la terre sont partis d’Afrique. Sache alors qu’aucune théologie, aucune science, aucune doctrine, n’est étrangère à l’Afrique, car elle fut la terre de leur enfantement.

Après un certain temps d’attente, tout le monde s’est dirigé vers le centre du village pour assister à la sortie des masques.

Ebahit par ce qu’il voyait, François prépara sa caméra et se mit à filmer, un danseur masqué, dont le corps se dissimule sous un vêtement en tissu de raphia. Il exécutait des figures acrobatiques tout en brandissant de chaque main un chasse-mouches. Les masques étaient censés représenter des ancêtres, parfois féminins. Le visage énigmatique du masque était légèrement triangulaire. Sous les yeux clos, étirés en amande, et comme gonflés par le sommeil, les pommettes haut placées s'arrondissent. Les coiffures étaient complexes, les bouches protubérantes. Le nombre et la disposition des scarifications variaient et étaient remarquables. Le motif le plus courant, en forme d'écailles, comprenait neuf losanges.

Puis le cousin de Rosa lui expliqua en disant :

- Notre communauté se retrouve majoritairement au Gabon. Elle est réputée pour la mystérieuse beauté de ses masques caractérisée par une face blanche peinte au kaolin. Ces masques présentent l’idéal de la beauté féminine. Ils expriment la sérénité des anciens qui nous protègent et nous conseillent depuis le royaume des morts. Ils sont utilisés par des danseurs au cours des rites funéraires. Les scarifications frontales ou temporales en forme de losange de neuf points représentent notre cosmogonie et évoquent la notion de perfection et de sagesse. Le point central est le principe créateur Dieu, qui a donné naissance aux quatre points cardinaux donc le monde ainsi qu'aux deux couples primordiaux les humains.

Le lendemain, au sortir de cette expérience pour le moins spirituelle, il ne fut plus jamais le même. Il devint transformé au plus profond de son être. Il prit conscience du fait, que le monde avait beaucoup à apprendre de l’Afrique. Notamment son comportement vis-à-vis de la nature, comment respecter son équilibre et ne point perturber les forces qui l’animent.

Soudain, le téléphone portable de François se mit à sonner. En décrochant, il constata que c’était son employeur depuis Gamba qu’il l’appelait.

- François Bonjour,

-Bonjour, répondit-il

-Nous constatons que vous vous êtes bien acclimaté vu votre absence pendant un bon bout de temps des résidences de la société.

-Oui, dit-il en faisant un léger rictus

-Passons aux choses sérieuses, alors vu la crise mondiale qui frappe en ce moment le secteur pétrolier, il y a eu des réaménagements dans la gestion du personnel. De ce fait nous vous invitons à rejoindre notre direction dans la ville de Gamba afin de prendre connaissance de votre contrat.

-Ok je saute dans la première occasion.

Informant Rosa du contenu du coup de fil qu’il venait de recevoir, tout en affichant un visage inquiet, ils décidèrent de reprendre le chemin du retour. Après des au revoir à toute la communauté, François et Rosa embarquèrent cette fois-ci dans une pirogue munie d’un moteur hors-bord pour rentrer le plus rapidement possible sur Gamba. Portant des gilets de sauvetage de couleur orange fluorescent, ils traversèrent le fleuve Ogooué. C’est un grand fleuve qui parcours tout le Gabon depuis sa façade maritime, jusqu’aux frontières du Congo pays voisin. Sur le trajet, Ils rencontrèrent des hippopotames, des singes jonglant sur des lianes, qui semblaient leur dire au revoir. Nostalgique de ce qu’il venait de laisser, il répéta des chants qu’il avait appris là-bas, en invitant Rosa à l’accompagner. Ce fut un spectacle magnifique de voir cette harmonie entre ce couple mixte de couleur, sur le fleuve qui transperce la forêt équatoriale, en chantant à l’unisson, des chants traditionnels.

Arrivé au débarcadère de la ville de Gamba, les habitants regardaient avec curiosité un blanc qui avait l’air bien acclimaté à l’environnement. Des commerçants étalant leur marchandise à même le sol, proposait au blanc leur produit à des prix exorbitants. Mais François surpris tout le monde car il savait même discuter les prix comme le font les autochtones. C’est ainsi qu’un des vendeurs s’écria :

-Celui-là n’est plus un otangani, il est un blanc nègre.

Arrivé dans ses logements, avec pleins de souvenirs offerts et achetés par ci et là, il prit une douche et un repos bien mérité.

Le lendemain, à la direction de la société Texaco, François appris avec stupéfaction, le terme de son contrat au Gabon. Hélas, il devra repartir sur le Canada. Triste d’apprendre cela, alors qu’il commençait à s’approprier cette culture, ce nouveau monde qu’il recherchait tant, le voilà en train de faire ses bagages pour son départ. Ils quittèrent ensemble la ville de Gamba pour se rendre sur Libreville. Tout ce temps, Rosa fut malheureuse depuis l’annonce de cette nouvelle. Toute cette journée-là, a été très morose, car cette nouvelle fut accueillie comme un malheur qui venait s’abattre sur leur vie. A peine la vie commençait à montrer ses plus belles couleurs, qu’une séparation inattendue vinrent l’entacher. Ce fut un spectacle émouvant de voir Rosa observer avec tristesse, son champion François faire ses bagages. Etait-ce la fin de ce beau rêve, se posa Rosa dans son for intérieur, en échappant des larmes d’au revoir ou peut-être d’adieu. Puis François s’exprima en ces termes :

-Ne pleure pas, je ferai tout pour revenir.

-Mais t’a plus de contrat ici comment feras-tu ?

-Je vais revenir et nous allons ouvrir notre propre activité. J’ouvrirai une boulangerie ça au moins je pense que je n’aurai pas besoin de contrat pour cela, en essayant d’esquisser un sourire

-Mais si tu pars tu feras combien de temps ?

-Je ne sais pas moi-même car j’ai n’ai plus de sous pour me prendre un billet d’avion de retour. Mais sache que le Gabon et toi avec, vous comptés à présent beaucoup pour moi. Vous m’avez tout donnez ici.  J’ai appris à vaincre ma timidité et j’ai beaucoup plus confiance en moi. Ma vie à beaucoup changée depuis que je suis au Gabon. Les vertus de partage, de solidarité, d’humilité m’ont été transmises durant les épreuves que j’ai effectuées. Jamais je ne vous oublierai.  J’avais une image négative de l’Afrique avant d’arriver ici et surtout que les médias ne peignent que ça, chez moi. Nous présenter que ce côté négatif, à savoir les guerres, les famines, etc. Mais soit en sûr, à présent j’en ai une tout autre idée. Et comptez sur moi pour en faire témoignage auprès des miens. Ma vie est à présent ici, vous êtes ma famille et je reviendrai.

En esquissant un sourire, Rosa répondît :

- ça me fait plaisir de t’entendre et sache que moi également j’ai appris beaucoup de choses avec toi. Au moins je sais déjà préparer une poutine du chef.

Ah ! S’exclama-t-il en riant, que ça alors !

-Mais non tu sais que j’ai appris plein d’autre chose avec toi. Mais si tu m’amène un jour au Québec, là j’apprendrai davantage

-Je t’y amènerai et tu as ma parole. Je reviendrai.

-Ok d’accord, si tu le dis. J’ai confiance en toi et saches que je t’aime.

-Moi aussi je t’aime

-Bon je pense qu’il est temps de se dire au revoir

-Ok ben fait un bon voyage et n’oublie surtout pas de m’écrire dès que tu arrives

-Tu as ma parole, dit-il.

Après des chaleureuses et langoureuses embrassades, ils se séparèrent et François se dirigea en direction de l’aéroport de Libreville, qu’il l’a accueilli dès son arrivée au Gabon, voici déjà un an. Dans la salle d’attente des passagers, il observait avec beaucoup d’attention les masques des différentes ethnies du Gabon, entreposés tel un musé, comme pour dire au revoir au visiteur de ce pays, le long du corridor qui mène vers la porte d’embarquement de l’avion. Sous un fond sonore de rythme de cithare qu’il écoutait via son smartphone, il remarqua le fameux masque qu’il l’a tout de suite rappelé Minkebe, ce village qu’il l’a transformé. Puis face à ce masque, il dit :

- Mbolo Samba.

Par la suite, en écoutant l’appelle des voyageurs en partance pour Paris, il se leva et se mit à baiser le sol sous le regard bien curieux des autres blancs. Après quelques larmes versées, il arpenta les marches qui donnent accès à l’énorme oiseau mécanique qui attendait patiemment les passagers, pour les ramener à la maison.

Durant les phases de décollages, il laissa sa vue se promener sur le panorama qui se présentait à lui. Des voies routières, des échangeurs, des véhicules, des piétons ainsi que des espaces verts devinrent de plus en plus petits au fur et à mesure que l’avion effectuait son ascension.

 Durant le voyage, il revit toutes les images qu’il eut vécues durant son séjour au Gabon. Les chutes gigantesques, la mythique forêt des abeilles, des parcs ou vivent en toute quiétude plusieurs variétés d’espèces animales et végétales, mais aussi et surtout la mystique qui reste le grand secret dont seul les initiés ont accès.

Arrivé à Montréal, sous une température de -15 degré Celsius, il se mit à grelotter et enfila un manteau afin de se tenir au chaud. L’accent de ses congénères fut le premier élément qui frappa à ses oreilles. Il prit conscience que la langue française a acquise via les différentes cultures, de nombreuses variations autant phonétique que sémantique. Aussi, les gens aux alentours le regardaient avec beaucoup d’envies, car son accoutrement vestimentaire et son air bronzé, lui donnait l’apparence d’un vacancier fraîchement rentré des pays du sud.

Soudain il constata avec un grand étonnement, qu’il avait égaré durant le parcours du voyage, son carnet de route auquel il avait noté les coordonnés de Rosa. Il devint très malheureux à l’idée de savoir qu’il n’avait plus de contact de sa dulcinée resté au Gabon. Comme si les malheurs se succédaient depuis leur séparation inattendue, voilà que même le seul moyen qui leur permettra de garder le contact, leur fut également retirer. Il se demanda s’il ne fallait pas se résigner à y retourner, vu la succession d’évènements qui se produisent dans ce sens. C’est alors que pour pouvoir faire le vide, il se dit qu’il faille d’abord contacter marie-Stéphanie sa seul et vrai amie.

En recherchant son contact dans son téléphone et après trois tentatives d’appels, Marie-Stéphanie décrocha :

-Allo

-Allo bonjour Marie, c’est François à l’appareil

-François ! S’écria-t-elle, tu es ici ?

-oui ! Je suis actuellement sur Montréal et je n’ai pas d’endroit où passer la nuit

-Ok ben bienvenu alors ! Mais je ne suis plus à Trois-Rivières, je vis déjà à Québec avec Mathieu. Mais si tu n’as pas d’endroit où coucher ce soir, je t’invite alors.

-Merci je savais que je pouvais toujours compter sur toi.

Puis François se dirigea vers la gare d’autobus pour se rendre dans la ville de Québec. Après avoir effectué le change des devises européennes en dollar canadien, il paya un billet dans un guichet automatique. Dans l’attente du départ pour Québec, il acheta un journal dans une boutique pour s’imprégner des informations locales et se posa dans un petit café de la gare. En parcourant les différentes pages, une annonce attira son attention. Il s’agissait du récit d’une exposition africaine, organisée par une petite communauté d’étudiants Sénégalais dans les environs de Montréal. Il prit tout son temps à observer les images des objets culturels qui le rappelaient curieusement le Gabon. Il se dit dans son for intérieur, que s’est certainement un signe pour lui de se battre pour repartir.

Puis à l’arrivé de l’autobus, il présenta son billet à l’agent contrôleur et monta en prenant place face à une fenêtre. Ils mirent plus de 3 heures de route avant d’apercevoir les panneaux indiquant la ville de Québec.

Arrivé à bon port, il se rendit immédiatement au domicile de Marie-Stéphanie, après lui avoir naturellement communiqué son adresse. Puis au seuil de son entrée, il sonna et entendit les aboiements de son compagnon chocho. Lorsqu’elle ouvrit la porte, ils se prirent chaleureusement dans les bras. Chocho également exprimait sa joie de revoir François en remuant la queue. Elle remarqua tout de suite le teint bronzé de son hôte et le lui signifia en disant qu’il avait bien changé, autant dans son accoutrement vestimentaire, que dans sa manière d’être. Il semblait selon elle avoir acquis beaucoup plus d’estime et de confiance en soi. Cela lui fit penser automatiquement que ce séjour en Afrique lui avait fait beaucoup de bien.

Puis elle s’empressa de lui demander comment était son séjour en Afrique, s’il avait apprécié et surtout ceux qu’il avait vu. Tout d’abord il sortit son appareil photos pour lui montrer toute les images prises durant son séjour, en l’expliquant chaque endroit et chaque personne qui y figuraient. Soudain une photo attira l’attention de marie-Stéphanie, notamment celle du danseur masqué dissimulé dans un tissu de raphia. Elle lui demanda qui était-il ? Il répondit en disant que ce personnage était dans un état de transe et son corps était à présent guidé par les esprits de leurs ancêtres. Naturellement elle afficha un air qui laissa entrevoir que ceux qu’il lui racontait relevaient de la superstition. Mais vu l’aspect assez sérieux et surtout convainquant que prenait François, il finit tout de même par susciter en elle une certaine remise en question sur de nombreuses choses.

Puis un mois passa sans qu’il ne puisse avoir des nouvelles de Rosa suite à la perte de son carnet de route durant le voyage sur Montréal. Elle de son côté essaya de le rechercher via les réseaux sociaux, mais ce fut en vain. Il était totalement absent des réseaux les plus fréquentés. Ce fut pour elle une grande tristesse de ne plus à revoir cet otangani, qui s’était donné tant de mal à satisfaire les contraintes de ses interdits. De plus, sa peine fut encore plus grande du fait qu’elle s’apprêtait à le présenter en tant que futur mari au Grand Chef. Ainsi elle adressait des prières chaque jour afin que le bon dieu ait pitié d’elle et l’exauce. Elle se rendait chaque soir dans un lieu que seul les deux connaissaient, en plein air, à demander à la lune, s’il elle voyait François de l’autre côté, de lui dire qu’elle l’attend.  Ce fut comme une belle histoire d’amour qui semblait prendre fin brutalement contre leur volonté. Parallèlement, de l’autre côté de l’océan, chaque jour passé loin de l’Afrique, était pour François un supplice. La nostalgie le gagnait de jour en jour. Lui également regardait la lune les soirs, et demandait à celle-ci de transmettre à Rosa qu’il reviendra bientôt.

Tout en vivant en location chez Marie-Stéphanie, François lui fit une promesse de trouver du job afin de s’acquitter des charges relatives à la colocation. Comme pour joindre la parole à l’acte, il ne tarda pas à se faire embaucher comme pâtissier dans une boulangerie. D’ailleurs avec le temps, il s’y plus tellement, qu’il obtint en quelques mois le prix du meilleur agent pour le rendement et l’assiduité au travail.

Après plus de six mois de durs labeurs, François était enfin prêt à repartir pour le Gabon car il avait pu économiser suffisamment de sous, afin de pouvoir se payer un billet d’avion et de quoi assurer un long séjour là-bas.

Un matin, il se rendit de suite dans la ville d’Ottawa, capital politique du Canada et siège des représentations diplomatiques de divers pays à travers le monde. L’ambassade du Gabon, situé à quelques encablures du quartier d’affaire, fut l’objectif de François pour espérer repartir. C’est ainsi qu’en se rendant sur les lieux, il fut reçu par un agent de l’ambassade et dit :

-Mbolo Samba ! En affichant un air bien content.

-Mbolo répondit l’agent, avec un air surprit d’entendre un canadien prononcer des expressions de salutation gabonaise. Il sut tout de suite qu’il eut vécu au pays. Vous connaissez bien le Gabon me semble-t-il, rajouta l’agent.

-Bien sûr, avec un sourire. Je ne suis plus un otangani, je suis devenu un vrai homme gabonais.

Alors l’agent content d’entendre cela, surtout venant d’un blanc, lui demanda par la suite ce qu’il voulait. Il répondit qu’il souhaitait repartir vivre au Gabon et surtout retrouver sa future épouse Rosa Mboumba qui l’attendait. Alors l’agent édifié par tout cela, s’en pressa de lui remettre les documents relatifs aux formalités de demande de visa. Après avoir tout renseigné, on lui donna un rendez-vous dans quelques jours, pour la réception du dit document. En attendant tout cela, il se rendit en villégiature à Chantilly rencontrer son père.

Toc toc ! Cogna François à la porte de la maison de son père. Celui-ci, accroché à ses vieilles habitudes, prenait une bière face à son écran de télé. Il hurlait seul face à son traditionnel mach de hockey sur glace. Puis en insistant, il se leva et se rendit vers la porte. Ne reconnaissant plus son fils François, tant sa couleur de peau et son accoutrement vestimentaire avaient drastiquement changés, il lui demanda d’un ton agacé ce qu’il voulait. Puis, en observant quelques secondes les yeux de François qu’il n’avait jamais oublié, il écarquilla les siens et constata avec grand étonnement que c’était bien son fils. Puis il s’exclamât ainsi :

-Tabarwaite mais que t’est-il arrivé François. Je eu du mal à te reconnaître.

-Tu ne me laisse pas rentrer ? Demanda François

-Bien sûr que oui, rétorqua-t-il

-Je suis revenu d’Afrique, mais je compte repartir y vivre car j’ai découvert un peuple qui m’a donné ma raison d’exister.

-Tu es devenu un illuminé ou bien ?

-Non ! répondit François, figure toi que l’Afrique est vraiment le berceau de l’humanité. Tous les peuples de la terre, même nous les otanganis heu ! Excuse-moi, les blancs avions nos lointaines origines en Afrique. Nous sommes partis de cette région du monde pour coloniser les autres parties. Ils ont une connaissance de la nature, même de l’univers à laquelle la communauté scientifique gagneraient à s’y approprier. Je crois que le jour ou l’Afrique se réveillera, le monde entier en sera bouleversé.

Après cette exhortation pour le moins bouleversante, son père se dit qu’il avait complètement perdu François. Et se séparèrent en ces termes :

-Je suis venu pour te dire adieu papa. Comme les pionniers français qui sont partis d’Europe pour un nouveau monde, je pars pour l’Afrique. Ma place est là-bas avec eux.

Puis il se leva, embrassa fortement son père et sans en rajouter, se séparèrent. Son père quant à lui resta bouche bée et le laissa partir également sans rien dire de plus.

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