Les non-dits (1)
Write by Saria
***Paris***
***Hôtel le Méridien Etoilé***
***Chambre de Guy***
***Guy***
Dans ma tête je compte jusqu’à dix. Nicole m’embrassait et j’avais cette capacité à me détacher. Je ne sens pas le désir brut qui irradiait mes veines comme à chaque fois qu’elle m’approchait.
Elle a dû percevoir qu’il y a un truc qui ne passait pas,
elle s’écarte et me lance un regard interrogateur.
Moi (voix sourde) : Ne refais plus jamais ça !
Nicole :...
Moi : Je ne peux pas…On ne peut pas continuer comme ça !
Nicole : Arrêtes toi et moi savons que tu en as envie!
Moi : Non...Et je pense que tu devrais partir. Je suis sérieux, ça ne m’intéresse plus de continuer avec tout ça!
Nicole (hargneuse) : Continuer quoi ?! Depuis quand tu as des scrupules ?!
Moi : Nicole on arrête tout ! Je ne veux pas te « sauter » entre deux missions ! Rien de bon ne va en sortir. J’arrête les frais là ce soir ! Je voudrais te respecter au nom de tout ce que nous avons partagé et au nom de l’enfant qui nous unit !
Nicole : Je n’ai rien à foutre de ton respect ! Tu dis ça à cause de « ta togolaise » ?
Moi (froid) : Kafui n’a rien avoir avec ça…Je te préviens tu parles d’elle avec respect ! Je permets certains écarts à ma mère parce que c’est ma mère ! Maintenant rentre chez toi !
Nicole (suppliante) : Guy s’il te plaît…Bébé tu as oublié nos bons moments ?!
Elle se rapproche à nouveau de moi et pose sa main sur ma braguette essayant de me caresser. Je lui maintiens les deux mains.
Moi : Nicole ! Non ! Ressaisis-toi !
J’étais gêné par la scène qui se passait : elle était quasiment à genoux et s’accrochait à moi en sanglotant. J’étais partagé au fond de moi entre le dégoût et la culpabilité. Je ne comprends pas qu’elle ne puisse pas faire preuve de dignité mais en même temps c’est moi qui ai entretenu ses illusions.
Mais en toute lucidité, Nicole a été tout ce temps un plan cul. Elle s’attachait moi je prenais mon pied.
-Je t’appelle un taxi…
Après son départ, je me sens épuisé psychologiquement, physiquement, moralement. Je ressens le besoin d’entendre la voix de mon épouse. Je lance l’appelle, mon Dieu faites qu’elle décroche ! Je n’en peux plus de ce silence ! Au moment où j’allais raccrocher, j’entends un allô ténu, au point où je crois rêver.
Kafui (se raclant la gorge) : Oui ?
Moi : Chérie ? Ça va ? Je sais que je te réveille mais…Hum…J’avais besoin de t’entendre.
Kafui : …
Moi : Tu vas bien ?
Kafui : Oui ça va…Je vais bien…les filles aussi
Moi : Je sais que je te réveille tu vas probablement avoir du mal à te rendormir…C’est trop dur ici sans vous !
Kafui : Tu rentres bientôt non ?
Moi : Oui…J’ai hâte.
Je raccroche une heure après apaisé. Je ne sais pas si elle a perçu mon état d’esprit mais on a pu se parler…Pas une conversation sérieuse hein ! Non c’était décousu, ponctué de silence…Comme si on se cherchait.
***Quelques jours plus tard***
***Cotonou***
***Guy***
J’étais heureux de rentrer chez moi. Retrouver les miens. Ces quelques jours m’ont permis de faire le point sur moi-même, sur ma vie et sur mes choix. Je n’étais pas fier de moi-même, non ! J’ai réalisé beaucoup de choses qui ne vont pas et il est temps de mettre de l’ordre dans tout ça.
J’arrive à la maison, tout était silencieux, normal Air France arrive tardivement à Cotonou, le temps de récupérer les bagages et de rentrer il était minuit ! Mes chéries dormaient. Kafu, elle avait trouvé son bonheur dans le canapé du séjour, la main posé sur son ventre.
Je pose mes affaires et je la regarde dormir. J’hésitais sur la conduite à tenir quand elle ouvre les yeux :
Moi : Hey !
Kafui : Hum…Bienvenue…
Moi : Merci ! Tu n'es pas raisonnable de te coucher là...Les moustiques vont te piquer…Tu aurais dû rester en chambre.
Kafui : Ton comité d’accueil m’a mandaté pour te souhaiter la bienvenue, je ne pouvais pas ne pas m’exécuter !
Moi (ravi) : Ah oui ?
Kafui : Oui…Surtout qu’elles se sont relayés dans mon lit pour que je ne me sente pas seule…
Moi : Génial…Viens je te raccompagne en haut
Kafui : T’inquiètes ça va aller…
Moi : Non j’insiste !
***Kafui***
Je lui jette un regard en coin. Il est tout frais…Tout beau. Je dois être affreuse moi qui vient de me réveiller. Je réalise à quel point il m’a manqué. On arrive en haut, je lui souhaite bonne nuit, puis je passe aux toilettes. Quelques minutes plus tard lorsque je ressors il était toujours là. Il s’était adossé à la porte, les mains derrière le dos. Je lisais un désir brut dans son regard, mon corps réagit presque automatiquement à cet appel muet. Il n’avait pas fait un geste mais c’est comme s’il me déshabillait…Je me sentais nue.
Guy (voix basse) : J’ai envie de toi !
Depuis, que nous faisons chambre à part…C’est moi qui fixait les règles du jeu, je le sollicitais quand j’avais envie de faire l’amour. Là, j’étais debout au milieu de la chambre intimidé par ses yeux de braises. Il s’avance vers moi et prends mon visage en coupe, il me mors la bouche ; je gémis de douleur ou de plaisir je ne sais pas. Je sentais confusément, que ça allait être différent…au lieu de m’effrayer j’étais toute émoustillée.
Il pose une main au bas de ma nuque et commence à
m’embrasser. Sa langue était partout dans ma bouche, comme s’il m’explorait, ça
me donne une sensation de vertige. De l’autre main il me caressait la chûte de
reins. On se déshabille progressivement.
Il m’embrasse la gorge, lorsque je sens sa bouche sur un de mes tétons, j’ai chaud et froid et je lui enfonce mes ongles dans les épaules pour m’accrocher. Un moment, il me laisse et tire le canapé-lit au milieu de la chambre. Je ne comprenais pas vraiment, jusqu’à ce je me retrouve à quatre pattes mon reflet dans le miroir. Il vient se positionner derrière moi, nu comme un ver. Le regard trouble, il commence à me caresser le dos, les hanches, en passant rapidement dans l’entrejambe…C’était excitant, j’étais dans l’attente, mes yeux était agrandis par le désir. Il trace un sillon tout au long de mon échine, je frissonne et me cambre alors il me pénètre.
Moi : Han !
J’attrape l’un des coussins, fort alors qu’il commence à bouger en moi doucement d’abord, puis de plus en plus vite. Le fait de nous voir en pleine action dans la glace décuplait mes sensations, je crois que c’était pareil pour lui. Moi tendant la croupe voulant plus, lui allant à l’assaut. Mes gémissements et ses grognements emplissent la chambre, dans un dernier coup de reins nous atteignons le plaisir.
Ma peau était couverte de fines gouttelettes de transpiration. Il déposait de petits baisers là-dessus.
Guy : Demain on va faire une échographie pour voir si je n’ai pas fait mal au bébé
Moi : Je ne crois pas…il a dû être un peu secoué mais
je ne crois pas qu'il ai eu mal
Guy : Et toi-même ?
Moi : J’ai A-D-O-R-E !!!
Guy : Ah bon ?!
Je me tourne doucement et me mets sur le dos…Il semblait surpris.
Moi : C’est la première fois que tu me…prends…comme ça...
Guy : J’ai toujours pensé que tu voulais…que ce soit doux et tendre
Moi : Oui…mais parfois…
***Guy***
J’étais ébranlé par ce que je découvrais. J’ai été son premier, du coup j’ai toujours ressenti le besoin d’être tendre avec elle...Pour ne pas l'effrayer, avec Nicole je me sus toujours lâché. Bon ça ne veut pas dire que Kafu avait l'exclusivité de la position du « missionnaire » loin de là. Mais…enfin je la respecte. J'évitais d'assouvir mes fantasmes avec elle, Dieu sait que j'en ai quand je la regarde...J'ai des trucs peu catholique qui me traverse l'esprit mais je me suis toujours retenu.
Peut-être que tout ça a fait qu’elle a cédé à Jean-Yves...Je ressens à nouveau les affres de la jalousie.
Moi : Kafui…Il s’est passé quoi avec Jean-Yves ?
Elle me regarde droit dans les yeux et moi je me demandais si j’aurai la force d’entendre la réponse à ma question. Après ce qui me semble une éternité, j’entends :
Kafui : rien
Moi : Le bébé…
Elle se redresse comme si je l’avais frappé ! Avant même qu’elle n’ouvre la bouche je comprends que je viens de mettre les pieds dans le plat.
Kafui (voix peinée) : C’est donc ça ! Les togolaises sont des filles de mœurs légères, ta mère te l'a tellement chanté... du coup tu crois que je peux me faire deux frères !
Moi : Non…Je…
Kafui (dans un souffle) : Ne te fatigue pas ! Je ne suis pas stupide. Il ne s’est strictement rien passé entre Jean-Yves et moi. Même si je sais aujourd’hui qu’il a toujours eu des sentiments pour moi. On a dormi dans la même chambre mais pas dans le même lit. L’enfant que je porte est de toi…Et si tu as un doute tu pourras toujours faire le test de paternité dans quelques mois…Maintenant, j’ai besoin d’être seule s’il te plaît…
Moi : Bébé…
Kafui : Non…C’est bon j’ai ma dose-là…Laisse-moi tranquille.
Quel con ! J’avais envie de me mettre des claques. Je me rhabille et je redescends. Mes affaires étaient encore dans la salle de séjour. Je laisse tout et me dirige vers le bureau la mort dans l’âme.
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