L'impuissance d'un enfant
Write by Paterne
« La vie dispersent le plus
Souvent les gens mais la mort les réunies »
Claire Kouele
Chapitre 1 : l’impuissance d’un enfant
A cet instant précis mon cœur me parle, mon esprit s’affole. « Si seulement j’avais su le pourquoi d’une telle situation ». Un jour ordinaire en pleine vacance de pâque qui s’étend jusqu’à Mouila chef lieux de la province de l’Angounié, la salle d’attente où nous sommes depuis plus d’une heure déjà est coincée entre le service de neurologie et celui des urgences. De là, nous pouvons voir une multitude de personnes. Des portes s’ouvrent et se referment à tour de rôle. Mon cœur ne tient plus le coup. J’espère autant que je le redoute voir le visage du médecin et savoir enfin. Depuis son appel hier, le temps semble s’être figé. « Nous savons de quoi souffre votre père, venez demain matin pour que l’on vous explique »
Monica, ma douce petite sœur est prêt de moi, toute pale, tendue. Elle semblait tellement angoissée que son visage devenait si terne. C’est là, a cet instant précis que j’entends raisonner les mots en moi, ils prennent mon cœur, ils gagnent mon esprit. « Si seulement tu pouvais voir ce qui se cache au fond de moi ». Cette phrase qui raisonne tel un cataclysme je ne l’oublierai jamais. Mais encore je n’oublierai jamais la profondeur avec laquelle je l’ai ressenti ce jour là. Elle qui était toujours enthousiaste, semblait tout à coup porter la douleur d’un monde en ruine sur ses épaules. Pourtant, elle était si calme, un calme de qui sait, de qui sait tout. Cela m’a intrigué quelques peu car à elle seule elle résumait déjà l’épreuve qui allait faire parti intégrante de nos vie, de notre quotidien quelques minutes plus tard.
très tôt le matin nous nous rendîmes d’urgence à l’hôpital pour savoir enfin de quel mal souffrait notre père.
Le médecin arrive enfin.il nous salue et nous conduit dans une petite pièce isolée. Deux autres individus entrèrent par la suite avec nous. Le premier était un psychologue. Avant même que le médecin ne présente le troisième qui était un spécialiste en tumeur cérébrale, les larmes me submergèrent. Avant même de savoir tous basculait en moi, parce que tout d’un coup j’ai compris.
Il n’y a pas de vent, pourtant tout souffle. Les phrases me parviennent réduites à n’en avoir aucun sens. « Votre père…….tumeur cérébrale……espérance de vie très limitée ». Tout mon être refuse une telle nouvelle. Mon cerveau se révolte, mon esprit se rebelle. Je ne suis pas là, je veux disparaitre pour mieux renaitre et profiter de ceux que j’aime. Je me blottis contre Monica, elle qui sait me réconforter, ma sœur, mon rempart.
Je n’étais qu’un jeune garçon de cinq ans à peine lorsque ma mère s’en alla des suites d’une courte maladie. Cela m’a beaucoup affecté de grandir sans savoir ce qu’est l’amour d’une mère. Ne point sentir un corps tiède qui vous étreint chaque soir avant le couché. Grandir à ses cotés et lui dire combien de fois nous l’aimons, combien de fois nous sommes reconnaissant de ce précieux don qu’elle nous a offert : la vie. Il arrive des instants de solitudes ou je repense encore à cette infime image que j’ai gardée au plus profond de mon moi. La perte d’un être aimé, la douleur de l’absence qui nous pousse soudainement à rechercher sans cesse un coin à l’intérieur de nous-mêmes pour fuir avec exacerbation cette triste réalité qui est le manque.
J’aurai aimé profité un peu plus longtemps de ma douce et tendre mère, seulement en y pensant cela fait déjà plus de quinze ans qu’elle n’est plus, et qu’elle ne sera plus jamais. Mais dans nos cœurs à jamais un lieu lui sera toujours attribué.
Qu’est-ce la vie au final ? Si seulement « un je t’aime » pouvait ramener un être de ce voyage sans retour, je le dirai certainement tout les jours. Tout comme on ne peut prédire avec certitude le départ de quelqu’un, on ne peut non plus contrôler nos sentiments. Les sentiments définissent qui nous sommes, notre personnalité intrinsèque. C’est l’expression de la profondeur de notre âme. Chaque individu porte en lui un pire et un meilleur, chacun voulant se voir sous un jour nouveau.
J’ai compris très tôt que la vie est une dualité faite de victoire et de défaite. De joie et de tristesse. De malheur et de bonheur. Il arrive une période où l’on comprend qu’il faut soit se lever soit baisser les bras, au fond tout n’est qu’une question de choix. Nous avons tous le choix d’abandonner parce que la vie nous a mis tellement de coups que nous nous sentons épuisé, épuisé de trouver cette force et recommencer de nouveau à se battre pour soi pour ce don qui est celui de vivre. Alors dès cet instant on comprend que vivre ce n’est pas seulement essuyer des victoires, mais des échecs, des trahisons, des critiques. Vivre c’est encaisser, tomber, puis se relever encore et encore tel un boxeur sur le ring, frapper, cogner de toute ses forces de peur de retomber, de peur de subir la même douleur.
J’ai appris très tôt au dépend qu’une bonne ou mauvaise nouvelle, cela dépendait de la force de l’esprit…. Pourquoi faire semblant, pourquoi masquer sa douleur.si vous avez mal exprimez votre souffrance, pleurer, libérez-vous, mais assurez vous de ne plus être affligé pour une même chose.
J’ai appris très tôt que ce sont les enfants qui doivent enterrer leur parent et non le contraire. Que cela rentrait dans l’ordre des choses. J’entends encore aujourd’hui tout comme je l’entendais déjà hier que c’est une chose tout à fait naturelle comme si le fou qui avait dit une telle sottise avait ne serait-ce qu’un contrôle sur la mort. Je ferai tant de chose pour pouvoir donner ma vie à cet instant présent et prendre la place de mon père !
J’ai perdu une mère très jeune, j’allais encore perdre un père. Comment cela pouvait être possible. Le ciel semblait s’abattre sur nos têtes. Tous grondaient en moi, pourtant il n’y avait aucun tonnerre. Je ne pouvais guère me laisser aller par une telle affliction. Quelques mois passèrent, la situation de papa se dégradait de jour en jour. Des regards hagards, des cœurs épris de douleurs, de peur, d’agonie, la tête palpitante je décidais alors d’aller voir un homme d’église pour qu’il m’aide à prier, à trouver cette force pour dire au revoir à papa. Hélas pour moi ce n’était guère suffisant. Il fallait que je tente quelque chose s’il n’existerai que ne serait-ce qu’un brin d’espoir à l’horizon. « Tant que ma détermination ne vacillerai pas, tant que je serai débout, tant que je vivrai, tout était encore possible». Là était la résolution que nous nous étions fixés. Monica ne comprenait pas mon obstination, elle qui était catholique baptisé. Elle me parlait le plus souvent de volonté de Dieu. Certains diront certainement qu’est-ce la volonté de Dieu lorsque nous devons devenir orphelin ? Qu’est-ce la volonté de Dieu lorsque nous devons assister au départ de nos parents à tour de rôle ? Moi-même je ne l’ai su que trop tard
Un soir assis près de la véranda je consultais Monica pour recueillir son opinion sur ce que je m’apprêtais à faire pour tenter de sauver la vie de notre géniteur.
J’ai décidé de voir un homme spirituel pour qu’il nous aide à déceler si le mal de papa n’a aucun lien avec quelconque histoire de sorcellerie. N’oublions pas non plus que nous sommes africains et je te parles de l’Afrique noir, celle des fétiches, des maladies mystiques, des envoutements….
De quel homme spirituel parles-tu ? est-ce un Nganga ou un homme d’église ? Un homme d’église à la limite c’est acceptable mais surtout ne me dit pas que tu irais voir ces individus dont les pratiques ne sont pas forcement connus, ni d’ailleurs les entités ou les esprits avec lesquels ils travaillent. Je t’en conjure de ne pas y aller car tu risquerais de perdre ta voix. Qui plus est ceux sont des personnes de mauvaises réputations. Nous qui avons été élevés dans une famille chrétienne du rang de pasteur de notre père, que dira t’on d’une telle bassesse, un homme d’église par si est allé voir un tradipraticien pour se faire soigner ou pour trouver guérison du fait qu’il n’accepte guère la volonté de Dieu. En as tu parler avec le concerné avant de prendre ta décision ?
Il n’est encore informé de rien. Cette idée je l’ai murie tout au fond de moi. N’est-ce pas des solutions que nous recherchons ? à preuve de contraire le vieux se portait bien, il ya de cela quelques années. D’autant plus qu’il effectuait toujours un bilan. Dit moi alors comment une telle maladie peut se manifester sans être détectée depuis si longtemps ?
grand frère sauf ton respect qui est-ce qui t’a dit que le mal de papa avait un lien quelconque avec de la sorcellerie ? Ne tirons pas de conclusion ou n’allons pas réveiller d’autres forces qui pourraient s’avérer par la suite destructrices. Car comme disait un ami fidèle à moi « ce qui importe c’est le commencement, au début nous avons toujours le choix de faire le bien ou le mal mais après nous ne sommes plus que de simples spectateurs impuissants face à certaines situations d’ou le terme apprenti sorcier »
tu devrais m’aider à trouver des solutions mais au lieu de cela tu me donne des remontrances à chaque instant. Qu’advienne que pourras j’ai pris ma décision et mes responsabilités.
Elle venait d’installer en tout mon être un doute certain. Je n’étais pas le genre de jeune homme assez ouvert d’esprit, qui savait admettre son tort lorsque sa raison tournait au désarroi. L’imposition de mon raisonnement et cela sans contestation de la part de mes interlocuteurs avait engendré une toute puissance infantile qui me consumait lentement en me donnant le sentiment d’avoir un pouvoir immense sur la psychologie. Hélas ! Ce n’était qu’un pouvoir purement chimérique. lorsque vous finissez par vous apercevoir que vous n’êtes qu’une partie dans un tout et dont chaque extrémité a son importance capitale, vous finissez par comprendre que vous n’êtes rien sans ce tout.
Malgré la fougue, la violence avec laquelle le remord, l’hésitation et la peur de l’inconnu raisonnaient en moi telle la foudre s’abattant sur terre, la culpabilité prenait toujours de l’avance. Une solution devait être trouvée peu importe comment, peut importe ce que cela couterait. C’était pour moi une nécessité ou du moins cela l’aurait été si les choses se seraient passées comme je les avais prévues…. C’est assez idiot de penser que l’on peut toujours avoir un coup d’avance sur le destin. Tout programmer au millimètre, toujours à l’heure. Il n’existe pas une vie sur mesure, cela le destin nous le rappelle souvent. Naitre, grandir, se marier, avoir une maison, fondé une famille, mourir, là est le cycle incessant et irréversible que les hommes suivent… un même cheminement dans notre inconscient qui nous pousse de manière surdimensionné tel des fauves dans la savane à la recherche du meilleur de nous-mêmes. Toujours et toujours l’homme court après ce mot « réussite »
Peut-on résumer la vie à la réussite ? L’acquisition des richesses par des individus sans scrupules, sacrifiant leur proche, se glorifiant d’avoir amasser tous ces biens, se moquant de la misère du monde… peut-on appeler ceci réussite ? Au fond qu’est la réussite si nos valeurs ne sont nullement guidées par des causes nobles, des causes qui nous permettent sacrifice de soi pour l’autre. Au fond à quoi servirait de chercher le bonheur si nous n’avons personne avec qui le partager. Au fond le bonheur c’est justement cela non, réussir pour les gens que nous aimons. Donner le sacrifice de soi s’il le faut. Au fond réussir c’est dire un « je t’aime » de temps en temps par ci et par là. Esquisser un sourire même quand tous semble sombre. La réussite n’est que la conséquence du bonheur. Si Dieu te béni, ta réussite doit être celle des autres sinon ce ne serait qu’une réussite empoisonnée. Regarder par exemple autour de nous, il ait des personnes qui possèdent de grandes choses, qui se sont fait un nom, des pointures, des marques, des références dans leur domaine. Cependant tous ne sont pas heureux, comme toute pièces de monnaie, il ya pile et face. Justement, il y’en à ceux là qui mènent une existence épanouie en essayant pas de prendre la vie comme une partie mais plutôt en prenant la vie comme un tout dont ils font partie. De là est le symbole du métabolisme humain qui renoue avec son moi intérieur, avec cette partie du divin qui sommeille en chacun et qui ne demande parfois qu’à sortir de son confinement. Il y en à ceux là également qui arrivé à un stade de leur évolution, méprisent tous et toutes, tellement ils ont acquis des richesses à la lueur du sang des proches, deviennent hautin, cela leur donnant l’illusion d’une toute petite puissance infantile.
Je cherchais un moyen pour me convaincre que Monica n’avait pas totalement raison et que la réussite c’était aussi voir les autres heureux quitte à se sacrifier pour qu’ils vivent. Cela pouvait paraître excessif, voir démesuré, pourtant le véritable amour commence dès l’instant où l’égo laisse la place au sacrifice de soi. Ma décision avait été plutôt claire et connaissant le tempérament du vieux, il n’allait surement pas accepter mon idée. Je pris contact par la suite avec un de mes amis qui était assis spirituellement. C’était un ami de longue date qui me procurait la plupart du temps de par sa grande sagesse des conseilles avisées qui m’ont sortie le plus souvent de grands pétrins. Il proposa que nous allions voir une dame qu’il connaissait depuis déjà belle lurette. Je fus dans l’obligation d’accepter car solution devait être trouvée. Moussavou, c’était son nom, celui de mon ami cher. Il prit contact avec la Dame pour que nous puissions nous y rendre le plutôt possible. Il me donna le lieu et l’heure exact à laquelle nous devrions nous retrouver.
Nous arrivâmes enfin chez la dame mais à vrai dire je fus beaucoup surpris. Nous étions arrivé aux environs de quinze heure de l’après midi, là dans cette grande cours il y avait des enfants qui jouaient en courant de gauche à droite, criant par ci, par là. Avançant pas à pas je vis par la suite une jeune dame assise sur un tabouret, allure fière, teint clair, elle nous reçu et nous salua. Mouss de son diminutif m’expliqua que c’est la dame que nous étions venus voir. Cela m’a vraiment surpris, je ne m’attendais pas à voir une dame d’à peine la trentaine. Les idées reçues, racontaient que certaines femmes qui excellaient dans la médecine traditionnelle étaient la plus part du temps des femmes âgées qui possédaient toutes des temples dans lesquels y vivaient des malades le temps de leurs guérison. Cette dame à l’allure si distinguée mais dégageant un bien être sans pareille se prénommait Nadia. Nadia travaillait chez elle et était également mère de trois enfants. Elle avait des jumeaux, c’est-à-dire deux filles, un garçon.
La première fois que nous partîmes la rencontrer c’était pour une consultation. Tout comme les médecins travaillant dans des hôpitaux. Nadia se considérait comme un médecin mais contrairement aux autres, elle soignait aussi l’âmes et pas seulement que le corps.
Virée après virée chez la tradipraticienne, je découvris depuis la première consultation des choses, des secrets tellement incroyables qu’effrayants. Au fils du temps des vérités cachées m’étaient dévoilées pour que j’y vois plus claire. Mon esprit qui jusqu’à présent était complètement catégoriques sur certaines croyances dont l’apport n’étaient pas scientifiques acceptait le fait que l’on ne pouvait expliquer toute chose car là où le raisonnement était dépassé, la sagesse prenait le relais. Je pris le soin de regarder le monde sous un autre angle, d’être plus ouvert à la vie, à ses possibles. S’il existe belle et bien une vérité c’est que cela me faisait très peur. La soif de l’inconnu, de la découverte pour sauver une vie. Mais qu’elle pouvait en être la résultante. Honnêtement tout de suite vous le dire, c’est serait mentir car comme certains aventuriers qui vont à la recherche d’un trésor ou même ces scientifiques qui expérimentent une nouvelle machine, un nouveau remède, nul ne sera vous dire le résultat à l’avance. Là est même l’un des parcours du combattant, avancer sans être certain de l’issu mais donner le maximum. L’issu du combat ne dépend pas de nous, il dépend des forces que nous mettons en actions pour nous aider à y parvenir.
J’appris par la suite de mes expériences aux dires de la dame qui suivait de loin l’évolution de la santé de mon père à l’aide des prières dites à partir de mots sanscrits, dont le langage ne me parvenait nullement, qu’il existait une liste noir dans laquelle se trouvait des noms des personnes à abattre. Je fis pris de chagrin total quand la dame me dit par la suite que le nom de père y était inscrit et qu’il était déjà trop tard. Les dés étaient jetés.
Malgré qu’il fût condamné, rien n’avait changé depuis le début. Je me trouvais maintenant sur un chemin vide sans issue de secours. Nul ne connaissait à quel instant l’ange de la mort allait frapper. Je retournais à l’hôpital pour être tout près de lui et profiter de nos derniers moments ensemble. Je ne voulais pas le voir enfermé dans cette cage et savoir que je ne lui ai pas dit tous ce dont il avait besoin de savoir pour partir en paix. Arriver, je finis par lui expliquer toutes les dispositions que j’avais pris pour essayer de déjouer les pièges espiègles de ses assaillants. J’fus moi-même surpris de l’aisance avec laquelle il le prit car comme lui-même avait l’habitude de le dire « je connais tout mes enfants, vos comportement, votre façon d’être…. Une canne à sucre à de la saveur lorsqu’elle sort à peine de terre, si elle n’en à pas alors elle n’en aura jamais ». C’était plutôt des paroles de bénédiction à sa façon comme font tous les parents. J’étais assis à son chevet, le serrant tout doucement, languissant tout le long de son corps froid après il m’a dit ceci « aimez-vous et prenez soin l’un de l’autre, vous n’êtes plus que deux ». Hum ! J’entends encore les mots résonner en moi. « Si seulement tu savais », cette phrase retentissant toujours au plus profond de mon âme tout en déchainant un paroxysme de douleur. J’entendis par la suite quelque chose se casser dans ma poitrine. Je venais de recevoir un coup en plein cœur après qu’il eu prononcé ces mots « seigneur que ta volonté soit faite ! » j’ai su enfin, tout autour de moi venait de s’éteindre encore une fois et certainement éternellement.
Mon père vient de mourir, il s’en est allé, j’aurai aimé « ajouter de la vie aux jours lorsqu’on ne peut ajouter des jours à la vie »
Nous ne restions pas avec notre père en province. Monica et moi avions l’habitude d’aller lui rendre visite lorsque nous prenions nos vacances. Je poursuivais des études supérieures afin d’avoir un diplôme, travailler et prendre soin des miens. Une partie de moi venait de disparaitre. Qui allait encore me conseiller, m’éclairer quand je n’y verrai rien, me porter quand je tomberai ? De qui ferai-je encore la fierté ? Cette fierté que j’ai tant cultivée. Moi qui pensait que tu vivrais à jamais, oh toi mon immortel !
J’avais à peine 21 ans, ma petite sœur étant plus jeune que moi de trois ans je me devais de veiller désormais sur elle tout comme l’a fait papa. En rentrant tard dans la nuit je fis parvenir la nouvelle à Monica. J’ai cru que cela allait la détruire mais comme par hasard elle me dit que c’était la volonté de Dieu et qu’on ne pouvait rien. Et ce jour j’ai compris quelque chose que je n’aurais jamais pu comprendre si les circonstances auraient été autrement, j’ai compris que « certaines vies étaient liées a travers le temps par un appel qui retentissait à travers les siècles », j’ai compris que « la vie dispersent les gents mais la mort fini toujours par les réunir ». Et ce jour là j’ai compris que plus rien ne serait comme avant, quelque chose s’était brisée en moi, mais quelque chose venait de renaitre. J’ai compris ce jour là que je venais de grandir.
Nous n’avions pas beaucoup de moyen contenu de la famille modeste dont nous venions. Nous avions sollicité l’aide de certains parents afin qu’ils viennent à notre secours pour accompagner le défunt dignement dans sa dernière demeure. Amer a été le constat de voir que la gentillesse de l’homme n’a d’égal que sa propre personne. Personne ne déniait nous aider car il existait des tensions familiales qui s’étaient durcies avec le temps. Il existait deux cotés dans la famille, un qui en avait les moyens de leur politique, et l’autre qui vivait une vie totalement modeste.
J’avais des économies en banque et je comptais les utiliser pour payer mes frais d’inscription de l’année prochaine. J’eu été dans l’obligation de retirer tout ce que je possédais. Seulement l’argent que je venais de débloquer n’était pas suffisant. Je passais des nuits blanches à pleurer, je ne savais quoi faire. Monica n’avait jamais perdu la foi et me rejoins chaque soir pour que nous prions ensemble. Les voix du seigneur sont impénétrables car nul ne connait ses desseins. Le lendemain à la première lueur du coq dans cette grande cours je vis tout une foule bondissante. Il y avait des véhicules garés de part et d’autres des coins de la rue. Un monsieur tout particulièrement bien vêtu, des bijoux ornaient ses bras. Cet homme s’appelait Zadig. C’était un homme de la soixantaine, qui lorsqu’il prenait la parole pouvait captiver l’attention de tous car à cet instant précis plus un mot ni frémissement. Il me tendit une enveloppe. Je me demandais bien ce qu’elle pouvait contenir. Je l’ouvris et à l’intérieur je vis une lourde somme d’argent, cela était plus que suffisant pour couvrir les frais de l’enterrement. Vint alors l’idée de demander au Monsieur si intriguant qui était il, lui et tous ces hommes. Il me dit juste que ce sont des amis à mon père, pourtant je connaissais tous ses amis et il ne m’avait jamais parlé de vous. Le monsieur me remis sa carte de visite et me demanda de faire un sot dans son bureau une fois mon retour en ville. Je remercie ce dernier pour son aide inestimable. Mais savais-je au moins à qui j’avais affaire ? Hélas non… il y avait écrit sur la carte de visite avocat au barrot. Je mis cette dernière dans ma poche et surtout dans l’espoir que je n’aurai jamais à m’en servir un jour. Encore une fois, ne jamais dire jamais ou ne pas le penser car la vie nous joues des tours. Elle fait preuve de tellement de ruses à notre égard, qu’une situation que nous avions pourtant jurée ne pas nous retrouver nous rattrape car au final dire cela ne va jamais arriver n’est autre qu’une autre façon de jurer. C’est comme se faire une promesse à soi-même et ne point la tenir. Alors ne jurer point.
Je pris l’argent que je venais de recevoir pour débuter certaines démarches administratives auprès des maisons de pompes funèbre. Je finalisais les formalités d’enregistrements et d’achats du cercueil, puis je partis voir des danseuses et chanteuses traditionnelles dans le but d’organiser une toute petite veiller à notre domicile. La nuit tombée, quelques individus de l’église se joignirent à nous pour dire au revoir à leur pasteur. Le cœur palpitant, les mains tremblantes, je pleurais mon père mais je ne sus exactement pourquoi .Peut être était-ce le fait qu’il ne me fit aucun signe ? Je ne puis l’affirmer, mais je pleurais mon père sans pourtant m’arrêté. Les portes de la maison ou son corps était étalé dans du bois garnit de verre étaient ouvertes. De loin on apercevait des femmes vêtues de pagnes, et de raphias qui dansaient dans cette grande cour. La nuit semblait si mélancolique et les esprits si angoissés, pourtant dans cette obscurité je trouvais une faille pour m’endormir.
La nuit fini, aux premiers chants du coq, je me réveillai et je ne su par quel miracle j’avais réussi à m’endormir. Les personnes présentes dormaient à même le sol sur des nattes tissées à partir de tiges de bambous et des matelas apportés par ceux qui en possédaient. Quelques heures plus tard, la résonnance des sirènes et la forte mobilisation de véhicules qui arrivèrent fit en sorte que tous ceux qui étaient encore tiraillés par leur sommeille se réveillèrent. La joie de revoir une petite étincelle de bonheur qui passait à travers mes pensées s’était finalement dissipée, plus un seul brin d’espoir à l’horizon, une forte impression d’impuissance qui somnolait en moi m’emportait dans un spleen profond. Une fois encore après que les gens se soient retrouvés au cimetière pour l’inhumation je su que le chagrin allait me poursuivre tout au long de ma modeste vie. Le cortège qui escortait son corps arriva, il y avait plusieurs personnes autours du cercueil qui le portaient. Un mausolée fut érigé pour que son corps y repose.