ma belle-fille : chapitre 2

Write by Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Je me regarde et je me fais pitié à moi-même : voilà où m’a conduit quelques minutes de plaisir, voire d’imprudence. Que vais-je faire maintenant ?

Le lendemain, je prends la décision de me retourner chez mon père me disant qu’il se serait calmé ; à peine le portail franchi, qu’il me chassa à nouveau ; ma mère voulut me suivre pour me parler mais il le lui interdit.

Je me rendis chez un des frères de mon père chez qui je connaissais ; sa maison est très loin de la nôtre mais je dus faire le trajet à pied. Dés qu’il me voit, il fut surpris car je n’avais pas pour habitude de leur rendre visite.

- Esther ? C’est ton père qui t’a envoyé ?

- Non, mon oncle ; je suis venue de moi-même ;

- Assieds-toi, quelle est cette mine ? Que se passe t-il ?

- Papa m’a chassé de la maison ;

- Quoi ! Que lui as-tu fait ?

- Il a découvert que je suis enceinte.

Mon oncle mit ses deux mains sur la tête.

- Vous les enfants d’aujourd’hui ! Qui t’a montré le chemin du sexe ? Fille insensée !

J’avais vraiment honte de moi-même.

Plus tard, mon oncle essaya aussi de raisonner mon père mais c’était peine perdue. Mon père ne voulait rien entendre et interdit même à mon oncle de me prendre chez lui, sous peine de le prendre pour ennemi.

Toutefois, à l’insu de mon père, mon oncle me prit avec lui mais sa femme me causa toutes les misères de ce monde. J’avais droit à de mauvais traitements et des insultes à longueur de journée. Mon oncle voulait me faire avorter sans mon avis mais heureusement, le Médecin le lui déconseilla à cause de la grossesse déjà avancée.

Je supportai malgré tout les insultes incessantes et je restai chez eux jusqu’à l’accouchement ; avais-je le choix ? Je n’avais d’ailleurs aucun endroit où aller. Je ne connaissais pas chez les gens de la famille de ma mère. Ma mère ne savait pas que je logeais chez mon oncle car mon père avait interdit à son frère de m’héberger. De ce fait, mon oncle m’a interdit de le faire savoir à ma mère sous peine de me renvoyer.

A la naissance de mon bébé, j’ai dû me débrouiller toute seule car la femme de mon oncle ne m’a point aidé. Je prénomme mon fils Rudy.

Après avoir effectué les travaux ménagers, je le mettais au dos pour aller faire la lessive ou d’autres petits jobs pour pouvoir disposer d’un peu d’argent pour ses petits besoins, notamment le vêtir et lui faire bénéficier de soins de santé.

Quelques mois après sa naissance, mon oncle sous la pression de sa femme me demanda de partir car selon leurs dires, je mangeais trop et ils n’étaient pas des gens nantis.

Je me retrouve donc à nouveau à la rue, ne sachant où aller avec mon fils. Pendant que je marchais, je pensais à Edmond. Il paraissait si honnête ! Pourquoi m’a t-il trahi ? Evidemment, les gens ne sont pas ce qu’ils disent mais ce qu’ils font ; c’est ce n’est pas par les paroles que nous devons juger les autres mais par leurs actions. Je n’arriverai jamais à comprendre pourquoi il voulait que je garde la grossesse alors qu’il savait qu’il allait m’abandonner. Où alors, il lui est arrivé un malheur ? En tout cas, Dieu seul sait ce qui s’est passé. Mon fils est là et malgré les souffrances, je suis heureuse de l’avoir dans ma vie.

Je continue mon chemin et je passe devant une église. Je rentre à l’intérieur ; je me dis, ici c’est une église donc personne ne pourra me chasser. Pourtant, à la tombée de la nuit, une femme vient me demander de libérer l’église pour qu’elle puisse fermer. Je refuse :

- Je suis dans la maison de Dieu, personne ne peut me faire sortir.

- Tu dois pourtant sortir ; pourquoi ne veux-tu pas rentrer chez toi ?

- Je n’ai nulle part où aller.

- Comment ?

Je lui résume rapidement ma situation.

- Très bien, je vais te laisser cette nuit et demain nous allons expliquer ta situation au conseil paroissial et une décision sera prise.

Le lendemain, les membres du Conseil, sensibles à ma situation décident de m’aider à louer et payer un studio pendant six mois ; je devrais me débrouiller pour nourrir mon fils et pour payer le loyer après six-mois.

Depuis ce moment, je travaille dur pour subvenir aux besoins de mon enfant et des miens ; qu’est-ce que je n’ai pas fait pour le bonheur de mon fils ? Tout, absolument tout ! Des travaux les plus humiliants aux plus acceptables. Je n’avais pas à cœur de me marier ; les hommes que je rencontrais voulaient me prendre comme seconde ou troisième voir même quatrième épouse. Certains ne voulaient pas d’une fille mère.

Il y en a même un d’entre eux qui m’a proposé de remettre l’enfant à un orphelinat si je désirais l’épouser mais il n’était pas question que j’abandonne mon fils. Je me suis sacrifiée pour l’élever et je ne le regrette pas. J’ai fini par investir dans un petit commerce qui nous faisait vivre décemment et sans grande difficulté. Par la grâce de Dieu, Rudy a été brillant à l’école et a fini l’université en étant major de sa promotion. Il a eu un emploi décent avec un très bon salaire. Je me souviens encore du moment où il me l’a annoncé.

- Maman, j’ai une bonne nouvelle pour toi ; je viens d’être recruté au Programme des Nations Unies pour le Développement. Enfin, tu auras la vie que tu mérites.

- Loué soit Dieu Rudy, c’est vraiment une très bonne nouvelle.

Rudy commença effectivement à travailler. Deux ans après, il finit de construire sa maison, notre maison que nous intégrons. A cause de la souffrance connue par le passé, il a su s’ épargner le gaspillage.

J’ai vraiment souffert par le passé mais je crois que la vie récompense mes sacrifices. Je m’entends à merveille avec Rudy. C’est un enfant poli et obéissant. Il fait ce que je lui dis de faire, tant que cela ne viole pas la morale. Je n’ai eu aucun problème à l’éduquer.

Je n’ai plus jamais revu Edmond de ma vie, même pas le croiser en chemin. Et pourtant à chaque endroit où je me rendais, j’écarquillais bien mes yeux pour voir si éventuellement j’allais le rencontrer.

Je n’ai pas non plus revu mes parents ni mes deux frères. Cinq ans après avoir quitté la maison, j’ai décidé un jour de leur rendre visite en espérant que mon père après toutes ces années serait content de me voir et de connaître mon fils. Malheureusement, ils avaient quitté cette maison que nous habitions. En effet, c’était une maison de location ; personne dans notre secteur ne savait où ils avaient déménagé ; d’ailleurs la plupart de nos voisins n’étaient plus là pour me renseigner.

Les années ont passé et je me demande s’ils sont toujours vivants. Pour avoir eu mon propre enfant, je me suis toujours demandée comment un père peut chasser sa fille de la maison sans se préoccuper de ce qui pourrait lui arriver ? Je cherche aussi à savoir comment une mère peut rester passive face à une telle situation ?

Quelque soit ce que mon fils fera, je ne pense pas un jour cesser de l’aimer et le sortir de ma vie comme s’il n’avait jamais existé.

Depuis que Rudy travaille et gagne bien sa vie, j’ai commencé à l’encourager à se marier. Après avoir essayé des idylles infructueuses avec des jeunes filles, il finit par tomber sur celle-là qui de façon unanime a reçu notre approbation à tous les deux.

L’heureuse élue s’appelle Mirabelle. Elle est comme la fin de son nom l’indique, belle. Mirabelle, pendant ses fiançailles avec mon fils, s’est montrée très respectueuse et très aimable envers moi. Je l’appréciais énormément et j’avais hâte que le mariage se célèbre.

Je fus donc la première à pousser mon fils au mariage avec Mirabelle. Comme il est de coutume, nous devons alors doter la fiancée. J’ai dû faire recours à des amis que j’ai acquis avec le temps pour représenter la famille de Rudy ; en effet, je n’avais plus de contact avec ma famille et je n’ai jamais connu la famille du père de Rudy ; grâce à Dieu, tout s’est bien passé. Quelques jours plus tard, le mariage civil fut célébré à huit-clos. Il n’y avait que les témoins, et quelques parents des mariés. C’était un jeudi.

Le samedi suivant, la cérémonie religieuse eut lieu. C’est de là que je reviens d’ailleurs ; la fête a été belle ; la mariée était resplendissante dans sa robe blanche en forme de princesse. Ils sont très mignons tous les deux. Je n’ai jamais eu et n’aurai jamais la chance de Mirabelle. Je me souviens que lorsque Rudy avait quinze ans, j’ai rencontré un homme assez sérieux et décidé qui voulait m’épouser. J’avais alors trente-trois ans et j’étais encore bien fraîche, puisque j’ai eu mon fils très jeune. Je n’ai pas pu m’unir à cet homme parce que mon fils s’y était opposé ; j’ai réfléchi et j’ai préféré me sacrifier pour qu’il soit à son aise.

Maintenant que le mariage est célébré, je vais devoir passer dix jours toute seule ; en effet, Rudy et Mirabelle sont en voyages de noces. Ils se sont discrètement éclipsés de la réception quand l’heure d’aller à l’aéroport a sonné.
J’imagine qu’ils doivent être bien fatigués.

Je me lève et je prends un bain avant de dormir. Demain, il va falloir que je fasse des courses pour décorer la chambre des mariés à leur retour. La maison est très grande. Quand je pense que bientôt, je vais avoir des petits-enfants qui vont courir partout ici, mon cœur se fond. J’aurais vraiment aimé partagé tout ce bonheur avec ma famille et Edmond mais on ne choisit pas toujours ce qui nous arrive dans la vie.

Le lendemain, je me décide à me lever après une grasse matinée. Il fallait que je récupère.
Aidée des domestiques, je fais les courses pour la décoration des chambres des mariés. J’achetai aussi de nouveaux draps et des taies d’oreillers.

J’entreprends de tout décorer moi-même. Les domestiques dressent le lit. Il me faut trouver un juste milieu pour allier les deux styles des mariés et leur permettre à tous les deux de se sentir confortables et douillets dans leur chambre. Je voulais créer un espace chaleureux et même un peu sensuel.

J’habille les fenêtres de la chambre avec des rideaux multicolores.

J’ai commandé un agrandissement de deux photos de leur mariage que je compte accrocher au mur quand ce sera prêt. Je tenais à ce que cette pièce soit un véritable lieu conjugal où les jeunes mariés pourront se témoigner amour et affection en toute intimité.

Le bonheur de mon fils n’a pas de prix et j’apprécie énormément ma belle-fille.

Les jours défilent comme un éclair ; chaque jour, j’ajoutais un peu plus à la décoration.

Aujourd’hui, je suis très heureuse parce que c’est le jour de retour des mariés. Je cuisine deux mets, le plat préféré de mon fils et celui de Mirabelle, désormais, sa femme.

Je fais dresser la table. A l’approche de l’heure d’arrivée de Rudy et Mirabelle, j’envoie le chauffeur à l’aéroport chercher les deux tourtereaux. Je suis persuadée que Mirabelle est la femme qu’il faut à mon Rudy. Nous allons tous vivre heureux dans cette maison.

J’attends assisse au salon que le couple rentre. Je fus surprise quand Rudy fait son entrée sans Mirabelle. La joie de retrouver mon fils fait tout de suite place à une inquiétude.

- Bonsoir ma très chère mère ; je suis contente de te revoir.

- Bonsoir mon fils chéri ; mais où est Mirabelle ?

- Assieds-toi maman, je vais t’expliquer.
Qu’est-ce que mon fils peut bien m’expliquer ?

À suivre

MA BELLE- FILLE