Ma décision

Write by Farida IB


Yumna…


Assise dans un fauteuil en rotin ma tasse de porridge à la main, je regarde par la fenêtre l’ambiance qui règne dans la rue sans grande attention. Ça fait deux jours que je vis en ermite dans ma chambre en méditant sur le chaos qu’est ma vie en ce moment. Deux jours plus tard, je suis toujours aussi sonnée par la révélation d’Eddie. Damn ! J’ai rien vu venir. 


Je ne l’ai pas revu depuis lors pour éviter de ressentir à nouveau le plus gros pincement au cœur  que je n’ai jamais eu. L’image de lui si dévasté me hante jusqu’à présent, je n’ose pas imaginer la souffrance que ça a dû être pour lui toutes ces années durant. Quand je pense qu’il m’a ramassé à la petite cuillère après chacun de mes chagrins d’amour alors qu’il m’aimait. Près de huit ans d’amitié heureuse. Une amitié fusionnelle, sans malentendus, sans arrière-pensées, sans une ombre, on était ami pour la vie. Du moins, je croyais. Il aurait simplement pu ouvrir la bouche et me l’avouer, ça n’aurait rien changé peut-être, mais ça l’aurait empêché de se faire du mal. 


Est-ce que je l’ai jamais vu comme un potentiel amoureux ? Bien sûr que non ! Avec le temps, mon amitié pour lui s’est insidieusement muée en amour fraternel. Je l’ai toujours vu comme le frère que je n’aurai jamais et le fait qu’on soit si proche   me garantissait une certaine sécurité. Il me couvrait, en tout temps, je pouvais compter sur lui. (soupir) Je me sens vraiment mal par rapport à lui, je m’en veux terriblement. Je me sens profondément stupide de ne pas avoir pu déceler cela dans son attitude alors que d’habitude, je sens ces choses à des kilomètres. Pfff !


Hormis la révélation d’Eddie, il y a Elias que je tiens à l'écart depuis peu non seulement parce que Nahia m’a conseillé de ralentir le rythme avec lui, mais pour avoir pris conscience   des sentiments que je développais envers lui. Je pense lui plaire aussi et j’aurais bien aimé qu'on tente une histoire. Je n’ai cependant pas envie de tenter l’impossible. Par-delà la religion, par-delà la différence culturelle, je ne veux pas créer des   conflits avec mon père. D’autant plus que nos relations avec lui sont au beau fixe en ce moment. Tout ça me fait monter des larmes de frustration, d’irritation et tout plein de choses qui me bouleversent.


Je finis de prendre le porridge et vais poser ma tasse à la cuisine avant de me servir un verre de Kool-Aid. Je m’adosse à la paillasse et porte mon verre à mes lèvres lorsque mon téléphone sonne. Je soupire en pensant que ce doit être Elias encore une fois. Je me retourne tout de même dans la chambre pour vérifier. C’est Ussama.


Ussama (dès que je décroche) : bon sang , tu as mis ton téléphone où ?


Moi la voix pâteuse : c’était dans la chambre.


Ussama ton inquiet : qu’est-ce que tu as ? Tu pleures ?


Moi remuant la tête : non 


Ussama : à d’autres ! Que se passe-t-il au juste ? Il y a Eddie qui vient de me rabrouer  et toi, tu me réponds au téléphone le ton morne.


 Moi :…


Ussama : je te rappelle.


Il coupe et rappelle aussitôt par appel vidéo, je décroche à tête baissée.


Ussama : tu as quoi ? (sec) Yumna regarde moi quand je te parle. 


Je relève brusquement la tête.


Ussama : tu as un problème ?


Oui de la tête.


Ussama : et ce problème a quelque chose à voir avec Eddie.


Je hoche la tête.


Moi commençant : il vient de m’annoncer qu’il m’a toujours aimé  après toutes ces années d’amitié, tu te rends compte ? Ce qui me fait mal, c’est que je traînais tout le temps avec lui sans le savoir. Le truc, c’est que je n’ai jamais imaginé qu’une telle chose puisse arriver et le comble, c’est qu’il me l’a dit après que je lui aie avoué mes sentiments pour Elias.


Ussama s’écriant : oh shit !! Ça c'est la métaphore parfaite d'être sur la sellette, j’imagine qu’il doit être ébranlé à cet instant.


Moi soupire triste : tu n’imagines pas à quel point, j’ai l’impression d’avoir dévasté son cœur.


Ussama : et maintenant que penses-tu faire ? 


Moi : par rapport à quoi ?


Ussama : par rapport aux deux, tu dis aimer Elias, c’est dire qu’Eddie n’a aucune chance avec toi.


Moi soupirant : rien, je ne veux pas me lancer dans un amour impossible avec Elias. Quant à Eddie, j'ai préféré mettre un peu de distance entre nous, le temps que tout soit un peu digéré ensuite on discutera.


Ussama : c’est ce qu’il y a lieu de faire, mais votre amitié risque d'en pâtir.


Moi : j'espère que non, je tiens vraiment à lui.


Ussama ton amusé : comme un frère ? Tu places le mec dans la frère-zone pour ensuite dire que tu tiens à lui krkrkrkr... 


Je lui lance un regard noir.


Ussama : enfin bref ! (du tic au tac) Donc tu recales deux mecs comme ça dans le même temps ?


Moi : tu sais toi-même ce qu’une relation avec (appuyant sur les syllabes) un Américain engendrerait comme conflit, je ne veux pas saper la bonne ambiance avec papa.


Ussama : mais tu dis l’aimer.


Moi : j’apprendrai à l’oublier, ce n’est pas encore l’amour fou donc il me suffirait de me tenir loin de lui.


Ussama : en tout cas c’est toi qui vois, je suis de cœur avec toi.


Moi : merci (changeant de sujet) toi comment tu vas ? On ne s’est pas beaucoup parlé dernièrement. Comment ça avance avec Youri ?


Il me raconte sa dernière tentative qui s'est avéré être un autre échec. Je me montre compatissante, mais je suis quand même un peu déçu. Cela dénote clairement qu’il n’est pas de notre ressort de palier à ce problème, il lui faudrait voir un spécialiste. C’est ce que je veux lui proposer lorsque le mouvement devant l’immeuble attire mon attention. Il y a deux types qui chargent un camion de déménagement. Enfin, ils viennent de rabattre le hayon. Ce qui m’intrigue, c’est le type qui vient de sortir de l’immeuble et qui avance vers eux un sac au dos. Au fur et à mesure qu’il avance, c’est la silhouette d’Eddie se dessine. Je le vois discuter quelques secondes avec le conducteur puis s'avancer vers sa propre voiture et ça fait tic dans ma tête.


Moi en mode panique : Ussama, je te rappelle.


Je raccroche et descends à toute vitesse, j’arrive au moment où il met sa ceinture.


Moi : Eddie attend, tu déménages ? 


Il finit d'ajuster sa ceinture avant de tourner sa tête pour me regarder sans expression sur le visage. 


Eddie : adieu Yumna.


Moi (sous le choc) : comment ça adieu ? Tu vas où ? Il faut qu’on discute de ce qui se passe.


Je le regarde mettre le contact et mes larmes se mettent à couler.


Moi : Eddie, je t’en supplie ne t’en va pas, j’ai besoin de toi, on a besoin l’un de l’autre. 


Il me lance un regard sans plus ni moins avant de démarrer en trombe.


Moi criant : Eddie !!!


Je reste un long moment à fixer la route avant de retourner à l’appart. Je cours me jeter dans mon lit laissant libre court à mes larmes lorsque j’entends la sonnerie retentir. Je me lève et vais ouvrir prestement dans l’espoir que ce soit lui, mais c’est Elias qui s’engouffre dans l’appart en me bousculant au passage. J’essuie mes larmes d’un revers de main avant de refermer la porte et me tourner vers lui. Il a une lueur triste dans le regard qui me donne un pincement au cœur.


Elias : c’est bien de savoir que t’es encore en vie.


Moi : Elias tu tombes mal…


Elias (m'interrompant) : je ne suis pas venu pour durer, je voulais simplement que tu me dises pourquoi tu m’évites.


 Moi (prenant sur moi pour ne pas pleurer) : je suis désolée… Elias, je ne peux pas continuer à te voir.


Elias : ça, je l’ai compris. En revanche je pense que je mérite une explication. (ajoutant) Si ce n’est pas trop te demander.


Je lui jette un coup d’œil sans pouvoir répondre.


Elias : ok, si tu n’as aucune explication à me donner moi, j’en ai une pour toi. Je suis en colère après toi, je t’en veux de m’avoir laissé m’énamourer de toi (je détourne le regard.) pour ensuite m’abandonner. J’ai passé des jours sombres à penser à toi…


Moi le coupant : Elias, il vaut mieux que tu partes.


Elias : Yumna, je viens de te dire que je t’aime et je sais que tu ressens la même chose pour moi.


Moi : je…


Elias m’interrompant une nouvelle fois : ne le nie pas, tes yeux pétillent en ce moment comme à chaque fois que nous sommes ensemble.


Moi (me passant la main sur le visage) : je n’ai vraiment pas le moral à parler de ça maintenant.


Elias : tu reconnais donc que tu m'aimes tout autant que je t'aime.


Moi : oui, mais…


Elias (se rapprochant de moi) : on ne peut pas laisser passer ça.


Moi soupirant : on ne peut rien y faire, notre amour est impossible.


Elias fronçant les sourcils : tu ne peux pas déclarer notre amour impossible sans même avoir essayé pour voir ce que ça donne !


Moi : je n’ai pas besoin d’essayer pour le savoir, ça ne peut juste pas marcher entre nous. On est de confession religieuse différente, même si tu ne fréquentes aucune église tu es un non-musulman Elias. Mon père n’acceptera jamais notre union et je n’ai pas envie de lui faire de la peine. 


Elias (me regardant droit dans les yeux) : tu m’aimes ou pas ?


Moi : si, mais je le répète, je préfère ne rien tenter du tout pour éviter d’avoir mal plus tard.  


Elias (la voix tremblante) : mais moi, je te veux dans ma vie. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir  et je ne veux pas y penser. Pour l'heure, je veux être avec toi parce que je ne pense plus pouvoir me passer de toi. Je te jure sur ce que j’ai le plus cher  dans ma vie que ces derniers jours où tu as pris tes distances ont été les plus pénibles de ma vie. Je pensais tout le temps à toi. (me fixant la tête penchée) Ecoute, je sais bien qu’il y a une barrière religieuse qui se dresse entre nous, mais on peut surpasser tout ça si tu le veux bien.


Moi secouant la tête : non Elias…


Elias (laissant échapper une larme) : donne-nous une chance s’il te plaît.


Ohmygaahh, il pleure.


Je remue la tête en signe de négation alors que tout en moi le réclame, il soupire et se rue vers la porte qu’il ouvre et referme avec fureur. Je retourne me coucher le cœur en lambeaux. Je passe la journée à  pleurer et dors mal cette nuit là. Le lendemain, je me lève avec l’objectif de retrouver Eddie. Je me promène  dans tous les endroits où il est susceptible d’être. La recherche se solde le soir par un grand échec et son numéro répond toujours aux abonnés absents. Je ne me décourage pas pour autant et passe toute la semaine à faire le poireau devant la maison des parents de Ian. Je me résous à cesser de le chercher au bout de deux semaines en espérant qu’il revienne à de meilleurs sentiments. Ce serait vraiment navrant que notre amitié se termine ainsi.


Elias est tout le temps revenu à la charge, mais dès lors qu’on a eu notre dernière discussion, je suis restée plonger dans un grand mutisme. Je ne réponds ni à ses messages, ni à ses appels. Je passe mes journées à réfléchir comme une folle. Elias, je le veux aussi dans ma vie, mais je suis convaincue d’avoir pris la bonne décision. 


Je m’apprête ce matin à me rendre à la station AirTrain d’où j’irai à l’aéroport prendre l’avion pour Abu-Dhabi. Papa veut que je rentre en famille avant la reprise effective des cours et je n’ai pas trouvé à redire. J’ai besoin de m’éloigner de tout ce qui me rappelle les deux, surtout, j’ai besoin de la chaleur familiale pour me remettre d'aplomb. Je finis de me préparer et  active le poignée de mon petit trolley avant de me saisir du sac à main assorti pour me retrouver dans un taxi. J’arrive à la station quinze minutes avant l'heure de départ et prends place dans l’un des fauteuils du hall d'attente. Je pose mes pieds sur la valise devant moi et sors le magazine santé & médecine que j’ai prévu lire dans l’avion. C’est pendant que je le feuillette que la voix d’Elias me parvient derrière.


Elias : ça y est tu t’en vas ?


Je lance un regard circulaire pour voir d’où provient la voix, il est nonchalamment adossé au pilier de mon côté droit les mains dans les poches. Les choses qui mettent son torse bombé en évidence. Hmm !


Yumna : je fais un tour en famille.


Il vient prendre place sur le fauteuil à côté.


Elias : tu sais, je ne vais pas te forcer à sortir avec moi. Mais je pense que ça pourrait être bien, ça pourrait très bien coller entre nous si tu me donnais une chance.


Moi soupirant : tu ne lâches donc jamais ?


Il me prend le menton et tourne ma tête de telle sorte qu’on se regarde.


Elias : je t’aime.


Moi (réprimant la tension au fond de moi) : Elias mon père c’est quelqu’un de très important et vénéré dans notre communauté et non seulement ça il est très strict et intransigeant sur les questions de religion en plus de détester les Américains. La dernière fois que je me suis mise dans une telle situation ça a failli me coûter mes études. Cette fois, c’est sûr qu’il me rapatriera et m’enverra  directement en mariage forcé. 


Elias : peut-être et je dois te signaler que mon père a également une dent contre les Arabes, mais on s’en fout de tout ça. Ce qui compte, c’est toi et moi, ce que nous ressentons l’un pour l’autre.


Moi : tout ça est beaucoup trop compliqué, ça finira par nous péter à la figure.


Elias : mais nous n’en sommes pas encore là, à l’étape où nous devrions impliquer nos parents.


Moi : certes, mais ça finira par arriver tôt ou tard et on devra se quitter.


Elias : avant que ce moment n’arrive, on aurait profité pleinement de notre amour.


Voix dans l’interphone.


Moi (désignant le train) : il faut que j’y aille.


Il se lève en même temps que moi.


Elias : qu’est-ce que tu en dis ?


Moi : je vais y réfléchir.


Il me prend la valise des mains et attend qu’on soit devant le train pour la poser sur le sol. Là, il fait quelque chose d'inattendue. Il se rapproche et me roule une langoureuse perle qui me laisse dans les vapes quelques secondes. Il se détache ensuite et colle son front contre le mien.


Elias : tu fais un bon voyage, n’oublies pas de m’appeler lorsque tu seras à destination.


Je hoche simplement la tête sans pouvoir répondre.


Elias : aller vas-y, tu vas rater ton train.


Je monte dans le train et m’assois à ma place avant de tourner mon regard vers l’endroit où il se trouve. Il agite sa main pour me dire au revoir ensuite, il forme un cœur avec ses doigts au moment où le train démarre.


 

Khalil….


J'attends qu'Amou récupère ses enfants pour faire demi-tour et  revenir garer devant elle. 


Amou : ça se voit que vous avez passé une très belle soirée.


Les jumelles : c’était trop cool, on le refait le samedi prochain ?


Nahia : on verra bien si vous êtes sages.


Moi : c'est d’accord.


Ils jubilent.


Nahia : bon sis, on va y aller.


Amou : d’accord (s'adressant à moi) merci encore pour tout.


Moi : je t’en prie, au revoir les enfants.


Eux : bye tonton Lil.


Nahia : et moi, je compte pour du beurre, c'est ça ? 


Eux avec enthousiasme : au revoir tata.


Ils se ruent dans la maison.


Amou : Nahia on s’appelle, Nabil à demain.


Nabil (somnolant) : weh tata à demain.


Amou amusée : qu’est-ce que vous lui avez donné pour le mettre dans cet état ?


Nahia riant : les activités nautiques l’ont mis chaos.


Amou s’en va en riant également, je redémarre aussitôt en direction de la maison. 


Bon, nous venons juste de rentrer du centre aquatique de la dernière fois avec tous les enfants de la famille cette fois. Nabil a tellement chambré les autres avec ça dès qu’il a commencé à récupérer que nous avons dû refaire le programme pour les emmener. Nous y avons donc passé toute la journée et pour tout vous dire, c’était encore intéressant que la première fois. Surtout, que j’ai eu l’exclusivité sur le maillot deux pièces de la miss. Enfin Bref ! 


C’était également pour nous une manière de fêter le certificat de bonne santé de Nabil. Ça fait exactement un mois qu’il est sorti de l'hôpital et son dernier contrôle, c’était il y a trois jours. Tout est rentré dans l’ordre, mais il est dispensé de sport et de jeux brutaux pour le moment. Il est avec nous comme il l'avait souhaité et son père aussi. (rire) Mais sérieusement, le gars vient plus que de raison. Il ne manque plus qu’il déménage ses affaires parce qu’il lui est déjà arrivé de rester dormir  sous prétexte que Nabil faisait de la fièvre. C’était une petite hausse de température hein, rien d’alarmant. Bof, je trouve ça bien qu’il s’implique davantage dans la vie de son fils. Juste qu’à des moments donnés, j’ai l’impression qu’il vient plus pour surveiller la mère que le fils. 


Par rapport à elle, c’est le statu quo anten, enfin il y a quand même une nette amélioration dans la mesure où nous sommes devenus très fusionnelles. Elle ne peut plus se passer de moi et moi d’elle. Bon ça, vous le savez déjà, mais c’est plus plus quoi. Tout ce que je sais, c’est que je suis sur la bonne voie et que je suis à ça de l’avoir pour moi et pour moi seul. 


Nahia (téléphone) : nannn, ils seront là aussi ? (…) Top, la team au complet. J’ai trop hâte. (…) Hahaha parce que pour une fois, je ne vais pas vous tenir la chandelle. (…) ça c’est sûr krkrkr. (…) Ok, embrasse Bradley et les enfants pour moi. (…) Lol sur la tempe ça ne veut rien dire. (…) c’est mon pote nan ? (…) Peu importe (…) jalouse vaaa. (…) Allez kiss doudounette (…) krkrkrkr.


Elle raccroche et se tourne vers moi.


Nahia : c’était Tina.


Moi : je sais.


Nahia : tu m’accompagnes toujours demain hein ?


Moi faussement sceptique : il y a quoi demain ?


Nahia (sur un ton de reproche) : Khalil !!


Khalil souriant : je te faisais marcher, j’ai même son cadeau déjà.


Nahia : j’espère que tu ne t’es pas surpassé comme la dernière fois. Si tu offres des sacs et un coffret maquillage de marque à des enfants de dix ans, je me demande ce que ça sera pour une grande personne.


Khalil : lol l’essentiel c'est que ça lui fasse plaisir.


Nahia : c’est sûr que ça lui fera plaisir (regardant derrière) si seulement on pouvait aller o’Lodge tous les jours. Nabil qui dort à 20 h, it’s historic !


On rit ensemble et arrive à la maison dans la même ambiance. Je fais rentrer la voiture que je gare sur le parking, ensuite, je descends et fais le tour pour lui ouvrir la portière avant de revenir chercher Nabil que je porte mes bras. C’est pendant qu’on avance vers le rez qu’on voit son père en sortir.


Bilal : ah, ce n’est pas trop tôt, bonsoir.


Nous : bonsoir,


Bilal : Nahia où est-ce que tu as mis ton téléphone ? Je t’ai appelé toute la journée.


Nahia : désolée, il était quelque part dans mon sac. 


Ils parlent derrière moi pendant qu’on monte les marches.


Bilal : ok, votre sortie s’est bien passée ? Nabil n’a rien eu, j’espère.


Nahia dans un soupir : tout s’est bien passé Bilal, Nabil s’est bien amusé.


Bilal : mais pourquoi il le porte ?


Nahia ton agacé : il dort, mais ça se voit là qu’il dort nan ?


Bilal : heu, j’ai cru que… Enfin bon.


Je me retiens de rire. 


J’arrive sur le palier de la porte de Nahia et m’écarte pour qu’elle puisse ouvrir la porte. Elle s’écarte à son tour pour nous permettre de rentrer avant de refermer la porte et de nous suivre vers le salon. 


Bilal : donne le moi, je vais le mettre au lit.  


Moi : non, c’est bon. Ça ne m’embête pas de le faire.


Bilal : ok.


Je fais coucher Nabil dans le lit de sa mère (c’est maintenant comme ça) lorsque je reviens, son père était sur le point de partir. Nahia nous laisse tous les deux au seuil de sa porte après nous avoir souhaité une bonne nuit. Il me suit au pas jusque devant ma porte avant de dire...


Bilal : à demain.


Moi : à demain oui.


On s’affronte du regard un moment, c'est lui qui détourne le sien en premier avant de s’en aller sans rien ajouter. Je m’endors plus tard en pensant qu’il faut vraiment que je me bouge les fesses parce que celui là veut vraiment devenir un problème.


 


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