Miss grande gueule !
Write by Farida IB
Yumna…
Bon pour ceux que ça intéresse vraiment de savoir, mon transfert a été fait dans la douceur absolue (rire). Ça fait deux semaines que je suis rentrée et mon retour à la vie estudiantine se passe sans grandes embûches. Tout baigne dans ma vie depuis que le daron a levé toutes les sanctions contre moi. D’autant plus que Walter a mystérieusement disparu de la ville pour ma plus grande joie. Actuellement, je savoure chaque instant de ma précieuse liberté, parce qu’il faut le dire, j’avais oublié à quel point, c’était bien de vivre sans stress. Enfin, il y a le petit stress d’avant sessions qui se pointent l’horizon, mais rien que je ne puisse supporter. De toute façon, je panique pour rien, je sais que je vais encore tuer le game (rire).
En outre, il y a un microprogramme en rééducation périnéale et pelvienne que je redoute vraiment. C’est mon talon d’Achille en fait. Tous mes efforts pour venir à bout de ce programme ce sont vus anéantis l’un après l’autre. C’est pour ça que j’ai demandé l’aide de mon fidèle pote Eddie pour en découdre pour de bon. Je vois déjà vos regards pointus d’ici, mais c'est vraiment rien que mon bon grand. De quelques mois seulement, je précise. En fait, on se connaît depuis la première année de fac de médecine et en plus, c’est mon voisin de palier. Nous avons fait les cours de tronc commun ensemble, puis au deuxième cycle, il a opté pour la gynécologie obstétrique et moi pour la physiothérapie. Il faut dire qu’en grandissant je me suis érigée rééducatrice de Khalil donc j’ai décidé d’en faire mon métier à plein temps krkrkr. Quoiqu’il s’agisse plus de rééduquer les systèmes neurologique, musculosquelettique et cardiorespiratoire des hommes qu’eux même en personne.
On passe donc toute la matinée et toute l’après-midi à travailler d’arrache-pied sur ce crédit qui me donne du fil à retordre à la bibliothèque de la fac. En fin d’après-midi, on décide de mettre fin à la séance et je lui propose un tour dans un endroit approprié pour nous désaltérer après tant d’efforts. Proposition à laquelle il adhère sans rechigner donc on se rend dans un café-bar sur notre itinéraire en se concertant sur le programme du lendemain. On arrive au café-bar et à peine qu’on pénètre la surface qu’un type se permet de me palper les fesses. Je me retourne et le regarde avec dédain.
Moi agressive : non mais tu es malade ? C’est quoi ton problème avec mes fesses ?
Eddie (mon pote) : Yumna calme-toi, ne fais pas de scènes s’il te plaît.
Le type : ne t’emporte pas pour si peu ma mignonne.
Moi (bondissant sur lui) : c’est qui ta mignonne ? Toi-même mignonne !!
Le type : arrête de faire ton intéressante wesh ! Il y a quel mal à toucher tes fesses ? T’es bonne wesh !
Là, je vois rouge et me saisis d’un verre de jus sur la table tout prêt avec quoi je le menace.
Moi hurlant : répète un peu ce que tu viens de dire.
Il ouvre la bouche pour parler et se ravise aussitôt. J’en profite pour le menacer toujours avec le verre en plastique pointé dans sa direction.
Moi : si tu es un homme et que tu penses avoir assez de couilles pour m’affronter répète ça pour voir si tu ne vas pas recevoir ce verre de jus dans ta face de rat, sale con !! Tchhuiipp !!
Le type (me fixant sévèrement) : c’est moi que tu traites de sale con là ?
Moi le défiant du regard : oui toi, toi la face de gland !!
Il se rapproche dangereusement de moi.
Moi commençant à m’échauffer : allez, c’est ça vient par ici tapette, vient que je t’en colle une.
Je parle là le type est super musclé et fait trois fois ma taille.
Un serveur intervenant : hoo monsieur arrêtez ça (à moi) mademoiselle sortez d’ici s’il vous plaît.
Moi m’adressant au serveur : pourquoi, c’est à moi de sortir ? (gesticulant) C’est lui le fouteur de troubles et c’est à moi de sortir ? C’est parce qu’on est un renoi et une Arabe n’est-ce pas ? Bande de raciste va !!
Eddie (me tirant de force) : Yumna, je t’en prie tais-toi !
Moi (me tournant vers Eddie furieuse) : tu me demandes de me taire parce que tu trouves normal le geste déplacé qu’il a eu envers moi ? Ce sale con a osé toucher mes fesses et toi, tu me demandes de me calmer ?
Il m'entraîne de force vers l’extérieur pendant que je me débats.
Eddie : ta réaction est tout à fait logique, mais regarde le type, il fait deux fois ta taille en plus d’être super baraqué.
Moi vociférant : je m’en fous, je vais le griffer.
Eddie : rhhoo là, c’est la colère qui parle, parce que toi même tu sais ce qu'il adviendra de toi si jamais tu oses te confronter à lui.
Moi : je me serais défendue et avec véhémence en plus.
Eddie : lol partons d’ici s’il te plaît.
Je le suis par depit en ressassant tout ça jusqu’à ce qu’on s’éloigne de la cafète.
Eddie (revenant sur l’incident) : il faut vraiment que tu apprennes à garder ton sang-froid, tu es trop impulsive pour une fille qui est sur le point de devenir docteur.
Moi faisant la moue : il m’a cherché, je n’ai fait que me défendre.
Eddie : et tu as raison de le faire, mais il y a d’autres manières de le faire. Tu t’es mise en spectacle devant tout le monde en sachant pertinemment que j’ai horreur d’attirer le regard sur moi.
Moi le taquinant : surtout celles des filles n’est-ce pas ? Au moins mon coup de gueule t’a permis de t’échapper des griffes de la brunette qui te faisait les yeux doux dès notre entrée.
Eddie levant les yeux au ciel : Yumna ne commence pas !!
Moi : il fallait me laisser remettre ce pervers à sa place tchhuiipp !
Eddie : et ça t’aurait servi à quoi ?
Moi : pffff.
Je n'ajoute plus rien, ça ne sert à rien de toute façon avec celui-là, c’est moi qui ai toujours tort.
Eddie, c’est un pote avec qui je m’entends super bien, c’est lui qui me recadre ici souvent sinon on m’aurait déjà arraché ma bouche dans cette ville lol. C’est quelqu’un sur qui je peux compter en toute circonstance, on se soutient très souvent mutuellement dans nos moments de galère. Je dois avouer que c’est en partie grâce à lui que j’ai survécu à la récente tempête Cheikh (rire). Je l’ai toujours vu comme un autre de mes frères de même que lui me prend pour sa sœur Arabe. Il a le même caractère atypique qu’Ussama à la différence qu’il est un peu plus ouvert que lui. Tout comme moi, il a eu le bac à 15 ans et il a toujours rivalisé avec moi au premier cycle jusqu’à que nos chemins se séparent. Je précise que c’est un beau spécimen d’Afrique, le genre charismatique, élancé avec une carnation claire de la peau en plus d’avoir pour papa un avocat à la CPI. Toutefois, à l’instar d’Ussama, il n’a jamais eu de petite amie. Il trouve toujours le moyen de détourner les groupies qui en ont après son sex-appeal et son hyper-intelligence bien qu’il ait choisi un métier qui les attire qu’autre chose. Et comme je suis un tarpin intrusive j’ai décidé de prendre leur dossier en main. Je n’aime pas le gaspillage krkrkrkr.
On arrive à la résidence et on se sépare sur le palier de ma porte. Je referme la porte derrière moi et me débarrasse de ma doudoune avant de me rendre à la cuisine pour me servir un verre de jus de raisin dans le réfrigérateur. Je prends une bonne rasade et dépose le verre dans l'évier pour me rendre ensuite dans ma chambre. Là, je me jette sur le lit et entreprends d’envoyer des messages à Khalil qui soit dit en passant a confirmé notre hypothèse de départ. Je veux qu’il se penche furtivement sur le cas d’Ussama, connaissant mon frère-là, il faut quelqu’un de plus coriace pour lui tenir tête. J’envoie le message lorsque je finis de le rédiger, il le lit, mais ne répond pas. Il est sûrement occupé donc je n'insiste pas. J’envoie ensuite un autre à une chaudasse qui m’a glissé son numéro à la bibliothèque ce matin pour que je lui manage Eddie. S’il résiste à celle-là c’est que j’aurai la confirmation de ce que tout le monde raconte sur lui à la fac de médecine. Qu’il est gay voilà !
Je finis d’envoyer les messages et dépose la tablette pour me retrouver dans le coin cuisine où je me prépare un truc vite que je grignote à même la table de cuisine. Je retourne dans la chambre quand je finis et me remets à bosser jusqu’à la moitié de la nuit avant de décider de me coucher après un tour rapide sous la douche. C’est le rythme que je me suis imposé pour les révisions, il faut dire que je suis plus opérationnelle de nuit que de jour.
Je compte les moutons une dizaine de minutes puis juste au moment où le sommeil a bien voulu de moi, ma tablette sonne. C’est un appel vidéo Whatsapp de Khalil. Je râle d’abord quelques secondes avant de décrocher, parce que je sais déjà que ce n'est pas pour mon affaire qu'il appelle mais pour ses propres problemes. Le truc c'est que lorsqu’il appelle comme ça sans tenir compte du décalage horaire, c’est qu’il veut se plaindre de quelque chose ou de quelqu’un et c’est moi qui vais encore subir cette nuit pfff.
Khalil furieux : nom d’un chien, non mais elle se prend pour qui !?
Moi soupirant : qui elle ?
Khalil : cette fille là (faisant mine de réfléchir) j’ai oublié son nom. Ma collaboratrice !!
Moi posément : qu’est-ce qu’elle a bien pu faire pour réveiller la colère du big bro à ce point et m’empêcher de dormir dans la foulée ?
Khalil plus calme : tu dormais ?
Moi me redressant : non, mais je m’apprêtais à le faire. Ce n’est pas grave vas-y, je t’écoute.
Khalil ton consterné : figure toi qu’elle est parti au boulot ce matin en m’abandonnant à mon sort. (brandissant un bout de papier) Elle me laisse ça sous ma porte.
Moi essayant de lire entre les lignes : qu’est-ce que c’est ?
Khalil : une note sur laquelle elle me demande de prendre un taxi moto pour la rejoindre à l’agence.
Moi (me retenant de rire) : tu es censé t’y rendre par quel moyen ?
Khalil : en voiture !! (faisant des grands gestes de la main) Tu t’imagines moi Khalil assis sur un engin pareil ?
Moi : sinon tu penses faire quoi ? Puisque visiblement, c’est la seule option qui s’offre à toi.
Il me jette un coup d’œil sévère, je bloque seulement le rire. Pardon trouvez-moi cette fille, il faut que je la félicite pour son cran. C’est si rare de trouver quelqu’un qui tienne tête à mon frère à l'égo démesuré.
Moi : mais je demande !!
Khalil : pffff !!
Flottement
Moi reprenant : bon concrètement que penses-tu faire ?
Khalil : je n’ai pas le choix que d’y aller, le Cheikh a fait ma fête ce matin. Il me menace carrément de m’envoyer dans une prison à haut risque si jamais je retente de foutre la merde.
Moi : hmm, donc tu vas monter sur leur espèce de moto là ?
Il lève les yeux au ciel en signe d’agacement, je me pince les lèvres pour ne pas rire.
Khalil très en colère : on se connaît que depuis hier et je n’ai pas vraiment envie de dévoiler mon côté sauvage avec cette petite, mais elle tient mordicus qu’elle veut me pousser à bout. (haussant le ton) Tu te rends compte qu’elle me tient tête à moi Khalil ? Elle s’adresse à moi de façon hautaine et me regarde toujours droit dans les yeux sans une once d’intimidation dans le regard !
Moi (réprimant un fou rire) : donc, comme ça, il y a quelque part dans ce monde quelqu’un qui n’a pas du tout peur de la puissance Khalil ? Eh beuh on dirait que tu viens de trouver ton alter ego et où ça ? (répondant moi-même) Dans un mystérieux micro-Etat de l’Afrique (me lâchant) pardon trouve moi déjà le billet que je parte visiter ce pays krkrkrkr, il y a vraisemblablement du bon là-bas.
Il me jette un coup d’œil sévère, ce qui me fait rire sous capte.
Khalil sèchement : je dois raccrocher, je te rappelle plus tard.
Moi essayant de me calmer : rooohh ne prend pas si vite la mouche krkrkr ! Bof sinon fais moins le Khalil, peut-être que vous finirez par vous entendre, qui sait ?
Khalil faisant la moue : pffff je ne suis pas certain de pouvoir la blairer un jour.
Moi : lol moi je trouve qu’elle a raison de se braquer contre toi.
Khalil : et je peux savoir pourquoi ?
Moi : même toi-même, tu l’as fait vivre dans la peur et l’angoisse pendant ces deux semaines où tu prenais du bon temps sans te soucier du reste du monde. Tu as même la chance qu’elle te cède un service minimum d’accueil, c’était moi que je t’aurais abandonné à ton sort à défaut de te donner une bonne correction.
Khalil : pffff !!
Moi : en tout cas si tu veux tirer le maximum de profit de ton séjour tu ferais mieux de t’aligner et de faire moins le buté. Parce que là-bas tu es dans son fief et parce que dorénavant tu dois éviter de t’attirer les foudres de papa ou le couperet va s’abattre c’est sûr.
Khalil le ton boudeur : pfff je ne sais même plus pourquoi je t’ai appelé, mais ce n’est sûrement pas pour que tu prennes sa défense encore moins celle de papa.
Moi : loin de là, il est tout à fait objectif mon jugement. (ajoutant) On sait tous les deux que tu m’as appelé dans le but de prendre l’avis d’une femme pour mieux l’appréhender donc tu l’as mon avis. En plus, je suis prête à parier que cette apparence de fille acariâtre cache une fille au grand cœur qui est obligée de se donner un genre parce que tu l’as brimé par ton attitude de départ.
Khalil : ça j’en doute fort, le seul sourire qu’elle a fait depuis notre premier contact était conditionné par de l’ironie.
Moi : Khalil prend le temps pour mieux faire ton analyse sur sa personne ! C’est encore trop tôt pour la blacklister direct. Je suis sûre qu’elle n’est pas si mal au fond.
Khalil avec enthousiasme : et comment ? C’est une vraie tentation, le genre qu’on repère tout de suite.
Il marque une pause lorsqu’il aperçoit mon rictus au coin des lèvres.
Moi : en fait, elle te plaît cette fille et le fait qu’elle résiste visiblement à ton charme fouette ton orgueil d'homme en réalité.
Khalil avouant : surtout cet air dédaigneux avec lequel elle me regarde, elle m’a fait douter de moi le temps d’un instant.
Moi riant : décidément, il faut que je rencontre cette fille, je sens que nous allons trop bien nous attendre elle et moi.
Il tchipe.
Moi : rhhooo big bro je t’ai connu moins rancunier et plus endurant que ça.
Khalil : pfff elle m’énerve !!!
Moi me tordant de rire : à ce point ? En tout cas, je sens le début d’un beau feuilleton de votre histoire de collaboration là. Je vais déjà me mettre aux premières loges pour le suivre kiakiakia…
Khalil me fixant sévèrement : hallassss Yumna !!! (ça suffit Yumna)
Moi me lâchant : kiakiakiakaia…
Khalil : pfff, au revoir.
Moi : roohh attends s’il te plaît ! Tu as reçu les messages que je t’ai envoyés ?
Khalil : pour l’affaire d’Ussama là ?
Moi : mouais !
Khalil : je vais voir avec Jemal, même si je doute que cela aboutisse à quelque chose. Tu es bien placée pour savoir que ton frère là c’est le genre à se refermer comme une huître dès qu’on touche à son intimité. Je me demande parfois de quel côté de la famille, il est issu.
Moi : on peut quand même essayer.
Khalil : je verrai ce que je peux faire.
Moi : ok top (passant du coq à l’âne) sinon tu ne m’as toujours pas dit comment tu penses te rendre à ton lieu de travail.
Khalil : je n’ai pas d’autres choix que de me plier au choix de la miss.
Moi narquoise : pardon n’oublies pas de m’envoyer une image de toi sur un taxi moto, je vais l’ajouter à mon tableau Voyage Épique sur Pinterest.
Khalil : pfffff !!
Click !
Il me raccroche au nez, je dépose la tablette avant de me recoucher pliée de rire. Cette petite comme il l’appelle, je ne la connais pas encore, mais je l’aime déjà krkrkrrkr.
Khalil…
Je raccroche encore plus furieux que je ne l’étais, je regrette d’ailleurs de l’avoir appelé elle et non Jemal. J’étais sûr à deux cent pour-cent qu’elle allait me faire chier elle aussi puisque c’est le travail des femmes, mais c’était la seule personne disponible en ce moment là. Or, je ressentais le besoin pressant de me confier et je dois avouer que j'en ai eu pour mon compte.
Non mais franchement votre miss là ne se prend vraiment pas pour du n’importe quoi, elle pousse son audace jusqu’à me laisser en rade dans une ville que je ne maîtrise même pas encore tchuiipp !! Décidément, ce n’est pas mon jour. D'ailleurs il ne peut qu’être catastrophique déjà que j’ai subi les foudres du Cheikh très tôt ce matin alors que je venais de raccompagner Mélissa après notre nuit torride. Pfff Al-Amine Ben zayid, toujours en train de proferer des menaces ! Cette fois, il promet de m’envoyer en taule au moindre dérapage. Je pense que je vais me retrouver là-bas plutôt que prévu parce qu’avec l’attitude de miss BB, je ne pense pas pouvoir résister très longtemps avant de sortir de mes gongs.
Je rumine ma frustration en faisant les cent pas entre le salon et la cuisine avant de me décider à prendre un verre d’eau fraîche pour me calmer. Je me le sers donc et le vide d’un trait, ensuite, je me sers deux autres que je bois à la goulue. Je me rends dans la salle de bain quand je sens la température intérieure de mon corps descendre. Là, je me vautre dans le jacuzzi et décide de ne penser à rien d’autre qu’à ma folle nuit avec mademoiselle l’hôtesse. Mon aventure avec cette fille, c’est le plus dans ma vie en ce moment. C’est ça qui me permet de relativiser et d’éviter de faire une bêtise de surcroît sinon j’avais déjà commis un meurtre. Malheureusement, notre idylle s’est vue suspendue pour quatre longues semaines qui promettent d’être plus que pénibles. (soupire.)
Je sors du jacuzzi quelque peu apte à affronter cette journée qu’il y a quinze minutes. Je me saisis d’un drap de bain sur la palette avec lequel je me nettoie promptement, ensuite, je l’attache à ma taille et me dirige droit vers la penderie. Je prends un pantalon de costume gris et une chemise noire près du corps que j’enfile devant le miroir. Habillé, j’applique un produit sur mes cheveux et rehausse le milieu entre mes doigts, puis après quelques touches de Sauvage de Dior, je me saisis de mon sac et fonce vers la cuisine où je me sers le petit-déjeuner que Mélissa a pris le soin de préparer avant de partir. Je prends place sur l’une des chaises du coin-repas pour déguster mon omelette à la pomme de terre avec un verre de jus d’orange posé à côté. Je mange en jetant des regards circulaires dans l’habitacle. Je dois dire que j’adore vraiment cet appartement. C’est loin de ce que j’ai à Abu-Dhabi, mais il offre un confort minimal et des espaces tout à fait charmante et reposante. Là au moins je dois reconnaître que la miss a bon goût.
Il est 11 h 25 à ma montre quand j’émerge de l’immeuble munie du bout de papier sur lequel miss a inscrit les indications à suivre pour trouver un taxi-moto. Malgré cela, je tourne en bourrique trente minutes sans réellement m’en sortir, vu qu’il n’y a aucun insigne ni sur les motos ni sur les conducteurs qui devraient m’indiquer qu’il s’agit bien d’un taxi moto. Quinze autres minutes plus tard, j’arrête un conducteur par hasard et par chance, il en était un. Puis je suis confronté à un autre problème de barrière linguistique. Finalement, je décide de l’appeler pour décanter la situation. Elle ne décroche qu’au troisième essai.
Miss : oui ?
Moi : c’est ça votre façon de dire bonjour aux gens le matin ?
Miss : je vous informe que là nous sommes en début d’après-midi et je ne pense pas que vous ayez besoin de mon bonjour pour passer une bonne journée.
Moi (prenant mon souffle): il faut vraiment que vous appreniez à être moins hautaine dans vos propos, ça vous dévalorisera moins.
Miss : c’est votre avis et je ne suis pas obligée de le partager. Bon, est-ce que vous allez finir par me dire ce pourquoi vous m’avez appelé ? Je n’ai pas que ça à faire.
Je soupire plusieurs fois avant de reprendre.
Moi : j’ai trouvé un taxi moto, mais le conducteur ne parle pas le français.
Miss d’un trait : passez-le-moi !
Ce que je fais, elle parle avec lui un moment puis le conducteur me rend le téléphone que je recolle à l’oreille.
Miss : vous lui payerez 500 f cfa à destination.
Moi plissant les yeux : comment ça ? Je dois payer de l’argent ?
Miss : le transport n’est pas gratuit monsieur !
Moi : je sais, mais je n’ai pas encore fait d’échange.
Miss : c’était prévisible, il suffit de voir vos priorités dans la vie pour savoir que vous passerez à côté de l’essentiel.
Moi grinchant : Mademoiselle je ne vous permets pas de me manquer de respect.
Miss simplement : faites-moi signe lorsque vous serez au bas de l’immeuble, j’enverrai quelqu’un payer votre course.
Je m’exécute, pas parce qu’elle me l’a ordonné, mais j’ai hâte d’y être pour apprendre le respect à cette petite. Elle va me dire pourquoi elle se sent obligée d’être désagréable à ce point. Non mais n’importe quoi !!!