Nouria

Write by Les Chroniques de Naty

Chapitre 26

 

****Nouria****

La vie de femme mariée n’est pas vraiment une partie de plaisir.

Je dois combiner mon travail et ma vie de couple ; chose que je peine à faire. Je m’y donne sans vraiment le pouvoir. On ne nait pas femme au foyer, je crois que c’est un peu comme métier ; et tout métier s’apprends. Alors je fais l’effort d’apprendre du mieux que je peux.

Heureusement que mon mari m’aide. Sié est un homme presque parfait. Presque parce qu’il n’y a pas d’hommes parfaits. Le penser, l’exiger et le vouloir est un leurre ; et à mon âge je ne me leurre plus sur le prince charmant.

Nous nous aimons et nous comprenons ; c’est le plus important pour moi. Il m’a fait comprendre que je ne dois pas forcément correspondre à ce qu'attendent les gens, ne pas toujours te conformer à leurs critères, leurs valeurs, mais oser afficher ta différence, parfois même quand elle dérange. Bref, lâcher prise sur l'image que tu souhaites donner aux autres, et apprendre à ne pas trop te soucier de ce qu'ils pensent de toi. Je suis une femme et j’ai le droit de ne pas être parfaite.

Dans notre domaine, ce n’est pas évident que les femmes avancent librement. Elles sont toujours remises en cause, marginalisé parce que ce sont des femmes. Mais moi je ne me suis pas laissé faire ; j’ai su mettre des balises entre ces jugements et moi. Alors rencontrer un homme qui ne me juge pas et m’accepte tel que je suis est une chance et une grâce de Dieu. Comme il me le dit toujours, il a besoin d’une femme, d’une épouse, d’une compagne, d’un partenaire de vie, d’une mère pour ses enfants, d’une épaule sur laquelle il peut se reposer, d’une bouche consolatrice et conseillère, d’un regard tendre, d’une oreille attentive et des mains aimantes ; il n’a pas besoin d’une femme qui est toujours au point de forme ; il la veut imparfaite. Ensemble ils seront parfaits.

Il m’a rassuré qu’il ne veut pas du tout cuit ; il ne veut pas que je sois un cordon bleu pour lui cuire des plats venants des quatre coins du monde.

—Je veux d’une femme avec ses imperfections ; alors tranquillise toi mon cœur. Tu es celle que j’ai choisie et ça restera ainsi. Crois-moi ma chérie, il n’Ya pas de mariage parfait. Le bon mariage c'est l'amitié tendre, l'affection et la fidélité, le secours mutuel dans toutes les épreuves de la vie, mais il doit se garder des intempérances redoutables de la passion. C’est tout ce que je demande avec toi ; je ne demande pas de folles passions pour me rendre dingue ou quoique ce soit d’autres du genre.

—Je ne sais plus quoi penser. Tu sais j’ai vraiment peur d’échouer.

—Ne t’inquiète pas ! Je suis là avec toi et la réussite de ce mariage nous incombe à tous les deux. Alors compte sur moi ma jolie petite épouse.

Je me suis sentie bien et rassurée après cela. Je veux juste la tranquillité dans mon couple ; j’ai peur que mon mariage ne capote comme celui de mon frère. Je vis avec cette hantise d’être abandonné par un époux lâche et avide de sensation forte. Un époux en manque de se faire une deuxième jeunesse.

« Le mariage est une mosaïque que l'on construit avec son conjoint, des millions de petits moments qui constituent votre histoire d’amour ». Je me souviens avoir lu ça quand j’étais plus jeune. Je me disais surtout que le mariage c’était pour les fous et les personnes qui ne savent pas quoi faire de leur vie. J’ai toujours peur de me consacrer à une seule personne ; faire que le bonheur de cette dernière dépende de moi. Le mariage n'est pas de l'esclavage ; il n'est pas non plus un vil marchandage, et encore moins un affrontement des sexes. Il se fonde sur l'amour émanant de l'âme. Alors il me serait difficile de devoir subir les humeurs d’une personne que je n’aime pas.

Mais j’aime beaucoup mon mari ; mieux je veux le rendre heureux. J’aime quand il rit, et pour rien au monde, je ne voudrais être la cause de son malheur. C’est surement ça le mariage, faire passer l’autre avant soi.

Dans ce long processus d’apprentissage, j’ai pu avoir la maman de Martine à mes côtés. Parce que la mienne était occupée à couvrir les bêtises de son fils. Quand je suis revenu de mon voyage et que j’ai su ce qui se passait avec Moctar et cette catin, et que ma mère cautionnait cette… bêtise, j’ai tout simplement quitté la maison. Car je ne supportais pas de voir Moctar et cette … chose se pavaner partout sans vergogne. Nous nous sommes violemment disputés quand il a vu que je ne supporterai jamais ses actions.

Quel être humain doté de toutes ses facultés peut être en mesure de supporter cette abomination ? Peut-être ma mère.

Dans tous les cas, je ne pouvais plus vivre avec elle. J’ai donc organisé mon mariage avec l’aide de ma sœur et de mes amies. La famille paternelle m’a aussi aidée. Martine a été là pour moi, elle a fait fi des imbécilités de mon frère et m’a beaucoup soutenue ; j’avoue que j’en étais gênée vue tout ce qu’elle traverse par la faute de mon crétin de frère. Mais elle a su me rassurer.

« Nous sommes une famille Nouria ; et la famille doit toujours rester unie en dépit de toutes les tornades et autres cataclysmes ; Une famille est un endroit où l'esprit entre en contact avec l'esprit des autres. S'il y a de l'amour entre ces esprits, le foyer devient aussi beau qu'un jardin fleuri mais si ces esprits ne sont pas en harmonie les uns avec les autres, c'est comme si une tempête ravageait le jardin.»

J’ai compris que cette femme est une vraie perle ; dommage que Moctar ait laissée cette pierre précieuse pour un vulgaire caillou.

Ma cérémonie de mariage a été simple et intime. Je ne voulais pas de frasques et de trucs inutiles et sans importance. Les gens prennent le mariage pour un fonds de commerce et s’adonne à toutes sortes de choses rocambolesques qui n’ont réellement pas lieu d’être. Le plus important c’est d’être avec l’être aimé et de sceller sa vie à celle de ce dernier pour toujours.

J’ai eu droit moi aussi aux précieux conseils de Maman Affoué. Elle a su me redonner le courage et la force nécessaire pour affronter cette nouvelle vie. Martine a de la chance d’avoir une femme pareille à ses côtés. Je sais vers qui me tourner quand rien n’ira dans mon couple ; chose que je ne souhaite pas bien sûr.

Ce jour-là nous avons beaucoup parlé et j’ai été très contente de pouvoir me libérer le cœur et l’esprit.

—Nouria, ma fille j’espère que tu vas bien et que tu n’as pas aussi peur que Martine le dit.

—Non maman je n’ai pas peur. Essayais-je de mentir.

—Ne l’écoute pas maman ; elle est comme une madeleine et pleure pour un oui ou un non. Raison pour laquelle je suis venue avec elle ici à Dabou pour qu’elle se repose un peu mais surtout pour qu’elle pense à autre chose et bénéfice de tes conseils.

—Hum tu as bien fait chérie. Mais de quoi as-tu peur ?

De tout. Dis-je aussitôt.

Elle éclate de rire.

—C’est difficile d’aider quelqu’un qui a peur de tout.

—Moi je te fais confiance pour la rassurer « maman conseil ».

Elle lance un mauvais regard à Martine qui s’éloigne en riant de plus belle. C’est le petit nom que cette dernière a donnée à sa mère. Car la jugeant trop maternelle. Elle ne sait pas la chance qu’elle ait.

—Je voudrais déjà demander pardon pour l’attitude de ma mère envers toi maman. Attaquais-je quand nous restons seules. J’ai eu vent de ce qu’elle vous a fait et ça me fait tellement honte.

Son visage se fait compatissant.

—Tu n’as pas à t’excuser pour quoi ce soit Nouria. Justine est une femme assez âgée, cela dit, elle sait pertinemment ce qu’elle fait. Alors tu n’as aucune raison de te confondre en excuses à sa place. Même si je trouve ça touchant et assez mature de ta part. Seulement que les enfants n’ont pas à justifier l’attitude et même le comportement de leur parent ; ni encore moins à en prendre les pots cassés.

—Je sais maman. Mais je me sens très mal pour ce qu’elle a fait à Martine. Elle ne mérite pas ça.

—Nous ne sommes pas Dieu pour savoir ce que Martine mérite ou pas. Lui seul sait ce qui est bon pour elle ; et je crois à juste titre que cela fait partie de ses plans pour ma fille. Comme je le lui disais quand elle était à l’hôpital, Dieu n’aime surement pas un pan, ou même un aspect de sa vie. Alors voulant qu’elle change cela, il lui fait traverser cette épreuve afin de lui ouvrir les yeux.

—Mais c’est assez difficile comme épreuve je crois. Et puis Martine est gentille et ne ferai pas de mal à une mouche, alors je me demande comment elle pourrait être en port a fort avec les préceptes de Dieu.

—Hum ! Nul ne connait mieux la créature que le Créateur Nouria. Et crois en mon expérience, nous méritons toujours ce que nous avons. C’est juste une rétribution juste et équitable des choses. Ma fille avait besoin de comprendre certaines choses de la vie ; et peut être que ce qui est arrivée, tombe à point nommé.

Je me tais un moment essayant de méditer tout ce qu’elle vient de dire ; mais ayant du mal à y voir plus clair, je lui fais part de mes craintes.

—Pourquoi les jeunes de maintenant ont tous peur du mariage ?

—Parce qu’on ne sait pas à quoi s’attendre. C’est difficile de pouvoir vivre avec une personne avec laquelle nous n’avons pas les mêmes éducations. Nous n’avons pas forcément les mêmes totems, les mêmes gouts… et j’en passe. Alors c’est légitime qu’on ait peur.

—Tu crois ?

—Oui.

—Si tu le dis c’est que c’est vrai. Mais la vérité aussi est subjective. Alors ce cas peut s’appliquer à toi, mais pas forcément à d’autres personnes. Moi je pense que le mariage est très simple ; Dans le mariage, on ne peut jamais vivre heureux quand on y commande tous les deux. Et c’est cela la base de l’échec de plusieurs mariages de nos jours. Vous les jeunes femmes de maintenant vous vous croyez tellement émancipés que vous n’acceptez pas que votre époux vous donne des directives. Tu auras remarqué que je n’ai pas dit « ordres » mais plutôt des « directives ». Chaque mot à son sens, a sa place. La plupart d’entre vous voient en ces directives, ces recommandations et souvent même ces conseils des ordres. Alors impossible pour elles de s’y plier. Et tant que vous percevrez les choses ainsi, rien n’ira pour le mieux dans vos couples. Car l’esprit humain en lui-même ne conçoit pas d’être confiner dans un modèle ; l’esprit est libre et déteste être restreint dans ses faits et gestes. Cependant, en voyant en cela autres choses que du rabaissement et des ordres à exécuter, tu verras que tout ira bien dans le couple. Dans la mesure où ton esprit l’aura conçu comme utile, acceptable mais surtout bon pour lui.

J’ai baissé la tête un moment ; voulant trouver des exemples, des contradictions ; mais je n’en aie pas trouvé.

—Pour moi un couple, c'est un homme et une femme    qui s’unit par amour pour former une famille. De nos jours les mariages s’effondrent comme neige au soleil. Et je sais que tu ne veux pas faire partir de cette catégorie de personne. Qu'est ce qui fait un couple ? Ce n'est pas seulement le fait de vivre ensemble mais aussi la conscience de former une troisième entité appelée "couple". Ce qui n'est pas simple à réaliser ; il faut parvenir tout en gardant son identité propre et son espace personnel, fusionner ensemble en laissant de côté son "moi" pour penser à "nous". Le couple ne doit pas être la fin de la liberté mais un enrichissement commun. Pour que le couple dure, il faut mettre de l'eau dans son vin et faire preuve de confiance - ou de patience - car la vie en couple est loin d'être un long fleuve tranquille...

—Mais je ne veux pas non plus de chute de Niagara. Dis-je doucement.

—Personne ne veut les chutes du Niagara. Pas même moi qui te parle actuellement. Toute âme aspire à la tranquillité et à la paix. Personne ne veut vivre une vie mouvementée. Mais quand ça arrive, il faut savoir s’armer de courage et surtout de rage de vaincre.

—C’est difficile de faire passer l’autre avant soi.

Dans un couple, l’important n’est pas forcement de vouloir rendre l'autre heureux, c'est de se rendre heureux et d'offrir ce bonheur à l'autre. Sinon ça ne servira à rien. Car l’autre doit être heureux quand tu l’es et triste quand tu l’es également ; et vice versa. C’est ça le plus important. Je crois que beaucoup ne l’ont pas compris, c’est la raison pour laquelle les gens pensent que le mariage est un fardeau. Dans la mesure où ils pensent qu’ils ont pour devoir de rendre leur partenaire heureux au détriment de leur propre bonheur ; ce qui les empêche souvent d’être heureux à leur tour.  Ils voient en cela une trop grande obligation.

—Vue comme ça semble tellement facile maman.

—Mais parce que ça l’est. Pas toujours ; mais ça l’est quand même. Ne fais pas du divorce une option quand tu te marie, et tu verras que tu n’auras d’autres choix que de faire marcher ton mariage. Pas parce que les langues diront ceci ou cela ; mais plutôt parce que c’est comme ça l’amour. Oui c’est l’amour qui te permettra de te battre et de vouloir rester dans cette union. Mais surtout le plus important pour établir une relation avec autrui, il faut d'abord établir une relation avec soi-même. Si nous sommes incapables d'affronter notre propre solitude, nous ne faisons qu'utiliser les autres comme des boucliers. Et quand tu commences à voir en l’autre un bouclier, pas contre la persécution que vous subissez, mais plutôt contre celle que tu subis, alors votre relation n’aura point de répit.

—C’est de ça que j’ai le plus peur. J’ai peur d’échouer et de divorcer par la suite.

—Je sais et je comprends. Nous avons eu cette peur en nous ma chérie. Mais il faut la surmonter et ne pas laisser le pessimiste te ronger. On va à la guerre pour gagner et non pour perdre. Sinon ta peur est très normale Nouria. En plus avec ce qui est arrivé à Martine et à Moctar, tu as bien le droit d’avoir peur. Car divorcer, rompre un couple, c'est toujours trancher en soi, à vif. Il faut être sûr que le bien qu'on en tire est plus grand que le mal dont on va souffrir. Parfois des arbres dont on coupe trop de branches meurent. Et il faut aussi penser à l'autre, aux autres. A tous ceux que ces branches protégeaient. Raison pour laquelle je n’ai jamais voulu que ma fille divorce d’avec ton frère. Mais Dieu en voulu autrement. Qui est-nous pour remettre en cause sa volonté ?

—Personne maman. Et tu as touché le point fort de ma peur. Je ne veux en aucun avoir à subir la même épreuve que Martine. Je la trouve bien trop forte ; à sa place je ne sais pas ce que j’aurai fait.

Je me passe une main tremblante sur le visage pour essayer mes larmes. Martine a raison, je suis une vraie madeleine depuis peu. Je pleure pour tout ou rien ; je suis tellement à fleur de peau. Surement le stress du mariage ; de l’inconnu.

—Tu te serais relevé tout simplement Nouria. Après avoir pleuré, tu auras repris ta vie entre les mains ; parce que tu es une femme forte. Je le sais, je le lis dans tes yeux. Derrière ces airs de petite fille, se cache une femme avec une force de caractère pas possible.  Les femmes, toutes les femmes, sont fortes, elles savent traverser les vents et tempêtes depuis qu'elles sont nées. Elles ont souffert depuis des générations. Elles sont familiarisées à la douleur et à l'adversité, Elles savent tout supporter et faire face à toutes les difficultés. Ce sont des mères, même celles qui ne le deviennent pas. Elles sont des mères toujours et des mères qui n'abandonnent jamais.

—J’espère être aussi forte que tu le dis maman.

—Tu le seras car tu n’as pas le choix. La nature te l’a imposé. Sois une femme, sois forte et sois une bonne femme au foyer.

—Je ferai de mon mieux pour bien tenir ma maison maman. Ça ne sera pas facile de gérer boulot et vie de couple.

—Pourtant tu devras y arriver. C’est ça votre problème vous les jeunes femmes de maintenant. C’est surement ça qui a fait la perte de ma fille ; à force de tout laisser dans les mains de sa nounou, cette dernière lui a pris son mari. Ne fais pas cette bêtise ma fille.

Je la regarde étonnée ; elle a soudain élevé la voix et semble du coup énervé. Je crois qu’elle est exaspérée par ce que j’ai dit.

—Je ne vais pas faire ça maman. Dis-je pour rattraper le coup.

—Tu as intérêt ; menaça-t-elle en me pointant du doigt. Une femme ne devrait pas sortir de sa chambre, le matin, sans faire son lit. Elle doit apprendre à fermer ses jambes et bien s’asseoir en public. Elle doit traiter son corps avec respect et dignité. Quand on te demande un service raisonnable, rends ce service sans bouder. Mais dans la mesure du possible. Retient qu’une famille unie est une force imperturbable. Une mère de famille met le bonheur des siens avant son propre bonheur. Tu peux éduquer ton enfant aussi bien que tu le peux, il ne pourra jamais avoir un cœur comme le tien. Alors, ne te culpabilise pas s’il fait des mauvais choix ; derrière chaque erreur, dans la vie, se cache une leçon pour l'avenir. Mais il ne faudrait jamais cesser de prier pour lui. Ne punis jamais ton enfant quand tu es en colère. Punis-le pour qu’il apprenne sa leçon, non pas pour qu’il soit terrorisé. Une femme est la force qui relève son mari lorsque ce dernier est abattu. Ne dit-on pas que derrière chaque grand homme se cache une grande femme. Sois toujours cette "grande femme" pour ton mari.  Et pour finir ma chérie, ne prends jamais rien pour acquis, mais en toutes choses, il faut être reconnaissant. Dieu est le seul Maître des temps et des circonstances. Il donne à chacun selon la mesure qu'il lui plaît.

Je reste bouche bée. Je ne sais plus quoi dire. Je comprends maintenant pourquoi elle est restée mariée depuis bientôt cinquante ans.

—Une chose me tracasse cependant maman.

—Dis toujours.

—Comment se fait-il qu’avec tous ces précieux conseils que tu me donnes, le mariage de Martine n’ait pas marché ?

Elle baisse la tête un moment. Je regrette du coup ma question et je me confonds en excuse. Mais c’est trop tard car j’ai déjà fait la bêtise.

—Ne t’excuse pas Nouria. Ma fille n’est pas comme moi, elle ressemble à son père. Bornée, têtue, rebelle, revêche, pas aussi soumise que ça. Révoltée souvent aussi. Sinon j’ai déjà dit tout cela à ma fille, et bien plus encore. Mais on peut tendre la main pour aider l'autre à s'en sortir quand il l'a décidé, mais on ne peut pas l'obliger à se décider, surtout quand les vents sont trop forts. C’est un peu ce qui s’est passé avec Martine. Je lui ai parlé, trop parlé même. Elle a son mauvais côté, qui je crois a eu raison d’elle. Mais vous êtes différentes ; chacune a ses réalités et son destin. Alors ne penses que parce que ça n’a pas marché avec elle, alors ça ne marchera pas non plus avec toi.

—J’ai compris maman ; merci pour tes précieux et sages conseils. Je les mettrai tous en pratique. Parce que je veux réussir mon mariage.

—C’est bien de penser ainsi ; je sais que tu y arriveras. Nous prierons Dieu pour ça ; mais surtout n’oublie pas que le secret n'est pas de prendre soin des oiseaux,
mais prendre soin du jardin, pour que les oiseaux viennent chez vous.

J’acquiesce de la tête sans savoir ce qu’elle voulait réellement dire par là. Elle m’a dit beaucoup de choses, surtout de bonnes choses que je ne risque pas d’oublier. Je les mets en pratique dans ma vie de tous les jours. Ce n’est pas surement facile comme elle l’a dit, mais ce n’est pas difficile non plus. J’essaie de faire de mon mieux ; et je me rends compte que j’avais peur pour pas grand-chose. Je veux le bonheur sauf que la route pour le bonheur n'est pas droite. Il y a des courbes appelées malentendus, des feux de signalisation appelés amis, des lumières de précaution appelées famille et tout s'accomplit si vous avez une roue de secours appelée décision, un puissant moteur appelé l'amour, une bonne assurance appelée la foi et beaucoup de carburant appelé patience.

Ce sont ces percepts que je me suis donné de suivre. Mais dans tout ça, maman me manque beaucoup. Je me demande ce qu’elle devient depuis lors ; car il Ya plusieurs mois que je ne l’ai pas vu. Je ne suis peut-être pas une bonne fille après tout. Mais en même temps quand je pense à ce qu’elle a fait à Martine, mon cœur se serre de douleur. Je lui en veux terriblement d’avoir soutenu Moctar dans sa bêtise. Même Sally qui ne se plaint jamais d’elle ne partage pas son point de vue. Cependant, connaissant maman, elle s’entête à vouloir justifier cette histoire entre son fils et cette fille. Comme quoi Moctar était en manque de femme ; Martine ne s’occupais pas bien de lui… des excuses plus bidons les unes que les autres.

Lasse de penser à tout cela, je me levais pour entrer dans la douche prendre un bain rapide avant que mon mari ne revienne. La fille de ménage est déjà rentrée chez elle. Je vis dans un trois pièces et il Ya assez de place pour recevoir des gens ; mais je ne veux pas qu’elle dorme ici. Ça été la condition de ma recherche d’aide-ménagère. Je voulais d’une fille qui travaille en journée et s’en va à la tombée de la nuit. Mon emploi du temps n’est pas très souvent chargé et j’ai le temps de m’occuper de la maison. Je vis dans cette hantise là ; je ne veux même pas que mon mari puisse voir la fille de ménage. Oui, je suis folle, je le sais. J’ai confiance en lui, mais cela n’exclut pas le fait que je sois prudente.

Je mettais de l’ordre dans mes cheveux quand j’entends sonner à ma porte. Je suis au deuxième étage dans un nouvel immeuble dans le quartier d’Abatta ; c’est l’un des nouveaux quartiers de la ville d’Abidjan. Ce côté de la ville n’était pas accessible du fait qu’il n’Ya ait pas de route. Mais depuis le bitumage de la voie principale, plusieurs immeubles et autres maisons sont sorti de terre. Le secteur est en pleine expansion ; et c’est le nouveau coin chic de la ville.

C’est surement Sié qui est de retour. Je cours ouvrir pensant voir mon mari, quand je tombe nez à nez avec ma mère.

Que fait-elle ici ? Et comment connait-elle chez moi ?

La nounou de mon fil...