Partie 13 : un début de romance ?

Write by Fleur de l'ogouée

Grégory

Nous nous sommes dirigés vers la cuisine pour déguster ce plat en silence, en essayant d’être de meilleure humeur après une matinée riche en confession. Le reste de la journée a été maussade, chacun étant focaliser sur ses blessures du passé. Une fois la nuit tombée nous nous retrouvons dans l’intimité de ces quatre murs en planche, j’ai envie qu’elle passe une soirée mémorable, ce soir nous n’avons ni perdu un père ou un fiancé, il n’y a pas père en prison, nous ne sommes pas en cavales. Ce soir nous sommes deux corps qui ont soif l’un de l’autre, ce soir nous sommes une chaire, ce soir nous ne nous prenons pas la tête, un autre jour nous réfléchirons, pour l’heure seul le plaisir compte. Je me sens comme un petit garçon qui déballe son cadeau de noël et y trouve exactement ce qu’il avait demandé au père noël, ce soir dans ce village perdu de l’estuaire deux âmes solitaires feront l’amour à en perdre la tête.

Une semaine plus tard !

La vie a village est plutôt agréable et j’avoue que sa présence rend ce lieu encore plus reposant et revitalisant. Notre relation évolue un peu plus chaque jour et on apprend à se connaître tout doucement, les choses se passent à merveille. Sans cette affaire de cavale et sans l’emprisonnement de son père, tout serait parfait. Je la regarde dormir si paisiblement, je suis de plus en plus accro à elle, j’ai peur de laisser mon cœur dans cette histoire.

-Hey la marmotte, bien dormi ?

-Oui bien dormi et toi ?

-Je suis en pleine forme ce matin

-Je veux aller me baigner à la rivière

-Mais madame y a pris gout hein

Elle m’enlace et me fait chavirer, cette complicité grandissante entre nous est incroyable, une petite bulle de bonheur, cette dose d’amour là c’est tout ce dont mon cœur avait besoin. Nous restons là l’un dans les bras de l’autres en silence, nos cœurs battent au même rythme.

Nous finissons par sortir de ce lit de fortune et nous dirigeons vers la rivière pour que madame puisse nager en paix, c’est son petit moment de détente alors je me cale dans un coin pour l’observer se mouvoir gracieusement dans l’eau. Je ne la rejoins pas parce que je prends plus de plaisir à la regarder d’ici et aussi parce qu’une légende raconte que les génies des lacs n’aiment pas quand les couples se baignent ensemble, si ils bravent l’interdiction ils finiront par se séparer sans même savoir pourquoi, maman nous racontait toujours des contes lorsque nous venions en week-end ici, notre père ne venait pas toujours, en grandissant j’ai fini par me dire que ces week-ends là ils les passait certainement avec ses amantes.

Après la baignade, nous mangeons, hier pour la première fois elle a fait le repas toute seule sous ma supervision bien sûr, au menu riz et poulet frit, elle s’est bien débrouillée pour une première fois, néanmoins j’ai beaucoup rigolé lorsqu’elle a fondu en larmes quand j’ai égorgé la poule qui traînait là.

-Madame tu ne pleures plus la mort de ton poulet ? Je vois que tu le manges avec gout

-Laisse-moi, répond elle Il faut bien se nourrir

-Tu vois non ? Dans la vie soit tu manges, soit tu te fais manger

-Eh pardon, laisse l’âme de la poule reposer en paix

Je pars dans un fou rire totale, elle a tellement d’empathie que même la disparition de la poule l’affecte, elle ne cessera jamais de m’étonner cette fille-là.

-Quand ta vie n’est pas sans dessus dessous, c’est quoi ta journée type ?

-Je me lève à 6h00 en générale, je médite quelques minutes, je prends ma douche, je me prépare un petit déjeuner express, en général c’est juste un café caramel et un smoothie.

-Un smoothie ? J’ai déjà entendu des gens parler de ça mais qu’est que c’est concrètement ?

-Je prends plusieurs fruits que je passe au robot mixeur et ça me fait comme une purée de fruit

-Mais pourquoi ne pas dire purée de fruit simplement

-Ah les américaines ont appelé ça comme ça et nous les francophones on a aussi suivi la vague

-Bref, désolé de t’avoir coupé reprend

-Après mon petit dej, je m’habille et je pars directement au boulot, je termine ma journée de travail, en général je rentre directement, je n’ai pas vraiment de vie sociale

-Voilà quelque chose que je veux que tu changes, il faut que la planète entière sache que tu es un diamant, arrête d’être dans ta bulle et laisse les autres te découvrir. Bref continue

-Parfois je vais voir Ben mais c’est plus souvent lui qui passe chez moi, certains jours je passe à la boutique de ma petite sœur pour voir si tout va bien et deux fois minimum par semaine je passe voir mes parents. Voilà, franchement il y’a rien d’extra, je pars parfois découvrir des restos avec mes cousines ou mes cousins, quelques fois on va à la pointe Denis mais sinon j’aime bien le confort de ma maison, je suis très casanière

-Si après toute cette aventure, on reste en contact, je vais te faire sortir plus souvent

 

Tania

Sa dernière phrase résonne en boucle dans ma tête « si après toute cette aventure en reste en contact », c’est quoi notre après ? Il y’a-t-il un après ? C’est tellement compliqué de se projeter dans quoi que ce soit avec cette histoire qui nous pend au nez, moi de mon côté je n’ai jamais visualisé le APRES mais je ne sais pas ce qu’il en est pour lui, j’ai envie de le lui demander mais les mots ne sortent pas de ma bouche.

Il récupère les assiettes quand nous finissons de manger et je l’accompagne derrière la cuisine pour qu’il fasse la vaisselle, il a une règle celui qui prépare ne lave pas les assiettes. Il les lave à toute vitesse et en moins de temps qu’il faut pour le dire, c’est terminé. En quête d’une activité nous sortons le Ludo comme chaque jour, c’est un jeu de société que je connaissais de nom mais je n’y avais jamais joué, j’ai toujours préféré le scrabble, ma petite sœur c’était le Monopoly et mon petit frère les jeux d’énigmes.

Malgré plusieurs années de retard il se trouve que je suis assez douée à ce jeu et je prends plaisir à voir Grégory froisser son visage quand un de ses pions se retrouvent captifs dans ma prison, il m’a tellement bien enseigné que j’y ai pris goût et l’élève à dépasser le maître.

Après deux parties serrées, nous décidons de nous arrêter là pour l’instant, chacun de nous a gagné un match donc il vaut mieux rester sur cette note- là. Nos journées ici sont les mêmes mais ne se ressemblent pas, on arrive toujours à trouver que faire pour se distraire, on ne voit même plus le temps passés et c’est agréable. Mes journées ont toujours été très structuré, donc pouvoir juste faire ce dont j’ai envie à l’instant présent c’est totalement nouveau et plaisant.

Dans ce silence, seul le chan de quelques oiseaux apportent une mélodie à nos oreilles, l’atmosphère se charge de vibrations que nous ressentons au plus profond de nous, comme si sans parler nos corps communiquaient. Il ne faut pas grand-chose pour que nous nous retrouvions l’un dans les bras de l’autre, cette chaleur là dans ses bras, ses doux baisers qu’il parsème sur ma peau, une boule de feu que je ressens dans mon bassin, il est urgent que nos corps se rencontrent. Grandi en nous une passion qui dévore nos sens, le besoin se fait pressant, un besoin vital.

Après une farandole de douceur nous nous retrouvons en tenu d’Adam et d’Eve, j’aime ce silence qui suit ce moment-là, ma tête posée sur son torse, ses bras caressant mes cheveux qui au passage ont bien besoin d’un soin.

-Quelle est la première chose que tu feras quand tout ceci sera terminer ?

-Boire une bonne Regab bien glacé, avec mes soyas et le manioc et toi ?

-Après avoir appelé mes proches, je vais prendre un bain, avec une coupe de champagne tout en écoutant l’album mythique de Craig David

-Deux ambiances différentes

-Oui mais chacun reprendra goût à la vie de la manière qui lui correspond le mieux, il est important de faire les choses qui nous font plaisir

-Je suis d’accord avec toi, on n’a pas besoin d’avoir les mêmes goûts, on a juste besoin d’être complémentaires

 

Il parle toujours avec beaucoup de sagesse et je descelle une pointe de nostalgie dans sa voix, lui comme moi ne savons pas comment évoluerons les choses entre nous, je préfère profiter de ces moments à deux. Je lui fais plein de bisous sur le torse, avant qu’il ne m’enlace et nous restons là calmement, je finis par m’endormir.

Gregory

J’aime vraiment la regarder dormir, elle dort comme quelqu’un qui n’a aucun problème dans la vie, je suis totalement sous le charme de cette belle demoiselle. Je ne sais définitivement pas faire semblant, quand j’éconduisais les femmes parce que je n’envisageais pas de relation sérieuse tout allait bien mais maintenant que mon cœur est en cage, que vais-je devenir ???

Le seul semblant de relation que j’ai eu c’est quand j’ai vécu pendant près de 8 mois avec Nanette qui était étudiante à l’époque mais en vrai c’était plus une collocation avec avantage qu’une relation. Elle était dans sa troisième année de licence, sa tante chez qui elle vivait l’a mise à la porte parce que son mari commençait à s’intéresser à elle, nous nous fréquentions à ce moment là et n’ayant pas d’autre solution, je lui ai demandé de venir s’installer. Une fois son année terminée, elle a trouvé un stage rémunéré et a été gardé par la société, j’étais contente pour elle. Le salaire étant conséquent elle a pu trouver un studio et je me rappelle lui avoir dit qu’elle ne me devait rien, on n’allait pas faire perdurer un semblant de relation juste parce qu’elle se sentait redevable. Aujourd’hui elle est en couple et a un petit garçon, nous sommes toujours en contact d’ailleurs, c’est une fille bien.

J’ai toujours pensé que l’amour c’était pour les autres et qu’un homme comme moi devrait se concentrer sur son travail, afin de sortir du mapane mais hélais après plus de 10ans d’une pseudo indépendance financièrement et je suis toujours là au quartier. Je me suis résigné à rester là, ça me servirait à quoi de déménager pour aller en location quelque part, non moi je rêve d’une maison modeste, construite dans un quartier où il fait bon vivre, une maison où je pourrais accueillir mes neveux et nièces lorsque j’en aurais, une maison chaleureuse où régnerait l’amour

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