Partie 19
Write by Fleur de l'ogouée
Moussavou Marc
Ce matin je me dirige à la
clinique pour raccompagner Marimar chez elle, il faut bien que ce congé forcé
serve à quelque chose. Peu importe ce qui se passera entre nous, je suis et resterai
le père de cet enfant, j’ai compris mes erreurs désormais mon fils sera ma
priorité. L’ambiance est électrique, on ne se parle pas, en même temps qu’est-ce
que je peux bien dire, elle a eu raison de réagir comme elle l’a fait, en d’autre
temps j’aurais essayé de l’apaiser et d’arranger la situation mais je suis
épuisé mentalement, je n’ai pas la force de sortir de belles paroles. Arrivé
devant le portail avant qu’elle descende, je décide quand même de dire quelque
chose
-Ecoute Marimar, ça a été
compliqué entre toi et moi dès le début, je suis le seul responsable de tout ça
mais en dépit de nos problèmes personnels, nous restons les parents de cet
enfant, j’ai compris ce que tu m’as dit, je jouerais mieux mon rôle et t’apporterais
le soutient dont tu as besoin
-Ok
Elle descend et s’en va, l’ambiance
est vraiment glaciale. Je rentre chez moi tranquillement, passer l’après-midi seul
devant un match de foot et une bonne bière glacée me fera du bien. Assis
tranquillement dans mon salon quelqu’un sonne, je n’attendais personne donc je suis surpris. J’espère
voir Nina franchir ce portail, pendant une petite seconde une lueur d’espoir
naît, peut-être qu'elle m’a enfin pardonné. Je me dirige anxieusement ouvrir et je
tombe sur Gémina qui pleure à chaude larme, je la prends dans mes bras et la
fais entrer. Aucun grand frère n’aimerait voir sa petite sœur pleurer ainsi, j’essaye
de savoir ce qui se passe mais aucune réponse de sa part, elle pleure
simplement. Toujours en larmes elle finit par s’en dormir dans le canapé, j’attends
patiemment qu’elle se réveille pour m’expliquer ce qui se passe. En attendant
je mets des draps sur le lit de la chambre des invités, dans son état, je ne pense
pas qu’elle va rentrer chez elle. Dans la cuisine pendant que je me débats avec
ce poulet, j’entends quelqu’un qui arrive en reniflant, elle a recommencé à
pleurer
-Mina qu’est-ce qu’il y a ?
tu ne vas pas pleurer toute la journée, parle-moi
-Il m’a quitté Marc, il a
rompu et a annulé les fiançailles, qu’est-ce que je vais devenir ? Il m’a
annoncé ça tellement froidement, un an et demi de relation pourquoi au final
-Calme toi Mina, aucun homme
ne mérite tes larmes, tu es belle jeune femme de 24 ans, tu as la vie devant
toi, d’abord il ne te méritait pas. Tu es belle, éduquée, pudique, intelligente, responsable,
propre, ce ne sont pas les hommes bien qu’il manque
-Mais je l’aime
Je ne sais pas quoi dire,
quand un briseur de cœur professionnel comme moi est en face de sa sœur qui a
le cœur brisé, qu’est-ce qu’il peut bien dire ? Maintenant que c’est à ma sœur
que ça arrive, j’ai envie de tout casser, d’ailleurs ce petit imbécile, il va
me sentir passer, personne ne fait pleurer ma sœur. Je ne suis pas un homme de cœur,
j’ai mes travers oui et alors ? Quand on touche à ma sœur je riposte.
Elle finit enfin par se calmer,
je finis de préparer ce poulet aux légumes, agrémenté d’un bon riz rouge, nous
passons à table et mangeons silencieusement. Je suis confus, il m’a fallu voir
les larmes de ma sœur pour me rendre compte de ce que j’ai fait à Marimar, elle
ne méritait pas ça, je me suis conduit comme un connard et j’ai prit sa vie en otage,
j’ai vraiment mal agi, il faut que je me rattrape. Si notre relation ne tient
pas le coup ce n’est pas bien grave mais cet enfant j’y tiens, ça fait quelques
années que je pense à fonder une famille, idéalement le projet était avec Nina
dans le rôle de maman, mais la vie réserve souvent de vilaine surprise.
Une fois que je me retrouve
dans ma chambre, ma conscience me dérange et m’empêche de dormir, 10 ans à mettre
Nina sur un piédestal devant la face du monde mais à la tromper dès la moindre
occasion, 10 ans à ruminer ce complexe d’infériorité, nous avions tout pour
être heureux, c’est une femme qui sait aimer, qui m’a toujours encourager, la
femme d’intérieur parfaite mais en même temps j’ai toujours eu le sentiment qu’il
me manquait quelque chose que j’ai eu l’impression de retrouver chez Marimar.
En vrai je me rends compte que c’était juste dans ma tête, on dirait que le
bonheur me fait peur. J’ai traité Mari comme une chose qui m’appartient, en la
mettant enceinte et en assumant pas vraiment ce rôle, et même malgré tout cela
elle ne m’a pas repoussé, j’avais la possibilité de me mettre avec elle et de
fonder une vraie famille, mais je pense qu’on a atteint la porte du non-retour.
Au final quelle vie misérable, passer d’échec amoureux en échec amoureux comme
un adolescent.
Je me suis réveillé très tard moi qui suis matinal d'habitude, de toute façon je n’ai absolument rien à faire pendant ce congé. Je n'ai aucun dossier à traiter, le patron veut que je me refasse une santé mentale et que j'y retourne sur-motivé. Je prends ma douche avant de retrouver Mina, elle s'affaire dans la cuisine
-Oh yaya je pensais que tu
étais au boulot ?
-Je suis en congé
-Toi en congé, je n’y crois
pas !
-Je ne suis pas au top en ce
moment avec tous les drames, d’ailleurs est-ce que tu savais pour le déménagement
de Nina ?
-Oui, elle me l’a dit depuis. Le
RDV pro qu’elle avait eu le jour où en était chez elle, s’est tellement
bien placé qu’ils ont décidé de travailler ensemble et de faire une fusion
là-bas
-Et elle va mettre du temps là-bas ?
-Un an au minimum, ce n’est
que quand les choses seront bien ficelées qu’elle pourra faire les aller-retours
-Mais pourquoi tu ne m’as rien
dit ? Tu agis comme si c’est elle ta sœur
-Je vous aimes tous les deux,
tu es certes mon frère de sang mais Nina compte beaucoup pour moi, elle était
malheureuse dans cette relation, elle dépérissait sous tes yeux mais tu ne le
voyais pas, aujourd’hui elle est rayonnante, heureuse et épanouie, si tu l’aimes
vraiment tu devrais te réjouir pour elle
-Je suis content pour elle,
mais je souffre, elle me manque térriblement. Je me suis précipité pour acheter
une bague comme un idiot
- Pour la bague revend là
simplement, on ne peut pas tout avoir yaya, regarde-moi, répudié à quelques
mois de sa cérémonie de fiançailles
-Il t’as donné une raison au
moins ce connard ?
-Il dit ne plus être convaincu
que je sois le choix de Dieu pour lui, en plus il a informé sa famille et le
pasteur de l’annulation avant même de me le dire à moi, ça fait mal
-Tu auras mieux, crois-moi les
femmes comme toi ne courent pas les rues de Libreville, pose le cœur
-En vrai ça s’est produit hier
seulement mais j’ai l’impression que c’était il y a deux semaines, je me sens
apaisé aujourd’hui. Ce matin j’ai prié pendant des heures, j’ai pleuré toutes
les larmes qu’il me restait, maintenant je vais avancer, Dieu a un plan pour
moi je le sais
-Amen, sœur Gémina
-Quitte là, tu devrais penser à
venir à l’église, d’ailleurs dimanche il y a une petite fête après le culte
vient si tu veux
-Si je ne sors pas samedi soir
je viendrai
-YOUPI
Les églises ce n’est pas mon
truc, mais pour elle j’irai quand même, ça fait des années qu’elle veut me
convertir, ça n’arrivera jamais ma seule religion c’est celle de Nzambé Nkana
le Dieu de mes ancêtres, le reste je ne suis pas dedans. Nous passons la
journée ensemble à nous remémorer notre enfance, on a même appelé Giselle qui n’a
pas répondu comme d’habitude.
Koumba Marimar
Je m’étais promis de ne plus
pleurer mais revenir dans cet appartement me brise le cœur. Quatre mois que je
vis ici et j’ai déjà tellement de souvenir contradictoire de la joie en passant
du temps avec Marc à jouer à la famille modèle ou la tristesse en l’attendant
despérement, en me rappelant que je n’étais que sa maîtresse, ses nuits à pleurer
parce que j’en avais marre d’être reléguer au deuxième plan. Une fois mes yeux dépourvus
de l’entièreté des larmes de mon corps, je me dirige vers la salle de bain, une
bonne douche chaude me fera du bien. Ensuite je m’assois pour déjeuner, au
frigo il y avait des restes de nourriture que j’ai réchauffé, manger aussi me
fera du bien, je vais passer ma soirée toute seule de toute façon je suis
habitué à la solitude. Assise devant un film à l’eau de rose, mon téléphonne
sonne et c’est Cynthia
-Tu es sorti de la clinique
madame
-Oui Marc m’a déposé
-Ce minable là, si j’étais un
homme je l’aurais déjà bien bastonné
-Il traverse une période difficile
-Et tu le défends en plus ?
-Non, mais en vrai lui et moi
vivant la même chose, je le comprends mais je ne l’excuse pas c’est un salop.
Le problème c’est que ce serait hypocrite de remettre toute la faute sur lui, moi-même
j’ai foncé tête baissée
-D’ailleurs en parlant de ça,
j’ai manqué de sagesse, en tant qu’aîné je n’aurais pas dû t’encourager dans cette
voie
-Cy ce n’est pas de ta faute
ce qui est fait est fait. Vous revenez quand même ?
-Demain matin, convocation du
bateau à 5h30 carrément, d’abord même à l’aller j’ai bien vomi
-Ah mais tu as voulu le porgentillais
non, assume oh
Rigoler avec elle ça me fait
beaucoup de bien, j’ai besoin de chaleur, si mon village n’était pas dans un
coin paumé je serais rentré passé un peu de temps en famille, ici je me sens si
seule, j’ai quelques cousines qui vivent ici mais elles m’évitent toutes, j’ai
arrêter de forcer, à chaque fois qu’on devait se voir, elles annulaient au dernier
moment ou éteignaient leurs téléphones, bref je ne les considère même pas sur les
personnes sur qui je peux compter, il n’y a que Cynthia qui est là pour moi, je
pense que c’est en partie la raison pour laquelle je m’accrochais à Marc, il me
montrait de l’intérêt et j’avais l’impression de pouvoir compter sur lui.
J’ai passée la journée d’hier
dans l’ennuie, je voulais aller au travail mais Raoul m’a donné trois jours de
repos, ce n’est que demain que je pourrais aller, voir des têtes différentes me
procure du plaisir, échanger avec mes collègues, rigolé avec ma voisine de
poste, ce travail m’épanoui vraiment dommage qu’il n’en soit pas de même pour ma
vie, privé. Une autre journée ennuyeuse s’annonce, j’ai cuisiné, fait le ménage
et le repassage, malgré toutes ses tâches effectuées il n’est que 13 h à croire
que le temps ne passe pas. A 15 h je décide donc d’aller au marché de Nkembo
qui n’est pas si loin, le bruit du marché va m’aider à me détendre. Enflammez
par les vendeurs j’achète plein de choses, de jolies chemises et pantalons pour
avoir un meilleur style, j’ai aussi trouvé des chaussures vraiment moins chers,
c’est toute heureuse que je rentre, je mets aussitôt les vêtements à
trompés, je ne porte jamais les habits du marché sans les lavés. En allant me
changer dans la chambre, je vois trois appels en absence et un message
« Bonsoir Marimar, j’espère
que tu vas mieux, je t’appelais parce que je voulais passer te faire un coucou
et savoir si tu allais mieux »