Partie 19 : dépité
Write by labigsaphir
- Bien reposée ?
- Oui, merci et toi ?
- Je pète la forme, ma chère.
- Ça fait plaisir de le savoir.
- Après St-Yrieix-la-Perche, la Creuse et maintenant, Limoges, je me réjouis car mon séjour est parfait.
- Tant mieux. Je me suis découverte des capacités de guide touristique avec toi.
- Si je te fatigue, fais-le-moi savoir. J'ai tendance à me laisser aller lorsque je me sen sà l'aise.
- Ça va, ne t'inquiète donc pas.
- J'ai lu les documents relatifs à la collaboration avec Les MCDermott, j'aimerais que nous reparlions de certains points.
- Huhum.
- J'ai donc demandé au directeur de projets s'il était possible que nous en parlions en visio-conférence.
- Très bonne idée.
- Il m'a dit qu'il chercherait et trouverait un chrono afin que nous puissions en parler tous les quatre.
- Tous les quatre ?
- Toi, moi, Le directeur des projets et tonton Jamice.
- Ah, ok, c'est plus clair. Pourquoi pas ? J'aime bien les idées que tu apportes, c'est neuf et vraiment frais.
- Merci. Tu sais, je fais de mon mieux ; il arrête de manger et me regarde dans les yeux ; c'est si profond que je détourne le regard.
- Excuse-moi si je te mets mal à l'aise.
- Non, c'est moi.
BRRR...BRRRR....BRRRR..BRRR...
- C'est le directeur de projets, expliquai-je en lisant le message, la visioconférence aura lieu ce jour à 18h.
- C'est bien et c'est ce que j'apprécie particulièrement chez Stern, vous avez des emplois de temps flexibles.
- Il le faut, sachant que nous ne résidons pas dans le même pays, ne sommes pas traversés par les même fuseaux horaires, il faudrait être prêt à faire certaines sacrifices pour la bonne marche de l'entreprise.
- Malheureusement, c'est ainsi que le travail devient notre première femme. Elle est si jalouse, rigoureuse, dominatrice, ne laissant la possibilité à aucune autre de profondément prendre racine.
- Je le comprends parfaitement. Depuis que je suis chez Stern, je voyage beaucoup et trouve difficilement le temps de me consacrer à mes amis ou mes loisirs après mes études.
- C'est terrible, ma chère. Ma dernière relation sérieuse date d'il y a deux années.
- Oh ! Aussi loin ?
- Mais oui. J'étais vraiment amoureux d'elle mais elle m'a quitté.
- Pourquoi, si ce n'est indiscret.
- Bien que vivant dans la même ville, nous avions du mal à nous voir. Nous pensions qu'en habitant dans la même maison, nous aurions plus de temps et serions obligés de trouver et emménager des plages horaires pour nous et rien que pour nous.
- Tel ne fut pas le cas, dis-je en mordant dans le pain.
- Tu as tout compris. Vivant sous le même toit, nous n'avons fait que nous croiser. Quand elle entrait, je sortais. Nous avons décidé de faire une pause afin de discuter et faire des priorités mais le travail fut plus fort. Elle commença à se plaindre, me donna des ultimatums. A chaque fois que je me disais que j'aurais le temps et la comblais de cadeaux et argent, afin de pallier à mon absence.
- Ce qui est une grave erreur.
- Oui, Jen, ce fut une grave erreur. Au bout d'un moment, même les cadeaux ne suffirent plus. Elle voulait et réclamait de l'attention et mon affection, mais je n'avais pas assez de temps. Tous les matins, je promettais rentrer tôt pour elle, jusqu'au jour je rentrai et trouvais ma maison vide.
- Désolé, Allan.
- Non, non, ça va. Aujourd'hui, je peux en parler sans craquer, ce qui ne fut pas toujours le cas. Cette fille, je l'aimais vraiment.
- Peut-être as-tu encore des sentiments pour elle.
- Non, c'est du passé. C'est une autre femme qui hante mon cœur et mon esprit, elle a pris possession de mon âme ; il le dit, le regard brûlant. Je baisse les yeux et fais mine de me concentrer sur mon assiette.
- Je vois, murmurai-je.
- Aujourd'hui, je souhaite me poser, fonder ma petite-famille et surveiller mes affaires.
- C'est un bon plan d'avenir, je trouve.
- Et toi ?
- Travailler, travailler et travailler.
- Que fais-tu de l'amour ?
- Cela ne fait pas partie de mes priorités, Allan. J'ai même envie de dire que j'y ai renoncé.
- Non, il ne faut surtout pas.
- Et pourquoi pas ? J'ai certes 22 ans mais crois en avoie assez vu pour toute une vie. J'en ai plus que marre. A chaque fois que j'accorde ma confiance, je suis déçue. Les hommes, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.
- Pourquoi condamner la majorité pour les faits d'une minorité ? Je trouve que c'est injuste, Jeneya. Moi par exemple, que t'ai-je fait ?
- Rien mais tes confrères, oui.
- Ce n'est pas juste mais alors pas du tout ; la mine qu'il arbore, me fait éclater de rire.
- Ha ha ha ha, fais-je en toussotant.
- Eh miss, doucement. Ai-je une tête de clown ?
- Non, mais tu es drôle.
- L'on a souvent l'habitude de dire que si tu arrives à faire rire une femme, u toucheras facilement son cœur.
- Allan, tu dois être quelqu'un de bien mais...
- Je sais, je n'ai pas oublié.
- Ok.
- C'est quoi, ton type d'hommes ?
- Beau sans pour autant être un éphèbe, un brin musclé ; il regarde tour à tour ses bras, je suis hilare. Svelte, la tête pleine, qu'il puisse me protéger et me faire rire.
- Ça peut être moi, ça...avec les muscles en moins, grimace-t-il.
- Mais non, tu es bien proportionné, rassure-toi. Seulement,
- Seulement,
- J'ai toujours eu un faible pour les blacks.
- Oh !
- Ça c'était avant,
- Je ne comprends pas.
- Ça c'était avant, parce que j'ai décidé d'aller dans la direction opposée.
- C'est bon pour moi, je crois.
- Je ne crois pas, Allan.
- Je sais, c'est encore trop tôt.
- Et si tu me parlais de ta famille ?
- Ah oui...
Nous discutons à bâton rompus durant une heure de temps je suis morte de rire et pliée à chaque fois qu'il raconte ne anecdote ayant trait à sa famille. Je vous assure, Allan est tellement drôle que je pourrais faire sur moi, il s'exprime avec emphase, tant et si bien que j'ai l'impression de vivre chaque scène au ralenti.
- Ha ha ha ha ha, je n'n peux plus. L'on devrait condamner des personnes comme toi, je t'assure.
- Mais pourquoi ?
- C'est un crime de faire rire autant. Si nous continuons, je finirai par m'étouffer.
- Ha ha ha ha, j'ai toujours été le bout en train de la famille.
- Je l'avais compris, et tu n'as pas changé.
- Je me suis plutôt amélioré, c'est vrai.
- Dis-moi, avant que nous ne nous déplacions pour la zone Nord, je devrais m'absenter.
- Pour où ?
- Pardon ?
- Excuse-moi, ça m'a échappé. Tu n'es pas ma chérie que je m'y crois déjà.
- Allan !
- Je te taquinais.
- J'aimerais m'acheter deux à trois trucs, en ville.
- Voudrais-tu que je t'accompagne.
- N'es-tu pas fatigué ?
- Non, au contraire.
- Je vais donc me repoudrer et je descends.
- Ok, je t'attends ici.
PENDANT CE TEMPS...
[ BIYO'O ]
- Louhan ! Louhann !
Elle ne répond pas, c'est bizarre. Je vais toquer à la salle de bain, et tends l'oreille, espérant avoir une réponse.
- Louhann, c'est prêt !
Elle ne répond toujours pas, je toque une fois de plus puis me mets à tambouriner sur la porte. Commençant à m'inquiéter, je défonce la porte, elle est dans la baignoire et il règne une chaleur étouffante dans la salle de bain, pleine de vapeur ; l'on se croirait dans un sauna.
- Louhann ! Louhann !
Je me précipite vers elle, la sors de l'eau et la salle de bain, vais délicatement la déposer sur le lit. Je cours récupérer une serviette dans la penderie, dans le couloir et l'enroule autour de sa taille. Il faudrait que j'appelle les pompiers. Je me précipite vers le téléphone fixé, sur la table de chevet lorsqu'elle se met à toussoter en bougeant la tête de gauche à droite.
- Louhan !
- Oui, Elric, répond-elle faiblement.
- Tu as perdu connaissance dans la salle de bain. J'ai dû enfoncer la porte pour te faire sortir.
- Ah ok, fait-elle en ouvrant les yeux et regardant dans tous les sens.
- Ça va ?
- Oui, je vais mieux.
- Je vais quand même t'emmener à l'hôpital, annonçai-je.
- Oh non, ne t'inquiète pas, ça ira.
- Non, non, on ne sait jamais peut-etre que le bébé a eu quelque chose.
- Le médecin m'a dit la dernière fois que cela passerait.
- T'évanouir serait donc habituel ?
- Tu sais, la grossesse est différente selon les femmes. Ton enfant me menace, je n'arrive plus à prendre du lait chaud ou froid et ne supporte plus l'odeur du café. C'est comme cela, ça va passer.
- Tu pouvais te noyer dans le bain.
- Je reconnais avoir rempli la baignoire d'eau, j'avais besoin de me détendre. L'eau était surement très chaude.
- Il ne faudrait plus faire cela, ce n'est prudent ni pour toi ni pour le bébé.
- Ok.
- Ça va ?
- Oui, merci. J'aimerai juste m'habiller et rentrer chez moi.
- Non, reste-là.
- Elric, je suis arrivée chez toi, hier soir, te remettre certains papiers et comme j'étais fatiguée, tu m'as laissée dormir. Je ne vais pas t'envahir, non plus. Passe-moi mes vêtements, je m'habille et rentre chez moi.
- Tu es la mère de mon enfant, Lou, reste-là.
- J'ai faim.
- J'ai fait une omelette.
- Non, surtout pas d'œufs.
- Que veux-tu
- Des fraises et de la crème fouettée.
- Ok, je vais en chercher au supermarché.
- Cela ne te dérange pas ?
- Non, non. Reste couchée, je reviens.
- Merci Elric.
- De rien.
Je vais chercher ses vêtements, les pose sur la table de chevet et referme doucement la porte. J'enfile ma veste et comme toujours, consulte mes mails espérant que Jen m'ait répondu mais rien. Je consulte la liste d'appels et messages, aucun signe d'elle ; mon cœur se serre mais il faut bien avancer. Je sors de l'immeuble, récupère ma voiture, direction le supermarché. En cours de route, je mets le automatiquement le son que Jen et moi, avions l'habitude d'écouter dans la voiture, alors que nous allions nous balader. Je lui avais traduit cette chanson et elle l'avait aimé de suite. Quelques fois en faisant l'amour, je la passais en fond sonore, elle nous grisait tous les deux.
J'écoute la voix ensorcelante de Val Chammar et me laisse porter, emporter par les souvenirs. Je nous revois tous les deux sur les berges de la Vienne, dans sa chambre ou la mienne, dans des chambres d'hôtel lors de nos balades en amoureux. Mes eux s'humidifient instantanément, je serre le cœur, me promettant de la reconquérir. Je lui envoie des mails tous les jours, ai fini par prendre une puce et lui encore des sms, matin, midi et soirs, oscillant entre espoir et désespoir.
Je gare dans le parking et rentre dans le centre commercial. Au lieu de me diriger vers le rayon des fruits et légumes, je fais un arrêt dans celui des farines, sucre, j'ai envie de manger des crêpe-suzettes (recette donnée par Jen). J'y suis lorsqu'un rire fuse, je crois le reconnaître mais me penche afin de choisir la farine, lorsque j'entends.
- Ha ha ha ha ha Allan.
- Pourquoi non, Jeneya ?
- Nous avons pris un solide petit-déjeuner, je ne peux en avaler plus.
- Je tiens à te faire découvrir une spécialité sud-africaine.
- Mais où vas-tu cuisiner ?
- Flute ! je n'y ai vraiment pas pensé.
- Ah ouais !
- Ne cache pas ton sourire parce que je vais me rattraper.
- J'en doute.
- Non, demoiselle, retenez que j'ai toujours une carte dans mon jeu.
- Mmmmmm J'en doute.
- Alors, roulements de tambours.
- Alleuuuuuuuuuuu.
- Je t'invite en Afrique du Sud. Bien que je vivant à Londres, je reste un inconditionnel de Pretoria.
- Je ne sais pas si je pourrai, je n'en suis pas certaine.
- Pourtant il le faudra parce que tu seras la future madame Graham.
- Que tu crois, Allan.
- Si si si je t'ai dit que je serais patient.
- Bon et si nous allions dans l'autre rayon ?
- De quoi as-tu besoin ?
- Miel et sucre, pour gommer et hydrater mes lèvres.
- Je préfère ne pas commenter.
- C'est mieux, je crois.
Avant que je n'ai pu esquisser un geste, Jeneya et un grand blond, rentrent dans mon champ de vision. Jeneya rit aux éclats et le tient par le coude, je sens un nœud se former dans mon ventre et une boule dans ma gorge. Mes mains deviennent moites, je me redresse et mon regard croise celui de Jeneya qui marque un temps d'arrêt.
- Bonjour Jen, dis-je en souriant.
- Bonjour Elric.
- Comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
- Ça peut aller ; mon regard passe d'elle à l'autre connard qui sourit de ses 32 dents. Attends que je t'attrape, salopard.
- Allan, je te présente Elric, une connaissance et Elric, Allan.
- Son chéri, complète-t-il en me tendant la main ; je lui serre la pince malgré moi. Je suis son ami, son ami !
- Enchanté et bonne journée, fais-je en prenant mon paquet de sucre.
- Bonne journée.
« Mais qu'a-t-il ? », ai-je le temps d'entendre. J'ai envie de tout casser sur mon passage. Son ami, je suis son ami ! Minceeee ! cela fait à peine deux semaines que nous nous sommes séparés que déjà, elle se pavane aux bras d'un autre. Mais qu'a-t-elle à changer de mecs comme des chemises ? Et puis l'autre n'est pas son style de mecs, je craque pour les blacks, m'avait-elle dit. Pfffff ! Elle m'énerve ! Et moi qui lui envoie des sms, matin, midi et soir. Elle joue à la Sainte-Nitouche et pourtant, elle passe de lit en lit, celle-là. Quelle garce !
De rage, je vais dans le rayon fruits et légumes, récupérer une barquette de fraise et juste à côté, une bombe de crème fouettée. Je me hâte vers la caisse et comble de malchance, L'autre et sa longue perche, sont à la caisse voisine en train de rigoler tels des écoliers dans une cour de récréation. Un peu de tenue, bon sang ! Je respire lorsque mon tour arrive, paie et vais au parking en respirant bruyamment.
- Ça va mieux ? M'enquis-je en rentrant dans le séjour où se trouve Louhann.
- Oui, merci. Tu as quand même mis long, Elric.
- Tu iras toi-même t'acheter des fraises, la prochaine fois !
- Mais pourquoi es-tu aussi désagréable ?
- Louhann, tu m'emmerdes !
- Oh !
- Quoi ? Contente-toi de prendre les fraises et la crème fouettée !
- Ok, c'est bon !
Elle se lève, fait tomber les coussins du canapé, m'arrache les fraises et la crème fouettée des mains, et sort de l'appartement en faisant claquer la porte.
- Si tu peux ne plus revenir, murmurai-je.
J'ai besoin de canaliser mon énergie, envie d'envoyer un message méchant à Jen mais me retiens. Je préfère enfiler ma tenue de sport et aller me dépenser au gymnase.
- Jeneya Croft, sors de ma tête !