Partie 26
Write by Ornelia de SOUZA
Au vice de l'alcool, j'avais aussi ajouté celui de la cigarette. Je fumais depuis quelques jours dès que l'occasion se présentait. La plupart du temps, c'était après le sexe. Du sexe aussi j'en abusais. C'était devenu un défouloir pour moi. Le sexe avec mon soleil Amélie m'empêchait de faire beaucoup de conneries. J'avais très souvent envie de voir Mélaine et d'ôter toues mes frustrations sur elle mais Amélie me calmait. Oui, je m'étais déjà laissé allé à mes pulsions plusieurs fois mais j'en dispensait les oreilles d'Amélie car je savais qu'elle serait déçu de savoir que je faisais subir à une autre femme pire que ce que je lui avais fait subir.
-A quoi tu penses? murmura la douce voix d'Amélie vu
-A rien! répondis-je en tentant d'éteindre ma cigarette
-Je t'ai vu tu sais? Ce n'est pas la peine de l'éteindre. Et je te vois fumer à chaque fois qu'on couche ensemble. Tu le fais parce que je ne suis pas Inès? Celle avec qui tu aurais préféré partager ces moments?
-Ne dis pas ça! lui ordonnai-je. Tu sais très bien que je n'ai jamais pensé à ça. Tu sais très bien que je chéris chaque moment que je passe avec toi.
-Si c'est vrai, pourquoi tu n'oublies pas Inès maintenant que je suis prête à être de nouveau avec toi? Divorce de Mélaine et épouse moi!
-Non! dis-je brusquement avant de me rendre compte de ma promptitude
Amélie n'attendit pas que je me rattrape. Elle fit demi-tour et entra dans la maison, moi à ses trousses. Elle était trop importante pour moi pour que je la laisse avec ce malentendu qui n'en était vraiment pas un. Amélie était importante pour moi mais pas assez pour que j'en fasse mon épouse. Je ne l'aimais pas comme j'aimais Inès et je ne la haïssais pas comme j'haïssais Mélaine.
-Ce n'est pas ce que tu penses! dis-je en saisissant sa main
-Ah oui? Et qu'est-ce que je pense? Ce n'es pas vrai que tu couches avec moi pour te défouler et parce que tu n'as pas trouvé mieux...
-...
-Tu vois que tu n'as pas de réponses? reprit-elle. Mais ne t'inquiète pas. La rage avec laquelle tu tiens ma hanche à chaque fois a déjà répondu pour toi.
-Tu sais bien que je ne couche pas avec toi par dépit. Nous avons toujours couché ensemble alors...
-Alors quoi? m'interrompit-elle. Tu voulais bien arrêter lorsque tu pensais que Mélaine méritait que tu fasses des efforts pour elle.
-Elle a menti...
-Et il est là le problème! cria t-elle. Si elle n'avait pas menti, tu ne serais pas avec moi maintenant. Carin, j'ai besoin de structure dans ma vie. Je ne veux plus coucher pour coucher.
-On s'entend bien alors ne complique pas les choses; lui répondis-je sèchement.
-Je ne complique rien du tout! Je ne vais pas t'obliger à avoir autant de sentiments pour moi que moi j'en ai pour toi mais notre relation doit tout au moins servir à quelque chose. Tu dois te soigner.
-NON! hurlai-je à mon tour. Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus entendre parler de ça. Je ne suis pas malade.
-Mais tu as un problème; persista t-elle
-Tais-toi! rugis-je en la saisissant par le cou
Malgré le fait que je la maintenais fermement et que je l'empêchais de respirer, elle me gratifia d'une bonne claque me rappelant pas la même occasion en présence de qui j'étais. Amélie n'était ni Inès, ni Mélaine. Elle n'accepterait jamais mes écarts alors je la lâchai immédiatement. Elle se laissa tomber par terre prise d'une quinte de toux. Je lui touchai l'épaule pour l'aider mais elle ne voulut pas. Une nouvelle tentative et elle me repoussa à nouveau.
-Ne me touche pas! réussit-elle à dire. Tu as recommencé. Tu voulais me tuer.
-Non, excuse moi! J'ai perdu le contrôle!
-Tu aurais pu me tuer en perdant juste le contrôle. Éloigne toi maintenant!
Je m'exécutai en levant mes deux mains. Elle devait savoir que j'étais absolument inoffensif et que jamais je ne lui ferais du mal. Oui, certains sujets m'énervait et je me trouvais dans l'incapacité de me contrôler mais là il s'agissait d'Amélie. Je ne voulais en aucun cas lui donner raison.
-Tu vois comme j'ai raison? me lança t-elle un peu comme si elle lisait dans mes pensées.
-Non; protestai-je. Non! Tu n'as pas raison. C'est un accident!
-Tu m'as étranglé Carin... Ce n'est pas un accident.
Je voulus argumenter et me défendre vu qu'elle m'en donnait l'occasion mais la sonnette de mon portail m'en empêcha. Merde! Qui cela pouvait bien être?
-Amélie! dis-je en ignorant le gong de la sonnette une seconde fois.
-Va ouvrir! me stoppa t-elle. Va ouvrir! Moi, je rentre chez moi.
Elle se retira dans la chambre sur ces mots me laissant le soin d'ouvrir le portail. Je ne voulais pas qu'elle parte ainsi sans que l'on ne s'explique. Sur un malentendu... Je connaissais Amélie. Elle était capable de ne plus jamais me revoir à cause de cette erreur or moi j'avais besoin d'elle pour me contrôler. Elle était la seule qui en était capable. J'étais conscient de l'utiliser alors qu'elle, elle m'aimait d'un amour sincère mais je n'avais pas le choix. Lorsqu'elle était près de moi, ces voix fuyaient.
-Qu'est-ce que tu fous ici? hurlai-je presque à ma sœur aînée que je venais de découvrir devant mon portail
-Bonjour tout au moins; dit-elle en entrant dans la maison. Je sonne depuis un moment déjà alors pourquoi tu ne m'as pas vite ouvert?
-J'étais occupé; dis-je le plus désagréablement possible pour qu'elle sorte de chez moi.Qu'est-ce que tu veux?
-J'ai quelque chose d'important à te dire donc allons à l'intérieur.
-Tu peux bien me parler ici... dis-je alors que ma sœur m'ignorait et continuait sa route vers ma salle de séjour.
Je la suivis contre mon gré alors que j'aurais bien préféré qu'elle reste au dehors. Elle n'avait rien de bon à me dire et je le savais déjà à l'avance. Tout ce qu'Ashley savait faire était de gâcher ma vie et c'était reparti pour un tour. Elle avait été la principale investigatrice de ces histoires avec Mélaine. Elle avait joué l'un des rôles principales en m'obligeant à épouser cette vipère et aujourd'hui elle s'était rangé de mon côté uniquement parce que ses intérêts étaient aussi en jeux.
-Quand comptes-tu reprendre le boulot? questionna t-elle en s'installant dans l'un de mes canapés
-Ce ne sont pas tes affaires; lui répondis-je sèchement. Viens en au fait! Dis moi ce que tu me veux.
-Je dis ça pour ton bien Carin parce que tu dilapides l'héritage familiale dans l'alcool et autres vices; dit-elle en reluquant le paquet de cigarette que j'avais posé plus tôt sur la table.
J'avais presqu'envie d'éclater de rire mais je me retins. Ashley n'était clairement pas bien placé pour me parler d'utilisation abusive de notre héritage et je comptais bien le lui faire comprendre.
-Ah oui? Tu penses que tu es bien placé pour me parler de ça? Toi qui n'as jamais pensé à embrasser une carrière? Toi dont la seule réussite est un mariage qui va bientôt se solver par un divorce? Toi qui est nourrit, logé et blanchit par l'héritage familiale? Toi dont la seule occupation est de faire les boutiques encore et encore?Pitié ma chère, ne va même pas sur ce terrain. Au moins tu t'es finalement décidé à t'installer à la maison. C'est une charge en moins et je ne sais pas si c'est à cause de cet minuscule effort que tu penses être en droit de me juger mais si c'est le cas, je t'informe que je vis dans la maison que je me suis payé grâce à mes propres revenues donc même sur ce terrain, je te bats à plate couture.
Elle ne semblait pas s'être préparé à une telle riposte. Elle ne savait que dire et cela se lisait sur son visage. Par le passé, elle avait la capacité de me faire me sentir mal mais le passé était le passé. J'avais compris il y a peu et grâce à Amélie qu'elle n'avait nullement le droit de me rabaisser ou de me faire culpabiliser sur tel ou tel sujet.
-On peut en venir au fait? dis-je une fois de plus espérant qu'Ashley ne parle enfin mais Amélie choisit malheureusement ce moment là pour entrer dans la pièce.
Elle tenait son sac à main et je compris qu'elle était sur le point de partir. Je ne pouvais pas régler notre différend en présence d'Ashley. Il fallait que je me débrouille pour qu'elle reste et c'était sans compter sur Ashley.
-Tiens tiens l'albinos! s'exclama Ashley qui n'avait jamais accepté Amélie
-Mon prénom, c'est Amélie! répondit celle-ci sur la défensive.
Elle était habitué aux affronts d'Ashley et elle avait appris à se défendre sur le tas. Il fallait être très fort psychologiquement pour tenir tête à Ashley et à toutes les horreurs qui sortaient de sa bouche et Amélie l'était.
-Ca fait un bail petite; reprit Ashley. Donc vous continuez à coucher ensemble? On n'est pas sorti de l'auberge. Il est marié à une traînée et il couche avec une albinos. C'est bien triste.
-C'est tout? lui demanda Amélie. Je pense que ton niveau de méchanceté a baissé depuis le temps. Tu dois manquer d'entrainement.
-Tu n'as pas changé en tout cas. Tu es toujours aussi malpolie.
-Et toi, tu es la même aigrie sauf que maintenant le divorce te pend au nez. Ton unique diplôme t'échappe à ce que je constate. Ce n'est pas pour autant qu'il faut pourrir la vie des autres.
1 à 0. Je ne pus m'empêcher de sourire. Amélie avait taper là où ça faisait le plus mal à Ashley et son visage qui était dans un état de décomposition avancée en témoignait.
-Sors de cette maison maintenant! grogna ma soeur
-Un instant; intervins-je. Tu n'as aucun droit de jeter quelqu'un hors de ma maison.
-Je suis ta soeur et j'ai le droit à tout en ce qui concerne ta vie.
-C'est ça ton problme; lui lança Amélie. Que ce soit ton frère ou n'importe qui, tu penses avoir le droit d'interférer et de décider pour les gens. Et le pire, c'est que ta principale occupation, c'est de rendre la vie des autres aussi misérable que la tienne.
Ashley se leva et avança vers Amélie mais m'attendant à cette réaction de la part de ma soeur qui ne savait régler ce genre de situations qu'avec les insultes et les coups, je fis immédiatement barrière entre les deux femmes. J'obligeai Ashley à se rasseoir d'un mouvement de la main et j'adressai un sourire furtif à Amélie pour l'amener à se calmer.
-Je m'en vais; me dit-elle.
-C'est pas trop tôt! commenta Ashley.
-Je m'en vais pas parce que tu me l'as si gentiment demandé mais parce que j'ai des occupations autres que de venir m'asseoir dans le salon de mon frère pour lui pourrir la vie. Sur ce, bon vent.
-Reste! lui dis-je en tentant de la retenir par la main
-Ne t'inquiète pas! murmura t-elle avant de me déposer un baiser sur la joue. On se reverra car on a une discussion à avoir. Je te laisse gérer ta furie de soeur.
-J'ai entendu! nous lança une Ashley qui bouillonnait littéralement dans mon canapé.
Je raccompagnai Amélie au portail et je fermai derrière elle puis je revins sur mes pas pour surprendre ma soeur si prude entrain de se servir un verre d'alcool.
-Tu vas en venir au fait? lachai-je exaspéré de la voir dans mon salon.
-Moi, je ne comprends pas comment tu peux laisser ses femmes légères s'adresser à moi de la sorte. Je ne veux que ton bien.
-Ben voyons... Dis moi ce que tu as à me dire ou va t-en maintenant. J'ai besoin de dormir.
-Je viens te parler de ton épouse. Tu ne me croiras pas mais elle se pense plus intelligente que toi.
-Pourquoi tu dis ça? questionnai-je totalement désintéressé
-Elle fomente un plan contre toi et je l'ai surprise. Tu ne me croiras pas mais elle couche avec celui qui est chargé de sa surveillance.
-Quoi? dis-je alors que la moutarde me montait au nez. Exprime toi rapidement et clairement.
-Je trouvais leur comportement bizarre et je n'avais pas tort. Ils passent beaucoup de temps ensembles et ils rigolent et ils passent même leur nuit ensembles. Ce matin, je l'ai vu se rendre à nouveau dans sa chambre et j'ai attendu qu'il sorte. Je suis entré immédiatement dans la chambre après lui et j'ai eu ma confirmation. Elle était encore nue, couverte de sueur, les jambes écartés comme si elle venait de recevoir...
-Oh tais toi! grondai-je.
Mes neurones s'emballèrent comme des fous. Cette salope était vraiment capable du pire.
******
(Mélaine)
Je m'étais couverte avec la plus longue robe que je possédais et malgré cela j'avais l'impression de n'avoir rien caché. J'avais l'impression que les mots "Femme battue" était inscrit en grand caractère sur mon front. Mes yeux s'embuèrent mais je me repris rapidement. Si Carin voulait m'obliger à sortir en public, c'était clairement pour m'humilier et je n'allais pas le lui permettre. Je me couvris d'un châle, le plus long que je possédais et je me sentis instantanée mieux. Il était évident que j'aurais chaud mais tant pis. Je n'allais pas être humilié. Un coup faible retentit. Le chauffeur était déjà à la porte. Il me fallait m'armer de courage pour sortir. Mon regard se promena sur la pièce comme si elle cachait un secret, comme si elle détenait quoique ce soit auquel je puisse me raccrocher pour ne pas sortir. Le carnet de Carin qui était posé sur le lit attira à nouveau mon attention alors je le pris et je le mis dans mon sac à main. Un autre coup plus sonore retentit et je n'eus d'autres choix que d'ouvrir. Il était debout là le regard triste. Il était sûrement encore sous le choc de ce qu'il avait vu plus tôt, pensai-je en ajustant le long châle.
-Vous êtes prête? demanda t-il
Ma gorge était beaucoup trop noué pour que je lui réponde sans exploser en sanglots alors je me contentai de lui hocher la tête. Il se dégagea pour que je puisse passer devant lui. Je marchai dignement jusqu'à la voiture en me répétant qui j'étais. J'étais Mélaine. J'étais forte et personne n'avait le droit de voir une quelconque faiblesse en moi. Personne!
En m'installant dans la voiture, je ne pus retenir un cri car la plaie au dessus de ma cuisse me provoqua une douleur.
-Est-ce que vous allez bien? questionna Yves en se retournant
-Oui oui; lui répondis-je immédiatement pour qu'il se retourne
Je ne voulais pas qu'il surprenne la larme qui allait couler sur ma joue. Il démarra la voiture après un soupir et on sortit de cette maudite maison. Cette larme que j'avais laissé s'échapper représentait le bouton de démarrage d'un flot d'émotion. Derrière, sur la banquette de cette voiture, la main posé sur ma bouche, je pleurai comme plus jamais je ne l'avais fait depuis longtemps. Ces larmes là venaient directement de mon coeur. Je ne pouvais les retenir mais je m'arrangeais pour qu'elles sortent le plus silencieusement possible. Le chauffeur remuait quelques fois sur son siège mais il semblait concentré sur la route. Au bout de quinze minutes, il s'arrêta brusquement. Surprise, je nettoyai mes larmes du revers de la main aussi rapidement que je ne le pus. Je m'attendais à ce qu'il ne se retourne mais il n'en fit rien. Par contre, il descendit de la voiture et m'ouvrit la portière m'indiquant de descendre à mon tour. On ne pouvait pas être à destination. Je n'étais pas prête.
-Donnez moi un instant! dis-je d'une voix enroué par les larmes que j'avais passé tout le trajet à étouffer.
-Non; descendez maintenant! ordonna t-il en me tendant la main.
Je ne savais pas pourquoi mais je lui faisais confiance alors je m'exécutai. Dès que je posai mes pieds hors du véhicule, un doux vent et une odeur que je connaissais me fouettèrent le visage. Nous étions à la plage.
-Oh mon Dieu! sanglotai-je en posant une main sur ma bouche.
La plage était mon endroit préféré lorsque j'étais une gamine, lorsque la vie ne m'avait pas encore transformé. J'adorais y aller même si c'était un luxe que ma mère n'avait pas souvent le temps de m'offrir et une fois adulte, je ne trouvai pas non plus ce temps. Entre mes soucis de jeune femme et mon ambiion démésurée, je n'avais clairement aucun moment pour me ressourcer dans ce paradis sur terre dont Dieu nous avait fait cadeau.
-Venez! murmura Yves en me tendant la main
Je ne me fis pas prier. Nous quittions le bitume où il avait garé le véhicule pour nous enfoncer dans le sable chaud de la plage. Nous marchions silencieusement l'un près de l'autre pendant quelques minutes. Sans gêne, sans questionnements. Nous profitions juste du moment. Nous nous arrêtâmes non loin des vagues de cette magnifique mer. Je m'assis sans même demander l'avis du chauffeur et je fermai mes yeux. J'humai l'air comme si plus jamais je n'allais avoir le privilège de respirer. Je sentis Yves s'asseoir près de moi dans le sable et sa présence me soulagea.
-Pourquoi? l'interrogeai-je les yeux mi-clos
-Pouquoi quoi?
-Ne me dites pas que c'est cela le programme que mon époux a prévu pour moi. Pourquoi vous faites preuve d'autant de gentillesse? Dites le moi! Que voulez-vous de moi?
Je l'observais maintenant attendant une réponse à chacune de mes questions.
N.B: L'image est une photo de la plage de Cotonou au Bénin