Partie 29 : juste
Write by labigsaphir
TOC...TOC...TOC...
J'ouvre les yeux en entendant du bruit, je me détends et baille. Je tire la couette et ferme les yeux pour me rendormir lorsque mon téléphone se met à vibrer.
« Je suis devant ta porte, ouvre, s'il te plait. »
Je descends du lit, vais ouvrir et tout naturellement, il me prend dans ses bras dès qu'il me voit. Je ne boude pas mon plaisir et pose ma tête sur sa poitrine, je m'y sens bien. Il me tire à l'intérieur, ainsi que son trolley et nous rentrons dans la chambre. Je ferme la porte à double-tour et vais m'asseoir sur le lit, il vient rapidement m'y retrouver.
- Que se passe-t-il, Jen ? Demande-t-il en prenant ma main.
- Mon monde est en train de s'écrouler, fais-je tout naturellement.
- Je ne comprends rien à ce que tu racontes.
- Je suis accusée d'espionnage industrielle, trahison et autres.
- Oh ! Mais par qui ?
- Mon grand-père ou plutôt, mon pseudo-grand-père.
- Quoi ? S'exclame-t-il en posant la main sur mon épaule en signe de réconfort.
- Je n'ai pas le droit de quitter le territoire jusqu'au procès, du moins jusqu'à ce que la lumière soit faite.
- C'est grave, Jen.
- Je viens aussi d'apprendre que je suis une enfant adoptée, une malheureuse à qui l'on a voulu donner un peu de bonheur. C'est aussi ce qui créée ma perte. Voilà, tu sais tout.
- Tu sais, je ne comprends rien à ce que tu racontes. Il faudrait déjà travailler dans une entreprise.
- Ah oui, ça je ne te l'avais pas dit. Eh bah, voilà...
Lorsque j'ai terminé, il me prend dans ses bras et me fait des bisous dans les cheveux, j'en profite pour humer son parfum musqué ; j'aime bien.
- Ma pauvre, je comprends mieux certaines réactions.
- Huhumm.
- Mais pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- Je ne tiens pas à être approchée parce que j'ai un siège au sein du conseil d'administration de l'empire Stern, mais pour moi-même.
- Je te comprends parfaitement.
- Ayant été manager dans mon pays durant près d'une décennie, dire que je m'y connais un tout petit peu, ne serait en rien abusif.
- Huhumm.
- Pourrais-tu rappeler ton avocat, s'il te plait ?
- Pour quoi faire ?
- Tu vas cesser de t'apitoyer et te battre pour ta liberté. Nous allons devoir blanchir ton nom.
- Ok.
- Tu es innocente, la question ne se pose pas.
- Ok, je le fais de suite.
- Et en passant, appelle aussi ta mère et convenez d'un rendez-vous pour discuter.
- Pourquoi ? Je n'ai aucune envie de leur parler.
- Jen, en Afrique, l'enfant n'est pas seulement celui des parents mais celui de toute la communauté raison pour laquelle, il n'est pas rare que des femmes accouchent et permettent à leurs sœurs n'ayant pas eu la possibilité d'enfanter, d'élever ces enfants comme les leurs. Je sais que tu as eu mal parce que la vérité a été blessante et surtout, sortant de la bouche de ta sœur.
- C'est vrai, confirmai-je.
- Seulement, pose-toi la question de savoir si durant toute ton enfance ou ta vie adulte, elle t'a montré ne serait-ce qu'une fois ou a fait une différence entre les autres et toi.
- ...
- A-t-elle posé un acte visant à te montrer qu'elle ne t'aimait pas ?
- Non.
- A-t-elle dit quelque chose qui t'ait choquée ?
- Non.
- Quand tu étais malade, t'emmenait-elle à l'hôpital en pleine nuit ?
- Oui.
- Veillait-elle sur toi, toute la nuit en cas de maladie ?
- Oui.
- S'inquiétait-elle quand tu étais malade ?
- Oui.
- A-t-elle fait attention à tes résultats scolaires ?
- Oui.
- S'occupait-elle de toi quand tu étais triste ? Se préoccupait-elle de tes états d'âme quand tu n'allais pas bien ?
- Si.
- Lorsqu'elle vous punissait, était-elle plus dure envers toi ?
- Non.
- Alors Jen, une mère, qu'est-ce pour toi ?
- Celle qui est là pour ses enfants, souffre avec eux voire plus qu'eux quand ils ne vont pas bien. Une femme qui sait élever les enfants plus haut que le ciel, est capable de donner sa vie pour eux. Une femme qui se bat pour le bien-être de ses enfants, quel qu'en soit l'ordre.
- A-t-elle été tout cela pour toi ?
- Oui.
- Je ne la connais pas mais si je me réfère à ce que tu m'as toujours dit et surtout, aux étoiles que tu as plein les yeux en parlant d'elle, c'est une belle personne, une personne au grand cœur.
- ...
- A l'annonce de la déferlante, elle n'a pas réfléchi, a sauté dans le premier train pour te soutenir. Elle ne s'est pas déplacée pour soutenir l'orpheline mais plutôt, sa fille aînée. Jen, je ne peux qu'imaginer ce que tu ressens mais une mère n'est pas seulement celle qui accouche, donne vie mais celle qui aime et s'occupe de son enfant.
- ...
- Oui, pleure parce que cela fait mal. Tu as l'impression d'être une pièce rapportée de cet ensemble mais il n'en est rien, tu es et reste un membre à part entière de cette famille.
- Sniff...sniff...
- Tu pourras me chasser si tu le souhaites mais tant que je serai à tes côtés, je n'aurai de cesse de te rappeler qu'une mère, et ta mère, est celle qui a tout donné pour toi. Ta mère n'est autre que Madame Croft. Une autre t'a donné vie et pour mille et une raisons, a dû t'abandonner. Je ne cherche pas à remuer le couteau dans la plaie, Jen, mais il va falloir regarder au fond de toi et mettre tout cela de coté. Tu auras tout le temps après que l'on ait blanchi ton nom, de demander des comptes.
- Ok...Sniff...
- Nous n'avons qu'une mère dans la vie et de ce que je sais, il faut la chérir tant qu'elle est encore en vie. S'il lui arrivait malheurs et qu'elle mourrait, tu t'en voudrais à vie de ne pas lui avoir dit que tu l'aimes.
- Snifff...snifff...sniff...
- Tu vas l'appeler et lui dire que tu passeras la voir, car je suis certain qu'elle s'inquiète depuis que tu es partie en catastrophe de l'hôtel et s'en veut.
- Ok.
- Attends, je vais t'aider à te refaire une beauté mais en attendant, écoute Kenji Girac ( Les yeux de la mama) et tu m'en diras des nouvelles. Tiens, mets le casque, couche-toi sur le lit et ferme les yeux. Laisse-toi pénétrer par la musique et les paroles, repense aux moments et épreuves que vous avez traversés.
Il va dans la salle de bain et revient avec un gant mouillé, me nettoie le visage. J'appelle maman, puis l'avocat et me couche, le casque vissé aux oreilles. Je me suis mise à pleurer dès les premières notes.
« Quand j'ai froid elle se fait lumière
Comme un soleil dans l'existence
Quand j'ai mal elle se fait prière
Elle me dit tout dans un silence
Quand je souffre, elle souffre avec moi
Quand je ris, elle rit aux éclats
Mes chansons sont souvent pour elle
Elle sera toujours ma merveille
Quand je n'suis pas à la hauteur
Elle m'élève plus haut que le ciel
Elle est la splendeur des splendeurs
Elle est la sève, elle est le miel
C'est son sang qui coule dans mes veines
Et des souvenirs par centaines
Bercent mon cœur de mille étoiles
Elle est ma quête, elle est mon Graal
Oh mon Dieu, laissez-les moi
Les beaux yeux de la Mama
Enlevez-moi même tout le reste
Mais pas la douceur de ses gestes
Elle m'a porté avant le monde
Elle me porte encore chaque seconde
Elle m'emportera... »
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
Je suis réveillée tout doucement par Elric, j'ouvre les yeux et passe ma main sur la figure ; enflés, ils le sont. Je prends la main que me tend Elric et me redresse, j'avise Maître Carlai dans le canapé juste en face de moi.
- Bonjour Maître,
- Bonjour Mademoiselle Croft ; je remarque qu'il appuie bien sur le CROFT. Comment allez-vous ?
- Bien, merci et vous ?
- Bien, merci. Vous désiriez me voir ?
- Ah oui, oui, excusez-moi, dis-je en vérifiant que je suis présentable.
- Ne vous gênez pas pour moi, m'interrompt-il d'un mouvement de la main.
- Non pas que je minimise vos capacités et compétences, mais mon ami que voici a demandé à ce que je vous fasse venir.
- Dans quel but ? Dit-il en se tournant vers Elric.
- Voilà, dans mon pays, j'étais....et depuis peu...J'ai pensé que...
De dubitatif et silencieux au début, il s'anime au fil du temps et à la fin de l'exposé, pose son attaché-case sur la table-basse près de lui.
- Jeune homme, vous avez été convaincant. Je suis heureux qu'elle se soit entourée des personnes telles que vous. De quoi avez-vous besoin ?
- De ceci, répond Elric en lui tendant un feuillant.
- Huhum...huhum...fait-il de temps à autres en prenant connaissance dudit document.
- Est-ce trop demander ?
- Non, non, je me charge de vous trouver ceci.
- Merci, Maitre.
- Mais de rien, merci à vous. Nous nous occupons de tout ce qui est juridique et informatique et vous, de la partie administrative et donc, technique. Pour vous faciliter la tâche, j'aimerai si vous le voulez bien, que Sir Connoly, expert-comptable de profession, se joigne à vous.
- Je n'y vois aucune objection, répond Elric en lui serrant la main.
- Merci, jeune homme. Et vous, demoiselle, tenez-vous prête car la bataille sera rude. Nous avançons lentement, mais surement. Il vous faudra avoir un mental d'acier et pour cela, que vous soyez d'ores et déjà en bons termes avec votre famille.
- C'est noté, Maître Carlai.
- Bonne journée à vous.
- Merci et à vous autant.
Pendant qu'Elric ferme la porte après lui, je vais me refaire une beauté, me change et vais le retrouver dans la chambre.
- Voilà qui est mieux, commence-t-il, Jen tu es ravissante.
- Merci, dis-je en rougissant.
BRRR...BRRRR...BRRRR...
Je me tourne vers le lit et cherche mon portable, il n'y est pas.
- Sur la table de chevet, suggère Elric.
- Ah oui, oui.
Je le récupère et rappelle le numéro, il sonne et la personne décroche à la deuxième sonnerie.
- Oui allo, vous avez essayé de me joindre.
- Ah bon ?
- Eh oui, oui. Bon, je suppose que c'était une erreur.
- Ah oui, oui, excusez-moi, je vous rappelle dans une heure, je vous prie.
- Qui êtes-vous ?
- Lois Tinsdall.
- Suis-je censée vous connaitre ?
- Je travaille au service comptable de l'empire Croft.
- Ah ok, je vois. Ecoutez, je ne souhaiterai pas vous attirer des ennuis mais...
TIN...TIN...TIN...
Elle a précipitamment raccroché, je regarde le combiné, perplexe. Je fais le compte-rendu à Elric qui trouve tout cela bizarre. Nous convenons de faire attention lors de nos déplacements et sorties.
- Il se fait tard et si nous allions manger ?
- Pourquoi pas ? Dis-je en prenant ma veste.
- Bien !
Nous descendons au rez-de-chaussée et dînons durant une heure de temps. Nous convenons tacitement de ne pas parler des sujets qui fâchent. En remontant dans notre chambre, je ne peux m'empêcher de demander.
- Comment va le bébé ?
- Bien, merci. Et en passant, c'est un petit garçon.
- Wow ! Je suis contente pour toi.
- Merci.
- Comment va la maman ?
- Bien, merci. Jen,
- Non, pas besoin de t'excuser, tu sais. De l'eau a coulé sur les ponts, nous devons avancer.
- Ok ; il l'air de bouder.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien !
- Pourquoi es-tu nerveux ?
- Jen, je ne sais pas ce que tu attends de moi.
- J'avais besoin d'un ami et tu es là.
- Ah bon ? C'est tout ce que tu vois en moi, un ami ?
- ...
- Jen, ose me dire que c'est tout ce que tu vois en moi ?
- ...
- IL n'y a plus rien entre Louhann et moi, rien ! Elle a encore des sentiments pour moi et moi, non !
- Je n'ai pas besoin de savoir, c'est votre...
- Votre quoi ? M'interrompt-il en fermant la porte de la chambre avec rage.
- Elric...
- J'ai fait une erreur et confessé mes péchés. Tu as été blessée, j'ai pris conscience et promis de ne plus recommencer. Tu m'as dit avoir quelqu'un dans ta vie, je me suis effacé. Je n'ai pas voulu te mettre la pression, parce que j'étais en tort. J'ai même accepté après la veste que je me suis prise le 25 décembre à la villa rose, que tu discutes avec ton ami, devant moi.
- ...
- Dis-moi, pourquoi crois-tu que j'ai préféré rester à la cité chez toi, au lieu d'aller louer ? Pourquoi ai-je sauté dans le premier train après que tu ais appelé ? Pourquoi est-ce moi que tu as appelé au lieu de ton ami ?
- ...
- Jen, je ne sais pas ce que tu veux mais suis certain d'une chose, j'ai toujours été loyal en amitié, toujours ! Je te soutiendrai coute que vaille jusqu'à ce que tu quittes l'Angleterre mais une fois de retour, m'en irais. C'est une véritable torture de te voir tous les jours et devoir cacher mes sentiments. Bonne nuit !
Il va s'enfermer dans la salle de bain. J'entends l'eau couler, me déshabille rapidement et me glisse sous les draps après avoir posé un oreiller et une couette sur le canapé. J'ai écouté chaque mot avec attention et voudrais bien y penser, mais suis préoccupée en ce moment.
TARD DANS LA NUIT...
BRRR...BRRRR....BRRRR...
- Oui, fais-je en décrochant.
- C'est Lois Tinsdall. Navrée de vous appeler aussi tard, je ne pouvais faire autrement.
- Que puis-je faire pour vous ?
- C'est plutôt moi, qui pourrais faire quelque chose pour vous, mademoiselle.
- Je ne vous comprends pas.
- Tous les services sont en alerte et particulièrement, le service comptable.
- Mais encore,
- Avez-vous déjà entendu parler de la société Eksley ?
- Non, aurais-je du ?
- Oui, puisque vous avez signé tous les documents concernant cette entreprise, de la création jusqu'aux différents partenariats. Bien qu'étant une unité de l'empire Stern, vous en avez le control total.
- Mais non, de quoi me parlez-vous ?
- Mademoiselle, je sais que vous êtes nouvelle dans l'entreprise. Nous nous sommes probablement croisées des dizaines de fois dans les couloirs mais vous, occupée et absorbée dans vos dossiers, ne m'avez pas remarquée.
- Pourquoi m'aidez-vous ? Parce que la commission financière et les fédéraux s'intéressent comme tant d'autres à des entreprises de ce type.
- Pourrait-on se rencontrer ?
- Non, c'est dangereux, je risque non seulement ma place mais aussi ma vie.
- Ok.
- Est-ce votre numéro de téléphone ?
- C'est un portable jetable.
- Ok. Comment faire pour vous joindre ?
- Créer une boite mail au nom de Jolidene Eksley dont le mail serait et nous pourrons échanger en toute quiétude.
- Ok.
- Je vous enverrai un mail demain dans l'après-midi, soyez connectée, je vous prie.
- Ok, merci.
- En passant, je vous suggérerai de vous rendre dans une bibliothèque universitaire afin de vous connecter ou encore une bibliothèque publique à des heures d'affluence.
- Merci.
- De rien. Vous êtes humaine et à l'écoute des autres.
- Merci.
- Bonne soirée.
- Merci et à vous autant.
Je raccroche, note tous les renseignements sur un papier et glisse le tout sus mon oreiller. Avant de m'endormir, j'essaie de rappeler le numéro de Lois Tinsdall, l'on me fait comprendre qu'il n'y a pas de numéro attribué. Je cogite tellement que je sens une migraine poindre, prends un comprimé et finis par entrer dans le royaume de Morphée.
LE LENDEMAIN...
- Je t'ai déjà vu nue, tu sais, lâche Elric.
- Oui et alors ?
- Tu as un derrière intelligent.