Partie 30
Write by Fleur de l'ogouée
Koumba Marimar
D’un commun accord nous avons
emmené maman à Franceville pour qu’elle puisse s’y faire suivre, son état c’est
beaucoup amélioré, le pire est derrière nous, pendant les quatre premiers jours
nous craignions le pire mais les médecins ont étés des héros. Déjà 13 jours que
je suis loin de mon fils il me manque terriblement, j’ai aimé passer du temps
avec ma grand-mère et aussi apprendre à connaître ma tante mais il est temps
que je retourne à ma vie. Remonté à bloc je suis plus que prête à prendre un
nouveau départ avec mon fils, Marc a eut presque 2 ans de ma vie maintenant il
est temps que je m’en libère. En sortant de la chambre d’hôpital Philippe le
collègue de mon oncle comme chaque jour m’attends pour m’accompagner à la
maison, c’est un jeune divorcé et père de 2 enfants, il est tellement drôle que
parfois j’oublie que ma vie est un labyrinthe.
-Dis moi Marimar donc tu vas
repartir comme ça sans même m’accorder un rendez-vous ?
-Mais on se voit tous les
jours de quoi tu parles ?
-Je veux un tête-à-tête avec
toi, te voir dans une belle robe, dans un beau restaurant et discuter de notre
avenir
-Ecoute Phil ma vie est
compliquée, il n’y a pas de place pour l’amour en ce moment, mon fils est ma
priorité
-Je ne te demande qu’une
soirée ensuite tu prendras ta décision. Ce soir 20h ?
-D’accord
Résignée je rentre dans la
maison tandis qu’il retourne au travail, dans la cuisine je trouve tantine Wami
s’affairant aux fourneaux, nous avons eut le temps de discuter et d’apprendre à
nous connaître, je n’aurais jamais cru que ce voyage allait prendre cette
tournure. Je lui raconte la proposition de Philippe et c’est tout sourire qu’elle
me dit « Phil c’est un gentil garçon, il est tombé sur une femme vile qui
n’était intéressée que par son argent, aujourd’hui elle a refait sa vie avec un
vieux riche et ne permets à Phil de voir ses enfants que deux à trois fois par
an, si je peux te donner un conseil, apprend au moins à le connaître. Je sais
qu’avec le père de ton fils c’est compliqué mais ne ferme pas la porte tout de
suite à une belle relation »
Ce voyage m’aura surpris jusqu’au
bout, je laisse à tontine Wami le soin de me maquiller, elle m’a donnée une
belle robe qu’elle n’a jamais porter et celle-ci est magnifique, elle est simple
et chic. Nous allons dans au Gourmet un petit restaurant de la ville, nous
sommes tous les deux un peu nerveux, pendant le trajet nous sommes silencieux
et c’est la première fois que je le vois dans cet état, lui qui est si bavard d’habitude.
En quelques minutes nous
sommes arrivés au restaurant, un endroit calme et joliment décoré, à peine la
porte d’entrée passé une serveuse nous accueil tout sourire aux lèvres et nous
dirige vers une table, il n’y a pas grand monde ce soir nous dit-elle. Nous
passons rapidement nos commandes et enfin brisons cette glace, nous avons passé
deux semaines à nous parler chaque jour, je ne comprends même pas pourquoi nous
sommes si nerveux. Rapidement l’ambiance se détend, Phil recommence ses blagues
douteuses et la soirée peut enfin démarrer dans la bonne humeur. Alors que nous
étions en plein repas mon téléphone s’est mit à sonner, surprise j’ai vu le nom
de Marc s’afficher sur l’écran. Je m’excuse et sors répondre
-Allô Marc il y’a-t-il un
problème ?
-Non, je voulais juste écouter
ta voix et savoir si tu rentres toujours après-demain
-Je n’ai pas encore de billet
mais oui je rentre bien après-demain
-D’accord, tu nous manques j’ai
hâte de te serrer dans mes bras
-Marc, ça fait deux semaines
que je m’évertue à te dire qu’il faut qu’on prenne nos distances pourquoi tu
veux rendre les choses difficiles ?
-Mari j’ai pris conscience de
beaucoup de choses en ton absence, donne moi seulement l’occasion de te le
prouver
-Marc je suis un peu occupée,
bonne nuit et embrasse le petit de ma part
Je me suis empressé de raccrocher,
pendant quelques instants je suis restée là dehors pour reprendre mon souffle,
puis je suis retourné dans la salle auprès de mon rencard du soir. Nous avons
discuté de tout et de rien, j’aime beaucoup sa manière de réfléchir, il est
posé, gentil, intelligent, serviable, respectueux et pour ne pas gâcher tout
cela c’est un bel homme. Mais avec la situation que je vis avec Marc je pense
que nous nous sommes connus au mauvais moment, tous les drames de ma vie m’empêcheront
d’être à cent pour cent dans une nouvelle relation.
Après une soirée drôle mais
romantique il me ramène à la maison, sous le regard de tantine Wami et de son
mari je rentre tout doucement. « Votre soirée a été les jeunes ? » lance
son mari. C’est un homme grand et imposant, j’ai eu du mal à me détendre en sa
présence, mais aujourd’hui je le considère comme mon oncle, ce voyage à changer
ma vie à jamais.
Moussavou Marc-André
Presque deux semaines seules à
la maison à m’occuper du gamin et à boire du thé à 16 h comme une femme au
foyer. Aucune sortie, très peu d’alcool, la tête dans les couches et les
biberons, le rendez-vous chez le pédiatre, tout pour Gégé et rien pour moi-même.
Gémina est en voyage, elle a refusé de me donner les détails, surement un dragueur
qui l’a emmené à Dubaï comme toutes les filles de Libreville. Gisèle qui ne
répond jamais ni aux appels ni aux SMS, impossibles de compter sur elle. Je me
suis débrouillé seul et au final je comprends enfin l’importance d’élever un
enfant à deux, je l’ai trop laissé tout gérer.
Assis devant la télé, mon fils
dans sa balancelle électrique, je me sens si apaisé, il ne manque Marimar pour
compléter ce si beau tableau. Heureusement qu’elle rentre demain, j’ai hâte de
la serrer dans mes bras, de l’embrasser et de lui faire l’amour passionnément, je
pense avoir enfin tourner la page Nina, il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter
la situation mais maintenant je crois que cette séparation était la meilleure
chose à faire, nous nous sommes assez détruis.
Je reçois un texto chaud de Jessica,
je ne sais pas ce qui lui prend en ce moment, elle est passée en mode offensif
et me fait clairement du rentre dedans, depuis le week-end dernier nous
flirtons allègrement, si j’avais quelqu’un pour garder le petit je l’aurais
déjà plié, son corps est délicieux qui suis-je pour refuser une telle invitation ?
Je suis clairement en manque de sexe, ses messages suggestives et ses photos en
lingerie n’arrange pas les choses, une partie de jambe en l’air bestiale,
brutale, sans sentiment peut-être ça me fera du bien. Nous discutons toute la
soirée par message, je lui ai expliqué qu’elle ne pouvait pas venir chez moi
parce que je suis avec mon fils et elle a été compréhensive, nous sommes sur la même longueur d’onde, nous avons besoin de sexe sans prise de tête.
J’ai toujours tendance à m’éparpiller
je le sais mais je sais que Marimar et moi ça peut aller loin, j’ai juste
besoin qu’elle apaise son cœur, cette décision de quitter la maison je ne
cautionne absolument pas, il n’est pas question que mon fils aille vivre dans
je ne sais quelle sous quartier.
Koumba Marimar
C’est ma dernière journée à
Franceville, maman doit sortir de l’hôpital dans la journée, elle s’est
totalement remise sur pieds, du haut de ses 63 ans elle est encore robuste ma
petite grand-mère, elle m’a tellement manqué cette femme. Une fois ses affaires
rangées, Philippe nous dépose à la maison, tantine Wami lui a préparé une
chambre, leur relation ne s’est pas encore totalement arrangée mais les non-dits
ont été dit et les regrets jetés, j’espère qu’elles retrouveront un jour une
relation mère-fille saine. Une fois maman installée, Phil me propose d’aller
manger un bout pour discuter un peu. Assis dans un petit restaurant, nous
attendons nos grillades en buvant un vin doux et frais.
-Donc tu repars demain ?
-Oui, je prends le train
demain matin
-Alors dis moi sincèrement est-ce
que tu penses que tu pourras me caser une mini place dans ta vie ?
-Ecoute Phil t’es quelqu’un de
bien, mais j’ai mes propres combats à mener pour l’instant, je ne saurais te
dire oui ou non. Tu as tout pour plaire mais la vie a voulu qu’on se rencontre au
mauvais moment malheureusement
-Merci pour la franchise, j’espère
quand même qu’on se reverra bientôt. Tu m’as tapé dans l’œil dès notre première
rencontre, j’ai aimé discuter avec toi tous les jours, d’ailleurs j’apprécierai
pouvoir le faire encore. Je ne sais pas si c’est ce que les blancs appellent
coup de foudre mais je sais juste que j’ai de l’affection pour toi Marimar
J’ai essayé de rester impassible
alors que ses mots m’ont fait chaud au cœur, être regarder et considérer comme
un trésor inestimable c’est tellement beau et ça fait du bien au moral, après
avoir laissé Marc me malmener pendant tout ce temps. Nous avons passé le reste
de l’après-midi ensemble, nous nous sommes promenés et avons rigolés comme deux
gamins, j’aime cette complicité.
-Je serais à Libreville bientôt
j’espère que mademoiselle m’accordera une soirée ?
-Avec plaisir, une soirée en
tout bien tout honneur, entre amis
-Deal !
Il me raccompagne et nous nous
disons au revoir demain le départ c’est très tôt le matin, nous ne nous verrons
sûrement pas avant longtemps. Je me dirige en cuisine où mère et fille essaye
tant bien que mal de rattraper 20 ans de relation, je m’assois sur la chaise et
aide maman à couper les légumes. Avoir cru aux dires des gens, n’avoir pas pris
la défense de sa fille devant les gens, l’avoir laissé partir à un si jeune
âge, l’avoir laissé livrer à elle-même. En écoutant enfin la version de tantine
Wami sur cette histoire douloureuse, maman a pleurée toutes les larmes de son
corps, elle n’a cessé de s’excuser depuis une semaine, elles ont pleuré l’une
dans les bras de l’autre et elles essayent tant bien que mal de réapprendre à se
connaître.
-Madame là où tu repars à
Libreville là c’est pas pour nous oublier hein, on veut les nouvelles tout le
temps et n’hésite pas à venir de temps en temps, tu es ici chez toi
-Je viendrais tantine Wami
-N’oublie pas de venir avec mon
arrière-petit-fils oh, je veux quand même le voir avant de mourir
-Parle pas comme ça maman, je
vais venir avec lui la prochaine fois
-Et règle cette histoire avec
son père, s’il te traite mal tu n’as pas à subir cela, recommence à zéro s’il
le faut mais ne te laisse pas faire. D’ailleurs il y a Philippe qui n’arrête pas
de parler de toi à tout le monde, ouvre quand même son dossier
Nous avons toutes éclatés de
rire, j’ai l’impression de vivre un rêve. Ma grand-mère, ma tante et moi,
toutes les trois réunies, c’est un miracle de la vie.
Le réveil a été difficile ce
matin à 5 h, je me suis douchée et apprêtée, j’ai dit au revoir aux enfants et
à maman qui m’a fait promettre de ne plus jamais faire autant de temps sans
rentrer. C’est avec plein de bagages que tantine Wami et son mari m’accompagnent à la gare, j’ai plein de nourriture dans ces sacs, des mets de mon G2 natal
dont je vais pouvoir profiter le plus longtemps possible. Après avoir versés
des litres de larmes, le couple s’en va et il est temps pour moi de monter dans
mon wagon. Il y a deux semaines j’étais une personne perturbée, à la recherche
d’elle-même et aujourd’hui plus que jamais je sais que j’ai de la valeur et que je
suis capable d’accomplir bien plus de choses que je ne pensais. J’ai un fils a
élevé et une vie à réussir, dans mon esprit tout est clair, les batteries sont
rechargées à bloc.