Partie 31 : une piste

Write by labigsaphir

Je raccroche et soutiens ma tête de mes mains. Non, non, non et non. Cela ne peut être possible. Malgré tout ce que nous avons traversé, je n'y crois pas. Non, non et non. J'ai l'impression de devenir folle et appelle rapidement Howard qui arrive à me rassurer et m'apaiser. Il est le seul à vraiment me connaitre, savoir comment m'aider à dompter mes démons. Il me passe les garçons dans la foulée, je suis lus calme en raccrochant, me lève et vais faire couler un bain.

J'ai grand envie d'aller la rejoindre mais me retiens, car y aller serait implicitement accepter répondre à certaines questions. Autant le secret entourant sa naissance a été dévoilé, autant les autres n'ont rien à voir avec elle. Je dirais même qu'Elle, a été un dégât collatéral de tout ce qui était préexistant. Il me faut avoir le cœur net, surtout ne pas me précipiter. Je compose rapidement son numéro et respire.

- Bonjour Dike.

- Bonjour Sœurette. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Ça peut aller, merci. Deux coups de fils en deux jours, je ne savais pas te manquer autant.

- Vraiment, Dike, fais-je mollement.

- Alors, du nouveau ?

- Oui, oui.

- Je t'écoute.

- En plus de l'espionnage industriel, l'on rajoute, vol, Faux, usage de faux et abus de confiance.

- Quoi ? S'exclame-t-il.

- Pas besoin de crier Dike.

- Désolé, je suis consterné par tut ce que vit la petite.

- Je te comprends. Je garde la face devant elle mais j'avoue, avoir peur pour elle.

- C'est normal, tu es sa mère.

- Dike, je ne sais pas si l'on s'en sortira vraiment.

- Ça va aller garde la foi. Elle sera surement blanchie par la justice. Laisse-les faire le travail.

- Humm. Elle serait détentrice de société-écrans dont quatre, pour le moment. Lesdites sociétés feraient dans du blanchiment d'argent.

- A croire qu'en rentrant dans cette société, elle a signé son arrêt de mort.

- Je t'assure.

- Pourquoi n'a-t-on pas encore localisé les sièges desdites sociétés ?

- Elles ont toutes été créées en Inde.

- Quel rapport avec Jeneya ?

- Sa signature apparait sur tous les dossiers. De plus, il paraitrait qu'elle aurait un complice à l'intérieur.

- C'est tellement gros et stupide que je ne crois pas qu'eux-mêmes puissent croire en cette version des faits.

- J'ai du mal à comprendre les réelles motivations de papa, il ne laisse aucune chance à Jen.

- Tu sais parfaitement, qui il est. Il a une pierre à la place du cœur, de même que son fils, Jamice. 

- Celui-là, il m'arrive parfois de me demander si nous sommes vraiment, frère et sœur.

- Je t'ai déjà demandé de ne plus te mettre martel en tête, ça ira.

- Dike, selon les enquêtes menées par Carlai, les société-écrans seraient toute basées en Inde.

- Quoi ?

- Je t'assure, Dike.

- Non, non, ce n'est pas possible !

- ET pourtant, oui !

- La petite n'a jamais été en Inde, n'est-ce pas ?

- Jamais !

- Est-elle déjà sortie d'Europe ?

- Oui, pour le Cameroun, dans le cadre de l'un de ses projets concernant Stern.

- Ah oui, je m'en souviens.

- Elle fait quand même dans le domaine des finances, Carla. Comment peut-elle rencontrer les investisseurs ou partenaires et n'avoir aucun contact avec eux ? C'est inouï.

- A qui le dis-tu ?

- Minceeeeee, penses-tu comme moi ?

- Oui, c'est pourquoi j'ai préféré t'appeler avant de faire une bêtise.

- Ce n'est en rien, une bêtise. J'aurais agi comme toi, Carla.

- ...

- Fais-le, tu as tout mon soutien mais sois diplomate.

- C'est noté.

- Je te rappelle pour le compte-rendu.

- Ok.

Je raccroche, me lève et arpente la pièce durant quelques minutes, puis prends mon courage à deux mains et compose son numéro.

- Allo, fais-je en avalant des goulées d'air pour me calmer.

- Oui, Allo.

- C'est Carla Croft.

- Ah oui, Carla. Comment vas-tu ?

- Bien, merci et toi ?

- Ça va, merci de t'en soucier. Pourquoi m'appelles-tu ? C'est bien la première fois que tu le fais, n'est-ce pas ?

- Oui, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé. Tu t'es toujours fermée et n'as jamais voulu rien savoir de nous.

- C'est faux et tu le sais parfaitement. Carla, je ne sais pas à quoi tu joues mais cela ne m'intéresse vraiment pas du tout.

- Je ne t'ai pas appelée pour que l'on se dispute.

- Pourquoi, est-ce Carla ?

- Ma fille est injustement accusée de vol, faux et usage de faux, abus de confiance et industriel par Klaus Stern.

- Ah, ton père.

- Oui, mon père.

- Et qu'ai-je à y voir ?

- Je me disais...Je pensais que tu pouvais m'aider.

- En quoi ?

- Ecoute, je sais que nous nous sommes éloignées mais...

- Non, nous ne nous sommes jamais fréquentées. Tu fais semblant ou quoi ?

- Ce n'est pas de ma faute, tu le sais parfaitement.

- Dis-moi, souffle-t-elle, la perte des points en bourse de STERN, a-t-elle quelque chose à y voir ?

- Selon mon père, oui.

- Mais comment ? Elle parait si fragile et pure, ta fille.

- Des preuves laissent à penser qu'elle serait coupable de tout ce qui lui est reproché.

- Oh non !

- Mais si ! Il parait qu'elle aurait des société-écrans, toutes basées en Inde.

- Quoi ?

- Oui, selon les enquêteurs.

- Attends, attends, laisse-moi réfléchir, Carla.

- ...

- Tu ne m'as jamais appelée et...

- Je n'avais pas ton numéro et nous ne savions pas comment te localiser, ne l'oublie pas.

- Avec la modernité, vus auriez fini par me trouver, Carla. Si vous le vouliez vraiment, vous aurez pu me retrouver.

- C'est aussi vrai, reconnus-je.

- Tu ne m'as jamais appelée mais le fait pour ta fille en précisant que toutes les sociétés censées appartenir à ta fille, ont été localisées en Inde. Me soupçonnerais-tu d'être derrière tout ça ?

- Non, mais il fallait que je te pose la question, m'empressai-je de dire.

- Non, Carla. Tu l'as pensé si fort que je l'ai moi aussi, entendu.

- Il s'agit de ma fille.

- Et comme je n'ai pas de sang bleu, je serais forcement coupable.

- ...

- Pourquoi l'aurais-je fait ?

- ...

- Carla, pourquoi l'aurais-je fait ?

- ...

- Crois-tu que je sois sans cœur ? Merci pour ta confiance !

- Ce n'est pas ce que...

- Je n'ai rien à cacher ! Tu peux envoyer tes fins limiers, Carla. Je vais te faciliter la tâche. Tu as mon numéro de téléphone et je t'enverrai mon adresse de suite.

- Ecoute...

- Bonne journée !

CLIC...Mon interlocuteur a raccroché sans me donner aucune chance de m'expliquer. Si je me réfère à tout ce qui a été dit, je me serais trompée. Mais comment lui faire confiance ? Puis-je dire que je connais cette personne ? Non ! A peine veux-je me lever que mon téléphone se met à sonner.

- Oui, Maître Carlai, fais-je en décrochant.

- J'ai déjà appelé votre fille. Votre père voudrait vous voir toutes les deux, dans une demi-heure au siège de Stern.

- Pourquoi ?

- Nous le saurons tout à l'heure. J'y suis déjà et vous attends.

- Ok, dis-je en enfilant rapidement une veste.

Je raccroche et appelle Dike à qui je fais un compte-rendu rapide de la situation, avant de descendre chercher un taxi. Je fais signe à Jen, qui parait-il, serait déjà en route. Je soupire en prenant place dans le taxi et fais une courte prière, espérant que ce soit la fin de cette série digne d'un scénario hollywoodien.

Une demi-heure plus tard, je rentre le hall, file vers l'accueil, signe le registre et laisse ma pièce d'identité. Je prends l'ascenseur et rejoins les autres dans le bureau de Klaus. Il est assis derrière et fume tranquillement son cigare, s'en foutant de la petite et Maître Carlai, cherchant de temps à autres à dissiper la fumée faisant d'eux des fumeurs passifs.

- Bonjour, fais-je en prenant place près des deux autres.

Jen se tourne vers moi et prend automatiquement ma main. Phoebe et Jamice rentrent dans la salle, tenant quelques dossiers. Ils les posent sur la table, devant. Jamice fait signe à Phoebe qui sort rapidement du bureau en tirant sur la porte capitonnée. Nous sommes tous étonnés par cette façon de faire et préférons garder le silence.

- Bonjour à tous, commence-t-il enfin après quelques minutes nous observer comme des rats de laboratoire. Avant de commencer, je tiens tous vous remercier, Jeneya et toi, malgré la présence de votre avocat qui rend formelle, cette entrevue. Je déplore le fait que notre famille soit ainsi exposée et explosée, à cause des biens matériels.

Aux dires de certains, et même de toi, Jamice, je serai une personne ayant une pierre à la place du cœur. J'ai tout entendu et même si je ne le montre pas, je suis peinée que mes enfants, ma chair et mon sang, puissent le penser. Je déplore le fait que tu te sois éloignée de ta famille, Carla et ais tenu mes petits-enfants loin de ta feue mère et moi. Nous ne vous aurions jamais fait de mal.

Je suis certes un chef d'entreprise, PDG d'un empire que j'ai bâti pierre après pierre mais n'en oublie pas pour autant, les responsabilités qui m'incombent en tant que père et chef de famille. C'est dans cette logique que j'ai décidé de faire preuve de magnanimité, pour ton bien-être, Carla et surtout, celui de Jeneya Croft, ta fille.

- Merci papa, dis-je en souriant, les larmes aux yeux.

- Ne me remercie pas encore, Carla. J'ai décidé de retirer la plainte contre elle, levant ainsi l'interdiction de quitter le territoire mais à ce niveau, tu sais que je ne peux interrompre les enquêtes de la commission des marchés. Mon entreprise est un chantier depuis que tout ce cirque a commencé. C'est encore pire avec la découverte des sociétés appartenant à Jeneya.

Je ne peux t'assurer ne pas porter plainte à nouveau contre elle mais cette fois, j'ai décidé d'attendre les conclusions des enquêtes en cours.

- Ok, fais-je reconnaissante.

- Les documents devant vous, vous devez les signer et je me rendrais en personne au commissariat.

- Ok et merci papa.

- Attendez, me coupe l'avocat en tirant à lui lesdits documents.

Il en prend connaissance, semble perplexe, relève la tête puis regarde papa pour enfin, se tourner vers moi nous.

- Que se passe-t-il ? M'enquis-je, inquiète.

- Jeneya reconnait être coupable d'espionnage industriel et il retire sa plainte. Il a inclus un accord de confidentialité, l'empêchant de relever à la police, l'identité du coupable en arguant du fait que tout serait traité en interne.

- Mais je ne suis coupable de rien ! S'exclame Jen, en se levant.

- Jeune fille, rasseyez-vous ! Ordonne Maître Carlai, avec un ton sec.

- Je n'ai rien fait, s'emporte Jen en posant sa tête sur ma poitrine.

- Le deuxième document est lié au premier, continue Maître Carlai, impassible.

- Expliquez-nous, dis-je impatiente.

- Il retire sa plainte, oui mais il y a une condition et non des moindres. Je dirai que c'est la condition siné qua none à l'arrêt de toutes les procédures, explique-t-il. Jen devra renoncer à ses 20 % dans la société ou mieux, vous n'aurez pas le droit de lui donner 2,5% de ce que vous possédez dans l'entreprise. Vous pourrez le partager entre vos trois autres enfants.

- Pourquoi ? Elle est aussi ma fille.

- En signant ces documents, Jen renoncera implicitement à son siège au conseil d'administration.

- En d'autres termes, je reconnais être coupable et je perds tout ! Tonne Jen en regardant mon père qui ne cille pas.

- Sachant que tu pourrais encore porter plainte contre elle, complétai-je.

- Je pourrai, pourrai mais pas que je ferai, explique-t-il en soulevant les épaules. C'est à prendre ou à laisser. Soit elle signe, soit elle passera le restant de sa vie à regarder par-dessus son épaule. Son casier judiciaire sera chargée, je ne crois pas que ce soit ce qu'elle veuille vraiment.

- Vous êtes un monstre ! S'écrie Jen en se levant avec brusquerie.

Elle sort de la salle, heureusement que la porte est capitonnée sinon l'on l'aurait entendue claquer et l'on aurait senti les murs trembler.

- Je suppose que la réponse a été donnée, reprend Maître Carlai.

- Sans commentaire, fais-je simplement en sortant moi aussi de la pièce, le cœur gros.

Quelques minutes plus tard, en sortant du bâtiment, je retrouve Jen en larmes. Mon cœur saigne en la voyant dans cet état. Mais qu'ai-je fait pour mériter une famille, pareille.

- Mademoiselle, vous devez vous calmer, tout n'est pas encore perdu ; nous écoutons distraitement Maître Carlai.

- Maître, je suis abasourdie.

- Moi aussi, mais je m'y attendais quelque part.

- Ah bon ?

- Mais oui. Il apparaît clairement que s'il n'est pas à l'origine de ce cirque, il tient tout de même à en profiter pour se débarrasser de mademoiselle Croft.

- ...

- Dites-moi, madame Croft,

- Oui, Maitre.

- Pouvons-nous aller dans un café ou rentrer à votre hôtel, j'ai à vous parler.

- Bien sûr.

Sans mot dire, il va chercher la voiture et vient nous récupérer moins de cinq minutes plus tard. Jen est toujours dans mes bras et ne cesse de renifler, et dire que j'ai vraiment espéré de cette entrevue. Mon père ne changera donc jamais. Mon téléphone se met à vibrer, c'est Dike. Je l'avais oublié, celui-là, je le rappellerais plus tard.

Un quart d'heure plus tard, nous sommes dans la chambre. Jen s'est endormie de suite ; la tension nerveuse, je crois.

- Connaissez-vous une certaine, Lavigna Tudor ? Demande-t-il de tout go en me fixant du regard. 

- Pourquoi ?

- C'est elle que mes enquêteurs et détectives, ont localisé en Inde. Toutes les pièces venant de l'Inde, convergent vers elle.

- Comment ça ?

- La tenue des sites ou mieux, les contacts en plus des échanges, sont faits avec son IP.

- Serait-elle la coupable ?

- Puisque toutes les preuves convergent vers elle.

- Oh nooooon ! M'exclamai-je, les mains sur la figure.

- Elle ne vous est donc pas inconnue, n'est-ce pas ?

- En fait, ...

- En fait, quoi, maman ? Intervient Jen, derrière moi ; je me retourne vers elle.

- Jen, tu ne dors pas.

- Qui est vraiment, Lavigna ?

- C'est...


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