Partie 33
Write by Fleur de l'ogouée
Moussavou Marc-André
En sortant du boulot je me
dirige au supermarché faire des courses, le petit viendra demain comme tous les
weekends depuis près de trois mois. Marimar et moi avant enfin trouvé un équilibre,
elle s’occupe de lui en semaine et il est avec moi le weekend. J’ai eu du mal à
intégrer que notre relation était finie mais maintenant je suis passé à autre
chose, officiellement je suis célibataire même si officieusement entre Jessica
et moi les choses ont évolué. Ce n’est toujours pas celle que je veux pour mon avenir
mais pour l’instant c’est elle qui est à mes côtés, on peut dire que nous
sommes amis et plus. J’ai laissé mes démons de côté et je me concentre
désormais sur ma reconstruction, avec Gisèle et Gémina nous avons parlé de nos
parents et avons fait le deuil presque 20ans plus tard, il était temps pour
nous d’avancer. Nous sommes allés au cimetière où ils reposent s’y recueillir pour
la première fois, nous avons exprimé nos mal-êtres, nous avons pleurés et
laissé derrière nous ce passé sombre. D’ailleurs Gisèle s’est installée à Oyem
avec une amie elles ont ouvert un salon de coiffure, j’ai enfin revu un sourire
sur son visage, elle qui n’a passé son temps qu’à pleurer tard dans la nuit,
enfin cette vie est derrière elle. Gémina toujours égale à elle-même, souriante
et chiante, elle refuse d’avouer ses sentiments à Raoul ne voulant pas briser leur
amitié. Ce dernier est dans une relation sérieuse avec une de ses employés, mademoiselle
ma sœur préfère souffrir, je ne comprendrai jamais les femmes.
Une fois les courses faites,
je range tous dans les placards prends une douche avant de recevoir un appel de
Jess, elle sera là d’un instant à l’autre. La porte à peine ouverte, elle se
jette sur moi et m’embrasse à pleine bouche, s’en suit des vêtements qui tombe
de part et d’autre, sans même rejoindre la chambre sur le canapé, je la laisse
me combler de son talent naturel. Une fois fini, je prends une douche avant de
réaliser que je n’ai pas mis de préservatif, quel idiot je suis. Je reviens sur
mes pas et fonce à la pharmacie acheter la pilule du lendemain et ensuite je
lui demande de boire.
-Je ne vais pas boire ça Marc,
nous sommes un couple et avoir des enfants fait partie de nos plans
-Depuis quand sommes-nous en
couple ? bois ça et ne m’énerve pas Jess
-Tu peux crier autant que tu
veux, je ne vais pas avaler ce comprimé et sache que suis en période féconde,
dans 9 mois ton fils aura une petite sœur ou un petit frère
-Mais Jessica tu es folle ou
quoi ? Toi et moi ça n’a jamais été qu’une question de sexe et tu le sais
très bien, je t’ai dit maintes fois que je ne souhaitais pas être en couple
-Et pour moi quoi ? Tu
voulais seulement du sexe et moi dans tout ça, moi je t’aime et je veux un
enfant avec toi, fin du débat
-Jessica c’est la dernière fois
que je demande de boire ce foutu comprimé, après ça ce sera la manière forte
que je vais employer
-Moussavou menace moi encore une
fois et tu sauras que je suis celle qui lèches les couilles du procureur de la
république
Déboussolé je préfère la
laisser là et m’enfermer dans ma chambre. Dans quoi je me suis foutu, une femme
qui couche avec tout Libreville pourquoi ai-je décidé de moi aussi figurer sur
la liste de ses prétendants, je ne sais pas quoi faire. Ma vie retrouvait un
semblant de sens et il a fallu que je laisse une vipère y entrer. Paniqué j’envoi
un message à Tim, qui me conseille de tout faire pour qu’elle boive ce
comprimé, même si ce n’est pas efficace à 100%. Après avoir tourné en rond je
sors de la chambre et je trouve le salon vide, elle est partie, c’est officiel
ma mort est proche.
Koumba Marimar
Demain c’est vendredi, mon
jour de déballage. Avant de récupérer le petit j’irai chercher mon ballot de
vêtements, vu que j’ai écoulé le précédent. J’ai débuté il y a deux mois, ma
vente de vêtements de friperie, ça marche pas mal et c’est un revenu non
négligeable pour moi. Je récupère les ballots de premier choix chez les grossistes
et du vendredi soir au dimanche soir lorsque le petit est avec Marc j’écoule ma
marchandise devant le portail de ma maison avec la permission de la propriétaire.
En triant quand je tombe sur des tenues neuves et tendances je les prends en photos
et les publie dans les groupes sur internet, ainsi je peux me retrouver à
gagner jusqu’à 50.000 en un weekend. Vendre me plaît, rencontrer de nouvelles
personnes, sociabiliser, j’ai enfin l’impression de faire quelque chose de bien
dans ma vie. Je gagne de l’argent et j’apprends à sortir de ma zone de confort,
désormais je suis Marimar la maman de Gégé et la commerçante.
En rentrant du boulot, je préparer
le petit sac de Gérald, avant d’aller chez son père je lui fais toujours un sac
avec des vêtements, ses affaires de toilettes et sa peluche préférée. Chez son
père il a tout le nécessaire donc je ne me fais pas de soucis. Après l’incident
il est devenu plus méticuleux, il fait attention et s’occupe bien de lui, je
suis sereine quand il est là-bas. Mon téléphone sonne et c’est Philipe, chaque mois
il revient s’excuser de cette nuit d’ivresse et chaque mois je lui dit de
passer à autre chose, ce n’est pas de ma faute si sa conscience le dérange.
Après cette nuit, j’ai demandé conseille aux filles de mon ancienne cours sur
les méthodes drastiques qu’elles utilisent pour ne pas tomber enceinte et j’en
ai appliqué une ou deux. Trois mois plus tard aucune trace de fœtus, ça aurait
été le comble de tomber enceinte de cet idiot. Maintenant j’ai mis une croix
sur les hommes mes priorités sont mon fils et mon business. En cette période
chaste un des fils de ma bailleresse me tourne autour, il vit au Sénégal mais
vient souvent parce qu’il a sa propre entreprise ici. Il veut d’une relation
sérieuse mais je ne préfère pas m’engager dans quoi que ce soit pour l’instant,
j’ai pris du temps pour me relever et je n’aimerai pas que quelqu’un trouble
mon équilibre.
Assis devant la télévision mon
fils dans les bras je savoure les plaisirs simples de la vie, j’ai ajouté
quelques éléments de décoration à mon salon et c’est beaucoup plus confortable
qu’avant. Je sais désormais que je ne suis pas programmé pour être malheureuse,
je mérite d’être heureuse. Il fini par s’en dormir je le pose dans son berceau
avant de moi aussi me mettre au lit.
En général Marc récupère Gérard
à la crèche directement pour pas que j’ai à faire le trajet mais ce matin il m’a
envoyé un message pour me dire qu’il viendra chercher le petit en début de
soirée à la maison. Ça ne me pose pas de problème vu que sa crèche est aussi au
centre-ville. Je le prépare et le dépose avant de filer au travail. Une fois
sur place je file dans les vestiaires pour me change, je trouve Raoul et sa
petite amie en train de s’amouracher, ces deux là ne se lâche plus ça devient vraiment
sérieux. Je retourne donc sur mes talons pour aller plutôt dans les toilettes
du bureau de Raoul, à ma grande surprise je le trouve assis, je reste debout
pendant quelques secondes me demandant ce qui peut bien se passer.
-Bonjour Marimar il y a un
problème ?
-Bonjour Raoul non, je venais
juste te souhaiter une bonne journée
Je ressors aussi vite que
possible et j’aperçois le nouveau cuisinier sortir de nos vestiaires, c’était
donc lui au côté de mademoiselle, n’ayant pas vu le visage de l’homme j’avais
supposé que c’était Raoul vu qu’ils sont clairement en couple. Me voilà mêler à
une histoire qui ne me concerne pas. Je prends une grande inspiration avant d’entrer
dans nos vestiaires je la trouve assise dans un coin, je ne dis rien et me change
tranquillement, alors que je m’apprêtais à sortir elle m’interpelle
-Marimar ça m’arrangerai que ce
que tu as vu tout à l’heure reste entre nous, j’ai des sentiments pour les deux
je sais que ce n’est pas bien mais s’il te plaît ne dit rien
-ça ne me concerne pas mais si
je peux me permettre la prochaine fois évité de vous amouracher ici, ça aurait
pu être n’importe qui d’autre
Sans attendre de réponse je
tourne mes talons, je n’ai pas envie d’être dans de quelconque confidence,
Raoul est quelqu’un de génial que je respecte beaucoup, garder cela secret fait
de moi une complice et cela me gêne. C’est donc un peu gêné que je me mets au
travail, je me sens coupable et déloyale mais j’essaye de faire bonne figure, de
toute façon on ne met pas le doigt entre l’arbre et l’écorce de toute façon, si
la vérité doit éclater elle éclatera un jour.
En sortant du boulot je
récupère le petit et nous rentrant, je lui donne son bain comme ça Marc n’aura
qu’à le nourrir. C’est à 21h que monsieur se pointe enfin, il semble abattu et
à sûrement bu un verre de trop.
-Marc dans ton état je ne
laisse pas rentrer avec le petit, comment tu peux conduire dans cet état même
-Je suis désolé, j’aurai pu
envoyer un message mais je trouvais plus mon téléphone pour te dire que suis
bourré
Il a commencé à raconter une histoire
sans queue ni tête, d’une femme qui l’a piégé ou je ne sais quoi, il dit qu’il
est foutu. Je le laisse parler dans le vide, je sais qu’il ne va pas tarder à s’endormir
c’est toujours comme ça quand il est ivre. Je sors vérifier que sa voiture est
bien garée comme si au cas contraire j’aurais pu y remédier et ensuite je réchauffe
la nourriture de midi avant de passer à table.
Moussavou Marc-André
Je me réveille assis dans le
noir sans trop savoir où je suis, mon dernier souvenir c’est Marimar me faisant
la leçon. Je me redresse et tâte mes poches à la recherche de mon téléphone, je
le trouve enfui dans mon mouchoir de poche, il est 4h05. J’allume la torche de
mon téléphone pour voir la pièce dans laquelle je suis et je me demande comment
j’ai fait pour conduire jusqu’ici. Hier après le boulot je suis allé à un after-work
avec des collègues, j’ai bu comme ci ma vie en dépendait pour noyer mes soucis
puis en pleine cuite je me suis rappelé qu’il fallait que je récupère Aimé-Gerard.
Je regarde ma messagerie et j’ai des messages de mes collègues me demandant si
je suis bien rentré et un message de Jessica qui me donne rendez-vous dans 10 jours
pour le test de grossesse, elle est vraiment folle cette fille. Je me déchausse
et m’allonge sur son tout petit canapé essayant de me rendormir.
Je suis réveillé par le bruit
d’une marmite qui tombe, il fait déjà jour, Aimé est assis sur son tapis d’éveil
à jouer, je me lève pour aller voir en cuisine
-Bonjour ici
-Bonjour Marc, c’est la
dernière fois que tu viens chez moi dans cet état
-Je suis désolé ça ne se
reproduira pas, je suis complètement lucide le petit et moi on peut partir et
te laisser ton week-end libre
-Tu es sûr que tu vas bien
Moussavou ?
-Oui je vais bien
-Hier ça n’allait pas l’air d’aller
hein, tu me racontais une histoire de piège de grossesse et je ne sais quoi, en
disant que ta vie est foutue
-T’inquiète il n’y a rien de
grave
-Je dois m’inquiéter, tu auras
le petit il faut que tu sois en possession de toutes tes capacités
-Je traverse un moment
compliqué mais notre fils est en sécurité, je serais à cent pour cent sur le
qui-vive
-D’accord pas de soucis, attend
on va manger ensuite vous irez ensemble
Je sors de la cuisine et rejoins
mon champion pour jouer avec lui, puis je repense aux paroles de Jessica « bientôt
ton fils aura une petite sœur ou un petit frère » et ça me glace le sang.
Je ne comprends pas son objectif, elle fréquente des hommes riches et de
pouvoir, qui pourrait donner à sa descendance une qualité de vie supérieure mais
pourquoi c’est à moins un petit employé qu’elle veut attribuer ce rôle de père ?
Je balaye de mes pensées cette folle, je ne peux pas la laisser gâcher ma vie,
elle n’a pas ce pouvoir, qu’elle brûle en enfer. Nous passons à table, ensuite
le petit et moi chargé de ses affaires prenons la route, nous avons convenu que
je vais le garder jusqu’à mardi. L’avoir me permettra de me changer les idées
et de me sentir moins seule, d’ailleurs ça fait longtemps que je n’ai pas vu
cette chipie de Gémina en rentrant je vais lui demander de passer nous voir.