Partie 6 : un incident
Write by labigsaphir
- Comment se passe ton séjour ?
- Mieux que je ne l'espérais, répond-elle en souriant.
- Pourquoi ai-je l'impression que tu as noirci ?
- C'est possible que mon teint ait changé, cela fait quand même deux semaines que je suis là.
- Tu me manques déjà, bébé ; elle baisse les yeux et sourit de plus belle.
- Toi aussi ; elle bouge de façon à ce que j'ai une vue de sa poitrine, elle sait comment faire monter la température celle-là.
- Alors, ce dîner avec mes parents ?
- Eukieeee Biyo'o, c'est une semaine après que tu viens demander ?
- Bébé, j'ai été occupé et surtout, préoccupé. Excuse-moi pour la réaction tardive.
- Ok, ce n'est pas grave mais c'est vraiment parce que c'est toi ; elle bat outrageusement des cils, je commence à être à l'étroit dans mon caleçon.
- J'ai envie de toi, Loulou.
- Moi aussi ; je le libère et me mets à le caresser.
- Oh là, reviens vers moi, Biyo'o, reviens s'il te plait.
- C'est bon, c'est bon.
- Je suis certaine que tes parents t'ont fait un compte-rendu, engage-t-elle.
- J'ai effectivement eu un retour et de toutes les façons, ce n'est pas la première fois que vous vous rencontrez.
- Mais la première fois que cela se fait en dehors de ta présence.
- C'est vrai.
- Je suis fier de toi, mon cœur. Savoir que ma mère t'apprécie vraiment et voit en toi, sa bru, me soulage. Une femme et sa belle-mère à couteaux-tirés, est le pire scénario qu'un homme puisse imaginer.
- Ah bon ?
- Mais oui, bébé. A contrario, une femme et sa belle-mère, complices, serait aussi dangereux.
- Et pourquoi ?
- Il n'y aurait plus d'intimité dans le couple et l'homme se sentirait presque violé et gêné à chaque fois que les deux femmes seraient dans la même pièce.
- Oh !
- Mais oui, oui.
- Ok, Biyo'o, j'ai compris.
- Monsieur Biyo'o, corrigeai-je.
- Aka, Biyo'o, je ne suis pas ton collègue ou l'une de tes employés.
- Ikiiii tu peux craner, que vais-je encore dire ?
- Ha ha ha ha ha ha mais sinon, chéri,
- Oui, je t'écoute ; je me cale mieux dans le lit en arrangeant la taie d'oreiller.
- Quand comptes-tu venir voir mes parents ?
- ...
- Quand comptes-tu toquer à la porte ?
- ...
- C'est la question que tous posent ici, Elric. Cela fait quand même quatre(4) ans que nous cheminons, l'un près de l'autre.
- ...
- Nous verrons à mon retour au Cameroun.
- Pardon ?
- Nous verrons quand je rentrerai au Cameroun, répétai-je ; elle fronce la figure, je sens les problèmes arriver.
- Biyo'o, donc je vais encore attendre deux à trois ans, ce qui fera sept(7) années pour que tu te décides ? As-tu vraiment besoin de sept années pour savoir si je suis la bonne ou pas ?
- Mais chérie, ce n'est pas une question de bonne ou pas bonne, mais d'occasion.
- Non, chéri, je ne suis pas d'accord.
- Tu peux prendre l'avion pour un séjour d'une semaine et venir toquer à la porte, je sais que tu en es capable.
- ...
- Elric, je sais que tu avais l'habitude de prendre l'avion pour passer un week-end au Cameroun, entre les cuisses d'une de tes petites, lâche-t-elle.
- Mais de quoi parles-tu ? Loulou, tu débloques ; je suis choqué qu'elle le sache.
- Ce n'est pas parce qu'une femme ne parle pas qu'elle est idiote. Silence n'est pas synonyme de passivité, tu sais. J'ai appris à choisir mes batailles, c'est tout ; c'est tellement sensé, ce qu'elle raconte que j'en suis pantois.
- Chérie, et si nous nous calmions ?
- Sérieux, Elric, tu m'énerves !
CLIC...Elle a raccroché, je ne m'en offusque guère. J'aime cette femme mais seulement, j'ai du mal à penser que je puisse aller toquer à la porte. Je ne sais pas pourquoi à chaque fois que j'ai envie d'en parler à mes parents, je suis comme bloqué par quelque chose. Ceci dit, elle a sans doute raison, il serait temps d'aller me présenter à ses parents car cela fait quatre longues années que je privatise leur fille.
Je vais la rappeler plus tard, me dis-je en déposant le combiné sur la table de chevet. Un œil à l'horloge mural, il est 9 heures. Oh non, non, j'avais rendez-vous avec Amicie à 9h pour quelques heures de conduite. Je compose rapidement son numéro, elle décroche à la deuxième sonnerie, je m'excuse et lui demande de patienter, je serais là dans une demi-heure ; elle accepte. Je file prendre une douche rapide et m'habille à la 2,4,6, puis file la récupérer au bas de son immeuble.
- Avec qui as-tu laissé le petit ? M'enquis-je après avoir démarré.
- Son père, bien sûr, répond-elle en mettant la ceinture.
- Ah, il est là, fais-je tout simplement.
- Oui et ça va mieux entre vous ?
- Rien de changé, je t'assure.
- Ok, courage ; que dire de plus ? Que puis-je dire que je n'ai déjà dit ?
- Et toi, ça va ?
- Bien, merci.
- Que t'est-il arrivé ce matin ?
- Une panne d'oreiller ; je suis conscient de mentir effrontément. Je n'ai pas envie de lui parler de Louhann.
- Je comprends, ce peut arriver. Tu as pu trouver la force de sortir de ton lit, c'est le plus important.
- Je t'assure.
- Alors...
DEUX HEURES PLUS TARD...
- Excuse-moi, je vais prendre cet appel.
- Fais donc, Elric, vas-y.
- Merci...Oui, type...C'est comment ? ...Ah bon ? ...Comment a-t-elle pu lâcher son doudou pour la journée ?...Ha ha ha ha mais pourquoi pas ? ...Aka, préparer va te coûter quoi ?...Que c'est pour les femmes ?...Ha ha ha ha, elles ont parfois besoin de prendre du temps pour elle...Mais mieux nous ferrer, dis donc...Je t'écoute...Ok, comme tu es sur mon chemin, je te récupère avant de la déposer chez elle et nous irons au restaurant...Beh bien sur, qu'est-ce que tu crois ? ...Mouff...Ce n'est pas parce que c'est toi qui invite que je suis ta nga(copine, argot camerounais)...Villageois !...N'essaie même pas tes conneries de payer la moitié...Ga ga ga ga ga ...je te jure, Oan, tu es un malade...A tout de suite.
Je raccroche et pose le cellulaire sur le tableau de bord.
- Oan, ton pote des 400 coups, je suppose.
- T'en ai-je déjà parlé, Amicie ?
- Pas spécialement mais ce n'est pas la première fois que vous faites les fous au téléphone.
- Ok, je vous, souris-je en embrayant.
- Huhum.
- Alors, comme tu habites à la ZUP de L'Aurence et qu'il est sur le chemin, je vais le récupérer chez lui avant de te déposer. J'espère que cela ne te dérange pas, Amicie.
- Non, non, rassure-toi.
- Ok, cool. Sinon, comment va le petit ?
- Bien merci. Dis-moi,
- Huhum.
- Pourquoi n'as-tu pas d'enfant à ton âge ?
- Je crois tout simplement que le moment n'était pas encore arrivé.
- Tu es trentenaire, comptes-tu en avoir ?
- Bien sûr, Amicie. Tous mes neveux et nièces peuvent témoigner du tonton gâteau et rigolo que je suis.
- J'aimerai bien voir ça.
- Si Dieu le permet, tu assisteras à la naissance d'un nouvel homme le jour de l'accouchement de celle qui me donnera un successeur.
- Dis donc, tout de suite les grands mots. Elric, un vrai politicien.
- Tu veux dire, menteur, oui ?
Nus éclatons tous de rire et une dizaine de minutes plus tard, je descends et rentre dans l'immeuble abritant le domicile d'Oan. Je monte au deuxième étage et sonne, il ouvre de suite la porte en souriant.
- C'est comment, tu avais encore rendez-vous avec le CCC( savon du Cameroun) ?
- Mouff ! Tu crois que je suis abonné aux bêtises ? Dis plutôt que c'est toi qui vides les stocks de savon du supermarché de proximité depuis que ta go est partie.
- Non, non, ce ne sont pas les go qui manquent, type.
- Akaaaa, à d'autres ! On se connait, dis donc.
- Tu as de l'énergie, tata, je sens que ta nuit a été du tonnerre.
- C'est ça que tu dis doucement comme ça ? La petite-là sait souvent me fatiguer, je t'assure. C'est comme si elle n'a pas d'os, des fois.
- Ga ga ga ga ga quoi ? Ne me dis pas que tu es faible de formation.
- Ayiiiiii n'insulte plus un digne Bantu de cette façon, c'en est presqu'un sacrilège.
- Massa les gros mots.
- Aka n'essaie pas de détourner mon esprit, dis donc. Je disais que tu crois que c'est le Cameroun ici, où tu rencontres une petite en route, tu dragues, prends ou récupères son numéro ? Mama, ici le kilo de l'homme ou de la femme, coûte cher.
- Ha ha ha ha ha ha.
- Pardon, ris doucement. La jachère peut tuer quelqu'un en mbeng alors que sa voisine ou son voisin est jachéreux(se) comme lui ou elle. Tu comprends pourquoi, lorsque tu attrapes une poule ou une petite, il faut bien la coller comme Franko avait dit.
- Un spécialiste de la chose, quoi.
- Nooooon, ai-je alors prétendu être un spécialiste ?
- Ga ga ga ga ga vraiment, Oan, je pense que l'on t'a fait ça au village.
- Aka, je dis mes vérités et ça te pique ?
- Oan, je te présente, Amicie, une amie et Amicie c'est mon pote des 400 coups,
- Oan, finit-elle.
- Eukeuuuuu, nous sommes-nous déjà rencontrés ? Demande un Oan en mode séducteur.
- Non, mais Elric parle tellement de vous que j'ai l'impression de vous connaitre.
- J'espère qu'il parle de moi en bien ?
- Bien sûr, bien sûr.
- Tchiiip ! Oan, tu me prends pour une go ? Salopard !
- Connard !
- Les garçons, excusez-moi mais Elric,
- Oui, chérie.
- Pourrais-tu t'arrêter à la résidence universitaire de l'Aurence, deux minutes ?
- Pourquoi ? Qu'y a-t-il ?
- J'ai quelque chose à remettre à une amie.
- Ok. Est-elle belle ?
- Aka, Elric, tu as ta go.
- J'ai ma go, comment ? Je t'ai pourtant dit qu'entre nous, ce n'était plus ça.
- Aka, le discours de tous les hommes. Pardon, type, gare-toi ici.
Elle compose le numéro de sa copine qui décroche quelques secondes plus tard.
- Oui, ma belle...Bonjour...ça va ?...Bien, merci...Odessa dort encore ? ...Vous étiez encore groover, n'est-ce pas ?...Ah bon ?...Mais oui...Donc, on y va ce soir...A la palmeraie...Oui, oui mais en attendant, descends, s'il te plait, récupérer un truc pour Odessa....Ok, à tout de suite.
Cinq(5) minutes plus tard, une belle jeune femme apparaît, portant une robe couleur jaune-canari lui arrivant à 10 centimètres des cuisses, les cheveux coiffés en un chignon, une manucure et pédicure parfaite et surtout, elle n'est pas maquillée. J'ai beau essayé de regarder ailleurs mais n'arrive pas détacher mon regard de ses yeux de biche et encore mieux de ses lèvres pulpeuses.
- Métisse ou blanche ? Lâchai-je sans vraiment m'en rendre compte ; elle se tourne vers moi et me regarde bizarrement avant de casser la bouche. Vraiment quand une femme se sait belle, tchiip.
- Elric ! Gronde Amicie en se tournant vers moi, les yeux gros.
- Excuse-moi, cela m'a échappé ; j'ai envie d'étriper Oan qui rit sous cape après que la belle inconnue m'ait toisé.
- Tchhiiiip ! Tiens, c'est pour Odessa et tu lui diras que je passerais le soir à 19h. Nous pourrons nous préparer avant d'aller à la Palmeraie vers 22h.
- Ok et merci de sa part, dit-elle avant de prendre le paquet.
- Amicie, tu ne nous présentes pas ?
- Ah oui, excusez-moi.
- Jeneya, je te présente Oan et son pote, Elric. Elric et Oan, je vous présente ma pote et sœur, Jeneya.
- Enchanté, fait Oan en sortant du véhicule pour lui faire la bise.
- Moi de même, répond-elle. Comment allez-vous ?
- Oan, n'oublie pas que tu es fiancé hein ?
- Type, c'est comment ? Réplique-t-il, tu crois que c'est parce qu'on est sympa avec une fille, qu'on souhaite la mettre dans son lit.
- Désolé ; je ne sais vraiment pas ce qui m'arrive. Jeneya se tourne vers moi, me fixe avec dédain avant de continuer à discuter avec Oan et Amicie qui finissent pas éclater de rire.
- Désolée, s'excuse Amicie en pénétrant dans le véhicule au même moment qu'Oan.
Je démarre en silence, perdu dans mes pensées. Heureusement qu'Amicie ne dit rien et Oan, le connaissant, je sais qu'il attend que nous soyons deux pour s'exprimer. Je la dépose cinq minutes plus tard au bas de son immeuble ; elle parait satisfaite de la journée et me remercie chaleureusement, passant sous silence l'incident de tout-à-l'heure.
- Type, qu'est-ce qui t'arrive ? Me demande Oan, à peine Amicie est dans son immeuble.
- ...
- Tu te grilles seul chez la petite et tu veux aussi me mettre les bâtons dans les roues ?
- Désolé, cela m'a échappé.
- Est-ce tout ?
- Mais oui ! Que veux-tu que je te dise ?
- Tu n'as pas besoin de t'énerver, hein.
- Je ne suis pas énervé et quelque part, remercie-moi car je t'ai surement empêché de faire une bêtise.
- Quelle bêtise ? Que c'est un new amour entre ma chérie et moi ? Qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de me mettre autre chose sous la dent, de temps à autre ?
- Je sais même ?
- On se connait. Ce n'est pas parce que je me trompe parfois de chambres et de lits que je ne la respecte ou ne l'aime pas.
- Pardon, laisse-tomber et arrête de prêcher un convaincu.
- La petite a tout pour rendre un homme heureux...Minceeee ! Elle a le teint commercial et surtout sans tache. Eh he he he he he sa peau est douce, mon frèèèèèèère. Je confirme que le Seigneur a parfois été égoïste. Il a gâté certaines femmes et lésé d'autres.
- N'est-ce pas ?
- Et elle sent bon, je ne te dis pas.
- Qu'a son odeur de plus que celle de ta go ?
- Elle n'a pas besoin de forcer, tara, la go-là est pure et bio.
- Espérons seulement qu'elle ne soit pas une tête vide.
- Pourquoi tant d'aigreur ? Tu te ridiculises toi-même devant la petite et tu vexes ?
- Qui est vexé ?
- Elle a du caractère, type. Le regard qu'elle t'a balancé pouvait tuer un troupeau d'éléphants.
- Aka, elle fait comme si ses pieds ne touchent pas le sol. Pour qui s'est-elle prise ?
- Toi-même en demandant si elle est blanche ou métisses, tu pensais à quoi ?
- J'ai parlé tout haut, c'est tout.
- Mais tu l'as énervée, dis donc.
- Aka, c'est passé, il y en a de plus belle.
- Type, je finis ma soirée à LA PALMERAIE.
- En mode « attaque », tu veux dire.
- Ah ça !
- Tu me suis ou pas ?
- Je vais rester faire quoi à la piole( maison, argot camerounais) ?