Partie 71 : Joyeux noel

Write by labigsaphir

J'ouvre les yeux, fais le signe de croix, puis une petite prière pour remercier le Seigneur. Je suis reconnaissante pour le souffle de vie, la santé et la prospérité qu'il me donne. Je me tourne, tends la main et tire le berceau de la petite à moi ; je ne regrette vraiment pas de l'avoir déplacé dans ma chambre, juste pour l'occasion.

J'ai décidé de passer noël à Limoges et chez moi, avec la petite. Mes proches n'ont rien compris à mon choix mais l'ont tout de même respecté. Nous avons été invitées par Amicie et Odessa, j'ai promis faire un tour chez elle dans la journée ; j'espère en avoir la force. Pour le moment, j'ai décidé faire un tour dans un foyer, déposer des cadeaux que j'ai pu acheter. J'ai aussi contactée Saphir et ai participé à la traditionnelle collecte des fonds qu'elle fait chaque année pour les orphelins et ai envoyé ma participation ; voilà, c'est mon devoir de chrétienne.

Au retour, je fais un saut chez Odessa et termine par la domicile d'Amicie où je trouve le petit d'Amicie, elle-même et bien sûr, Aymeric. Nous faisons la bise à tous, Aymeric demande à prendre la petite, surtout que c'est la première fois. J'observe ces gestes avec la petite, il est précis et surtout, très doux. Au bout d'un moment, j'ai même l'impression qu'ils m'ont oubliée tellement ils sont dans leur bulle. J'entends la petite rigoler de temps à autres, elle semble bien dans ses bras.

Il propose de lui donner à manger, va réchauffer son bibi et le lui donne sans la salir. D'habitude, elle n'accepte pas les inconnus mais là, on dirait qu'elle le connait depuis des lustres. A la fin du repas, j'aide Amicie à débarrasser et nous nous retrouvons dans la cuisine. Je connais parfaitement cet air, elle a à me dire mais hésite.

- Tu peux y aller sans prendre de gant, je vais gérer, dis-je pour l'encourager.

- Que se passe-t-il entre vous ?

- Rien. Pourquoi ?

- En es-tu certaine ?

- Oui. Pourquoi ?

- Euh...Discutez-vous souvent ?

- Mais oui, oui. Est-ce interdit ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, Jen.

- Quoi, donc ?

- Humm, j'espère que tu sais où tu mets les pieds, rétorque-t-elle mystérieusement.

- Si tu as à me dire, fais-le une bonne fois pour toutes.

- C'est un bel homme, tu as du le constater.

- Huhum.

- Et comme tu le sais, les beaux hommes sont synonymes de problèmes minkouta minkouta( sacs, Beti langue du Cameroun).

- Ok, je vois. Si ce n'est que pour ça, ne t'inquiète donc pas.

- Il a l'air de te plaire, fait-elle remarquer.

- Suis-je donc si transparente ?

- Oui. Tu devrais faire attention, Jen.

- Oui, maman.

- J'espère que tu sais au moins, où tu vas.

- C'est-à-dire ?

- J'espère pour toi que tu ne te serviras pas d'Aymeric pour panser la blessure causée par Elric.

- Non, rassure-toi.

- En es-tu certaine ?

- ...

- Tu sais, si la blessure n'est pas cicatrisée, tu aurais beau coller des tonnes de bandes collantes que cela n'y changerait rien.

- Amicie, tu exagères, je trouve.

- Jen, j'ai appris que le corps peut mentir mais le cœur, non.

- Merci, maman.

- De rien.

- Sinon, le ndolè et les missolè(frites de plantains), sont très bons ainsi que le poulet DG.

- Je pourrais dire merci mais le mérite ne me revient pas du tout.

- A qui donc ?

- Aymeric.

- Quoi ?

- Eh oui, fait-il derrière nous.

Amy et moi, nous retournons, il porte Athea qui tire sur sa totoche sans broncher, agrippant le petit doit d'Aymeric ; c'est mignon.

- Depuis combien de temps es-tu là ? Demande Amy.

- Mois d'une minute, pourquoi ? Répond-il en berçant Athé. Parliez-vous de moi ?

- Elle me disait que c'est toi qui as préparé le poulet DG, le ndolè et les frites de plantains.

- C'est vrai.

- Wow ! Tu es un bon cuisinier. Qui ne rêverait pas avoir un homme tel que toi, à la maison ?

- Je pourrais être le tien, tu sais, rebondit-il.

- Euh...c'était une boutade, fais-je en rougissant.

- Humm, pardon, donnez-moi ma fille, fait Amy en récupérant la petite.

Moins de deux secondes plus tard, Aymeric et moi, nous retrouvons seuls dans la cuisine. Un silence gênant s'installe entre nous durant quelques secondes, puis je me tourne vers lui.

- Et si nous allions rejoindre les filles ? Faisons-nous tous les deux au même moment.

- Ecoute, Jen, hésite-t-il en touchant mon poignet durant un laps de secondes. Amy ne m'a pas tout dit, elle ne m'a rien dit en fait.

- Huhum.

- Je ne sais rien de ta vie, à part ce que tu as bien voulu me dire : des bribes. Tu as du le sentir, Jen. Depuis le jour où je t'ai rencontrée, je suis attiré par ta personne et ce, malgré le fait que tu ais une gamine de quelques mois. J'aime d'ailleurs cette enfant et m'entends bien avec elle. Concernant ton passé, je crois avoir eu un aperçu avec le père de la petite ; il se touche la mâchoire.

- Je suis désolée, Aymeric.

- Non, ce n'est pas ta faute. Je crois qu'il est toujours amoureux de toi et qui ne le serai d'ailleurs pas en te regardant ?

- Aymeric, c'est compliqué.

- Serais-tu toujours amoureuse de lui ?

- Je ne le crois.

- Tu ne le crois pas, n'est pas un « Non » ferme.

- ...

- Je saurais m'en contenter pour le moment.

- Qu'est-ce qui te fait croire que je voudrais de toi dans nos vies ?

- Ton regard et surtout, l'accord d'Athéa.

- Ce n'est pas elle qui décide.

- Je sais, raison pour laquelle j'essaie de mettre sa maman dans ma poche.

- Aymeric, commençai-je.

- Pour toi, c'est Aimé, me coupe-t-il avec douceur.

- Aimé, c'est compliqué. Je ne suis pas prête à avoir un homme dans ma vie, pour le moment.

- Je sais, Jen, je sais.

- Je ne veux pas casser l'ambiance mais nous nous sentons seuls, crie Amy depuis le salon.

- Nous arrivons, répond-il en me regardant.

- Allons-y.

- Jen, ce n'est que partie remise.

- Humm.

Nous procédons à la remise des cadeaux, Aimé et moi, n'en avons pas l'un pour l'autre. A 20h, fatiguées mais heureuses, Athé et moi, rentrons chez nous.

DEUX HEURES PLUS TARD...

DRIIIING...DRIIIING...DRIIIIIIING....

- Mais je n'attends personne et surtout pas, à cette heure.

Je me lève en pestant et me dirige vers la porte, regarde à travers le judas et sursaute en me rendant compte que c'est Aimé. J'ouvre la porte à demi, attendant qu'il s'exprime.

- Bonsoir Jen.

- Rebonsoir Aimé.

- Excuse-moi de revenir à une heure aussi tardive. Je souhaitais te remettre ton cadeau de noël.

- Cela pouvait attendre la matinée.

- Je sais mais ne dit-on pas qu'après l'heure, ce n'est plus l'heure ?

- Quel lien ?

- Après noël, ce n'est plus noël.

- C'est mali et pas bête du tout.

- Tu me reçois à la porte ?

- Non, non, excuse-moi, je manque à mes devoirs d'hôte. Tu peux rentrer et bienvenue chez moi. 

- Merci, fait-il en passant le seuil.

- Passe-moi ton manteau, s'il te plait ; il l'enlève et me le tend.

- Merci ; je l'accroche et le rejoins dans le séjour.

- Très beau chez toi.

- Merci.

- Pour une étudiante, c'est assez étonnant, remarque-t-il.

- C'est vrai mais c'est la vie ; que dire d'autre ?

- Merci d'avoir ouvert la porte, Jen.

- Huhum.

- C'est vrai que cela fait des mois que nous discutons.

- Continue...

- Cela ne me donne en aucun cas le droit de m'inviter chez toi.

- C'est clair.

- Ceci dit, tu me reçois tout de même.

- Surement l'hospitalité africaine.

- Une vraie camerounaise.

- Ha ha ha ha n'est-ce pas ? Alors, j'ai des caramels, croquettes et un vin blanc, le MontBazillac.

- Tu connais les vraies choses.

- Je me débrouille.

- Attends, je vais t'accompagner.

- Non, reste assis, je vais m'en occuper.

- Tu n'as pas constaté que j'ai du mal à rester sur place.

- Hyper actif ?

- Peut-être, peut-être pas.

Nous allons tous les deux à la cuisine, chercher l'apéritif et revenons prendre place dans le canapé.

- Tiens, c'est pour toi, dit-il en me tendant le sac en papier Kraft d'un grand magasin dont je tairai ici le nom.

- Il ne fallait pas. Cela a du te coûter une fortune.

- Tu le mérites, Jen.

- Merci. Ne m'as-tu pas dit que tu faisais un petit boulot ?

- Un extra de temps à autres n'est pas tuant, à ce que je sache.

J'ouvre le paquet en question, c'est une tenue entière avec des chaussures. Connaissant bien le magasin, je sais qu'il n'a pas dépensé moins de 500 euros.

- Je ne peux pas accepter, Aimé.

- Dis-toi que c'est pour Athéa et toi, dans ce cas.

- Aimé,

OUIIIIIN...OUIIIIIN...OUIIIIN...OUIIIIIN...

- Minute, s'il te plait.

- Vas-y, Jen.

Je vais la chercher et viens m'asseoir avec elle, la berce de temps à autres mais elle n'a pas vraiment l'air de vouloir se calmer.

- Passe-la-moi, s'il te plait ; je le fais, elle se calme aussitôt qu'elle est dans ses bras.

- Voilà princesse, ça va aller. Fais-moi un sourire, mon bébé ; quelques secondes et je la cois sourire.

- Comment fais-tu ?

- J'aime les enfants et ils me le rendent bien.

- As-tu un enfant ?

- Oui.

- Tu ne me l'avais jamais dit, ça.

- Tu n'as jamais posé la question, non plus.

- Quel âge a ton enfant ?

- Ma fille a 9 ans, aujourd'hui.

- Oh !

- Oui, c'est une petite femme, ma première femme.

- Ok, je vois.

- Regarde dans mon portefeuille sur la table, sa photo y est.

Je m'exécute et récupère la photo d'une petite fille à l'air espiègle et lui ressemblant comme deux gouttes d'eau.

- Ta photocopie, dis-je en le regardant.

- Mon sang est fort et il ne se perd jamais.

- Pardon ?

- Tu comprendras lorsque tu m'auras fait mes trois enfants.

- Je ne crois pas.

- C'est ce que tu crois, Jen. Je ne vais pas te brusquer, tu es la mère de mes futurs bébés.

- Je te trouve narcissique.

- Non, me coupe-t-il, sur de moi. Je suis juste sur de moi, tu apprendras à me connaitre ; j'ai des frissons.

- Humm.

- Tu as fait un tour chez les Bulu. C'était un mauvais calcul de toutes les façons, fils de ministre ou pas.

- Comment le sais-tu ?

- Je me renseigne toujours avant de draguer une femme, toujours. Biyo'o ou pas, il devra admettre tôt ou tard, que tu es la femme des Bassa.

- Aymeric, tu mets la charrue avant les bœufs. Nous ne sommes même pas ensemble.

- Que tu crois !

- Aymeric,

- Où est la chambre de la petite ?

- Pourquoi ?

- Ne t'inquiète donc pas, je ne suis pas un pédophile.

- Euh...Suis-moi, s'il te plait ; la traitresse qu'il a dans les bras, gazouille en lui souriant. Vraiment, les enfants d'aujourd'hui.

Nous arrivons dans la chambre et sans que je ne lui dise quoique ce soit, il pose la petite sur la table à changer, change sa couche et lui remet son pyjama avant de s'asseoir sur la chaise à bascule. Il se met à chanter en langue, je suppose que c'est le Bassa, jusqu'à ce que la petite s'endorme. Ehhh c'est comme cela que l'on fait pour kidnappe les enfants ici dehors. Et dire que jusqu'à aujourd'hui, j'étais certaine que celui qui kidnapperait ma fille, en aurait tellement marre qu'il me la ramènerait avec en prime, des excuses. Athéa est une vraie traîtresse.

- Je t'attends au salon.

Je la borde, retardant tant que je le peux, le moment de rentrer le retrouver. Mon cœur bat la chamade. Je ne sais pas si Elric m'a fait cet effet. Minceeeee ! C'est quoi, cet homme qui ordonne seulement ? Sans que je ne le comprenne, mes pas me mènent au salon. A peine suis-je assise, qu'il me tire à lui et m'embrasse. Je ferme seulement les yeux et profite, que dis-je, je savoure cet instant.

Une demi-heure plus tard, nos habits volent dans la pièce ; ne me demandez pas comment est-ce nous en sommes là. Je sais juste que les mains d'Aimé sur ma peau ont l'effet d'une brulure. Il pose des baisers sur tout mon cœur. Je pose les mains sur ma poitrine, il me les enlève et se redresse.

- Tu ne devrais pas avoir honte de ton corps. Pour une femme ayant donné la vie, il est magnifique.

Je baisse les yeux et ce que je vois, me fais reculer tellement je suis remplie d'effroi. Le sexe d'Aimé est en érection. Comment vous le décrire sans exagérer ? Il est long, très long et gros. Oulaaaa le mythe de l'homme noir bien « membré » n'en est pas un, en fait. Je comprends pourquoi il disait que généralement les femmes fuient son lit après une à deux nuits.

PANGALAN ! Moi aussi, je vais fuir, me dis-je en ramassant mes vêtements en tremblant. Qui va mourir cadeau ? Minceeee ! C'est la première fois qu'un homme est aussi bien outillé.


Jeneya CROFT, l'Impé...