Partie 9 : Minal !
Write by labigsaphir
- Tonton Dick, tes bagages sont-ils prêts ?
- C'est énième fois que tu me poses la question, répond-il en sortant de la salle de bain.
- Excuse-moi, tu sais que je stresse rapidement lorsque je ne maîtrise rien.
- Calme-toi, j'ai l'habitude de prendre l'avion, ça ira.
- Ok ; je m'assieds sur le canapé du séjour et me mets à cogiter.
- Mon vol est prévu pour 17h et il n'est que 8h, nous avons encore le temps.
- Ok.
- Alors, dit-il en rentrant dans ma chambre ; je la lui ai laissé durant son séjour.
- J'ai l'impression de n'avoir fait qu'une heure avec toi et pourtant, nous avons eu 24h ensemble.
- Je t'assure, tonton Dick, le temps passe si vite.
- Je tenais à terminer mon séjour en Europe, chez toi après être passé par la ville rose, afin de savoir où tu vis et te faire un compte-rendu des transactions ayant eu lieu à l'empire Stern.
- Ok.
- As-tu regardé le marché boursier à la télévision ?
- Je le fais tous les matins à 6h, dès mon réveil.
- C'est bien, je suis content de constater que tu prends à cœur ton rôle au sein de cette entreprise.
- Ne t'inquiète pas, je compte tous vous surprendre.
- Ce serait bien ; il me regarde à travers ses lunettes. Il est tellement mimi, mon oncle.
- Toi, tu me fais penser à Lavigna, lâche-t-il.
- Ah bon ? Et pourquoi ?
- Comme ça, répond-il en faisant mine de fouiller son attaché-case.
- Où se trouve-t-elle en ce moment ? J'aimerai bien la rencontrer ?
- Elle ne souhaite pas être retrouvée et la rencontrer, ne t'apportera rien ; son ton est légèrement sec.
- Qui est-elle vraiment ?
- Tu le sauras assez tôt mais pour l'instant, concentrons-nous sur ces documents.
- Pourquoi entourez-vous toujours Lavigna de cet halo de mystères ?
- Tu es vraiment pugnace, seulement, j'espère qu'avec l'âge tu apprendras à lâcher prise.
- Qu'ai-je dit de mal ?
- Rien, ma chère enfant, rien.
- Ok ; nous nous regardons dans les yeux, il secoue la tête et détourne le regard. Ma mère a aussi cette attitude à chaque fois que je pose des questions concernant Lavigna.
- Jen,
- Oui, tonton.
- Tu sais, dans toutes les familles, il y a des sujets que l'on ne souhaite pas aborder, des secrets qui ne doivent pas être révélés, des ombres qui planent et planeront à jamais. Si nous ne souhaitons pas en parler, c'est à dessein. Lavigna et beaucoup d'autres choses en font partie ; il darde son regard sur moi, il est tellement lourd que je suis de suite mal l'aise.
- ...
- Nous ne souhaitons pas ouvrir la boite de Pandore afin de ne pas faire souffrir certains, comprends-le une bonne fois pour toutes.
- Et les secrets de Polichinelle ?
- Des ragots, tu veux dire, il y en a aussi dans cette famille et moins tu en sauras, mieux tu te porteras ; son ton est des plus mystérieux.
- Ok.
- Bien ! Passons à ce qui m'a vraiment emmené à la ville de la Porcelaine.
- Tu as retenu cela, dis-je en souriant.
- Comment oublier ? A l'époque, maman commandait tous ses services à Limoges. Ils faisaient et font d'ailleurs, toujours du bon boulot.
- Je confirme, tonton, je confirme. Je t'avouerai que je préfère chiner et racheter la vaisselle à des mamies prêtes à aller en maison de retraite, elles ont de la vraie porcelaine.
- C'est vrai mais que veux-tu ?
- Humm.
- Revenons à nos moutons s'il te plait.
- Ok.
- Nous avons eu la visite des plusieurs créateurs de Start-up dont une qui nous a vraiment marquée. Voici les documents relatifs aux activités de cette entreprise, qui est d'ailleurs africaine. Je pense que nous implanter dans cette partie du monde et pas le biais de ces entreprises, seraient un plus nous permettant de toucher les jeunes et de toucher du doigt certaines réalités du pays au lieu de nous suffire des entreprises de renom.
- Je le pense aussi, j'ai d'ailleurs fait cette remarque sur le site internet de l'entreprise.
- Oui, ton grand-père en a d'ailleurs fait mention lors de la réunion.
- Ah bon ?
- Mais oui, que crois-tu ? Il a fait imprimer ton papier et l'a distribué aux employés, tu as été non seulement précise mais succincte. Bravooo, Jen, tes parents et moi, sommes fiers de toi.
- Merci ; je dois surement rougir en ce moment.
- Tu seras une femme d'affaires redoutable si tu continues dans cette lancée.
- Merci.
- A part les start-up, nous avons rencontré le directeur financier de la société McDermott & Fils, une société que ton grand-père drague depuis des années mais n'arrivait pas hameçonner.
- Oui, monsieur Alaric Bradshow, dis-je en feuilletant les documents remis.
- Exactement, monsieur Alaric Bradshow qui est par ailleurs un ami, un promotionnaire.
- Comment ont-il réussi à les ferrer si cela faisait des années que papy n'arrivait pas à les intéresser ? A mon retour, la dernière fois, j'ai d'abord discuté avec Alaric chez moi. J'ai pu avoir des pistes et connaitre leurs réels besoins afin d'écrire un projet, que j'ai par la suite présenté à la directrice projet de Stern.
- C'est bien joué, tonton.
- Après avoir eu l'accord de la directrice des projets, je suis allée rencontrer McDermott Père accompagné de l'un de ses fils et leur ai présenté mon projet. Ils ont été enthousiastes et ont accepté se déplacer pour Londres.
- C'est bien, tonton. Tu es vraiment en train de t'imposer, tu le fais et bien.
- Mais oui, voilà pourquoi je te demande d'apprendre à prospecter.
- Huhumm.
- Je ne suis pas autant à l'aise sur les réseaux sociaux que les jeunes générations. Tu dois t'y connaitre, Jen.
- Mais oui, en douterais-tu ?
- Ha ha ha ha, non, Jen, bien sûr que non.
- Voilà.
- A toi de jouer et ne tarde pas à proposer quelque chose mais avant, n'oublie pas de m'en parler.
- Ok.
- Tiens, voici les documents relatifs à cette réunion. Prends vraiment le temps de lire, d'en tirer les conclusions et n'hésite pas à poser des questions si jamais tu ne comprends pas quelque chose.
- Ok, c'est promis.
- En passant,
- Oui,
- N'oublie pas d'appeler ton oncle et l'assaillir de questions.
- C'est noté.
- Montre-lui que tu es intéressée même si je sais que tu l'es déjà. Montre-lui que tu es là et ne doit pas t'oublier.
- Huhumm.
- Voilà, je crois avoir fait le tour, dit-il en réfléchissant.
- Tes examens ?
- Rien à craindre, tout est sous contrôle.
- Tiens-moi au courant dès que tu auras les résultats.
- Ok.
- Là, j'ai faim, avoue-t-il en regardant autour de lui.
- Je suis allée acheter des viennoiseries et nous ai préparé thé et café.
- Merci, tu es la digne fille de ta mère.
QUELQUES HEURES PLUS TARD...
- Oui, il est parti, Odessa.
- Ça a été ?
- Parfait, je t'assure, parfait.
- Je suis contente pour toi.
- Tu aurais pu passer nous faire un coucou, que cela ne nous aurait pas dérangés.
- Non, je ne souhaitais pas m'imposer et rester dans les bras de mon homme, quoi de mieux.
- C'est bon, je te comprends.
- Que vas-tu faire maintenant ?
- Faire les courses avant de procéder au grand ménage.
- Pourquoi ? Vous n'êtes pas des cochons à ce que je sache.
- Je sais mais tu sais,
- Savoir quoi ?
- Le dîner de demain soir.
- Quel dîner ? Pourrais-tu être plus explicite ?
- Celui avec Elric ?
- Mais oui, Od.
- Tu m'en as parlé une fois en passant, c'est vrai.
- Voilà.
- Amicie est-elle au courant ?
- Non.
- J'imagine le pourquoi.
- Oui soupirai-je.
- Te dire que j'approuve serait mentir, Jen. Tu connais Amicie, elle n'a pas souvent l'habitude de se mêler de la vie privée des autres et si elle prend la peine de te mettre en garde, crois-moi, tu devrais faire attention.
- Je sais, Od mais vous semblez toutes vous emballer pour rien, c'est juste un dîner pour le remercier.
- Si tu le dis ; je la sens perplexe voire dubitative.
- Od, c'est juste un dîner. Ça commence sérieusement à me saouler, j'ai l'impression de marcher sur les œufs avec vous à chaque fois que je parle d'Elric, ce qui est très rare. J'ai l'impression de devoir m'expliquer à chaque fois que je fais allusion à lui, alors qu'il n'y a rien entre nous.
- Désolée si c'est l'impression que tu as, le but n'était pas de te froisser mais plutôt de te protéger.
PENDANT CE TEMPS...
[ ELRIC ]
TOC...TOC...TOC...
C'est la deuxième fois que je viens ici malgré toutes les invitations d'Amicie, car rencontrer son crétin de chéri a le don de mettre dans tous mes états. A-t-on déjà vu un homme se comporter de la sorte. C'est à cause des hommes tels que lui que nous sommes tous catégorisés.
J'entends du bruit à l'intérieur puis des pas approcher rapidement. La porte s'ouvre et apparaît une Amicie souriante.
- Elric, comment vas-tu ?
- Bien, merci et toi ?
- Bien, merci.
Elle me fait la bise, puis m'invite à rentrer dans le séjour. Les images de la fameuse soirée refont surface et sont vite chassées par la présence de son copain. Je respire un bon coup et vais lui tendre la main, il me salue et prend un journal sur la table ; manifestement désireux d'écouter notre conservation. Après un moment de flottement qui me parait être une éternité, Amicie procède aux présentations puis me demande de la suivre. Nous sortons de l'appartement, prenons l'ascenseur et allons prendre place dans mon véhicule. J'allume le chauffage en voyant Amicie se frotter les mains.
- Ça va mieux ?
- Oui, là c'est mieux, merci.
- Tu voulais me voir, dis-je tout simplement.
- Oui, Elric, il fallait que je te vois.
- A quel sujet ?
- Au sujet de ma copine, Jeneya.
- Ah bon ? Pourquoi ? Qu'y a-t-il encore ?
- Je tenais juste à te faire savoir que je n'approuve pas ce que tu veux faire.
- Mais de quoi parles-tu ?
- Tu veux mettre Jeneya dans ton lit en lui vendant des reves, Elric. Toi et moi, savons que tu as une copine. Tout le monde le sait ici à Limoges, sauf Jeneya qui ne fraie pas avec les camerounais.
- Amy, tu es une amie, une personne que je respecte beaucoup. Je trouve que ton geste est très beau, tellement naturel et franc car tu veux protéger une amie.
- Elle est plus qu'une amie, c'est une sœur, me coupe-t-elle.
- Oui, c'est une sœur pour toi. Et non, je ne cherche pas à mettre Jen dans mon lit car il s'agit d'un simple dîner.
- Elric, nous connaissons ta réputation de tireur d'élite, tu ne la feras pas à moi.
- Amicie, je te respecte et respecte ta sœur, comprends-le. J'ai été en couple avec Louhann mais ne le suis plus.
- AH bon ?
- Je t'assure.
- Si je n'ai pas souhaité te présenter Jen, c'est à bien sûr à cause de Louhann.
- Je comprends mieux.
- Et même, laisse Jen tranquille car tu lui briseras le cœur si tu te mets avec elle. Tu n'es pas un homme à te contenter d'une seule femme et nous le savons tous les deux.
- Amy, je promets ne pas faire de mal à Jen et c'est d'ailleurs un dîner et rien qu'un dîner.
- Elric ; elle regarde au loin par la vitre, semble comme perdue.
- Oui, Amy.
- Jen a assez souffert, c'est une personne ayant le cœur sur la main. C'est quelqu'un de foncièrement bon, une personne qui a ses démons, ses forces mais aussi ses faiblesses. Elle est dans une phase de reconstruction après une déception amoureuse, raison pour laquelle je ne souhaite pas qu'elle se mette en couple avec toi.
- Amy, avec tout le respect que je te dois, tu n'as pas le droit d'intervenir dans cette histoire.
- Si, justement ! J'ai tous les droits car Jen est ma sœur. Tu ne sais pas combien je brûlais d'envie de te foutre à la porte, lors du fameux dîner chez moi, la dernière fois. Tu ne sais pas combien je me consumais à l'intérieur en voyant Jen te sourire, sachant qui tu es.
- Merci pour la confiance.
- J'ai toujours été franche avec toi et tu le sais bien ; pour une personne incapable de gérer un homme en 7 années, se faire épouser par lui après avoir eu un enfant de lui, elle prend vraiment ses rêves pour de la réalité. Elle est incapable de dire à un homme qui souhaite la prendre comme seconde femme alors qu'elle était là avant sa gabonaise dans son pays, elle a le cran de vouloir me faire la morale.
- Amy, je te trouve lourde. Ne cherche pas à t'ingérer dans cette histoire car elle va te dépasser.
- Tu lui feras mal, j'en suis certaine.
- Ce n'est qu'un diner ; y crois-je vraiment ?
- Je te donnais à te donner le fond de ma pensée et quant à Jen, je l'ai aussi mis au courant.
- Quoi ? M'exclamai-je, vraiment en colère cette fois. Tu n'avais aucun droit, Amy.
- Oh que si ! J'ai fait ce que j'avais à faire. Je ne peux voir une amie courir vers une falaise et fermer les yeux. Non, non et non, j'ai fait mon devoir.
- Tu n'avais pas à lui parler de ma vie privée, Amy !
- C'est fait et je ne regrette pas. Je ne vais pas te le cacher, à chaque fois que je pourrais, je ferai tout pour la garder loin de toi.
- Amy, s'il te plait, rentre chez toi. Je préfère que nous en restions là, je n'ai aucune envie de te manquer de respect.
- Ok. Bonne soirée !
A peine est-elle descendue que j'ai démarré sur des chapeaux de roues, me demandant ce que j'étais venue faire là. Je préfère appeler Jen et prendre la température, je ne tiens pas à avoir des surprises. Je gare sur le bas-côté de la route et compose son numéro.
...
LE LENDEMAIN...
- Alors, comment a été ta semaine ?
- Riche en rebondissements, répond-elle en posant des amuse-gueules sur la table.
- Merci mais il ne fallait pas te donner autant de mal pour moi.
- Non, ce n'est rien, tu sais.
Elle apporte du vin blanc et d'autres bouteilles, fait le service pendant que j'observe son opulente poitrine bouger dans son T-shirt. Elle finit par s'asseoir, j'ai le loisir d'admirer ses cuisses nacrées, sans tache à la peau lisse sortant d'une combinaison blanche lui allant à ravir. Elle a tout ce qu'il faut, là où il faut ; dire qu'elle est belle, est doux euphémisme. Son bustier, une vraie invitation au péché ; il m'en faut pour garder les yeux sur son visage et non pas, sa poitrine.
- Alors, que deviens-tu ?
- Elric,
- El, serait mieux et me rendrait unique à tes yeux ; elle a un sourire niais.
- Humm, je disais donc que je suis là. Après une semaine assez riche et fatigante, je suis toujours dans l'attente de mes examens.
- Je sais que tu les auras haut la main.
- Merci pour la confiance.
Elle se tait, soutient la tête de ses mains puis me regarde droit dans les yeux.
- Tu peux m'en parler, tu sais, dis-je pour l'encourager.
- J'ai échangé des mots avec Amicie.
- Je vois, fais-je en me redressant.
- Qu'as-tu à dire ?
- Je tiens à dire que j'ai trouvé l'acte de ton amie, bien d'une part mais aussi déplacé.
- Pourquoi ?
- Elle le fait par peur de te voir souffrir, te protéger, ce que je comprends.
- Mais,
- Je trouve que c'était déplacé car elle