Perdu sans Toi

Write by TSHIKONDA NZAMBI

Je quitte mon pays, ma terre, mes amis, ma famille. Le sanctuaire auquel je déposais mes prières sera foulé par quelqu'un d'autre. Celui qui ne connaîtra ni comment vénérer le dieu qui me consolait, ni comment éloigner les esprits errants qui me terrorisait.


Je n'ai plus rien d'autre à garder en moi, sauf le souvenir, le souvenir d'une vue agréable, d'une existante famille, des potentiels moments tristes mais qui ne reviendront pas. Je ne peux exprimer avec exactitude ce que c'est de perdre, perdre tout, ses traces, ses repères, , son histoire, son patrimoine culturel, et enfin embrassé celui d'une réalité totalement différente de la mienne.


Je ne savais plus orienter mon sens de la raison. La sensation d'écrasement, se refaire une identité, je devais grandir plus vite qu'avant, devenir la grande soeur alors que je n'étais qu'une cadette, j'étais habitué à ce que l'on supporte mes caprices, que l'on réalise mes désirs, que l'on me chouchoute, que l'on me dise tout le temps que je suis jolie, oui je suis jolie, je suis belle, africaine, droite, les yeux bridés, les lèvres roses épais, le nez arrondie sur le bout avec des narines un petit peu mis en avant. Je ne suis pas grosse, je ne suis pas mince, je suis belle, mais je devais être la seule à voir cette beauté.


Ma mère, celle qui m'a accueilli m'a appris à être une femme indépendante, c'était mes premiers pas dans ce monde farfelue. Je devais me faire des tresses toute seule, je devais devenir la touche à tout, je devais m'engager à respecter tout le monde de sorte à pas recevoir des propos insultants. Je devais observer comment Jenna-Cross, ma sœur, ou du moins ma cousine, moins âgé que moi, devait être celle qui obtenait toutes les faveurs. Cela ne m'étonnait pas, elle est la cadette maintenant. Celle que j'étais, s'était réincarné en elle, celle que j'étais, n'existait plus.


Je devais la prendre sous mon aile, Jenna-Cross est une étoile de mer, un vrai grain de bonheur, une source d'énergie positive, une petite soeur que la vie m'avait donné, je devais devenir une grande soeur, j'étais une grande sœur, je devais être la meilleure, la plus forte, je suis devenu son modèle, elle aimait celle que j'étais, mais ne pouvait pas le devenir, elle est maternée, elle n'affronte pas assez ses réalités, ce n'est ni de sa faute, ni celle de personne d'autre, c'est sa nature, et je l'aime ainsi, ô combien je l'aime. 


Elle a toujours réussit à faire le plein de bonheur avec moi, elle me rend heureuse, je souris quand je la regarde, quand elle chante, quand elle danse, elle aime ça, même si cela n'est pas à la perfection, elle est heureuse, j'ai construit mon bonheur sur sa joie, c'était mes premiers pas en tant que soeur aînée. Je devais accepter le fait que mon bonheur devrait provenir de celui de Jenna-Cross. Je peux encore me souvenir de comment elle se sentait bien dans mes bras lorsque je devais la faire un câlin.


Elle était ma consolation, elle aussi, sans personne à qui me confier dans ce nouveau monde, je ne regardais que sa joie pour effacer mes peines, elle incarnait une innocence pure, une source d'énergie palpable de bonne humeur et de joie incontrôlée, elle est plus qu'une simple cousine, c'est ma sœur, mon amie, ma préférée.


Ensuite j'ai du aller à l'école, une africaine, issu du centre de l'Afrique, qui doit aller dans des écoles de blancs.

80% des élèves sont blancs dans mon école, Jean Bastille il s'appelle. j'ai rencontré énormément de gens chacun selon leur particularité. Jeannou, ma meilleure amie, Abou, mon ami noir, et plein d'autres avec qui nous passons des moments formidables, mais il me manquait quelque chose, il me manquait quelqu'un, il me manquait une partie de moi.


Alors je devais faire mes premiers pas en amour, je n'ai jamais cru en la réussite dans ce domaine, tout va trop vite et parfois tout va dans le sens de se surpasser.

J'ai toujours été quelqu'un de compliqué, et je me suis convaincu à la longue, qu'aucun homme ne pouvait m'aimer... Et c'est alors que vint Florentin, un jeune caucasien qui faisait deux ans de moins que moi. Un garçon tendre et qui sûrement avait des bonnes intentions au départ. 


À 16 ans, la définition de l'amour dans notre milieu est beaucoup plus sexuelle que sentimentale, il le savait et voulait que j'y adhère, mais je savais que j'étais une romantique, le genre de celle qui croit encore que le prince charmant existe, il a tout brisé juste un jour après la Saint Valentin. Je ne trouvais pas ça bizarre puisqu'il ne voulait pas plus que mon corps, ce corps que je devais protéger de tout, il me demandait de l'exposer au risque de me faire du mal, j'avais peur de perdre ce qui était l'image de ma personnalité, j'avais peur que ce petit blanc se rejouisse de s'être enfiler la noire de la classe inférieur. J'étais dégouté, il ne devait plus m'approcher, il ne mérite pas comme personne d'ailleurs, je vivrai seule, parce que personne ne saura supporter une fille comme moi, je ne suis pas faite pour un homme, je suis une femme et je dois être forte pour ma communauté sexualisée.


Mais je finis par encore y croire, enfin arrive Pedro Paulo, jeune homme aussi bien intentionné au départ, qui, lui aussi devait soulager son inactivité hormonale.je pense que le fait d'être noire était leur motivation à croire que je céderai facilement à leur attente. La caricature des femmes noires vis-à-vis des blancs est toujours peinte de sorte à montrer la grande admiration qu'elles incarnent pour ces beaux hommes aux visages pâles. Mais je n'étais plus une jeune noire ordinaire, j'étais une femme noire résistante, mon modèle, ma mère, une battante qui a dû travailler dur pour élever 3 enfants, elle a dû accumuler des heures de travail pour nous obtenir de quoi manger, de quoi se vêtir, c'est une femme forte, je ne pouvais pas rêver mieux que d'être comme elle.


Au fil du temps, je me rendais bien compte que je ne plaisais pas, que je n'intéressais personne, je ne savais pas ce qu'était que d'être aimer par quelqu'un véritablement. Je ne pouvais pas condamner ce monde d'hommes et de femmes blancs et blanches de m'accepter, mais je voulais me sentir femme, désiré, accepté, apprécié.


Mais les évènements étaient tel que je ne voyais que du dégoût à être amoureuse, j'étais seul, je le voulais, j'aimais ma sollitude, elle ne me scandait pas, elle ne me frappait pas au visage, je pouvais bel et bien me plaindre, mais chez qui le ferai-je? Me comprendra t-il? Saura t-il quoi me dire pour ôter la solitude? Je ne savais plus soudain où mettre ma pensée sauf en moi même, m'enfuir profondément jusqu'à ce que se dissipe le nuage de réflexion du vouloir.


Mes amies étaient beaucoup plus appréciable, Dorinda, ma meilleure amie, se battait entre les vrais amours et les coups d'un soir. Elle me faisait plaisir, j'aimais être là pour elle, et écouter ce qu'elle vivait, celle qu'elle était, était appréciable, mais ce n'était pas moi, ce n'est pas moi, ce ne sera jamais moi, je suis romantique, je suis une fille qui veut vivre l'amour, une fille qui veut sourire parce que je sais au fond de moi que quelqu'un détient mon sourire, il est si loin, tellement loin, je ne sais pas comment l'attirer vers moi, je ne sais pas comment le pousser à venir, alors je me suis dit de lui écrire des petits messages, et je me suis promis qu'il le comprendra tout seul quand il les lira, il saura me comprendre sans que je ne dise un mot, il lira dans mon coeur, il connaîtra ce que je veux, il me comprendra, et surtout il acceptera celle que je suis, mais ce que je suis ne plaît à personne, cette personne n'existe pas, quand j'y pense, existe t-il une personne qui accepterait une fille comme moi? Une fille que personne ne regarde avec amour? Il n'existe pas, je devrais être dans un fantasme, ce fantasme est une réalité imaginée.


Puis soudain, vint le moment où je devais aller en Afrique, mon pays le Congo RDC, j'étais très contente, surexcité, je n'avais qu'une seule idée, revoir ma famille, celle que j'ai quitté depuis des années, et surtout mon père, malade, mourant, c'est surtout pour lui que je voulais revenir, je voulais qu'il voit celle que j'étais devenue, lui raconter tout ce que j'ai vécu, qu'il puisse voir sa fille qui est partie toute jeune, toute enfant, lui qui m'aimait le plus, j'étais sa fille préféré, il me chouchoutait énormément, je me rappelle avoir toujours été une peste.


Je n'étais pas très loyale envers mes frères, parce que mes privilèges d'enfant cadette augmentait au fur et à mesure que j'étais loyale à mon père.


Un homme droit, un homme intégré, il a fait énormément de mauvais choix comme tout Homme, et je ne suis personne pour le condamner, pour lui défendre d'être l'homme qu'il est, il s'est sacrifié jour et nuit pour ses enfants, mais il n'a pas su tenir longtemps car une tragédie bien avant sa disparition. Il était devenu un homme faible physiquement mais il a su être fort physiquement, il a tenu plus de 10 ans avec sa maladie, cette maladie qui a emporté nombreux à moins d'années que lui, un accident cardio vasculaire, les plus terribles, entraînant une paralysie partielle de ses actions. Je n'avais qu'une seule prière, Que Dieu le garde en vie afin que je puisse le revoir.


Mon premier voyage au pays fût un fiasco, puisque je n'y suis pas allé, c'était impossible vu un problème avec mes papiers, j'étais dégouté, j'étais écoeuré, j'ai pleuré cette nuit, il ne faut pas que quelqu'un l'apprenne. J'étais dégouté, encore un an avant de le revoir, encore un an avant d'avoir encore de l'espoir de venir. J'étais dévasté, je devais continuer de croire, d'espérer, de toujours penser à lui positivement, je devais toujours continuer d'être sa fille, et continuer de voir la vie en rose, il a tenu plus de 10 ans, il tiendra encore une année de plus pour sa fille chérie, il ne l'a plus revue depuis des années, il se disait ça sûrement lui aussi.

-Ô, seigneur, tiens moi encore en vie, ma fille est loin de moi, je veux la revoir, accorde moi une journée de plus, juste un jour de plus, elle viendra, me disait-je désespérément, j'avais toujours les larmes aux yeux en imaginant qu'il partira, mais toujours un espoir de le revoir.


Mon deuxième voyage n'a pas abouti non plus, je ne suis pas allé, mais je savais qu'il tiendrai, il était encore là, et nous nous sommes parlés par appel, je n'entendais pas trop bien ce qu'il me disait, je ne savais pas le comprendre, mais cela m'importait peu, il y avait le contact, je ne voulais que ça, il le voulait sûrement, alors je jacassais comme une pie, je parlais dans arrêt, je crois que ça le rendais heureux, qu'il était heureux de me parler, il n'a pas dit grand chose, je crois qu'il m'a dit qu'il était fier de moi, que j'étais une bonne enfant et il était heureux que j'ai perpétré son éducation comme héritage culturelle, il n'a pas usé des mêmes mots, mais je l'ai compris tout de suite, je n'avais pas plus envie d'aller dans la philosophie la plus complexe avec lui je voulais juste être sa fille, et ça a été la dernière fois.


Le 25 décembre, une date assez complexe, pour nombreux, c'est la saint Silvestre, mais pour moi ça a été l'un des jours les plus tragiques de ma vie, il était parti, alors que l'an prochain, je pouvais cette fois retourner au pays, mais je n'allais que rencontrer un souvenir de lui.

Je me souviens que l'on m'a présenté un amas de pierre en disant que c'était mon père, j'étais dégouté, il était un humain, un père, mon père, l'homme de ma vie, le premier homme que j'aimais d'un amour vrai, et celui que j'étais sur d'aimer toute ma vie. Mais il n'était plus là.

Je pleurais sans arrêt, toute seule, je n'avais presque personne, Jenna-Cross était dévasté elle aussi, elle l'avait vu à ses deux voyages au Congo, elle savait quel homme merveilleux il était. J'ai maudit le ciel de ne pas m'avoir permis de le voir encore une fois, je n'avais jamais été une mauvaise fille, pour ne pas avoir cette grâce de le voir, j'ai toujours tout fait correctement, tout ce qu'on me demandait, pourquoi je ne l'ai pas revu une seule fois? J'ai maudit le ciel plusieurs fois, car je ne croyais que très peu, mais j'adressais des prières au ciel juste pour obtenir des faveurs du Tres-Haut afin d'avoir cette grâce de le revoir, juste une fois.


J'étais dévasté, aucun cadeau ne pouvait remplacer mon père, mais je ne voulais pas inquiéter Jenna-Cross, ni maman, elles étaient déjà assez dévasté comme c, je ne devais pas en rajouter, je ne veux pas être un poids pour elle, elles sont tout ce que j'ai ici, tout en sachant que je ne pouvais pas ressentir la douleur avec ceux qui étaient réellement touché,  mes deux frères, Shaw Et Coady, ils étaient tout ce que j'avais, mais je ne savais pas non plus être l'épaule sur laquelle ils pouvaient se reposer.


Shaw était le plus âgé, et il parlait très peu, un amour de grand frère, il savait toujours cacher sa souffrance, il ne l'a sortait jamais, il l'a gardait en lui, et je voyais la un point commun entre lui et moi, un énorme point commun, enfuir ses sentiments était comme une marque de fabrique de notre famille, nous étions tous uni mais nous ne communiquons jamais la douleur que nous ressentons, j'étais persuadée qu'ils l'ont mal vécu, qui vivrais bien la mort de son père alors qu'il l'aimait? Il était adorable, et il m'ecoutait attentivement quand je le parlais, par contre Coady, était moins âgé que Shaw, il était rempli de vivacité, il est très serein, très vif d'esprit, très objectif, mais je le voyais comme mon petit frère, il est très drôle, il savait être un grand frère et un ami.


J'étais loin d'eux mais nos coeurs étaient synchronisé, la synchronicité de nos esprits était plus forte que la distance, la distance n'a jamais réellement rien interdit dans ma vie pour aimer quelqu'un. J'ai aimé ma famille alors que j'étais à distance d'eux pendant des années, j'ai appris à apprécier chaque jour, les silences et les absences font partie de cet amour. Puis fut le jour où, je pouvais enfin revenir dans ma terre natale, la terre de mes ancêtres.


Quand j'étais petite, j'avais toujours imaginé mon Afrique comme le plus beau continent du monde, sa biodiversité m'envoyait dans une évasion totalement inexplicable, un peu comme quand on fume de l'herbe, notre esprit prends un envol, un envol vers l'au-delà. Je n'avais jamais accepté l'idée d'une Afrique sauvage comme elle était repeinte, mais plutôt d'une Afrique sauvage comme explosion brutale de culture, de beauté, il ne peut pas avoir toutes les merveilles du monde dans un seul continent, c'est tellement méchant, et celui qui en a décidé ainsi,que ce soir Dieu ou l'évolution, il a juste été très inéquitable, que de créer une telle merveille et obliger tout le ponde à y regarder avec admiration.


Mais maintenant j'avais la possibilité d'y aller, de revoir ceux que j'aime, et de devoir les montrer celle que j'étais, celle que je suis devenue, revoir mon grand papy, ma mamy, mes tantes, mes cousins, mes cousines, ma famille en entier. La date du 28 juin marquait mon départ, mais je peux le dire tout haut,je ne voulais qu'une seule chose, que l'avion atterrisse directement à Kinshasa, dans l'aéroport de N'Djili. Je voulais directement la sentir cette odeur de l'air frais africain, je ne l'étais plus que de peau, je n'étais connecté qu'à cet Afrique par le sang,et ce jour-là je la sentirai d'avec mon odorat, la sensation même d'être en Afrique m'empêchait littéralement de dormir,je ne voulais qu'une chose, fermer les yeux et me réveiller dans un quartier populaire du Congo, à Mont-Ngafula, à Lingala, peu importe mais je voulais être là, être présente, être à Kinshasa.


Est ce que ce voyages m'apporterait des douceurs du ciel? Ou ce serait ce amer à cause de la mort de mon père? Que vais-je faire en premier en arrivant dans mon pays natal? Césaire pleura sa Martinique, moi je ne regrettais plus, je savais que j'allais y aller, que même la mort attendrait patiemment que je ressente cette présence de l'Afrique, ce contact entre moi et mes ancêtres, je ne voulais que ça avant tout, je ne me posais pas grand chose, ou soit je ne voulais pas y répondre, j'étais enfin face à un amoureux,mon Afrique, mon Congo, ma RDC,mon pays, ma capitale Kinshasa, je la sentais, je la voyais,je l'imaginais, et je m'emportais, quel beau sentiment, ce désir d'être africaine et d'aller en Afrique.


Mais beaucoup de choses m'attendait au delà de cette réalité,lesquels?


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