Pères en détresse
Write by Farida IB
Debbie....
Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit, j’ai repensé sans cesse à cette histoire d’enfant miracle et au fur et à mesure que j’y pense, je suis de plus en plus révoltée. Ah c’est trop fort ! Faire un enfant de plus pour ramener son mari, entre temps elle compte sur moi pour assumer les responsabilités qui en découlent. Vous figurez-vous qu’elle est passée supplier Mel d’intercéder en sa faveur. (rire nerveux) Ça me fout trop les boules. Je ne souffre pas assez selon elle, je ne passe pas assez à côté de ma jeunesse. C’est clairement du foutage de gueule, de l’inconscience, une maladie psychologique non encore identifiée, ou je ne saurais comment qualifier son acte.
Qu’à cela ne tienne, cette fois-ci je ne compte pas me contenir ou me laisser attendrir par le sort des autres. Nooonn ! Ils prendront leurs responsabilités, tous les deux sans exception. C'est pourquoi en me rendant au magazine ce matin, j'ai fait un détour chez son type afin de lui dire sa part de vérité. Du moins dans son quartier à la recherche de sa maison. Un véritable casse-tête, je dois dire, je ne sais même pas à quoi ressemble cette maison. Il m’emmenait ici quand j’avais sept ou huit ans et ce n’était qu’un vaste terrain broussailleux en début de chantier de même pour tout le quartier.
En désespoir de cause, je m'arrête près d’un carrefour après avoir fait plusieurs fois le tour du quartier sans trouver un repère. Je m’enfonce dans mon siège en jetant la tête en arrière. Je me plonge dans mes pensées et essaie de me remémorer des souvenirs de la dernière fois que j’y étais.
Dring Dring
Ça doit être votre pote, je suis partie sans dire au revoir, ni laisser un mot. C’est qu’il m’agace, il m’énerve à vouloir me raisonner. Je ne veux pas qu’on me raisonne, il est hors de question que je me laisse faire une fois de plus. J’active mon oreillette et la place sur mon oreille en jetant un coup d’œil sur l’écran. C'est un numéro inconnu.
Moi décrochant : allô
Voix de femme : allô Deborah, c’est Diana, bonjour.
Moi agréablement surprise : bonjour ! Ah la go toi aussi, je ne peux pas oublier ta voix.
Diana : on ne sait jamais, tu ne fais plus rien avec moi.
Moi : même pas ohhh, même si je ne t’appelle pas souvent, je pense à toi.
Diana : que je suis ta chérie ou bien ?
Moi riant : ce qui est sûr, tu comptes !
Diana : laisse ça, comment tu vas ? Ça fait deux jours, je n’ai pas eu de tes nouvelles donc j’ai décidé de t’appeler ce matin pour te passer le bonjour et te souhaiter une fructueuse semaine.
Moi : tranquille, c’est vraiment gentil à toi. Dis Diana, ça te dérange si je te rappelle plus tard pour qu’on cause bien ? Je suis en train de conduire.
Elle lâche un cri euphorique.
Diana : donc tu as une voiture !!!
Moi amusée : depuis quelque temps oui.
Diana : ah, c’est vous les boss ohh. Je suis trop contente pour toi ma chérie. Bon je te laisse, faut pas je vais te distraire tu iras foncer dans un arbre.
Moi : mdr je rejette ta parole.
Diana riant : moi-même, j’ai déjà touché du bois. Je raccroche, toute à l’heure euh bonne journée ma chérie.
Moi : bonne journée à toi aussi.
Clic.
C’est elle qui a raccroché. Je désactive le kit que j’enlève en descendant du véhicule. En fait pendant notre discussion, je me suis souvenue d’une vieille cimenterie implantée à trois pâtés de la maison du daron. Je suis donc allée me renseigner dans ce sens auprès d’un passant et la chance m’a souri. Une fois la cimenterie localisée, je me gare à quelques mètres de là avant de me mettre à faire du porte-à-porte en renseignant son nom.
Moi : bonjour, toutes mes excuses pour le dérangement matinal, je voudrais savoir si c’est ici qu’habite Marc Diapena.
La dame : non, je ne connais personne de ce nom (me regardant) tu l’as appelé ?
Moi forçant le sourire : c’est que son téléphone ne passe pas, merci. Je vais continuer à chercher.
La dame : bonne chance.
Je hoche simplement la tête en passant au domicile suivant, puis au troisième. Personne ne connaît de Marc Diapena, encore moins avec la description que j’ai essayé de donner. Je souffle en sentant la rage me consumer. Quand je pense que c’est de la maison de mon père dont il s’agit, que ça devrait être notre demeure, que je devais au moins être capable de l’identifier. (rictus amer) Mais c’est aujourd’hui que c’en est assez, son déni de famille ou je ne sais quoi là prendra fin aujourd’hui même.
Mue par cette rage qui s’est d’un coup ravivée, je m’approche de la maison contiguë à celle que je viens de quitter. J’appuie sur le bouton de la sonnette plusieurs fois, mais personne ne répond. En revanche des éclats de voix me parviennent de l’intérieur. En rapprochant plus mes oreilles du portillon, je distingue tout de suite la voix de mon père avant d’entendre des pleurs et les supplications d’un homme ainsi que le bruit d’un baston et les cris d’une femme en colère. On aurait dit une mère qui gronde son gosse tout en le passant à tabac. Je ne réfléchis pas beaucoup avant de décider de m’incruster. Je pousse donc le portillon qui s’ouvre et se referme avec fracas pendant que je me dirige vers les voix. À mesure que j’avance, les coups retentissent plus fort et les pleurs avec. Je plains celui qu’on rosse comme ça ce beau matin…
Moi interrompant mes pensées : mais c’est mon père !
Papa en pleurs : pardon Marie-Brigitte, je t’en supplie laisse-moi t’expliquer.
Plus aucun de doute, c’est lui. J’entre dans le bâtiment et entreprends de vérifier pièce par pièce.
La dénommée Marie-Brigitte (criant alors que je continue ma progression) : tu vas m’expliquer quoi ? Elle est enceinte oui ou non ? Ce n’est pas ce que tu viens de me dire ? (accompagnant ses mots de coups) Tu as osé ? Tu as osé me faire ça dans le dos, en espérant quoi, Marc ? La récupérer ? Tu voulais me quitter, n’est-ce pas ? (paf) Réponds-moi quand je te parle !
Papa : pleurs*
Moi (criant pour me faire entendre) Papa ? Papa, c’est Deborah.
Papa voix étouffée : Deborah (pleurs) Deborah pardon sauve-moi, elle va me tuer.
Marie-Brigitte : tais-toi !! Mets bien tes pieds contre le mur. Si jamais tu bouges, si ja…
PAF !
Je tique en hâtant le pas pendant que je longe le couloir.
Marie-Brigitte : t’ai-je dit de descendre ? Est-ce (paf) que (paf) je t’ai au-(paf) -torisé à (paf) descendre ?
Je me rue vers la dernière pièce au fond du couloir, je crois qu’ils y sont.
Papa : je t’en prie arrête, Deborah ? Je t’en supplie laisse-moi voir ma fille.
Marie-Brigitte rire cynique : tu as une fille maintenant, tu as des enfants ?
Papa : oui (paf) non non, je n’ai que toi !
Moi : mais qu’est-ce qui se passe ici ?
En me voyant débarquer en catastrophe au seuil de la porte, mon père tombe sur ses pieds puis se relève d’un bond en venant se réfugier dans mon dos tout ça en un clignement des yeux. Sa femme le suit.
Moi (me dressant devant elle en levant une main) : eh eh eh madame arrête-toi là !
Elle s’est arrêtée en me scrutant de bas en haut les sourcils froncés tandis que je me demande moi-même avec quel courage je me dresse devant une femme qui fait dix fois mon tour de taille quoique haute comme trois pommes superposées. Ça me surprend d’ailleurs qu’elle soit en position de force parce que mon père, c’est un homme grand, bien bâti avec une carrure assez imposante. Même s’il a une voix basse qui lui enlève toute autorité, il n’a pas vraiment le profil d’un homme susceptible d’être victime de violences de la part d’une femme, de surcroit une naine comme elle. Bon revenons au regard de braise de la naine que j’affronte toujours avec un courage étonnant.
Marie-Brigitte (s’approchant de moi d’un pas furieux) : toi, tu te prends pour qui pour venir me donner des ordres dans ma maison ?
Ça ne vous rappelle rien cette phrase ? Décidément ce mois !
Moi : ta maison ? lol !
Marie-Brigitte me bousculant : jeune fille dégages de mon chemin, je n’ai pas affaire à toi.
Moi imperturbable : je suis désolée pour toi madame, tu bastonnes mon père alors oui, tu as affaire à moi. C’est quoi le problème pour que tu le tapes comme s’il s’agissait de ton enfant ?
Marie-Brigitte me criant dessus : ça ne te regarde pas, ça se passe entre mon mari et moi.
Elle le dit en brandissant une planchette en bois vers lui, il se met à s’agiter derrière.
Papa : Brigitte pardon, pas devant ma fille.
Marie-Brigitte me dévisageant : ah, donc c’est ta fille ? Vient (avec de grands gestes de la main) si tu te sens assez garçon, vient le dire devant moi que c’est ta fille.
Moi la défiant du regard : je suis sa fille et puis quoi ?
Papa tirant sur mon habit : Deborah sortons….
Je me suis tournée en lui lançant un regard tempétueux qui le fait taire, en me retournant j’intercepte le palmatoire que Brigitte passe au-dessus de ma tête en direction de la sienne. Je le saisis et entreprends une lutte avec elle pour le lui arracher. C’est tout essoufflée que je parviens à la pousser avec, elle tombe sur ses fesses et se relève avec difficulté.
Moi : si tu bouges de là madame, je peux t’assurer qu’on finira au commissariat. Tu iras expliquer aux policiers ton comportement de sauvage. (tchipant) Voleuse de mari comme ça, tortionnaire.
Elle vire au rouge toujours en tentant de se relever. Elle y arrive presque, mais malheur pour elle, elle retombe sur ses fesses. Mon père m’attrape par le bras et me tire derrière.
Papa nous entrainant dehors : sortons d’ici Deborah, allons !
Moi vénère : allez où ? Je ne vais nulle part avec toi (me dégageant furieusement) lâche-moi ! Reste avec elle non ? N’est-ce pas ta femme ? (ton rageur) N’est-ce pas pour elle que tu nous as abandonnées ? Tu vas sauf que subir, ne me pousse pas, je peux marcher toute seule.
Papa (détalant) : elle arrive Deborah court ! Dépêche-toi
J’ai voulu continuer à lui cracher mon venin, mais en voyant le pilon que tiens sa folle dans sa main, j’ai détalée aussi vite que lui. Nous nous coinçons devant le portillon, c’est lui qui arrive à sortir le premier. Je sors à sa suite en évitant de justesse de me prendre un coup dans le dos. Elle se lance à notre poursuite en vociférant des injures.
Moi à mon père : tu me suis pourquoi ? Ne me suis pas inh, va rejoindre ta fofolle. Ne viens pas me chercher des problèmes.
Surement, à bout de souffle, cette dernière s’arrête à un niveau. Ce qui me permet de regagner tranquillement ma voiture et de m’installer au volant. Papa monte à l’arrière.
Papa ton craintif : démarre, qu’est-ce que tu attends ????
Moi ton boudeur : ne me donne pas des ordres tsuipp !! (mettant le contact)
Papa regardant autour de lui : elle peut arriver d’un moment à l’autre, je connais ma femme, elle n’abandonnera pas tant que je n’aurai pas reçu ce pilon sur ma tête ou dans mon dos. Là, elle peut toutefois vandaliser ta voiture.
Moi le toisant à travers le rétroviseur : et tu appelles ça femme tchipp !
Je démarre en trombe, il ne faut pas tenter le diable celle-là peut me casser ma voiture. Je roule à peine quelques mètres que j’éclate de rire, je me gare sur le bas-côté de la route complètement hilare.
Papa : qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui te fait rire ?
Je ris à gorge déployé en avisant son air désemparé. Au fait ce qui m’amuse, c’est de penser que mon père se fait violenter. Ce n’est pas drôle, c’est vrai, mais reconnaissons que la situation l’est.
Moi lorsque je parviens à me calmer : depuis quand ?
Papa : depuis quand quoi ?
Moi : depuis quand elle te (pouffant de rire) bat ?
Il se tord sa bouche qu’il met sur le côté.
Moi : non mais (rire) tu abandonnes ta famille pour une femme qui te traite comme son enfant (secouant la tête) tu dois vraiment être envoûté pour accepter de subir cela. Tu te rends compte qu’elle n’atteint même pas la cheville de dada ?
Il soupire en passant la main sur son visage.
Papa : tu ne peux pas comprendre.
Moi : bah, explique-moi !
Papa déviant la conversation : qu’est-ce que tu faisais là ? Qu’est-ce que tu faisais eh eh chez moi ?
Moi (ne passant pas quatre chemins) : j’étais venue te parler, enfin t’obliger à assumer tes responsabilités vis-à-vis de ta famille, ta vraie famille. D’autant que dada est de nouveau enceinte. Je ne compte plus prendre personne en charge, je n’en peux plus de devoir tout porter. Être le père et la mère à la fois, même plus le temps de profiter de ma vie pendant que vous vous la coulez douce en m’augmentant les charges ! Je coupe tout (il me regarde) du tout au tout. Dorénavant, vous vous occuperez des autres tous les deux et sache que je suis prête à te traîner où il faut pour te forcer à le faire. (il me regarde de nouveau) Je ne te demande rien à part participer à payer leurs études, leurs nourritures, leur offrir un minimum de confort, bref être un père pour eux.
Il soupire sans répondre. Je redémarre la voiture et réactive mon kit avec l’intention de prévenir tata Mimi que je serai en retard lorsque je l’entends soupirer à nouveau, dépité. En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, je le vois, qui se redresse sur son siège d’un air triste.
Papa : j’ai toujours voulu prendre soin de vous Deborah.
Moi haussant les sourcils : et qu’est-ce qui t’en empêchait ?
Papa : les moyens.
Moi : tu veux rire de moi ? Tu as vu la maison dans laquelle tu dors, le décor à l’intérieur ?
Papa : je l’ai fait quand j’avais encore la main mise sur mon argent. Depuis dix ans, je ne travaille que pour elle. Au début, c’était pour satisfaire ses moindres caprices et plus je le faisais, plus elle en redemandait. Ensuite elle voulait être celle qui gère les finances de la maison, en gros mes revenus. Depuis lors, c’est elle qui gère mes caisses au garage, elle prend tout qu’elle dilapide avec ses enfants et ne me laisse que des miettes. Je ne peux rien revendiquer au risque de passer à tabat comme ce matin. Parfois, je suis obligée de demander l’argent à ta mère pour pouvoir me nourrir…
Moi : permets-moi de t’interrompre quelques minutes, il faut que j’avertisse ma patronne que je ne serai pas à l’heure.
Il acquiesce lentement, j’enchaine de laisser une note à Tata Mimi sans attendre. Après avoir envoyé le message, je lance une application d’enregistrement vocal pour ne rien raté de ce scoop. Une occasion en or, qui allait rater ça même ?
Moi me tournant vers lui : tu permets que je t’enregistre ?
Il plisse les yeux et me regarde.
Moi : c’est pour mon travail, ne t’inquiète pas ton identité sera préserver. J’ai besoin de ton témoignage pour avancer sur un sujet, c’est très important pour moi tout ce que tu diras car ma carrière en dépend. Tu peux faire ça pour moi ?
Il hésite un moment avant de hocher la tête puis fait mine de chercher ses mots.
Moi le renseignant : tu en étais à la partie où tu étais obligé de quémander l’argent que je donne à dada pour satisfaire tes besoins. (me pinçant les lèvres pour ne pas rire) Ne me regarde pas comme ça, je ne fais que préciser. (démarrant l’enregistreur) Est-ce que c’était la première fois qu’elle te porte main ?
Papa : non.
Moi : comment en êtes-vous arrivé là alors ?
Papa (prenant une grande inspiration) : tout avait pourtant bien commencé entre nous. Lorsque je l’ai rencontré, elle avait toutes les qualités pour me plaire, c’est-à-dire belle, active, épanouie, elle était seule à s’occuper de six enfants et elle le faisait si bien que j’ai ressenti le besoin de lui venir en aide. À la base, c’était ça, je voulais simplement l’aider, puis j’ai commencé à développer des sentiments pour elle. De fil en aiguille, j’ai commencé à l’aimer comme jamais je n’ai aimé ta mère. (le regard peiné) Je pouvais décrocher la lune pour elle, j’étais prêt à tout pour elle. Après notre mariage, lorsque nous nous sommes retrouvés dans ma villa, j’étais persuadé que j’allais vivre un conte de fée contrairement à la vie de famille que j’avais avec vous. Mais c’était tout le contraire, du jour au lendemain son comportement a changé. Elle m’épiait tout le temps, me faisait des remarques désobligeantes et me donnant des ordres comme si j’étais son larbin. Je n’avais plus le droit de vous voir, elle m’interdisait toute approche sous contrainte de divorcer. Ce à quoi je m’opposais, car en dépit de tout je l’aimais. Quand bien même j’avais l’impression d’avoir une autre personne en face de moi, je nourrissais secrètement l’espoir qu’elle change un jour. Sauf que non, la trentenaire joviale et souriante que j’ai rencontré a laissé place à jamais à une femme possessive, acariâtre sujette à des sautes d’humeur et surtout belliqueuse qui ne manque pas d’occasion pour me ruer de coups. Je suis devenu la risée du quartier, ils me surnomment tous « pilon man » (je ris sous capte) j’ai reçu des claques, des coups-de-poing, des griffes en pleine face,
Moi abasourdie : mais pourquoi tu es resté ?
Papa soupirant : comme je te l’ai dit, elle a pris possession de mes biens. Elle garde tous mes documents sensibles quelque part où j’ignore jusque-là. Je suis obligé de subir le temps pour moi de dénicher cet endroit.
Moi : genre quand elle t’aura mis six pieds sous terre ? Les biens, c’est quoi papa ? Tu as travaillé pour les avoir, tu peux encore recommencer…
Papa avec véhémence : non Deborah, je ne peux pas lui laisser mes biens, ce pourquoi j’ai travaillé toute ma vie. Tu me vois à 53 ans là reprendre à zéro ? Ou tu veux que j’abandonne ma fortune dans les mains d’une femme alors que j’ai des enfants ?
Moi : des enfants dont tu ne t’es jamais occupé (il me regarde) et oui ! Même, avant que tu rencontres cette femme, tu ne t’es jamais occupé de nous alors ne vient pas nous prendre comme excuse. Dis plutôt que tu te plais dans ton enfer ! (claquant la langue)
Il baisse son regard sur son pied.
Moi baissant d’un ton : et pourquoi tu n’en as jamais parlé ?
Papa : je ne savais vers qui me tourner pour trouver de l’aide, je venais trouver un peu de répit auprès de vous ensuite, je devais retourner dans mon enfer comme tu l’appelles si bien. Les quelques amis à qui j’avais tenté de parler de ma situation avaient pris la fuite. Quand j’évoque le sujet, ce sont des railleries, personne ne me prend au sérieux.
Moi : tu as bien fait de m’en parler. Je vais t’aider.
Papa me fixant subitement : en quoi faisant ?
Moi : d’abord, on ira porter plainte contre ta femme pour violence conjugale ensuite, on pourra monter un dossier pour entamer la procédure de divorce si c’est ce que tu veux.
Papa avec vigueur : je le veux, enfin au cas où je pourrais récupérer mes biens.
Moi : avec un peu de chance oui.
Je démarre à nouveau pour la gendarmerie nationale avec tonton Simon au créneau comme d’habitude. Au retour, je l’emmène dans un centre de santé puis prendre le petit-déjeuner. J'en profite pour évoquer le sujet de divorce.
Moi : que comptes-tu faire si le divorce venait réellement à se prononcer ?
Papa du tac au tac : récupérer ma famille (ton triste) je vous ai fait du tort, surtout à ta mère et à toi (me regardant) je te dois tellement…
Moi exaspérée : c’est bien beau de me dire là que tu veux te racheter auprès de nous, qui me dit que ce n'est pas des paroles en l’air ? Que dès que tu retrouveras ta liberté, tu n’iras pas finir ta vieillesse auprès d’une autre Marie-Brigitte ? Ou que tu reviendrais vers nous si tu t’en étais tiré à bon compte avec elle ? Il est clair que ma mère n’était pas assez bien pour toi, que nous ne comptions pas pour toi. Tu étais là sans être là, tu ne t’es jamais soucié de nous auparavant, tu n’as jamais rien fait pour nous (la voix tremblante) nous n’avions rien reçu, ne serait-ce que de l’affection de ta part. La vie que j’ai eue, battue, maltraitée à longueur d’enfance et ça ne s’est pas arrangé à l’adolescence. J’ai dû subir une mère au bout du rouleau, qui peine à reprendre sa vie en main jusqu’à ce jour. Qu’est-ce qu’on t’a fait papa ? (essuyant une larme) La vie que mes cadets ont eue. Nous n’avions rien demandé, tu as décidé toi-même de fonder cette famille (snif) tu nous as amené dans ce monde sans jamais prendre soin de nous. (snif) Je ne sais même pas pourquoi je t’aide aujourd’hui, c’est ton karma. C’est le sort qui te fait payer.
Je m’arrête à un moment en pleurant de frustration, mes larmes n’arrêtaient pas de couler. Toute la colère que j’ai accumulée tout au long de ma vie est redescendue. Je lui en veux tellement à cet homme. J’en veux autant à ma mère, mais la seule personne responsable de tout ça, c’est bien lui. Il essaye de me calmer parce que mon état attirait des regards sur nous. Il ne savait plus où se mettre, j’ai vidé toute ma frustration et fini par me calmer toute seule.
Papa calmement : je regrette Deborah, je regrette de ne pas avoir été là. C’est la seule chose que je me reproche tout le temps. J’étais dans la fleur de la jeunesse, cependant, je peux t’assurer que j’ai compris beaucoup de choses. Si c’était à refaire, je n’aurais jamais quitté ta mère. J’ai honte Deborah, honte au point de ne pas pouvoir te regarder dans les yeux. Je sais que je vous ai fait du mal, je n’ai jamais été un père pour vous. (me prenant la main) Je suis navré pour tout ce que tu as eu à vivre. Si tout ça s’arrange, je me consacrerai désormais à vous uniquement.
Moi : et si ça ne s’arrange pas ?
Papa me jetant un coup d’œil : je trouverai le moyen d’assumer mes responsabilités, une chose est sûre, je suis prêt à rattraper le passé.
Moi : c’est tant mieux, je dois maintenant aller travailler. Je te dépose quelque part ?
Papa : à la maison, auprès de ma femme et mes enfants.
J’ouvre les yeux et la bouche et le regarde.
*Des jours plus tard*
Fulbert….
Moi (me redressant brusquement) : il faut que je passe à la banque tout de suite !
Maely plissant les yeux : ah comment ça, qu’est-ce qu’il y a ?
Moi : je ne vais pas tarder à le savoir (m’en allant) passe-moi ma veste.
Elle me rattrape au pied des escaliers avec la veste, un pantalon et une chemise plus appropriée que celle que j’avais sur le dos.
Maely : mets ça, tu ne pas y aller habiller ainsi.
Je prends le pantalon que je porte rapidement, elle me porte la chemise sur lequel je mets la veste puis nous nous dirigeons vers l’une de mes voitures.
Maely refermant la portière : doucement ohh mon cœur (posant la main sur son ventre) n’oublies pas que sans toi, je n’accouche pas.
Moi : je serai prudent, t’inquiète. Viens que leur fasse un bisou.
Elle s’approche en souriant toutes ses dents dehors. J’ai posé mes lèvres sur son ventre et relève ma tête pour l’embrasser brièvement sur la bouche. Je sors de la villa le temps pour Bertrand d’ouvrir le garage et pour moi de faire un signe de la main pour dire au revoir à Maely. Une fois hors de la villa, je démarre sur des chapeaux de roues pour la direction NSIA. Je viens de recevoir leur mail qui m’annonce qu’on vient de retirer plusieurs millions sur mon compte. Je n’ai pas signé de virement, par ailleurs, c’est un compte que je n’utilise presque jamais. J’ai bien peur d’être victime d’un détournement de fond. Je conduis d’une main en manipulant mon téléphone de l’autre. Je suis en train d’appeler notre gestionnaire, il faut qu’il m’explique ce qui se passe. L’appel sonne plusieurs fois dans le vide. Je laisse mon téléphone sur le siège à côté et me concentre sur la route.
Je me suis garée devant la banque, une vingtaine de minutes plus tard en allant pousser sa porte sans requérir sa permission. Il se lève en me voyant m’approcher de lui d’un pas décisif.
Arnaud : ah bonjour Fulbert, je m’attendais à ta visite ce matin.
Moi tiquant : ah bon ? Donc tu peux aisément me dire pourquoi on m’a défalqué des millions sur mon compte alors que je n’ai autorisé aucun virement ?
Il me regarde d’un air embêté en me désignant une chaise.
Arnaud : heu assois-toi s’il te plaît.
Moi m’emportant : je ne suis pas venu pour m’asseoir Arnaud, je veux que tu m’expliques ce qui se passe. Où est passé mon argent ? Qui l’a retiré de ce compte et surtout qui a pu en avoir accès ? À part toi bien sûr personne ne peut y toucher.
Arnaud : prends place, je t’expliquerai tout calmement.
Moi prenant place malgré moi : je t’écoute Arnaud !
Arnaud faisant de même : ta femme a opéré des modifications sur vos comptes.
Moi me redressant : quelle femme ? Eunice ?
Arnaud : oui (gêné) elle a transféré tes hypothèques sur ce compte.
Moi sursautant : c’est une blague Arnaud ? Tu me fais marcher, n’est-ce pas ?
Arnaud secouant la tête négativement : …
Moi : Arnaud dis-moi que c’est une blague (rire amer) Eunice n’a pas pu me faire un coup pareil ? Non ?
Arnaud : si (ton hésitant) et il n’y a pas que ça.
Moi : quoi Arnaud ? Elle a vidé nos comptes en commun ? Elle les a gelé ? Quoi Arnaud ? Qu’est-ce que ma femme a fait d’autre ? Épate-moi !
Arnaud hochant la tête : dans un sens, oui, elle a séparé vos comptes. Tu n’as plus accès qu’à ce compte.
Je suis en train de faire des cent pas dans le bureau pour contenir ma rage, j’en tremble ! Elle n’a pas osé, nooonn elle n’a pas pu me faire ça. On parle de milliards sans oublier mes honoraires qui viennent de disparaître et ça va être ainsi à compter de ce mois. Je suis toujours en train de rembourser mes dettes à l’Etat togolais. Le comble je n’ai pas suffisamment d’argent sur ce compte pour couvrir toutes mes dettes. A cette allure je risque de finir en prison.
Moi : trouve un moyen pour stopper tout ça Arnaud, fais quelque chose.
Arnaud : je ne peux rien faire sans avoir recours à son autorisation et sa signature par ricochet.
Moi me passant la main sur le visage : quand, quand est-ce qu’elle l’a fait ?
Arnaud : il n’y a pas si longtemps que ça, tu devrais lui parler.
Moi : oh si que je vais le faire, la riposte sera rude.
Arnaud : je ne pense pas que ce soit le meilleur moyen de régler cette histoire. Tu as affaire à une lionne enragée (je le regarde) je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais tu devrais t’y prendre calmement pour apaiser les tensions.
Je soupire bruyamment.
Moi : tu es sûr qu’il n’y a rien à faire ? Tu ne peux pas retransférer ces hypothèques sur le compte des enfants ? Celui d’Armel par exemple, celui que je lui ai ouvert.
Arnaud : il est titulaire de son compte depuis trois ans maintenant.
Je donne un coup dans le mur.
Moi : merde ! C’est inadmissible Arnaud, je ne peux pas regarder le fruit de mes labeurs partir à la fumette, je ne peux pas, Arnaud. Mon compte ne survivra pas à ce déluge, encore moins mes biens. (tonnant) Je ne peux accepter cela, jamais je ne laisserai Eunice foutre ma vie en l’air. Fais de ton mieux Arnaud ou je porte plainte contre vous deux pour détournement. Je suis un avocat ne l’oublie pas.
Il ouvre les yeux et me regarde choqué, je ressors de son bureau comme j’étais venu et traverse le hall furax, troublé avec l’impression d’avoir un couteau planté en plein cœur, l’épée de Damoclès perchée au-dessus de ma tête. Depuis des semaines j’essaie d’avoir une discussion avec ma femme, mettre les choses au clair. A chaque fois elle m’a envoyé boulé et maintenant j’apprends quoi ? Qu’elle m’a poignardé dans le dos ? (rigolant nerveusement) Elle a fait fort sur ce coup là, ça je ne m’y attendais pas du tout. (essuyant une sueur fictive) Je suis mal les amis, je suis foutu.
Voix furieuse : comment ça vide ? Mon compte ne peut pas être vide.
Je relève ma tête vers l’endroit d’où vient la voix en ayant l’impression d’avoir déjà entendu cette voix quelque part.
La demoiselle au guichet : mademoiselle calmez-vous, il y a sûrement une explication plausible à ça.
Elle se déchaînant : je ne veux pas de vos explications, je veux mon argent, mes trente millions ? (rire nerveux) Vous allez me les retrouver, je n’ai jamais retiré de l’argent sur ce compte, je n’ai rien touché depuis pratiquement un an. L’argent ne peut pas avoir disparu comme ça comme par enchantement.
Au moins quelqu’un qui a les mêmes problèmes que moi ce matin. Je ne m’en préoccupe pas d’avantage et continue à avancer, seulement qu’en passant devant le guichet, j’ai eu une vague impression de déjà-vu. Je m’arrête en l’observant quelques minutes sans pouvoir vérifier vu qu’elle est dos face à moi.
La demoiselle au guichet : je vais vous guider vers un responsable.
Elle : faites ça et vite, il est hors de question que je parte d’ici sans avoir récupérer mon argent.
La demoiselle au guichet (quittant son siège) : suivez-moi s’il vous plaît.
La cliente tourne les talons en venant dans ma direction.
Moi ahuri : Ca… Cassidy ? C’est vraiment toi ?
Waoohh, elle s’est complètement métamorphosée en une femme maigrichonne. Ses artifices ce sont comme fondus. Waoohh ! Je n’ai pas cru lorsqu’Armel me disait qu’elle était mal en point, là, je n’ai plus le choix que d’y croire.
Cassidy reculant l’air en panique : euh (me regardant craintive) ne, ne t’approche pas de moi.
Elle recule toujours pendant que j’avance vers elle en lui disant d’attendre.
La demoiselle au guichet : mais mademoiselle où est-ce que vous allez ? (désignant un point vers le couloir) C’est par ici le bureau du responsable.
Cassidy : je, je reviendrai.
Moi : mais attends Cassidy, je ne veux pas te faire du mal.
Elle se met à courir vers la sortie, je la suis et suis rapidement interpeller par la sécurité.
Moi me débattant : je connais la demoiselle.
Cassidy criant sa détresse : non, ne le laissez pas me suivre.
Un agent : monsieur, on ne peut pas vous laisser partir.
Moi : lâchez-moi imbécile ! Je vous dis que je la connais.
Ils me maintiennent manu militari alors qu’elle continue sa course folle, c’est une fois qu’elle a disparu de notre sillage qu’ils consentent enfin à me lâcher. Je leur lance un regard furieux avant de me redresser et de regagner ma voiture. Je démarre et roule sur quelques mètres quand je l’aperçois qui erre son regard dans tous les sens. Je me gare à sa hauteur.
Moi abaissant la vitre : tu veux que je te dépose quelque part ?
Cassidy : lâche-moi les baskets sale violeur, ne t’approche pas de moi.
Elle défile à nouveau comme si elle était en face d’un monstre et monte sur le premier taxi-moto qu’elle trouve. Ah, mais moi je voulais juste lui parler hein, si possible discuter de ce pourquoi elle me prend pour un violeur. Ça n’a jamais été mon intention de la brutaliser. Cassidy, j’étais fou d’elle. Je ne sais combien de fois, j’ai rêvé de son magnifique corps de rêve. Je ne nierai pas qu'apprendre que cet impertinent, qui me sert de fils, m’a tapé dos m’a mis en rogne. Et j’ai peut-être mal réagi, mais je ne lui voulais aucun mal. Bon Bref, ça n'est pas le plus important pour le moment. Il faut que je règle mes problèmes avec ma femme une bonne fois pour toutes.