Prologue

Write by sokil

Prologue :

 

Il remue machinalement son espèce d’éventail ; il veut faire croire que la pièce est pleine de ces insectes de l’ordre des diptères, appelées communément mouches. Il le fait sans arrêt et c’est à se poser la question de savoir comment il est la seule personne à les ressentir. Il se fait bien tard, 23h. La pièce à l’intérieur est sombre et éclairée d’une lampe tempête dont la flamme va bientôt rendre l’âme ; il fait plus de 35 degrés et on menace d’étouffer ; les volets sont fermés et seule la porte qui est ouverte donne juste accès à un couloir. Il n’en a cure ; ce n’est qu’un détail pour lui. Ce qui importe c’est ce que ses hôtes lui ont apporté. Ses hôtes ! Ils sont deux, une femme et un homme, assis côte à côte. L’air inquiets et dubitatifs ; la femme le manifeste plus tandis que l’homme est apparemment calme, mais son visage exprime une certaine anxiété et une détermination ferme. L’homme au chasse mouches n’arrête pas d’agiter son balai, ce qui rend le couple encore plus nerveux. Ils veulent une réponse immédiate, mais l’homme prend tout son temps. Il finit par se racler la gorge à plusieurs reprises avant de prendre la parole.

-         Ces maudites saletés !!! Je ne les supporte pas ! Elles me gênent tout le temps ! Au diable !!!

La femme plutôt agacée lui répond.

-         Je crois que vous devriez acheter un insecticide ! C’est plus pratique ! Le chasse mouche ne…

 

-         Je préfère de loin mon balai à ces trucs chimiques… Ca tue mon travail !

 

-         Mais comme c’est bizarre ! Nous ne ressentons rien, à part cette chaleur ; on est sur le point de suffoquer ; un ventilateur pourrait aérer la pièce par contre si vous ne voulez pas ouvrir les volets afin d’éviter que ces insectes ne pénètrent.

 

-         Vous voulez prendre ma place ? Je fais ce travail depuis des années et cet espace est un lieu que je connais très bien ! Si vous êtes venus pour me donner des leçons je préfère…

 

L’homme assis à côté de la dame les interrompt brusquement.

 

-         Non ! C’est bon… Ne l’écoutez pas ! Vous… Vous connaissez les femmes n’est ce pas ? Ne prêtez pas attention à ses dires, allons plutôt dans votre sens! Vous avez raison sur toute la ligne ! Les mouches, la chaleur les insecticides et tout le reste on s’en fou. Nous sommes là pour un but précis. N’est ce pas ? Les femmes vous les connaissez sans doute !

 

-         Je n’ai pas de femme ! J’en ai connu, ça ne m’aurait rien coûté d’en prendre mais elles m’auraient tué tout ce que j’ai comme don alors ! Ca ne m’intéresse pas ! Dites lui de se taire… Je préfère que ce soit toi qui parle.

 

-         Ca marche !

 

-         Très bien !

 

-         Voila nous avons fait comme vous nous l’avez demandé… Tout y est !

 

-         Ce n’est pas suffisant !

 

-         Pardon ?

 

-         Vous avez bien entendu ; ce que vous m’apportez là est insignifiant, il m’en faut plus !

 

-         Ecoutez… Je … nous sommes venus de très loin et vous ne pouvez pas imaginer ce que nous avons pu…

 

-         Je vais être clair ! La dernière fois que vous êtes venus, vous m’avez presque supplié, surtout vous madame ! Vous étiez en larmes ! J’ai eu pitié et j’ai accepté de prendre cette somme minable ; dans les normes c’est un peu plus cher ! Je vous l’ai dit ; mais j’ai accepté ! Moi aussi je prends des risques ! j’ai fait ma part, voila ça au sol ! Vous avez promis, hormis de me donner la somme requise, vous avez promis de m’apporter tout le nécessaire ! Ca ne fonctionne pas comme ça.

 

-         Très bien ! On va le faire mais commencez déjà à…

 

-         Mais c’est impossible !!!! Il me faut l’élément principal ! Vous allez devoir retourner le chercher.

 

-         Mais…

 

La dame prit la parole sans demander un quelconque avis.

 

-         Monsieur…

 

-         Taisez-vous madame ! Je discute avec l’homme, pas vous !

 

-         Non ! Je préfère vous le dire tout de suite ; vous dites que 200 000 frs c’est insignifiant ? Regardez vous-même tout ce que nous avons apporté ! Regardez bien ! L’élément principal dont vous parlez je ne sais pas où vous voulez qu’on aille le chercher ! Nous avons cherché partout ! Sans succès ! Alors je vous en prie un peu de compassion, ne faites pas comme ci nous refusons de coopérer.

 

-         Qu’elle se taise où on remballe tout ! Parle lui toi ! Je n’aime pas traiter avec ce genre de personnes ; tous mes clients, surtout les femmes sont très dociles et font tout ce que je leur demande… Ce n’est pas pour vos beaux yeux que je vais céder ! Votre problème est bien trop sérieux et très compliqué ! Je vous l’ai dit la dernière fois, je vous ai averti et vous, madame vous étiez en larmes, j’ai eu pitié de vous ! j’ai cru bien faire ; ne pensez pas que je n’ai pas un cœur ; j’en ai un ! Mais là c’est du profond mépris ! Laissez-moi discuter calmement avec le monsieur !

 

-         Ok c’est bon ! C’est bon ! Calme toi voyons ! Est-ce que vous pouvez nous accordez quelques minutes, le temps que je discute avec elle ?

 

-         Allez sur la cour ! Vous avez trop de mauvaises ondes…

Une fois sur la cour la dame qui est au bord de l’explosion se lâche.

-         Ce type est un filou ! Je te l’ai dit depuis ! Il ne m’inspire pas confiance.

 

-         Et qu’est ce que tu veux qu’on fasse ? Hein ? On ne peut plus faire marche arrière ! C’est toi avec tes idées, tu nous a entraînés tous là dedans, toi et tes gens !

 

-         Moi… Et … mes gens ???? C’est toi qui dis ça ?

 

-         Oui je le dis et je le répète c’est toi ! C’est toi !

 

-         Mais tu es fou ! Je te rappelle que vous n’avez pas arrêté de nous harceler avec tous ces problèmes et maintenant tu accuses ma famille ?

 

-         De toutes les façons on ne peut plus faire marche arrière ! Nous avons tant dépensé pour ça ! Il faut qu’on en finisse.

 

-         Il ne veut pas m’entendre parler ce filou ! Il m’énerve !

 

-         Moi aussi il m’énerve au plus haut point ! Mais nous n’avons plus le choix ! Nous devons tout simplement employer la méthode douce…µ

 

-         Laquelle tu proposes ? Je ne donne plus 5 frs à ce type ! 200 000 frs ! Il trouve que c’est minable ! Il croit qu’on travaille où ? Je ne fabrique pas l’argent moi !

 

-         Moi non plus ! Tout ce qu’on doit faire c’est de le persuader, le convaincre…

 

-         Je ne rentre pas là dedans ! Il est trop dur !

 

-         Non ! Ce qu’on va faire… Tu me laisseras parler ! Ce qu’on va faire c’est que je vais lui suggérer de nous indiquer l’endroit exact où nous pouvons le trouver cet élément principal.

 

-         Demande lui plutôt d’aller le chercher, il doit savoir où ça se trouve…

 

Quelques instants plus tard….

 

-         Marché conclu ! Disons qu’on se retrouve ici dans deux semaines, je vous ferai part de la suite et comment procéder…

 

-         Disons que c’est comme si c’était déjà fait n’est ce pas ?

 

-         Oui, si vous suivez mes instructions à la lettre.

 

-         Marché conclu !

 

-         Arrrgh ! Ces satanées mouches !!!

Ils sont sereins et confiants cette fois ci ; et ils ont espoir que les choses fonctionneront comme sur des roulettes. Ils n’ont plus peur et célèbrent une sorte de première victoire. Ils finissent par en rigoler et ne peuvent qu’imaginer la suite des évènements. Ils se frottent les mains, ils sont satisfaits. La dame se permet d’aller encore plus loin.

-         Je veux que célébrions déjà cette première victoire !

 

-         Pas si vite… Un peu de patience !

 

-         Tu n’as pas entendu ? Lui-même a dit que ça ne sera qu’un jeu, un simple jeu !

 

-         Oui … ça ne sera qu’un simple jeu ! Mais je préfère que nous gardions notre calme et que nous soyons sur nos gardes ! Dans deux semaines nous auront toutes les réponses.

 

-         Tu as raison…. Deux semaines…

 

-         C’est pas loin !

 

-         J’ai hâte !

 

-         Et moi donc ?

 

-         Tu n’as pas envie de prendre un verre avant ? J’ai une de ces soifs ! Il nous a fait trop bavarder mine de rien ! Avec ses mouches invisibles là !!!!

 

-         Ahahaha… Tu parles ! Lui seul les voyait et les sentait !

 

-         Un vrai sorcier !

 

-         Ne parle si fort ! Il peut nous entendre…

 

-         Oup’s ahahahah !

 

-         Aller allons boire un pti coup, mais nous ne pouvons pas reprendre la route à une heure pareille elle est très longue !

 

-         J’ai une de ces soifs ! Ensuite on cherche un endroit où passer la nuit.

Les deux bouteilles de Guinness posées à leur table, il y a une bonne trentaine de minutes qu’ils étaient installés dans cette buvette, se plaisant à commenter encore une fois leur petite affaire.

-         On croise juste les doigts ma chère !

 

-         T’inquiète, je suis assez confiante ; Il a finalement accepté le deal…

 

-         Il n’avait pas le choix ; on a quand même payé assez cher pour ça et il le sait.

 

-         Je te l’ai dit ! C’est vraiment cher payé hein ?

 

-         A ce prix là nul doute … A ta santé !

 

-         A ta santé mon cher…

 

Ils se lancent ce regard qui en dit bien long ; ils finissent par se parler avec les yeux et finissent par se comprendre à demi mots.

-         Tu penses à ce que je pense ?

 

-         Coquin ! Tu ne changes pas toi !

 

-         Je suis sérieux ! J’ai une idée, je propose qu’on aille dans la ville voisine ! Ici m’a l’air un peu très compliqué ; je ne suis pas sûr qu’il y ait un hôtel, encore moins une auberge !

 

-         Il se fait tard… Qu’attends-tu pour le faire ?

 

-         Allons-y !

Il se lève le premier et lui tend la main. Elle le regarde surprise, elle lui sourit pendant quelques secondes, ensuite se lève tout en lui donnant la main. Avant qu’elle ne monte dans la voiture il l’attire vers lui, l’enlace tendrement et puis l’embrasse avec hargne. Elle répond à ce baiser comme si elle s’y attendait.

-         Je l’ai longtemps désiré au fond tu sais ?

 

-         Oui je sais ! Tu es bel homme…

 

-         Et toi, une si belle femme…. De caractère !

 

-         Allons-y !

La voiture qui démarre en trombe et disparait progressivement au loin dans cette bourgade dont les rues ne sont pas éclairées, seules les phares du véhicules laissent entrevoir un semblant de route non bitumée. Il est près de deux heures du matin ; ils ont conclu et ils ont espoir. Mais en attendant, ils se font … Plaisir !

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