Prologue
Write by Ornelia de SOUZA
La nuit était totalement tombé. La ruelle était sombre. Par ici et par là des ombres apparaissaient et disparaissaient sur les murs. Les chats miaulaient et fouillaient les poubelles. Je me demandais ce que je pouvais bien faire ici. Étais-je au moins au bon endroit? J'avais si peur et chacun de mes pas était silencieux.
-Qui va là? grogna une voix fort masculine
-...
Mes entrailles se contractèrent. Je ne répondis pas.
-Vous ne parlez pas? Avez-vous besoin de mon aide pour décliner votre identité ?
-Je suis juste une femme qui a besoin d'aide; finis-je par lâcher difficilement
-Quel genre d'aide? vociféra la voix
-On m'a dit qu'ici je pouvais trouver des hommes qui pourraient me rendre service, qui pourraient m'aider à résoudre les problèmes.
Oh mon Dieu! Tout ce dont j'étais capable pour de l'argent. Je savais que j'allais trop loin mais je ne pouvais plus reculer. Il était maintenant trop tard.
Le corps auquel appartenait la voix sortit de la pénombre. Il s'agissait d'un homme grand et imposant au visage marqué par une énorme cicatrice qui traversait sa joue gauche. Un autre frisson me parcourut mais je me frottai les deux mains l'une contre l'autre pour me donner du courage.
-J'ai besoin de vous; fis-je d'une voix à peine audible.
L'individu maintint le silence. Un silence glacial qui me déstabilisait.
- Une femme est au travers de mon chemin et j'aimerais que vous lui régliez son compte.
-Ah! daigna enfin répondre l'homme. Ce genre de service n'est pas gratuit.
- Je le sais; m'empressai-je d'ajouter. J'ai de quoi payer et je serai généreuse.
-50.000...
Il avait été clair et j'en fus soulagé. Cinquante mille franc cfa pour me débarrasser de cet sale bâtard qui me pourrissait la vie n'était pas du tout cher payer et cela même si en ce moment mes finances souffraient.
J'entrepris de fouiller dans mon sac à la recherche de la somme maudite. Je sortis cinq billets de dix mille de la petite sacoche. Mais très vite, les mots de la personne qui m'avait indiqué cet endroit me revinrent en tête.
-Tenez! Voilà 30.000 franc! fis-je la main tendue et la voix tremblante.
-30.000?? siffla l'homme. J'ai dit 50.000 petite poupée.
-Vous aurez le reste lorsque le travail sera fait et bien fait.
-...
-Ayez confiance! tentai-je
-Quel est votre nom? demanda l'homme
-Mélaine; répondis-je rapidement. Et vous?
-Appelez moi Canif!
"Canif". Je l'avais répété dans ma tête. Pas très impressionnant. Ridicule même. Ce nom m'arracha un sourire mais je ne voulais pas être agressé pour m'être moqué d'un nom stupide. Très vite, je me ressaisis.
-Vous avez une photo ? demanda "l'impressionnant" Canif.
-Non, mais que ce soit clair. Vous ne devez pas l'achever, ni trop l'amocher. La pauvre n'a déjà pas été épargné par la nature. Ce que je veux c'est que vous me debarrassiez de son rejeton.
-Nous ne tuons pas les enfants; grogna Canif.
-Il n'est pas né; fis-je embêté.
-Ce sera 100.000
-Quoi? criai-je
Ce sal petit con pensait-il pouvoir m'anarquer aussi facilement. Je ne me laisserai pas faire si c'est ce qu'il croit.
-Vous venez de dire 50.000
-Mais vous n'aviez pas précisé que nous devons nous en prendre à une femme enceinte. Nous allons contre nos principes et cela a un coût.
Ben voyons! Ils avaient des principes eux? Ces criminels sans foi ni lois.
-Très bien! fis- je. Je vais faire appel à d'autre personnes.
Je tournai le talon sans un mot. Je savais le pouvoir que le rejet pouvait avoir sur les êtres humains et je m'amusais à l'employer très souvent. Deux pas et j'eus l'effet escompté.
-Mélaine; m'interpela Canif. Revenez! 70.000!
-50.000 Canif ! dis-je sans me retourner.
-Bien; lança Canif visiblement résigné. Comment allons-nous la repérer ?
-Je vous dirai où là trouver; répondis-je avant de m'éloigner loin de cet endroit maudit où je venais de commettre la pire atrocité de ma vie.