PROLOGUE
Write by wilfrid nougbo
Me voici au bord de la voie cherchant de taxi pour me rendre le plus vite possible à la maison. Je viens de sortir toute heureuse de la clôture du collège. Hum !!! Devrais-je l’appeler clôture ou une simple palissade ? En tout cas pour nous qui n’avons jamais quitté la forêt c’est bien une clôture. Je suis tellement pressée de rentrer chez moi que je n’ai pas attendu que le professeur sinon l’annonceur si je peux l’appeler ainsi finisse de citer tous ceux qu’il avait dans ses papiers. L’essentiel pour moi c’est d’entendre mon nom et comme la mission est accomplie que gagnerai-je alors à attendre pour voir les candidats malheureux pleurer leurs échecs tandis que moi je suis embourbée de joie. Bah ! Je viens de faire la fierté de mes parents qui d’ailleurs doivent être en train de s’impatienter à la maison en attendant que leur unique fille vienne les annoncer la bonne nouvelle. Depuis que je leur avais annoncé que nos résultats seront là aujourd’hui, ils étaient armés de peur non pas parce qu’ils doutent de ma compétence mais plutôt parce que le B.E.P.C au village est un examen que nous craignons beaucoup. C’est comme ce qu’est le BAC, la Licence, le Doctorat et quoi encore… pour ceux de la ville. Ici, ceux qui sont en second cycle en ville (car il n’y a pas le second cycle à Ologo mais à Ikpinlè) sont nos cadres que tout le monde respecte. Ceux-ci en sont eux même fiers et s’en glorifient ; même si la plupart d’eux n’avaient pas fait un coup un but au B.E.P.C comme moi qui n’est que quinze ans (15 ans). Oui bien sûr 15 ans. Vous n’allez pas me croire, vu ma forme de jeune dame, mais vous oubliez que l’apparence est trompeuse ? Je ressemble à ma mère me chante-t-on au village surtout ma grand-mère qui m’aime beaucoup et vice versa. Ça me fait mal qu’elle soit malade et ne peut plus se tenir sur ses pieds. Elle reste pourtant la meilleure personne à qui je me confie bien que ma mère soit comme une amie pour moi. Disons simplement que je suis entourée des personnes de bien et je ne me plein de rien car mon père malgré sa chétive poche subvient à mes besoins les plus nécessaires. J’imagine même déjà comment ma mère me sautera dessus pour m’embrasser, comment mon père me prendra dans ses bras pour me soulever telle une petite fille non encore sevrée et enfin comment ma grand-mère chérie mourra d’envie de me porter au dos comme elle avait d’ailleurs l’habitude de le faire avant que cette maudite paralysie ne l’atteigne. En tout cas je serai bien traiter quand même. Parce que je viens une fois encore d’augmenter un galon d’orgueil à mon père qui ne faisait que se vanter de ma virginité et de mon intelligence auprès de ses amis qui, eux aussi ne manquent pas de le féliciter même s’ils l’envient à des moments donnés. Ne me dites pas que vous avez trop entendu ça. Même si je n’ai pas été la première de ma classe comme se le vante la plupart des professeurs que j’ai eu la chance de rencontré, j’ai quand même été habituée à occuper le quatrième rang. Ce n’est qu’en classe de CE1 et dans la composition de passage que j’ai été première de ma classe. Bon ! On ne peut jamais bien parler de soi-même comme pourraient le faire ceux qui nous apprécient, alors je zappe cette partie de mon histoire Cette réussite serait pour lui, (je parle maintenant de mon père hein) un honneur et un pas vers l’accomplissement de son souhait le plus sincère. Je veux dire dans sa tête, je serai une grande sage-femme que mon pays n’ait jamais connue. Vu que j’ai déjà en moi ce don de guérir. Ceux qui me connaissent pour ça m’appellent même déjà Sènan Oliwosan (Sènan la guérisseuse). Quel bonheur qui commence par s’annoncer dans ma vie ! Je vais bientôt être une grande dame, un docteur, une sage-femme, une sauveuse de vie, une…. Ma vie sera belle aux côtés d’un homme que j’aime.
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Pin pin pin
Une moto était derrière moi depuis presqu’une demie heure à klaxonner mais mon hallucination me rendait indifférente à tout bruit extérieur. Il a fallu que le conducteur me touche avant que je ne revienne sur terre. C’est qui ce conducteur si ce n’est le père de Victoire ma camarade de classe et en même temps ma voisine. En effet, sa maison… bon la maison de ses parents et la nôtre font face et ne sont séparées que par une voie pour ne pas dire un sentier menant à la frontière Bénin-Nigériane et qui n’est loin de nous que de quelques kilomètres. Parlant de frontière j’ai tout de même le devoir de vous présenter mon village bien que petit qu’il soit. Alors, fondé par Oloukossi, Ologo est un petit village situé dans un coin de la commune d’Adja-Ouèrè, arrondissement d’Oko-Akaré dans le département du plateau au Bénin. Le nom Ologo serait venu… (Oui serait hein, parce que je n’en suis pas sûre d’autant plus que l’histoire m’ait été racontée par un camarade. Mes parents sont des allochtones ici) je disais serait venu du fait que le fondateur fût un vaillant chasseur qui n’utilisait qu’un simple gourdin (Ogo en yoruba ou en Nago) pour tuer les animaux. Ce qui est incroyable, alors ses clients c’est-à-dire ceux qui venaient de part et d’autres pour s’approvisionner de viande auprès de lui le surnommèrent Oloukossi Ologo (Oloukossi l’utilisateur ou le possesseur de gourdin). Je sais qu’en ce moment vous avez déjà élargi gaillardement vos oreilles ou écarquillé vos yeux pour écouter et lire la fameuse histoire de mon village mais hélas je n’en sais pas plus et même si c’était le cas nous ne sommes pas là pour ça. Je vous prie donc de ramener vos esprits ici. Eh bien, je disais tantôt que Baba Vito ou en Ba Vito, vient de garer sa Suzuki 120 derrière moi et m’a tapoté la tête avant que je ne me retrouve ou du moins avant que je ne sache que je suis sur la voie marchant comme un fou.
Moi :(bégayant) êk…êkaasan Baba Vito. (Bonsoir Baba Vito)
Ba Vito : A quoi penses-tu comme ça ma fille ? Ça n’a pas marché pour toi aussi ?
Quoi ? Que croyait-il celui-là ? Pour qui me prend-il ? Je ne suis pas une de ses filles qu’il pense, eh bien celles qui ne font que trimballer des boîtes d’amuse-gueule dans les classes au moment où tout le monde serait occupé à réviser les cours. En tout cas moi je suis différente.
Ba Vito: Hey Mandia (jeune fille)
Moi:(tiquant) Oui vous dites ?
Ba Vito : Héé ! Akoba Adaba. Euh… Ok ! Je demandais si tu es admise.
Moi :(fière) Oui, oui
Ba Vito : Waouh ! Quelle chance ma fille ! Félicitation à toi alors.
Ah bon ! C’est ce que tu crois ?
Moi : Euh… Merci Papa, Et…
Ba Vito : Malheureusement ça n’a pas marché pour Vito.
C’est normal non, elle fait partie des filles dont je parlais.
Moi :(feignant) Anh choo... Mes… mon… du courage. Elle n’est pas venue ?
Ba Vito : Non, c’est comme si elle se savait échouer.
Bien sûr qu’elle savait, j’en étais aussi convaincue.
Moi :(feignant) Choo ! Ma Vito…
Ba Vito : Ma fille la nature est trop soleilleuse . Tu montes ?
Moi :(contente) Euh... Oui oui
Il me félicite une fois de plus et démarre en toute vitesse.
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Brêm kein kein kein !!!
Je suis ainsi déposée au bord de la voie en face de notre maison. Sans même écouter Ba Vito qui me dit de saluer mon père pour lui je descends de sa moto et cours vers la case de ma grand-mère. Oui serait la première personne à qui je dois pour le fait qu’elle soit ma première complice. En entrant je Nanan, ma grand-mère allongé sur une natte en paille. A ma vue, elle commence par me faire des gestes et essaie de me dire mais moi je m’intéresse pas. J’avais oublié de vous dire que Nanan parle difficilement en raison de sa paralysie. On n’arrive pas à bien saisir les mots qu’elle fait entendre
Moi :(entrant en sursaut) Nanan, Je suis….
Nanan :(ronronnant et m’indiquant la direction de la porte) Houiiiiii !!! Houiiiiii !!! Houiiiiii !!!
Moi :(retournant la tête et ne comprenant rien) Quoi Nanan ?
Nanan : Houiiiiii !!! Houiiiiii !!! Houiiiiii
Moi : il n’y a personne au dehors là. Ok je viens je vais vous appeler Dia (c’est ainsi j’appelle ma mère) Je sors tandis qu'elle continue de faire entendre ce que je ne comprends même pas.
Me voici alors dans la chambre de mère que je trouve allongée sur sa natte. Elle semble dormir. Ne voulant pas la déranger, je la laisse et me dirige vers la case de mon père mais il n’est pas là. Bouleversée, je sors de là mais toujours impatiente de leur annoncer ma bonne nouvelle.
Sachant que ma grand-mère n’est pas d’humeur je me retourne encore dans sa case mais c’est toujours les mêmes choses qu’elle me fait entendre. Dépassée et pour faire écouler le temps je la quitte pour rejoindre mes amies afin qu’on s’échange des idées et jubiler bien sûr ma victoire.
J’ai quitté mes amies aux environs de 20 heures. En effet, nos amusements ont été plaisants au point où nous n’avons pas vu l’heure passée.
Toujours dans l’espoir d’annoncer ma plus grande bonne nouvelle à mes parents je me suis retournée à la maison après être accompagnée en chemin par mes amies.
A la maison, je suis surprise de voir la case de ma mère sans la lumière du lampion. Ce qui n’avait jamais été le cas ; car déjà à 18h ma mère me commande déjà du pétrole et si je ne suis pas là, elle commande l’un des frères de Vito. Je jette un coup d’œil vers les portes des cases de mon père et de ma grand-mère mais rien. « Que se passe-t-il ? » voilà la question que je me suis posée avant de me diriger vers la case de ma mère. J’ai en main une torche que j’ai trouvée dans mes cadeaux scolaires et que j’ai l’habitude de porter avec moi partout où je vais et à tout moment.
Moi :(inquiète) Dia ! Dia ! Dia !
Personne ne me répond, alors j’illumine la case avec ma torche dont l’éclat n’a pas tardé de se poser sur ma mère qui est toujours au même endroit où je l’avais vu depuis mon retour de l’école. Comprenant qu’il y a quelque chose qui ne va pas, je me jette sur elle et commence par la secouer mais elle resta sans vie. Éclatant en sanglot, je cours vers la case de mon père mais lui non plus n’est pas présent. Même chose pour ma grand-mère. « Que m’arrive-t-il ?» me demande-je. Je veux crier mais le souffle me manque. Pourtant les larmes pleuvent sur mes joues. Je décide alors de me rendre chez Baba Vito peut-être qu’il en sait quelque chose.
A peine ai-je franchi le seuil de la case de ma grand-mère que je me retrouve nez à nez contre un homme d’une taille assez grande et d’une forme semblable à celle des boxeurs. Je ne peux pas voir son visage à cause de l’obscurité. On dirait que la nature est contre moi. Ma torche aussi a perdu son éclat. Cet homme essaie de me bloquer le passage et bête que je suis, au lieu de chercher comment disparaître de là (si j’en avais bien sûr la capacité hein) j’ai encore le temps de le saluer mais sans me répondre, il saisit mes bras qu’il joint, me soulève et me met à l’épaule comme un fagot de bois. Il prend la direction de je crois le palais. Je cris et lui donne des coups qui ne semblent rien lui dire. Ce qui me parait aussi bizarre c’est que personne ne nous entend dans cette nuit.
Arrivé à quelques cent mètres du palais et sous un arbre, j’ai entendu une voix sortir de la brousse. Je crois reconnaitre cette voix. C’est bien sur celle d’Akandé l’un des camarades mon copain.
Akandé :(autoritaire) Duro libè « arrêtes-toi là en Nago »
Le géant homme s’arrête brusquement, me dépose mais garde toujours mes deux bras joins dans sa grosse main.
Le Géant homme :(rugissant) Lé ndun ? « Qui sonne ? » Ou du moins « qui parle ? » si vous voulez. Sors si tu as le courage. Continue-t-il.
- Omi ni (c’est moi)
Cette réponse n’est venue qu’avec la cendre bouillie à l’eau chaude versée au visage à cet homme qui voulait voir celui qui lui répondait du haut de l’arbre.
Vous voulez savoir celui qui a versé cette cendre je pense. Eh bien c’est mon chéri Ifè qui s’était caché sur l’arbre sous lequel nous nous sommes arrêtés. Moi je l’appelle Ifèmi et voici la raison : Ifè = amour et mi= mon ou ma donc Ifèmi=mon amour, vous comprenez quelque chose maintenant ?
Le Géant homme :(lâchant vite mes mains et mettant les siennes au visage) Yéééh ! Oju mi ooooh (Oju mi= mes yeux).
Pendant que ce dernier batifole dans le noir, Ifè saute de l’arbre, saisit mon bras et murmure à l’oreille d’Akandé qui disparait avant qu’il ne prenne la voie d’une forêt ma main dans la sienne. Il sort une torche qu’il allume avant de poursuivre sans rien me dire.
Moi : (Inquiète et curieuse) Mais Ifèmi attends d’abord, où allons-nous ?
Ifèmi :(sans attendre) T’inquiète ma puce. Près de moi tu seras bien gardée.
A suivre…………