Questionnements
Write by Plénitudes by Zoé
Chapitre 31 : Questionnements
**** Sabine ****
Je n’oublie pas que c’est le Seigneur Lui-même qui m’a montré Nath comme ma moitié mais je me dis aussi que peut-être est-ce moi qui ai mal interprété les signes. Peut-être qu’inconsciemment j’étais attiré par Nathaniel au moment où je l’ai rencontré à l’église et que de fil en aiguille j’ai tellement voulu cela que c’est ce qui m’a été montré. Peut-être que j’ai eu cette vision parce que je l’ai voulue et qu’elle me servirait de prétexte pour me rapprocher de lui. Je suis perdue, des restes de sentiments que j’avais pour Dan remontent à la surface et je me rends compte que je pensais être passée à autre chose alors que non, il a été mon premier amour, mon premier baiser, ma première fois, toutes mes premières fois ou presque ont été avec lui.
Je sors de mon lit et vais me mettre devant mon ordinateur pour chiller un peu sur Netflix, ça me permettra de moins réfléchir. Je lance un film qui parle de quatre filles qui se partagent un jean chacune son tour, bizarre. Ça me détend jusqu’à ce que l’une des filles croit être enceinte, immédiatement je coupe le film et zappe sur un autre, là c’est une fille qui se balade avec un gros ventre avec sa meilleure amie. Je change encore de programme et tombe sur une parfaite petite famille heureuse avec un petit garçon.
Moi : Sérieux ? Tu te fous de moi ?
Je ferme rageusement mon ordinateur et retourne dans mon lit m’enrouler dans mon plaid et me suis couchée en position fœtale. Je me laisse aller à l’abattement jusqu’à ce que je m’endorme. Moi Sabine, la femme forte, me retrouve complètement sens dessus dessous à cause de l’irruption de mon ex dans ma vie. Mais il s’agit quand même du compagnon de toute une vie, quelqu’un avec qui je vais passer toute ma vie sans possibilité de divorce alors je dois faire le bon choix. J’ai fini mon stage depuis deux mois maintenant mais j’ai demandé à le rallonger parce que je ne suis pas prête à retourner à la maison, Dan et moi parlons tous les jours et nous nous rapprochons chaque jour un peu plus. Evidemment Nath n’était pas enchanté par la nouvelle de la reconduction de mon stage mais il me soutient dans tout ce qui touche mes projets, mon travail. Il me fait me sentir encore plus mal parce que même si jamais je ne le tromperais, j’ai l’impression d’être en train de le trahir. Je n’ai même pas vu ma fille depuis des mois, je ne peux pas continuer comme ça.
Ainsi je me relève et me mets à genoux au pied de mon lit. Je parle pendant un très long moment avec mon Père. Pendant près d’une heure même et lorsque je prononce le mot « Amen », je suis rassurée, en paix, je n’ai certes pas encore ma réponse mais un jeûne de cinq jours m’a été mis à cœur et je sens qu’au bout de ce jeûne, tout ira mieux. Et je prends la décision de rentrer à la fin de ce mois. Mon mémoire est prêt et a été validé par mes encadreurs, je n’ai plus rien qui me retienne ici, normalement.
**** Quelque part dans un lieu inconnu ****
Ses prières sont de plus en plus fortes
Si nous ne faisons rien, elle va nous échapper
Oui, l’heure est grave
Mais que pouvons-nous faire ? Malgré tout ce que nous lui envoyons, les hommes pour la distraire et lui voler son avenir, les problèmes avec sa mère ; mais elle tient bon.
Je sais, il nous faut frapper un grand coup. Elle ne peut pas réussir dans cette vie.
Elle nous appartient, peu importe ce qu’elle fera.
(En chœur) Elle nous appartient.
**** Marla ****
J’ai fini mon stage une première, demandé une prorogation et fini il y a quelques jours et encore une fois je me retrouve à la maison à ne rien faire. Je commence vraiment à fatiguer. L’une de nos aînées dans le service m’a conseillé de déposer une demande d’emploi mais je ne le sens pas, j’ai l’impression que ce n’est pas fait pour moi. J’ai envie de me tourner vers tout autre chose que l’ingénierie. A force de réflexion j’ai fini par comprendre que je ne peux pas rester toute ma vie cloîtrée dans un bureau, à vivre de mon seul salaire, j’ai besoin de liberté, de diversité, de faire quelque chose qui me passionne vraiment.
J’en étais là de mes réflexions quand mon téléphone s’est mis à sonner. Tiens, c’est très étrange, la personne qui m’appelle ne m’a pas contactée depuis de nombreuses années.
Moi : Allô ?
Jean : Abiré !
Moi : Jean ! Il n’y a vraiment que toi qui m’appelles comme ça.
Jean : Bien sûr, après tout, tu es ma Reine.
Moi : Hum, c’est ça ! Qu’est-ce que tu deviens ?
Jean : Le boulot, tout le temps et toi ?
Moi : Pas grand-chose en fait, je me cherche.
Jean : En fait, ça tombe bien. Tu te souviens qu’en première année, au lieu d’aller en cours, tu passais ton temps à regarder des mangas ?
Moi (sourire) : Je m’en souviens, et ça n’a pas fait que du bien à mes notes d’ailleurs.
Jean : Haha oui, en fait je veux faire venir des produits dérivés de mangas, des goodies et plus encore, ouvrir une bibliothèque et ensuite évoluer vers une maison d’édition. Je veux que tu te charges de la branche africaine, d’abord le Togo et ensuite l’Afrique de l’Ouest.
Moi (n’en croyant pas mes oreilles) : Tu es sérieux ?
Jean : Parfaitement, je ne connais personne de plus passionné que toi, ni en qui j’ai plus confiance que toi !
Moi : Ecoute, je suis intéressée c’est vrai mais j’ai déjà eu des projets avec des amis comme ça et ça n’a jamais abouti, alors je suis un peu dubitative.
Jean : Fais-moi confiance, je suis très sérieux et en fait on va en parler plus en détails par Whatsapp d’accord ?
Moi : Ok à plus tard.
Jean : Bye
Jean et moi avons fait la première année ensemble et il m’a devancé comme je prenais du retard. Il est diplômé depuis quelques années et travaille aux dernières nouvelles dans la boîte de son père. Parallèlement, il a de petites affaires qu’il met en place un peu partout. Peut-être que je devrais lui faire confiance comme il me l’a demandé ? ça ne peut pas être pire que de n’avoir rien à faire du tout. Nous continuons à nous écrire et il m’explique mieux tous les contours de son projet. Il ne me veut pas comme employée mais comme associée. J’ai presque l’impression que c’est trop beau pour être vrai. Seul l’avenir nous le dira. En attendant je décide de croire que c’est la réponse à mes prières et remercie le Seigneur pour cette opportunité.
J’étais plongée dans mes pensées, tellement que les cris de ma mère ne m’atteignaient même plus, mais lorsqu’elle frappe avec violence à ma porte, je sors de ma rêverie. Je m’inquiète de plus en plus pour elle, elle ne mange plus du tout, elle ne fait que boire, ça m’arrache le cœur de la voir ainsi mais le fait est que j’ai tellement de colère que ma compassion est étouffée avant que je puisse lui manifester de la douceur. Heureusement, mes prières portent leurs fruits et j’arrive à dépasser cette colère pour me concentrer sur mon amour pour elle. C’est parfois dur mais ça va de mieux en mieux.
**** Naomi ****
Je flotte dans une brume blanche où je suis sans repère. Je ne sais où est le haut, ni où est le bas, ni la gauche, ni la droite. Je suis juste là, me contentant d’exister, enfin si on peut appeler cela exister. Je ne ressens rien que du désespoir. Je ne sais même pas depuis quand je suis là, je n’ai pas conscience du temps qui passe.
Mais dans ce brouillard, de temps en temps, j’entends une voix. Une douce voix qui me procure de l’espoir, je crois que c’est pour cela que je n’ai pas encore cessé d’exister. Quand je m’enfonce dans l’inconscience, cette voix me ramène dans cette brume et je n’ai rien d’autre à faire que de l’écouter me raconter des histoires d’hommes, de femmes, d’anges, de Dieu. Je l’écoute et ne fais rien d’autre, d’ailleurs que pourrais-je faire de plus ?
Mais quelque chose a changé depuis quelques temps, je reste dans la brume plus longtemps que dans l’inconscience, je sens que je gagne des forces. Je ne sais pas où je suis mais je suis sûre que je ne serai plus là pour longtemps. Je ne sais pas comment mais je le sais. Je commence à distinguer de mieux en mieux les voix autour de moi. Il y a maman et aussi Olivier. Olivier qui est assis sur mon lit, un livre dans une main et ma main dans l’autre. Je sens sa main chaude serrer la mienne. J’ai envie de la serrer en retour mais n’en ai pas la force. J’essaie alors l’index tout d’abord, le majeur ensuite, l’annulaire et là bingo ! Un tout petit soubresaut ! Et Olivier l’a ressenti ! Je l’entends ! Il s’est levé d’un bond et s’est précipité dans le couloir appeler les médecins suivi de très près par maman. Elle avait l’air dans tous ses états la pauvre. J’essaie d’ouvrir les yeux mais c’est très difficile, je glisse encore vers l’inconscience. J’ai juste le temps d’entendre des pas se précipiter dans la chambre. Sûrement les médecins !