Remise en question

Write by Saria

 

***Rick***

Je toc puis je rentre dans la loge de Fluffy. Il faut que j’ai une discussion sérieuse avec elle. Depuis dix jours j’ai l’impression d’être en face d’une coque vide. Elle a l’air absent et le regard éteint. Vous pensez que j’exploite la misère de ces filles, que je ne vaux pas mieux qu’un mack. Vous vous trompez lourdement. Je suis un ami et j’ai énormément de respect pour elles, avec Fluffy la relation de confiance ne s’est pas établie tout de suite.

***Souvenirs***

Je trainais dans les rues de jonquet* par un soir pluvieux. J’étais comment dirais-je en prospection pour voir si je pouvais trouver une gogo danseuse…L’une des filles venait de me lâcher et c’était difficile à gérer côté planning. J’avais déjà fait le tour de plusieurs cabarets mais rien, en plus il pleuvait tellement fort, les rues étaient horribles, les caniveaux pleins. J’étais là à ruminer ma malchance quand mon attention est attirée par une scène assez banale : des prostituées qui se crêpent le chignon. Mais en y regardant de près, c’est plutôt deux femmes qui s’acharnait sur une plus jeune à la constitution frêle. Elle ne se défendait pas et faisait le nécessaire pour amortir les coups. Mon sang ne fait qu’un tour et je me précipite.

Moi : Hey ! Hey ! Arrêtez-vous êtes folles ou quoi?!

En me voyant arriver, elles détalent du mieux qu’elles peuvent du haut de leurs échasses. Je soulève la jeune femme parterre. Elle essaye de bouger mais un gémissement douloureux lui échappe. Je la conduit à la clinique la plus proche… verdict trois côtes cassées.

J’ai payé tous ses frais, d’hôpital... en deux semaines d’hospitalisation elle m’a adressé la parole une fois pour me dire merci, une deuxième fois pour me donner le numéro d’un membre de sa famille et une troisième fois pour me dire de lui foutre la paix. Trois fois ! Alors je l’ai chauffé et insulté copieusement la traitant d’ingrate et lui dis que son petit cul de métèque ne m’intéressait en rien donc elle devrait redescendre sur terre! Après cette tirade j’ai vu un petit sourire s’afficher au coin de ses lèvres. J’ai compris tout de suite que je venais de gagner !

On a commencé à se fréquenter et j’ai fait la connaissance de son monde : Anya et Loan. Au bout d’un moment je lui ai quand même sortie un plan drague fumeux et elle m’a envoyé paître…alors on est devenus amis. Dans le vocabulaire de Maïté ça veut dire je connais sa vie, je viens rarement chez elle, on se soutient dans les coups durs.

Un soir je l’ai invité au Pink Phone, je lui ai montré la "maison" et je lui ai ensuite proposé du boulot. Je savais que pour Loan elle avait besoin d’argent. Alors elle m’a avoué que c’est ce qu’elle avait essayé de faire le soir où elle s'est faite tabassée : se prostituer. Sauf que ce que je lui propose est nettement mieux, ce n'est pas du cynisme.

Elle m’a demandé un délai d’un mois pour réfléchir mais le lendemain elle était à ma porte : Loan avait fait une crise et se cognait la tête contre le mur de façon incontrôlée.

 

***Retour à la réalité***

Maïté : Hey tu fais quoi là ?

Moi : J’ai annulé ton show de ce soir, je l’ai passé à Vanessa (l'une des filles).

Maïté : Mais pourquoi ?!

Moi : Il faut qu’on parle…Depuis quelques jours tu n’es plus que l’ombre de toi-même… Et ne me dis pas qu’il n’y a rien…

Je rencontre un silence buté

- Maïté s’il te plaît !

Elle se lève et fait quelques pas avant de revenir s’asseoir. Elle croise ses longues jambes fines et soupire.

Maïté (les larmes aux yeux) : J’ai rencontré quelqu’un…et je tiens à lui

Bam! Si je m'attendais à ça! C’est comme si une digue se rompait : elle me raconte sa rencontre avec Tobi, leur relation naissante, ses attentes, l’incident d’il y a dix jours.

Moi : Tu es amoureuse de... lui

Maïté (dans un souffle) : oui…Mais je suis paniquée…Je sais que je devrais lui parler mais il va me quitter. Je refuse de sortir dans des lieux publics avec lui parce que j’ai peur d’être reconnue. Rick ce que je ressens pour lui, je ne l’ai jamais ressenti pour personne ! Mais quoi que je fasse c’est foutu d’avance…sans compter que j’ai besoin d’argent pour les soins de Loan.

Elle semblait tellement perdue mais que puis-je faire pour elle ?

Moi : Il faut que tu lui parles, s’il t’aime il va rester… Si tu veux repose-toi cette semaine histoire d’avoir le courage de lui parler…D'ici là je te programme un rendez-vous intéressant…Un dernier show que tu feras pour tirer ta révérence.

Maïté : Ok

Moi : Maintenant rentre chez toi te reposer ma belle.

 

*** Anya***

J’écoute Maïté me parler. Cette enfant ne m’écoute pas ! J’ai envie de lui donner une claque mais ça va venir. Le premier jour où j’ai vu ce garçon Tobi j’ai su que c’était le bon numéro. Je lui ai dit de lui parler meuh non ! Maïté n'en fait qu'à sa tête! Quand elle finit j'attaque...

Moi : Maï ! Tu pleures pourquoi ? Je t’ai dit de lui parler ? Mais madame ne veux pas...Tu ne m’écoutes pas !

Maïté : Mais...

Moi : Non il n’y a pas de  mais… Tu ne t’aimes pas ! Si tu lui parles maintenant il te comprendra ! Et puis cette histoire de dernier show je ne la sens pas du tout...Tu ne devrais même pas essayer! C'est une très mauvaise idée.

Maïté : Mais et les frais de Loan…Tu y as pensé ?

Moi : Si…et je pense que tu peux arrêter ! Tu as de la marge pour voir les choses arriver…Si je ne t’entendais pas pleurer les soirs quand tu rentres après avoir pris une douche d’une heure de temps, je dirais que tu aimes cette vie...Ne me regarde pas comme ça, je regarde et je ne dis rien parce que tu es une adulte...Arrêtes maintenant! La vie te tend une perche saisis la!

Maïté : …

Moi (d’une voix plus douce): Je comprends tes craintes…Tu as peur de devoir te retrouver le dos au mur après avoir arrêté... que Loan ait besoin de quelque chose et que tu sois limité faute de moyens…Mais regarde notre petit bonhomme il fait des progrès tous les jours !

Maïté : Ok…Mais j’ai besoin de faire ce dernier show, après j’arrête tout et je lui parle

Je lui lance un long regard triste mais je m’abstiens de tout commentaire. De toute façon je serai là quoiqu’il arrive !

*Quartier populaire de Cotonou où grouille, tard le soir, les bordels et petits cabarets

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