Sacré nom de Dieu !!

Write by Farida IB



Nihad ANOUAM…


**** ce moment là à la réunion ****


J’ouvre avec fracas la salle de conférences et avise le visage contrarié de toute l’assistance, quelque chose me dit que je ne vais pas aimer ce que j’entendrai ici, mais je contourne quand même pour m’asseoir à ma place habituelle (à côté de Mme Geneviève). Du regard, je compte six personnes, notamment Mme Geneviève, les deux représentant de nos succursales, le directeur des ressources humaines, l’assistance de ma mère et un homme dont j’ignore encore l’identité et l’utilité de sa présence à cette entrevue. Là, la voix rauque et altière de l’incognito s’adresse à moi avec une pointe d’agacement dans la voix. 


Lui (regardant dans la direction de ma mère) : c’est elle que nous attendions ? (elle hoche la tête.) Alors Mlle, est-ce l’heure convenable pour venir à son boulot ? 


Moi perplexe : euhh ?


Maman (levant sa main en signe d’apaisement) : nous en parlerons plus tard Jean-Marc.


Voici donc le fameux Jean-Marc, je vois pourquoi madame ma mère a autant perdu la boule. Un très bel homme dans le style Denzel Washington pour tout dire, d’ailleurs je le trouve beaucoup trop soigné pour son âge.


Maman poursuivant : nous pouvons enfin entamer cette réunion vu que Mlle ANOUAM nous fait enfin l’honneur de son illustre présence.


Moi (écarquillant les yeux) : pour commencer personne ne m’a parlé d’une…


Maman (m’interrompant en levant une main) : mlle, nous n’allons pas nous attarder sur ce sujet. Il était impératif pour moi de tenir cette réunion ce matin pour vous prévenir que j’ai décidé de nommer M. NNANG (l’indexant) mon mari que voici, comme PDG de la société. (je tique.) Par conséquent, il est désormais le seul habilité à prendre toutes les grandes décisions concernant l’entreprise et ses succursales donc vous vous devez de travailler en étroite collaboration avec lui. Quant à moi je…


Moi (lui coupant la parole) : pardon ?


Maman : je disais que…


Moi (la stoppant d’une main) : j’ai entendu tout ce que vous avez dit même si j’ai encore du mal à l’assimiler. (débitée) Vous dites que vous nommez PDG de la société quelqu’un qu’on ne connaît même pas, qui tombe comme ça du ciel. (rire jaune) Non mais c’est une blague ? Évidemment que c’est une blague, mais laissez-moi vous dire qu’elle est de mauvais goût !


Jean-Marc acariâtre : mais taisez-vous enfin Mlle ! Non contente de retarder la réunion, vous la perturbez ensuite. D’ailleurs tous ça prendra fin dans quelques heures, tout le monde sera au pas dans cette entreprise !!


Moi (le défiant du regard) : c’est ce que nous allons voir !


Maman (se tournant vers moi) : laissez-moi poursuivre Mlle ANOUAM. (enchaînant) Je disais que j’assure désormais la direction opérationnelle de la société sous la supervision du PDG bien sûr.


Nous parlons tous en même temps pendant qu’elle hausse le ton en répétant sa phrase pour ramener le calme dans la salle.


Maman (lorsque le calme revient) : je tiens d’abord à vous prévenir qu’il s’agit d’une décision rationnelle prise à la suite d’une analyse et d’une évaluation très poussées des répercussions sur l’entreprise et ses actifs. 


Moi (essayant de contenir ma rage) : pouvons-nous avoir une idée de ces répercussions Madame la PDG, autant pour moi madame l’ex PDG.


Je sens l’autre me foudroyer du regard.


Maman : vous avez tous les détails dans le dossier posé devant vous. (j’incline mes yeux pour remarquer la chemise dossier en question.) Déjà, il faut noter que M. NNANG a toutes les qualités requises pour assurer cette fonction. Il est non seulement diplômé de deux doctorats en dehors d’autres diplômes dans le domaine du management et la gestion des entreprises. Au-delà de cet aspect, il a également eu par le passé, à diriger de grandes entreprises et filiales dans le domaine du textile ici au Gabon et un peu partout dans le monde. Dès lors, il pourra assurer le développement et la pérennité de la nôtre. 


Tchhouuuooo !


Maman concluant : le dossier renferme tous les renseignements nécessaires sur l’identité de M. NNANG. Vous constaterai de légères modifications dans l’organigramme ainsi que dans la répartition des tâches. (rangeant les papiers épars devant elle) Si vous n’y trouvez aucune objection, la réunion peut prendre fin et que chacun retourne à ses tâches.


Nous sillonnons simultanément la salle et pour aviser les mines graves et dépitées de tout le monde sauf bien sûr le sourire satisfait de son type. Ma mère se lève au moment où je décide de lancer le débat ce qui fait pousser un soupire d’agacement au type.


Maman (se rasseyant) : mlle ANOUAM, auriez-vous des questions à poser ?


Moi (hochant la tête en me redressant) : oui oui, enfin j’ai quelque retenus face à cette nomination. 


Jean-Marc : encore elle ! Elle se prend même pour qui cette cruche ?


Moi (le fixant) : je ne vous le permets pas M… Et puis bref ! (j’ignore le regard implorant de ma mère au passage.) Si les autres se taisent ici par crainte de perdre leur poste, ce n’est pas mon cas, je clame haut et fort qu’il s’agit bien d’une décision arbitraire.


Jean-Marc (ton agacé) : on peut savoir sur quoi, vous basez-vous pour insinuer de telles allégations ?


Moi m’énervant : je parle sur la base des clauses des statuts de la société que j’ai soit dit en passant rédigé en fonction du code du travail régissant notre pays. (m’adressant à ma mère) Et conformément à ces statuts nous avons l’habitude de prendre ce genre de décisions devant un conseil administratif réunissant tous les associés suite à des mesures préparatoires. Vous voyez donc que cette décision est irrecevable bien que la majorité des membres directoires soient présente. 


Maman exaspérée : et bien figurez-vous, j’ai pris cette décision en tenant compte de tout ça. Vous ignorez peut-être que je suis la présidente du conseil d’administration et l’actionnaire majoritaire de la société donc je dispose des pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de cette société qui est d’ailleurs la mienne après tout !


Jean-Marc : exactement !


Je tchipe dans sa direction avant de m’adresser à nouveau à ma mère.


Moi : mais mam… Enfin, madame MIKALA vous oubliez aussi avoir mentionné au début de la séance la relation qui vous lie avec M. NNANG. Il s’agit bien de votre conjoint, par conséquent, il devrait appartenir à la société ou tout au moins avoir des parts dans la société avant d’aspirer à un tel poste. (toisant le type) Ce qui n’est visiblement pas son cas.


Jean-Marc narquois : mlle grande gueule, lisez le document devant vous au lieu d’emmerder tout le monde, nous avons d’autres occupations après cette réunion. 


Maman intervenant : j’ai cédé à M. NNANG quelques-unes de mes parts, ce qui fait de lui un associé à part entière de la société. De toute façon, cette réunion est tenue à titre informatif, M. le PDG a déjà pris fonction dès son arrivé ce matin. (se tournant vers l’assistance) La séance est levée !!


Ils sortent tous après que le nommé Jean-Marc ait pris le temps de me toiser, il n’a encore rien compris celui-là. Si ma mère pense que je vais me laisser faire, c’est qu’elle se méprend complètement. C’est vrai qu’elle s’occupe de cette société avant même ma venue au monde, mais j’ai autant travaillé qu’elle pour qu’on en arrive là. J’ai étudié pour ça, je pouvais faire la médecine qui était à l’origine ma vocation, mais j’ai préféré suivre sa voie. Parce que je voyais toute l’énergie qu’elle y a consacrée toutes ces années, parce que c’est la seule qui matérialise l’existence de mon père (soupir). Je l’ai vu tenir tête à sa famille pour cette société, c’est même la raison pour laquelle ils ne sont plus si proches alors pourquoi baisse t’elle la garde maintenant ? 


Je me pose dans la salle pour me calmer, mais l’image de cet homme en train de prendre toutes les importantes décisions de cette entreprise refuse de s’imposer dans mon cerveau. Je prends le dossier que je consulte un moment et remarque aux abords tout un panthéon de mots utilisés pour magnifier les nombreuses qualités du DG, encore que je doute de son authenticité pfff !! Enfin bref ce n’est même pas ce qui m’intéresse pour le moment, je défile les pages à la recherche de ma nouvelle fonction. J’en déduis déjà que j’ai été rétrogradé donc inutile de chercher de midi à quatorze heures. 


Mue d’une colère sourde, je sors de là pour prendre l’ascenseur. Elle m’ouvre la porte avant même que je ne m’approche de celle-ci, je suppose qu’elle m’avait aperçu dans le téléviseur. 


Maman (dès que la porte se referme) : je t’attendais, c’est quoi cet affront que tu voulais me faire toute à l’heure à la réunion ?


Moi maugréant : tu parles d’un affront, ton type est PDG et moi, je suis reléguée au service courrier. Maman dit moi que tout ceci n’est qu'une blague !


Maman : d’abord, tu baisses d’un ton, ensuite, c’est Mme MIKALA et non maman. Pour ta nouvelle fonction, c’est la décision du PDG, et pour ton information, j’ai dû négocier pour qu’il ne te licencie pas comme les autres vu tes nombreux retards.


Moi stupéfaite : il est PDG et non DRH, il ne connaît rien de cette société. Maman, tu ne peux pas confier l’entreprise de mon père à un type sorti de nulle part !


Maman haussant le ton : Nihad assez ! Assez (se calmant) d’abord ce n’est pas l’entreprise de ton père, c’est la mienne. Il me l’a léguée et si elle existe encore, c’est grâce à mes efforts…


Moi l’interrompant : rectification à nos efforts ! J’ai bossé dur comme toi, j’œuvre tous les jours à trouver des clients pour cette entreprise…


Maman (me coupant la parole) : hier hier là que tu es revenue à Libreville !


Moi : cinq ans maman, cinq foutues années ce n’est pas rien. Tu pouvais l’intégrer à l’entreprise sans toutefois lui confier toute la direction, tu ne le connais même pas ! Une telle décision se prend sur cinq ans au moins, après une mise en observation.


Maman : et bien, j’ai suivi mon instinct, encore que je suis certaine de ne pas me tromper. 


Moi acerbe : dis-moi, c’est l’amour qui t’a seulement rendu maboule ou bien quelqu’un te mange ?


Maman : Milenzi un peu de respect pour ma personne n’oublie pas que je suis ta mère. 


Moi : c’est même la raison pour laquelle je suis encore dans ton sillage, parce que tu es ma mère après tout. (lui donnant le dos) J’espère seulement que tu ne regretteras pas.


Je reprends l’ascenseur en essayant tant bien que mal de refouler les larmes de frustrations qui me piquent les yeux. Je m’apprête à sortir lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le type qui garde a un sourire malicieux au coin des lèvres. Je le regarde de travers avant de continuer le chemin jusqu’à mon bureau, enfin mon ancien bureau. Je referme juste la porte derrière moi qu’elle s’ouvre à nouveau sur lui.


Moi fronçant les sourcils : vous faites quoi dans mon bureau ? 


Jean-Marc (d’un geste de la main) : déposez la hache de guerre, je viens en paix. En fait, je viens vous faire une proposition.


Moi hurlant : M., vous sortez de mon bureau tout de suite, ça ne m’intéresse pas votre proposition!!!


Jean-Marc sarcastique : calmez vos ardeurs mademoiselle, vous êtes si stresser un matin pareil ce n’est pas bon pour votre petit cœur.  (sérieux) Bon vous allez quand même m’écouter, j’ai attribué des postes aux gens sans les connaître au préalable, néanmoins, j’ai tenu compte de certains aspects de leur quotidien. Dans votre cas, j’ai remarqué un certain laxisme et compte tenu de la manière farouche dont vous vous êtes opposée à ma nomination toute à l’heure à la réunion, je me doute bien de vos liens avec ma femme. Subséquemment, il nous faudra trouver un compromis parce qu’après tout, je suis (insistant sur le mot) le PDG donc j’ai le dernier mot sur tout, absolument tout.    


Moi : que voulez-vous insinuer par là ?


Jean-Marc : que vous allez devoir coopérer avec moi si vous voulez avoir une place dans cette société, (il se rapproche en prenant un ton lascif pendant que je recule.) c’est difficile d’obtenir un travail bien payé de nos jours et je vous assure que peu importe votre lien avec ma femme je suis en mesure de vous faire virer. Vous êtes si jeune et belle et selon moi vous devriez exploiter ce potentiel pour gravir les échelons de cette entreprise.


Moi (le stoppant d’un geste de la main) : pour votre gouverne, c’est votre femme, mais avant tout, c’est ma mère !! 


Il me regarde les yeux grands ouverts, loleuhh.


Moi haussant le ton : oui, c’est MA MERE et cette société appartient à MON PERE donc ne pensez pas que je vous laisserai vous en sortir aussi facilement.


Jean-Marc égale : rhoooo tout de suite les menaces, (ricanant) j’ai tellement peur de vous. (cinglant) Une gamine effrontée de votre espèce !! Quoique ça ne me dérange pas de me faire la mère et la fille, je vois maintenant pourquoi le trait de ressemblance est si flagrant.  


Moi le regardant avec mépris : vous n'êtes qu'une salle ordure, je vous ferai bientôt descendre de votre piédestal croyez-en ma bonne foi ! 


Jean-Marc sourire narquois : on verra bien (se dirigeant vers la porte) pour info vous êtes virée !!


Moi : ne vous donnez pas cette peine, je n’avais plus l’intention de rester ici de toute façon. 


Jean-Marc (tenant la porte, d’un ton ironique) : ah oui ? C’est vraiment dommage alors !


Moi : tsuippp !!!


Non mais quel salaud !!


*


*


**** deux mois plus tard ****


Florent GBEVOU…


Fifamè téléphone : tu me manques aussi mon amour.


Moi soupirant : j’ai hâte de rentrer.


Fifamè : j’ai aussi hâte que tu sois là, je me sens si seule.


Moi : j’imagine, surtout dans ton état. C’est pour cela, j’insiste pour que tu rentres en famille.


Fifamè : nous n’allons pas revenir sur ce sujet chéri, il faut d’abord que tu te présentes devant eux.


Moi : je prendrai mes responsabilités à mon retour ne t’inquiète pas. Toutefois, je ne suis pas rassuré de te savoir seule avec un début de grossesse.


Fifamè : florent c’est ta femme qui devrait être ton centre d’intérêt en ce moment, d’ailleurs où est-elle ? Le moment fatidique n’est toujours pas arrivé ?


Moi : si, elle est en salle d’accouchement en ce moment.


Fifamè (ton scandalisé) : et tu fais quoi à me parler au téléphone ?


Moi : elle n’est qu’à deux doigts depuis la nuit d’hier, ce n’est pas encore l’heure pour elle d’accoucher.


Fifamè haussant le ton : tu divagues ? Elle a besoin de toi en ce moment !!


Moi : rhoo Fifa j’ai assisté à la naissance des deux autres, ça ne fait rien si je n’assiste pas à celle-ci.


Fifamè : vraiment, tu mérites une paire de gifle.


Moi : je me préoccupais pour toi.


Fifamè : je ne suis pas du tout d’accord, il ne m’arrivera rien. C’est une grossesse pas un handicap, ta femme est entre la vie et la mort, c’est ça qui devrait te préoccuper. Tchiippp, je discute même pourquoi ?


Click !


Elle raccroche et je soupire déconcerté, il faut dire qu’en ce moment, je traverse une période trouble qui ne dit pas son nom. J’ai rejoint ma femme il y a quelques jours pour son accouchement avec un pincement au cœur à l’idée d’abandonner Fifamè seule avec un début de grossesse difficile. Nous avons eu la confirmation il y a quelques semaines, elle était dans le déni jusqu’à ce que je ne la force à voir un médecin pour avoir ce verdict. Depuis, je suis déboussolé par la situation, bien que je m’étais préparé psychologiquement à cela. D’un côté, je crains les conséquences sur mon foyer et de l’autre, je suis contraint à prendre toutes mes responsabilités vis-à-vis de Fifamè et de cet enfant. Ces derniers temps, j’avoue avoir relativement fait d’elle ma priorité, évidemment parce qu’elle n’a jamais eu à vivre une grossesse alors que Nadine elle, on peut dire qu’elle en a l’habitude. Enfin, les femmes disent qu’on ne s’habitue jamais à l’accouchement, mais bon elle au moins en sait quelque chose contrairement à Fifa. 


Nous avons été admis d’urgence à la maternité du CHU de Nantes hier soir après que Nadine ait perdu ses eaux. Normalement, elle devait déjà accoucher, mais ce petit homme ou la petite princesse (elle a préféré la surprise.) n’est pas si pressé(e) que ça de voir le monde. Et bien que ses contractions soient régulières et qu’elle est à bout de forces, les sages-femmes ne donnent toujours pas le mot d’ordre. Je me demande ce qui se passe, car c’est une première pour elle de vivre un accouchement aussi compliqué alors que toutes les dispositions ont été prises pour lui faciliter la tâche. C’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à sortir de la salle, je n’arrivais plus à supporter de la voir autant souffrir en plus des jérémiades de ma belle-mère qui me saoulaient. Je suis donc sortie de l’hôpital pour m’allumer une clope que je fumais en parlant à Fifamè dont je n’ai eu les nouvelles que ce matin. 


J’aspire un dernier coup sur la cigarette avant de jeter le mégot dans le bac à ordure à côté. Je me retourne à l’intérieur en priant de tout cœur que Dieu mette fin à ce supplice, c’est pendant que j’avance vers le hall de la maternité que j’entends mon nom retentir dans tout l’immeuble. Si seulement, c’était bien prononcé !!


Infirmière : M. Gbèfvou, M. Gbèfvou…


Moi (pressant mes pas) : je suis là. Qu'est ce qu'il se passe ? Et ma femme ?


Infirmière sourire avenant : elle va bien, euhh en fait elle a déjà accouché et  euhh nous vous cherchions pour couper le cordon, mais…


Moi (me hâtant vers la salle) : ah bon ? Garçon ou fille infirmière ? 


Infirmière sourire ravi : un joli cœur de garçon, vous le verrez, il est à croquer ! 


Moi : d’accord et ma femme ? Comment va-t-elle ?


Infirmière : elle se porte bien, enfin épuisée par le travail, mais, elle va bien.


Je rentre dans la salle au moment où la puéricultrice lui donnait l’enfant déjà nettoyé. Elle me sourit lorsqu’elle m’aperçoit, sourire auquel je réponds en me rapprochant d’eux.


Moi : salut vous...


Nadine (regardant l’enfant avec émerveillement) : viens voir ton fils.


Je le lui prends de ses mains et me mets à l’admirer, l’infirmière n’avait pas tort, c’est juste un ange. Je m’assois à côté de sa mère et ma belle-mère nous prend en photo avant de s’enquérir de la raison de ma disparition.


Moi mentant : j’avais reçu un appel de mon assistante, il y a un dossier sur lequel mon avis était plus que nécessaire.


Belle-mère : ah, ok, j’espère que c’est réglé.


Moi : oui oui.


Belle-mère : ton fils ne voulait pas naître devant toi, tu es parti à peine que ma fille a accouché.


Moi (arquant un sourcil) : ah bon ?


Nadine (répondant à sa place) : exactement chéri, il était sorti d’un seul coup.


Je veux répliquer, mais une infirmière arrive en ce moment.


Infirmière : désolée de vous interrompre, mais il faut qu’elle se repose et (prenant l’enfant de mes mains) je dois également m’occuper de ce bout de chou. (à Nadine) Toutes mes félicitations encore madame Gbèfvou, vous avez fait un super boulot, félicitation à vous aussi M… Comme elle dit.


Nadine la remercie toute en souriant et ma belle-mère et moi éclatons de rire en sortant de la salle.


Belle-mère en fon : les blancs et l’articulation ça fait toujours deux.


Moi riant : vraiment !


*


*


Axel BENAN…


Moi (oscillant dans la chambre) : c’est le last Rachelle, tu n’as même plus intérêt à mentir parce que toutes les preuves t’accablent. Elle a été claire, tu couches avec son mari !


Rachelle : bébé pour la millième fois, cette femme ment et je suis écœurée que tu préfères croire cette femme que moi ta chérie.


Moi : ne me joue pas le tour de la victime, je suis maintenant vacciné. Ce qui m’offusque, c’est que tu t’obstines à mentir alors que j’ai tes conversations avec ce monsieur. Un homme qui peut être ton père Rachelle, je suis dégoûté.


Rachelle (commençant à pleurer) : tu oublies qu’on peut tout trafiquer de nos jours, cette femme m’a toujours détestée pour une raison que j’ignore encore. Elle a planifié tout cela pour me nuire.


Moi : tu es vraiment pathétique !!


Je  raccroche sans état d’âme, je suis juste vénère quoi ! Non mais la fille, elle se fout de moi. Il y a trois jours, je tripais tranquillement avec mes potes dans une buvette lorsque j’ai reçu le message d’une femme à Dakar qui me signifiait littéralement de mettre une laisse à ma petite amie pour qu’elle arrête de tourner autour de son mari, et ce, avec leurs conversations à l’appui. Malgré ça la fille jure mordicus qu’il n’en est rien alors que tout porte à croire que ce que dit la femme est vrai. Encore que ce n’est pas sa première fois d’être impliquée dans ce genre d’affaire, j’ai moi-même vécu ça lors de mon dernier séjour à Dakar. Ce qui me choque encore plus c’est que la femme me dise mot pour moi :

« Tu devrais avoir honte de sortir une telle pouffiasse et de l’exhiber aux yeux du monde, une bordelle ! »


Elle faisait allusion aux photos de Rachelle sur Face parce que j’en ai fait l’exclusivité sur ma page. Rachelle, je ne comprends juste pas. Je lui voue un amour inconditionnel malgré son caractère frivole, mais elle arrive toujours à me faire perdre patience et là, je suis seulement à bout (soupir). Et comme d’habitude elle a déjà alerté tous mes potes qui me demandent de laisser couler, sauf Gina qui revient sur la théorie de notre séparation. Pour elle je l’ai moi-même cherché parce que je m’obstine à continuer cette relation non-sens alors que nous papillonnons chacun de son côté. J’avoue qu’elle a raison sur ce fait, seulement que mon cœur est toujours en déphasage avec ma raison lorsqu’il s’agit de Rachelle. Si vous me demandez pourquoi je suis encore avec elle, je vous dirai que je ne sais pas, je sais juste que je n’ai envie d’être avec personne d’autre qu’elle. Et même quand je me projette dans l’avenir, c’est elle que je vois comme la mère de mes enfants, la femme de ma vie, nonobstant qu’elle soit une volage. 


Sonnerie de téléphone.


Moi brusque : allô !


Dorcas : ah ? Qu’est-ce que tu as ?


Moi agacé : tu veux quoi ?


Dorcas : tu as quel problème ? Pourquoi tu m’agresses matin de bonne heure ?


Moi las : dit ce pourquoi, tu m’appelles et libères moi la ligne !


Dorcas : haï ? (soupir) Bon, je voulais connaître ta position pour t’envoyer tes vêtements.


Moi passif-agressif : je ne suis pas à la maison.


Dorcas : mais ça traîne en longueur, à force, ils vont se salir à nouveau. En plus, je me rends à l’étoile rouge (quartier) en ce moment et je voulais te les rendre au passage. 


Moi soupire frustré : bon fais-moi signe, je t’attendrai à mon carrefour.


Elle raccroche puis je jette le téléphone sur le lit avant de me laisser tomber dessus. Son appel arrive quelques minutes plus tard au moment où je m’assoupissais juste, je me lève la rage au cœur pour me rendre au lieu de rendez-vous. Je n’ai aucune idée de pourquoi je ne blaire pas cette fille, elle a tout ce qu’un homme attend d’une femme. Elle m’aime plus que tout, elle est toujours là pour moi quoique je fasse. Elle fera une bonne épouse ça j’en suis même plus que certain, pourtant, je ne l’aime même pas un peu, limite elle m’agace. Je ressens sa présence tellement envahissante, tout ce qu’elle fait, aussi bien qu’il soit m’irrite ! 


Je la regarde traverser la route et progresser vers moi le visage triste, plus elle se rapproche, plus je remarque ses yeux bouffis. Je fronce les sourcils et attends qu’elle arrive à mon niveau pour parler.


Moi : tu as quoi ?


Elle secoue la tête en essuyant ses larmes avec un papier lotus.


Moi : approche !


Ce qu’elle fait.


Moi : tu pleures pourquoi ?


Elle secoue encore la tête sans répondre.


Moi soupirant : tu dis que tu vas à l’étoile, c’est ça ? (oui de la tête) Passe me voir au retour, je suis à la maison.


Elle me tend le sac contenant mes vêtements avant de se retourner prendre un autre taxi. Je rentre à la maison avec une boule d’angoisse dans le cœur, je m’en veux de la mettre dans cet état. Je suis conscient de lui faire payer les frais d’une autre. Elle ne mérite vraiment pas que je la fasse autant souffrir et jamais elle n’aura ce qu’elle veut donc il vaudrait mieux pour moi que je mette fin à ce carnage aujourd’hui même.


C’est sur cette conclusion que je me recouche pour être réveillée ensuite par elle deux heures plus tard. Elle me dépasse et rentre dans la cuisine d’où elle revient avec un plat de riz aux gras truffé de viandes et de poissons que j’engloutis en une seule bouchée. Elle prend place à côté de moi sur le lit avant de se concentrer sur son téléphone.


Moi (après avoir fini) : merci, j’avais trop faim.


Dorcas (tournant le regard vers moi amusé) : j’ai remarqué.


Moi direct : c’était quoi ton souci toute à l’heure ?


Son visage redevient automatiquement triste, elle me regarde longuement puis soupire avant de répondre.


Dorcas (me fixant) : toi !


Moi : explique !


Dorcas : ton comportement envers moi, (soupire triste.) je ne sais pas ce que j’ai fait pour mériter ton mépris. Je ne demande qu’à t’aimer et je fais tout pour te le prouver, mais chaque fois, je ne reçois qu’humiliation et manque de considération en retour.


Silence...


Moi (au bout d’un moment) : je te présente mes excuses si je t’ai offensé par quelque manière que ce soit mais tu dois savoir que ce n’est pas intentionnellement que je le fais. (me redressant) Dorcas t’es une fille bien et trop bien pour moi, je dirai, je préfère que tu arrêtes de faire des plans sur la comète d’une relation amoureuse entre toi et moi. Je ne pense pas pouvoir te rendre tout cet amour que tu ressens pour moi…


J’arrête de parler parce qu’elle vient de fondre en larmes, je la regarde dépité ne sachant ce qu’il faut dire ou faire.


Dorcas : sniff tu veux me quitter ? Ne fais pas ça s’il te plaît, je ne le supporterai pas.


Moi : mais c’est ce qu’il y a de mieux à faire, je n’aime pas le fait que tu souffres par ma faute.


Dorcas sanglotant : je n’ai jamais dit que tu me faisais souffrir.


Moi : alors tu pleurais pourquoi ? 


Dorcas : sur le coup de la frustration (répétant) ne me fais pas ça s’il te plaît. Je t’aime trop.


Je pousse un long soupire avant d’écarter mes bras.


Moi : viens là. 


Elle se laisse tomber dans mes bras et pleure un bon coup avant de se calmer. Je nettoie ses larmes du revers de la main avant de captiver ses lèvres pour ensuite me retrouver entre ses jambes.



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