Sara Martin

Write by Plénitudes by Zoé

Chapitre 19 : Sara Martin


**** Sabine ****


Je suis prêtre à affronter cette journée, autant spirituellement que physiquement. J’ai pris un soin tout particulier pour m’habiller aujourd’hui. Pas pour lui prouver quoique ce soit mais pour me sentir bien dans ma peau et en confiance. Même moralement j’ai fait le plein de confiance et de bonne humeur en appelant ma mère hier, chacun sa source de bonne humeur, moi c’est ma mamou, rire. Ils seront là d’une minute è l’autre. Je jette un dernier coup d’œil à l’appartement pour vérifier que tout est bien à sa place et nettoie mes mains moites sur ma jupe, je dois être plus stressée que je ne le pensais.

DING-DONG

Normalement Nath serait rentré comme il veut mais la situation ne s’y prête pas. Je vais donc ouvrir. Je prends une profonde inspiration et souffle puis tourne la poignée. Je vois donc Nath, mon Nath accompagné d’une jeune femme blanche, menue et très jolie qui se tiennent à une certaine distance l’un de l’autre. Je ne peux empêcher cette vague de jalousie et d’amertume m’envahir en imaginant ce qu’ils ont fait tous les deux dans mon dos. Mais je me reprends très vite lorsque je me souviens que j’ai décidé de pardonner sans garder rancune aucune.

Moi (sourire) : Bonjour, ne restez pas là, entrez

Eux : …

Je les suis à l’intérieur, les serre du jus de fruit (je n’ai que ça à proposer) et m’installe en face de Sara, Nath s’étant mis totalement à part. Je sens la migraine pointer.

Moi : Bonjour Sara, je suis Sabine la fiancée de Nath et si j’ai demandé à te rencontrer c’est pour que nous parlions de ta grossesse.

Ils m’ont tous les deux regardé comme s’il venait de me pousser une deuxième tête.

Sara (les yeux comme des soucoupes) : Co-comment tu le sais ?

Nath : Attends attends attends ! Quelle grossesse ? De quoi tu parles ?

Moi (soupire) : Sara est enceinte de 3 mois et demi

Nath : Mais alors cet enfant est de…

Sara : …

Moi (la regardant) : De toi, oui. Elle ne te l’a pas dit j’ai l’impression.

Nath : N-non, jamais je n’aurais pu l’imaginer (se prenant la tête entre les mains) comment je vais faire ?

Tout à coup sans que je ne m’y attende Nath sort une énormité pas possible.

Nath : Sara, il faut que tu te fasses avorter.

Sara (les larmes aux yeux) : …

Moi : Non, Nathaniel, je vais considérer que c’est le désespoir qui te fait parler ainsi. Tu sais ce que notre Seigneur pense de l’avortement et tu sais ce que j’en pense aussi.

Nath (le visage défait) : Comment faire alors ? Sabine je ne pourrais pas supporter de te perdre, ce ne sont pas que des paroles en l’air, ou par désespoir que je te le dis mais je ne ferai ma vie avec personne d’autre. (Il inspire, expire trois fois d’affiler) Très bien, je me calme. (Se tournant vers Sara) Je suis désolé de t’avoir demandé cela et je suis le seul responsable de toute cette situation. Je suis prêt à prendre mes responsabilités.

Sara (fuyant nos regards) : Je n’attends rien de toi, je savais que tu étais en couple mais ce soir-là, nous nous sentions seuls, nous avions été témoins de la brutalité humaine et avions besoin de voir un peu du bon côté de l’être humain. J’ai dû amputer un très jeune soldat ce jour-là, peu importe le nombre de fois, ça secoue toujours autant. (Regardant Nath) J’ai pris notre aventure pour ce qu’elle était, une histoire sans lendemain et je ne comptais pas te mettre au courant de ma grossesse (se tournant vers moi)  c’est la seule raison pour laquelle j’ai séduit votre fiancé et j’en assume toute la responsabilité. Je vous présente mes plus plates excuses pour le mal qui vous a été fait.

Moi (soutenant son regard) : Il y a autre chose n’est-ce pas ?

Sara (soupire) : Oui, j’ai un cancer des seins. Je ne sais même pas si j’arriverai au bout de ma grossesse.

Elle a éclaté en sanglots. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit si douce, on dirait une poupée en porcelaine, si fragile, comment lui en vouloir ? Même si je la détestais toute mon animosité fondrait comme neige au soleil. Elle est vraiment très belle. Hum, bon je ne dois pas me laisser distraire, j’ai convoqué cette réunion dans un but bien précis. Un silence pesant a pris place au milieu de nous et on n’entendait que le tic-tac de mon horloge murale.

Moi : En réalité, je sais que tu vivras jusqu’à avoir cet enfant, la suite je ne le sais pas malheureusement et c’est là où je voulais en venir : Je suis disposée à m’occuper de ton enfant si jamais cela s’avère nécessaire. Je voulais t’ôter ce poids des épaules et que tu me rencontres personnellement pour que tu saches que je ne suis pas une mégère. J’espère t’inspirer un petit peu confiance, je l’élèverais comme si c’était le mien. Dieu m’en soit témoin.

Sara (se calmant) : Je vous fais confiance et je me suis tout de suite sentie en confiance avec vous. Merci infiniment, je n’ai pas de famille proche et cela m’effrayait vraiment.

Nath est resté dans son coin le reste du temps pendant que Sara et moi échangions nos contacts whatsapp, skype, facebook, adresse mail, numéro de téléphone, tout ce qui peut nous permettre de rester en contact. J’en fais peut-être un peu trop mais bon on ne sait jamais. Je fais semblant de ne pas voir Monsieur TADADJEU qui boude dans son coin et raccompagne Sara en bas de l’immeuble. Je retourne chez moi en me préparant à affronter les foudres de mon futur époux, ah là là la vie de femme.


**** Olivier ****


J’ai une mission pour le Togo dans une semaine, ce n’était pas prévu mais j’ai une opportunité d’affaire qui s’offre à moi, une société en quête de financement et dont le business plan m’a conquis. Il s’agit d’offrir en Afrique de l’Ouest tout ce qui n’y est pas forcément disponible, une sorte de société d’import-export mais spécialisée dans tout ce que vous ne trouverez pas ailleurs en Afrique. Un ami m’en a parlé et l’idée m’a plu, il s’agit maintenant d’aller rencontrer en personne les différents acteurs sur le terrain. Je me prépare donc à voyager tout en priant que Naomi sort du coma avant mon départ pour qu’elle puisse continuer toute seule sa lecture et surtout de manière consciente. Je verrai avec sa mère si elle ne se réveille pas d’ici là pour qu’elle continue la lecture. Nous venons de terminer l’évangile selon Marc, je suis content.

Bon, je vais sur internet chercher des renseignements sur ce pays où je n’ai jamais mis les pieds. Je trouve une vidéo de Doc Seven, un youtuber que j’aime bien qui en parle. La vidéo s’intitule To go or not Togo, la vidéo sur le Togo. Je la lance et découvre. Ce serait donc un pays petit, plus long que large mais avec un climat très varié selon les régions. Les cinq régions sont du nord vers le sud : les régions des savanes, de la Kara, centrale, des plateaux et maritime. C’est dans cette dernière que se trouve Lomé, la capitale où je séjournerai. Je m’imagine déjà prendre des tas de potos de la plage de sable fin, partir en expédition dans les autres villes pour y faire du tourisme comme Kpalimé où apparemment on pourrait voir des cascades et des montagnes. Je vois aussi qu’il y a un parc aquatique sur la route d’Aného, une autre ville côtière. Côté nourriture, leurs plats seraient très proches de ceux des Portugais à cause de la traite négrière, lorsque certains anciens esclaves sont rentrés repeupler leur pays. La tradition y est aussi très présente. Des choses que je ne comprends pas du tout, sûrement ma culture occidentale comme par exemple le principe de la dote, pour moi cela s’apparente à vendre sa fille mais bon, ce n’est que mon avis, ou encore le fait de jeter des enfants au dépotoir dans certains villages pour soi-disant apaiser les esprits protecteurs. Sans commentaire.

Je me rends compte qu’il me faut payer des tongs, T-shirts, polos et shorts vu que je n’en ai quasiment pas. Il m’en faut pour ne pas mourir de chaud, avec des températures avoisinant les 35 degrés, toute l’année. Je prendrai le temps de parfaire mon bronzage. Je prends donc tous les renseignements pour la réservation de l’hôtel sur Trivago, je réserve pour deux semaines à l’hôtel Sarakawa en bord de mer, le temps de voir si je dois prolonger mon séjour ou pas. Je passerai chercher mon billet dans la semaine. Aujourd’hui c’est samedi. Mon programme c’est repos, manger et dodo. J’ai commencé à déléguer un peu plus au boulot pour avoir plus de temps à moi et pour que cela me permette de vaquer à mes autres occupations. Cela me permettra aussi de passer autant de temps que possible avec ma famille, enfin quand j’en aurai une.

J’ai comme l’impression que ce voyage me réserve beaucoup de surprises.


**** Marla ****


Avec Akim, c’est le bonheur sans nuage. On est à Marseille depuis hier pour son travail. Il m’a dit « C’est vrai que nous ne nous connaissons que depuis hier ou plutôt que nous ne nous sommes vus que depuis hier mais nous nous connaissons depuis bien longtemps et j’ai l’impression de te connaître depuis toujours. J’aimerais que tu viennes avec moi à Marseille pour le boulot. Je n’aurai pas forcément beaucoup de temps à te consacrer mais tu pourras faire du tourisme et découvrir la ville. »

Je lui ai dit oui et nous voilà à Marseille ! Alors pour le moment, côté boulot ça traine parce que les associés d’Akim ne sont pas toujours clairs mais nous sommes logés et nourris gratuitement par le père de l’un de ses associés qui a une maison de vacances ici. La ville est magnifique avec un petit air pittoresque mais les choses ne se passent vraiment pas bien pour Akim. Les sous qu’il a prévu fondent comme neige au soleil sans pour autant que le boulot avance. Enfin, on verra bien, j’ai confiance en son potentiel et j’espère que la situation se décantera rapidement.

Nous sommes censés rester une semaine et pour l’instant, j’en profite à fond. Journées plage, tourisme et balades à longueur de journée, je suis en vacances après tout. Et le meilleur, sexe tous les jours. Il me fait ça bien comme j’aime. Pour le moment je suis comblée et je n’ai envie de penser à rien d’autre. Pas de problèmes familiaux, pas de responsabilités, aucun nuage à l’horizon. La belle vie quoi.


**** Nath ****


En réalité, je ne suis pas en colère mais frustré. Sabine aurait dû me parler de tout ceci pour que j’aie le temps de digérer au lieu de me mettre devant le fait accompli. Je déteste ça, être pris au dépourvu. Je suis sensé être le chef de la famille que nous formerons et elle doit m’être soumise ce qui veut aussi dire protéger mon honneur. Nous aurons une discussion sur tout ceci dès qu’elle reviendra dans la chambre, j’ai peut-être mal agi mais il y avait d’autres moyens de gérer cette situation.

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