Semaine 6
Write by Miss Nana
9 MOIS, 40 SEMAINES ET 1 BEBE
By Nana Técla
Semaine 6
_Les paupières et les oreilles amorcent leur développement. Le nez et la lèvre supérieure sont déjà formés. Le sens de l’odorat et du goût sont déjà éveillés chez l’embryon. Il sait déjà transmettre à sa mère les odeurs et les plats qui ne lui plaisent pas d’où le début des premières nausées chez la plupart des femmes enceintes. Au bout des membres on voit des petits bourgeons qui formeront les doigts et les orteils. Il commence à bouger le tronc et les membres. Il se déplace à l’intérieur de l’utérus mais on ne le sent pas. Il mesure de 11 à 14 millimètres._
-Jeune homme vous avez enceinté ma fille. Ce n’est pas un problème. Vous comptez l’épouser ou pas ?
La nausée me prit pendant que je repensais à cette scène une énième fois ce lundi matin. Je courus vers les toilettes que je partageais avec mes deux petites sœurs Inès et Nina au bout du couloir. Après m’être soulagée je me regardai dans le miroir de la salle de bain. J’avais une mine affreuse, on aurait dit un "wotowoto" (ballon de baudruche). Le weekend avait été catastrophique. Je fermai les yeux pendant que la discussion du samedi matin me revenait en mémoire.
Après cette question de mon père je pressentis la catastrophe. Papa n’avait jamais haussé la voix sur aucun de mes petits amis. J’avais toujours été sa préférée. Tant que je réussissais à l’école et que je respectais ses couvres-feu, il avait toujours été tolérant avec moi, il me prodiguait même des conseils sur mes relations amoureuses. Et là je ne le reconnaissais pas. Je ne reconnaissais pas cette réaction.
-Oui Papa, je compte l’épouser. C’est bien évident.
Je poussai un soupir imperceptible à cette réponse.
-Alors je ne comprends pas la situation présente jeune homme. Vous avez enceinté ma fille aînée, vous comptez l’épouser. Alors pourquoi dit-elle que vous ne voulez pas la liste de la dot ?
-Papa, dis-je. Bien sûr que nous voulons la liste de la dot. C’est juste que ce n’est pas encore une priorité pour le moment. Nous allons le faire probablement après la naissance du bébé.
-Yabo ! s’écria ma mère. Je ne t’ai pas éduquée comme cela ! que vont penser les gens ? avec quel visage vais-je me montrer dans le quartier désormais ?
C’était bien ma mère ! penser au qu’en dira-t-on. Qu’est-ce que j’en ai à foutre du regard des autres ?
-Maman ! dis-je exaspérée ! j’ai 27 ans, ce n’est pas comme si j’étais une adolescente qui est tombée en…
-Tais-toi ! me coupa mon père. Tais-toi tout de suite !
De stupeur je restai coi. Thierry depuis tout ce temps ne manifestait plus la moindre émotion. Il regardait fixement mon père avec un visage impassible.
-Je ne sais pas dans quel monde vous vivez actuellement, je ne sais pas ce que la jeunesse d’aujourd’hui a dans la tête, mais laissez-moi vous dire jeune homme, si vous n’épousez pas ma fille avant la naissance de cet enfant je ne veux plus jamais entendre parler de vous ni de qui que ce soit de votre famille.
Sur ce, il se leva et sortit du salon. J’en étais toute retournée. Jamais au grand jamais je n’aurai imaginé cela de mon père. Mon père si gentil, si compréhensif qui venait d’avoir une réaction si vieux-jeu. Mais qu’est ce qui s’était passé ?
-Yabo, tu as entendu ton père, dit ma mère.
Elle se tourna vers Thierry.
-Vous avez dit que vous étiez prêt à l’épouser. Je sais que vous l’aimez, alors débrouillez-vous pour régulariser la situation mon beau. La famille reste la famille et Yabo a toujours été une fille exemplaire, je n’aimerais pas qu’on parle mal d’elle dans son dos à cause de cette histoire.
Et elle se leva aussi pour nous laisser seuls au salon. J’étais furieuse, je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Nous étions au 21e siècle putain ! on ne forçait plus personne à se marier à cause d’une grossesse, et surtout pas une fille majeure et vaccinée. Tout mon être se rebellait contre cette idée. Se marier devait être un choix personnel. Thierry et moi n’avions pas parlé de mariage et cela m’énervait que ce soit nos parents qui nous l’imposent alors que cela devait être notre décision, qu’il y ait un bébé ou non. Je refusais de me lier à un homme parce qu’il m’avait mise enceinte. Thierry n’avait rien dit après cette discussion houleuse. Il m’avait juste invitée à prendre le petit déjeuner et m’avait dit de ne pas m’inquiéter, que tout se passerait bien. Ce n’était pas l’impression que j’avais, mais penser à tout ça me rendait malade alors je préférais juste lui faire confiance sur ce coup.
-Yabo ! tu sors ou non de cette salle de bains ? je dois aller à l’école moi !
C’était mon impertinente petite sœur Nina. Une vraie peste celle-là. Quand on voyait sa sœur Inès qui elle était si gentille et si mature pour son âge on avait du mal à croire qu’elles étaient jumelles. Je poussai un soupir agacé et me retournai pour sortir. Et une autre nausée me prit.
-Voilà la vie d’une femme enceinte me disais-je penchée sur la cuvette en y vidant mon estomac.