Soupçons

Write by Farida IB



Cynthia CLARK…


Austine et moi parlons en même temps.


Moi (me redressant) : comment ça partir ? Où et pourquoi ?


Austine : que se passe t'il ?


Joe : pas de panique les filles, tout va bien. (nous le regardons toutes les deux genres) Euhh en fait, je viens d’apprendre qu’il y a un autobus prenant départ pour Tenerife dans deux heures. 


Moi (soupirant de soulagement) : ce n’est que ça ? Tu nous as fait peur là, pourquoi ne pouvons nous pas prendre un vol intérieur comme prévu ?


Austine renchérissant : en plus, il y a un concert ce soir.


Joe : j’ai pensé que prendre la route serait plus agréable pour admirer le paysage, il parait que le navire affrété pour le voyage accusera un peu de retard. Nous aurons une longueur d’avance sur les autres touristes.


Austine : ce n’est pas une mauvaise idée en soi, cependant, il nous sera difficile d’être prêtes avant les deux heures.


Joe : je le sais, j’ai tout prévu. (se tournant vers moi) Si tu es partante !


Moi hesitantr : euhh d'accord... ok allons-y.


Joe : tu es certaine que c'est ce que tu veux.


Moi un peu sceptique : yass.


Joe : alors, il n’y a plus de temps à perdre.


C’est dans la précipitation qu’on remballe toutes nos affaires avec son aide. Une heure et demie plus tard, je finissais de m’habiller lorsqu’il déclare. 


Joe : je descends les bagages, je reviens vous cherchez lorsque le bus sera prêt à partir.


Moi (plissant le front) : mais pourquoi ne pas descendre tous les trois en même temps pour éviter que tu fasses seul des va-et-vient inutile ?


Joe : ne vous dérangez pas, je m’en occupe. Nous sommes en avance, vous irez attendre là-bas inutilement.


Il prend mon trolley et le sien et s’en va. Je fais sortir le reste des affaires au salon lorsque je finis et rejoins ensuite Austine dans sa suite.


Moi (tenant le poignet de la porte) : prête ?


Austine : dans cinq minutes.


Elle se rend dans la salle de bain et revient avec ses produits de toilette qu’elle verse dans un sac posé sur le lit.


Moi (m’asseyant sur le lit) : tu ne trouves pas que le type fait des mystères ? Pourquoi sommes-nous obligés de partir si précipitamment alors qu’il y a des vols prévus pour y aller dans la plus grande quiétude ? 


Austine (levant les yeux u ciel) : this girl ! T’es obligée d’être tout le temps suspicieuse ? 


Moi : je le trouve juste pas net, je commence sincèrement à baliser. J’ai un mauvais pressentiment.


Austine (se voulant rassurante) : ne t’inquiète pas tout va se bien se passer. Tu n’as pas envie de découvrir le paysage toi ?


Moi : si, l’aventure me tente. Quoiqu’il fasse bientôt nuit, nous n’allons rien découvrir dans l’obscurité. 


Austine : je pense qu’il est au courant de ce détail.


Moi : mais…


Austine (me coupant la parole) : Cynt aies confiance en lui une fois pour toutes !!


Je hoche lentement la tête sans conviction. Il revient chercher le deuxième lot des bagages puis lorsque ce fut l’heure de départ, nous prenons quelques vues avant de nous installer dans le bus. Inutile de vous dire combien j’étais anxieuse vis-à-vis de ce voyage.


Il était dix-sept heures, heure locale quand le bus quitta l’hôtel avec à son bord une dizaine de passagers. En plus de nous trois, il y avait un groupe de touristes et deux autres types baraqués à l’allure un peu effarante. Je fais vite de me chasser les idées noires dans la tête en me disant qu’ils sont peut-être là pour notre sécurité, encore qu’ils étaient assis au fond du bus. Le trajet se passe dans la bonne humeur, les discussions et les rires fusaient de partout. Il y a parmi les touristes un Belge qui nous racontait ses aventures en Afrique et un peu partout dans le monde. Il s’accorde parfois avec Joe sur certains endroits, sur la gastronomie d’un tel pays ou encore les monuments à découvrir. Finalement ce n’était pas si mal que ça ce voyage, surtout avec nos arrêts découvertes. Cela a donné une nouvelle occasion à Austine de me chahuter sur mes complexes chaque fois que nous nous retrouvions seules. 


….


Joe : je propose qu’on fasse du parapente, ou du jet-ski, pourquoi pas de la plongée du haut d’un hélicoptère ?


Je relève ma tête et le fixe droit dans les yeux.


Moi : doux Jésus, tu n’as pas des plans de suicide par hasard ?


Il se penche et m’embrasse brièvement, ce n’est qu’après cela que je remarque son sourire moqueur.


Joe : je savais que je pouvais compter sur Austine que toi sur ce point, ma petite froussarde.


Moi (faisant la moue) : j’espère que ce n’est pas pour ce genre d’activités qu’elle nous a lâchés.


Joe : on ne fait pas ce genre de choses dans un parc aquatique.


Je passe une main sur ces abdos et repose ma tête contre son torse. Il nous prend quelques photos et choisit une qu’il met en fond d’écran. 


Ça fait exactement deux semaines que nous sommes à Tenerife, nous avons pris une villa de deux chambres cette fois puisque nous avons décidé de passer tout le reste du séjour ici. Il faut dire que nous avons eu quelques brillantes suggestions de notre nouvel ami Marco, le touriste belge dans l’autobus qui nous a filé quelques conseils et astuces pour enjoy notre périple. Austine a suivi le groupe de touristes ce matin pour une visite du parc aquatique Siam. Aujourd’hui, nous avons opté pour un repos en amoureux donc nous sommes en ce moment tranquillement posés sur une dune de sable jaune de l’une des plages de l’archipel à l’écart des agitations. Du tourisme, shopping, viré en boîte, festivals et parade, nous avons passés d’agréables moments jusque-là. Enfin à part l’impression que j’ai parfois d’être suivie et Joe qui fait le gendarme à des moments donnés, déjà que nous avons interdictions de nous adresser à des inconnus, ce qui m’agace à un point !!  


Moi : dis-moi, ça ne te gêne pas le soleil ?


Joe : pas du tout, le chapeau à visière et les lunettes de soleil me protègent assez.


Moi : ok, parle-moi un peu de toi.


Joe : bah, tu sais presque tout sur moi, tu veux savoir quoi d’autres ?


Moi : de tes ex par exemple, combien de femme ont réussi à prendre ton cœur et comment se fait-il qu’aucune d’entre elle n’ait encore réussit à te mettre le grappin dessus ?


Joe : simplement parce que la place t'étais réservée.


Moi : rhoo parle-moi sérieusement.


Joe : mais je suis sérieux !!! Bof je venais de rentrer définitivement au bercail, j’ai eu quelques liaisons sans réels intérêts puisque j’étais toujours entre deux avions. Même à Lomé, je passais une partie de mon temps à bosser et l’autre dans des séminaires, du coup les femmes étaient reléguées au second plan jusqu’au jour où mes yeux, se sont posés sur toi à cette conférence de presse. Depuis ce moment, j’ai su que c’était toi alors j’ai commencé la chasse.


Moi : lol parce que je suis un gibier ?


Joe : non voyons ! T’étais si spéciale à mes yeux. Ton accent, ton regard sombre, il y a quelque chose en toi. Une part de mystère qui m’a attiré dès le premier regard. Aux abords, j’étais à cette conférence pour les relations publiques de mon père, mais tu étais devenue ma mission qu’autre chose.


Moi : tu le réussis bien ta mission.


Joe : il ne reste juste qu’à te faire mienne, papa James est déjà d’accord pour me donner ta main. 


Moi étonné : pardon ? 


Joe : je lui ai récemment demandé de m’accorder ta main.


Moi : really ? Vous vous appelez ?


Joe : il s’imprègne de votre séjour ici à travers les rapports que je lui fais. 


Moi (arquant un sourcil) : il nous surveille ? Pourquoi il ne se renseigne pas directement auprès de nous ?


Joe : euhh non, j’ai pris l’initiative de le faire. (enchaînant) Bon et si on rentrait à la villa ?


Moi : ok.


Il se lève et prend le bout de tissus sur lequel nous étions couchés, il le secoue afin d’enlever le sable et le pose ensuite sur son épaule. Je le prends dans mes bras et enroule mes jambes autour de sa taille, il me porte en marchant vers la villa. Pendant qu’il avance, je sens  un regard pesé sur nous et lorsque je me retourne je vois les deux types de l’autobus à nos trousses et fronce automatiquement les sourcils.


Moi (enfonçant ma tête dans son cou) : tu connais les deux clébards derrière nous là ? (au tac) Ne te retourne surtout pas.


Joe : non, ils font peut-être partie des baroudeurs.


Moi : j’ai l’impression qu’ils nous suivent, ce n’est pas la première fois que je les remarque.


Joe : tu dois te faire des idées, allez viens !!


Il me butine par le giron, je pousse un cri de surprise lorsqu’il fait semblant de me jeter en m’accrochant fort à son cou.


Joe riant : mais quelle peureuse ! (criant) Aïeuu mon bras, tu me griffes !


Moi : tu m’as fait peur wesh.


Je bascule ma tête en arrière en riant aux éclats puis lorsque je ramène mon visage vers lui, il rapproche ses lèvres et m’embrasse tendrement en montant une par une les marches de l’entrée de la villa. C’est avec ce baiser sulfureux que nous passons la porte d’entrée, traversons le hall pour déboucher sur la porte de notre chambre. Il me pose sur le plancher en prenant mon visage en coupe pour approfondir le baiser et lorsque ma main s’aventura sur son torse dans l’idée de déboutonner sa chemise, il me stoppa net.


Joe : on s’arrête là pour aujourd’hui.


J’ouvre mes yeux et le fixe avec plein d’incompréhensions dans la tête, je pose le coude replié sur son torse et soupire d’agacement.


Moi : mais pourquoi tu fais ça ? 


Il enlève une mèche de cheveux qui pendait sur mon visage en me fixant dans le bleu des yeux.


 Joe : la seule chose dont j’ai besoin pour le moment, c’est ton cœur.


Moi (passant devant lui la mine attachée) : tu m’en diras tant.


*

*

Florent GBEVOU…


Moi : Fifa, ça va ?


Elle remue la tête puis le repose sur la cuvette en vomissant ses intestins pendant que je lui caresse le dos pour la soulager, c’est ainsi depuis hier soir qu’elle s’est plainte d’une grippe. Elle se lave ensuite le visage avant de se diriger vers le lit en tanguant et s’assoit lourdement dessus.


Moi : je pense qu’il est temps de faire un tour à l’hôpital.


Fifamè : pourquoi ? C’est une simple grippe, ça va me passer.


Moi : ma chérie si tu as demandé un congé maladie, je suppose que c’est pour voir un médecin.


Fifamè : pas forcément, j’avais besoin de me reposer. Je n’étais pas au top de ma forme cette semaine, il y a le dossier d’un importateur Libanais qui m’a complètement lynché cette semaine.


Moi insistant : mais tu vas devoir justifier ton absence.


Fifamè (balayant l’air d’un revers de main) : c’est l’administration publique Floflo.


Moi (riant en posant la main sur son front) : je vois, mais tu as un peu de la fièvre. (me levant) Je vais te chercher un cachet. 


Fifamè : j’ai déjà pris de l’aspirine, il faut juste que je dorme. Je commence sincèrement à piquer du nez.


Moi : rhoo, c’est maintenant ton nouveau travail ?


Fifamè (enfonçant la tête sous les couettes) : je me sens un peu aplati et j’ai une migraine qui veut m’achever. Laisse-moi dormir chéri.


Moi (plissant le front) : bon, ok, repose-toi. Je vais te faire du Moyo (soupe).


Fifamè (la voix somnolente) : je ne veux pas de l’afinti (moutarde), l’odeur m’insupporte dernièrement. Par contre, je veux que ce soit bien épicé.


Moi : à vos ordres princesse.


Je referme doucement la porte derrière moi les sens un peu en alerte, mais je me dis que ça ne doit pas être ce à quoi je pense. Évidemment que non, elle est sous pilule contraceptive, bien que ce soit fiable qu’à 99 %. 


C’est en pensant à ça que je m’active à faire ma soupe de mouton. Ce ne sera pas une mauvaise nouvelle en soi si elle était enceinte, enfin un enfant, c’est toujours une bénédiction, mais cela supposera que ma relation avec elle prendrait une autre envergure à partir de ce moment. Si ça se trouve vraiment qu’elle soit enceinte, je vais devoir me présenter devant ses parents et officialiser les choses. (soupir) Il vaut me mieux ne pas mettre la charrue avant les bœufs !!


J’éteins le feu sous la casserole avant de brancher l'auto-cuiseur de riz. Je referme la cuvette après avoir ajouté le riz dans le contenu et m’assois sur l’une des chaises de la cuisine en attendant la fin de la cuisson. Je réponds à quelques mails et message au passage sur mon téléphone, je finis et me focalise sur une discussion avec ma… Enfin Nadine, elle me raconte ses journées comme d’habitude. Elle vit sur un nuage en ce moment entre les séances de préparations à l’accouchement et ses séances de lèche vitrine. Elle m’envoie l’image de sa dernière échographique ainsi que celles des achats qu’elle a faits ce matin. Il y a des vêtements de bébé, un couffin, un landau et quelques petits trucs. Je lui envoie en retour quelques photos des enfants que j’ai prises ce matin en les amenant à l’école et reçois comme réponse « vous me manquez énormément » accompagnée d’un sticker qui pleure. Je m’apprête à répliquer lorsque son appel vidéo m’y empêche, je réfléchis une seconde avant de décrocher pour la voir apparaître sur l’écran de l’appareil le visage maussade.


Moi : rhoo tu ne vas pas te remettre à pleurer.


Il faut dire qu’elle est très émotive depuis qu’elle est là-bas.


Nadine (pleurant franchement) : tu me manques, je veux voir mes enfants.


Moi soupirant : tu les as vus hier en appel vidéo.


Nadine : mais je veux pouvoir vous parler de vive voix.


Moi : dans quelques semaines chéri, c’est prévu que ta mère arrive là-bas samedi. Tu te sentiras moins seule.


Nadine (déroulant du papier pour s’essuyer les larmes) : c’est toi que le bébé veut voir.


Moi (sourire en coin) : je vois ça, vous allez devoir attendre encore un peu.


Nadine (faisant la moue) : tu ne m’aides pas du tout.


Je lève mes yeux de l’écran pour le poser sur le cuiseur qui vient de couper la cuisson. 


Moi : il faut que je raccroche, je suis de corvée cuisine en ce moment.


Nadine (le ton rieur) : j’espère que tu n’as pas brûlé toutes mes casseroles, fais moi voir.


Je lui réponds en gardant l’appareil fixé sur mon visage, ce que je passe de mon visage à la machine une fois devant celle-ci.


 Moi (brandissant l’écran sur le riz déjà préparé) : tu doutes de mes talents culinaires ?


Nadine ricanant : non du tout, (plissant les yeux) tu t’es acheté une cocotte.


Moi (hochant la tête) : oui, je ne voulais pas brûler tes casseroles. 


Nadine : je ne suis pas au courant de ça, fais voir.


Oohh shit !!


Moi mentant : euhh rien que deux ou trois gadgets de cuisine.


Nadine (avec enthousiasme) : waouhh super, fais moi voir s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît.


Je tourne la caméra vers l’angle de la cuisine où sont posées une crêpière et une yaourtière, le cœur battant la chamade. 


Nadine (le ton enjoliveur) : une crêpière chéri, magnifique ! J’en prendrai une toute à l’heure, j’ai une soudaine envie de crêpes aux trois fromages. 


Moi (poussant intérieurement un ouf de soulagement) : fais-toi plaisir mon amour.


Nadine : j’y vais de ce pas ! (ramenant son visage sur l’écran) Mais, dis-moi as-tu également changé les carreaux du mur ? Il me semble que ce ne sont pas les nôtres.


Moi titubant : tu as sûrement mal vu, ce sont bien les nôtres. (sans transition) Bon prend soin de toi, il faut que fasse un tour rapide à la toilette.


Nadine : d’accord chéri, je t’aime. Bisou.


Moi : bisou chérie.


Clik !


Je raccroche et prends une grande inspiration avant de m’affaisser sur la chaise. J’y ai échappé bel !!



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