Sur les traces du passé

Write by Saria

***Parakou-Bénin***

***Nimata Traoré***


Comme d’habitude je me réveille aux aurores dès l’appel du muezzin, je fais mes ablutions et m’apprête pour la prière de l’aube « Subh ». Je suis de celles qui croient fermement que Dieu est au contrôle de nos vies. J’ai reçu dès mon bas âge une éducation religieuse stricte, heureusement d’ailleurs car dans les épreuves de la vie la prière nous soutien.


Cela fait six mois que je suis revenue dans ma ville de cœur  « Parakou ». Elle m’a vu naître et grandir dans le quartier populaire de Yaratchinnin. D’une famille modeste de quatre enfants dont je suis la benjamine, j’ai très tôt été initiée au commerce.


Mon père est de Kandi (Nord-est du Bénin), mais je crois qu’on retrouve sa souche au Mali, ma mère elle est une sérère de Gambie dont l’arrière-grand-père s’est installé à Parakou. C’est d’elle que j’ai hérité mon beau teint noir et mes traits fins. A 28 ans, je puis dire que j’ai le corps d’une toute jeune fille de 19 ans. Je suis belle et gracieuse avec de longs cheveux.


Je me suis installée au quartier Don Bosco dans un appartement de taille moyenne communément appelé ici deux chambres un salon. J’avais en tout cinq pièces décorées sobrement : le séjour, ma chambre, la chambre d’amis, la douche et la cuisine.


J’étais au deuxième étage, l’immeuble est récent, il y a très peu de locataires. De toute façon je me fais discrète même quand on se croise avec les voisins on se salue rapidement. Le seul membre de ma famille informé de mon retour est Akim mon frère aîné.…Hum…Je secoue la tête comme pour empêcher les mauvais souvenirs d’affluer. Il est hors de question que je me gâche la journée.


Aujourd’hui est un jour nouveau pour moi. J’ai déposé un dossier de demande de prêt il y a trois mois à la BOA-Bénin à l'Agence principale de Parakou. J’ai une rencontre avec les personnes qui doivent décider de l’éligibilité de mon dossier. Je m’apprête avec soin, pour cette entrevue j’opte pour une combinaison blanche, avec une ceinture argentée, des chaussures compensées, une pochette de la même couleur et mes lunettes Gucci noires, je me fais un chignon sophistiquée, puis je me maquille légèrement.


Mon rendez-vous est à 8h et demi,  à 7h45 je rentre dans ma petite Micra 2001 de couleur bleue…C’est clair qu’on est loin des limousines, des gros 4x4 que j’ai connu dans une autre vie. La circulation est assez fluide, c’est l’un des charmes de Parakou même si la ville a beaucoup changé ces dernières années. En 20 minutes je suis rendue au Centre-ville, je me gare devant le grand bâtiment blanc et vert de la banque. Je vérifie que tout est correct dans ma serviette (énième vérification), je prends ma pochette blanche et je descends de voiture.


A l’accueil, on m’oriente au premier, je montais assez vite la volée de marche quand je me fais bousculer, le contenu de ma serviette s’étale…Oh purée ! Purée ! Je m’accroupis pour ramasser mes affaires, l’indélicat me dit :


…: Pardon madame ! Vraiment désolé !


Oh non cette voix…virile avec des intonations basses…Je la reconnaîtrai entre mille ! Elle n’appartient qu’à une seule personne Dylan…Dylan Makoutode…Au même moment nos regards se croisent. Je vois son visage se figer


…: Toi !


Il se redresse automatiquement et devient distant. Je fais comme lui, en ramenant mes affaires contre ma poitrine. Je me contente de le regarder, incapable de dire un mot. Décidément, la vie continuait de me jouer des tours !


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