Telle mère...telle fille ?
Write by Badgalkro
Zandra AKOA
Depuis que cette histoire a éclaté au restaurant, je vis recluse dans ma chambre. Je n'ai pas envie de mettre le nez dehors. J'ai pas le moral pour ça. Ça me tuerait d'affronter le regard des autres.
Ouais, je sais, ça surprend mais cette situation m'a brisé en dix mille morceaux. Je ne sais pas... Mon cerveau, mon coeur ont reçu un énorme choc. Gabriel et William ont tout fait pour me sortir de la chambre sans succès. Pendant une semaine, je suis restée enfermé dans le noir. Tonton a essayé de me joindre mais j'ai pas pris le téléphone. Tata m'a écrit me disant qu'elle est passée mais (selon mes consignes) le gardien lui a dit que j'etais en voyage.
Actuellement, Gabriel est dans ma chambre
Gabriel : tu as mangé aujourd'hui ?
Je fais la sourde oreille
Gabriel : tu n'es pas un bébé Zandra. Tu n'es pas un bébé. Ça fait une semaine voyons! Regarde toi! Tu as déjà la peau sur les os. À cause d'un chagrin d'amour ? Tu te laisses mourir juste pour ça ???
Je ne bronche pas, je remonte la couette sur ma tête.
Gabriel : prouve moi le contraire et sors de cette chambre.
Je bouge pas
Gabriel : tu ne m'aides pas tu sais...
Silence!
Gabriel : tu pourrais venir stp ? Je ne sais plus quoi faire.
William : j'arrive !
Clic!
Dans mon lit, recouverte de la tête au pieds à l'aide de ma couette, tel un morceau de bois je ne bouge pas. Je ne sais combien de temps il a mis mais William fait son entrée dans ma chambre et son parfum se fraie un chemin jusqu'à mes narines.
William : tu pourrais nous laisser un instant stp ?
Gabriel : je vais lui préparer un Sandwich si tu peux la convaincre de manger.
William : d'accord.
Il s'en va en fermant la porte et les pas de William se rapprochent
William : Zandra!
Je ne réponds pas. Je sens le lit s'affaisser sous son poids.
William: il faudra bien que tu me regardes. Surtout quand je te parle.
Je ne bouge pas.
William : je sais que tu ne dors pas. Ta respiration te trahie, alors sors ta tête de là stp.
Niet !
William : tu es en train de me prouver que pour toi, cette relation avec Josh était très sérieuse. Tu me prouves que tu l'as aimé et peut-être tu ressens encore quelque chose pour lui.
Il souffle. Sûrement ça lui fait mal de prononcer ces mots étant donné qu'il éprouve des sentiments pour moi...
William : c'est ce qui te fait mal. Je le sais. Ça fait une semaine et tu n'as pas bougé de cette chambre. Tu penses qu'il mérite que tu te laisses aller ainsi? Tu t'autoflagelles ainsi? Si je me trompe, il faut m'arrêter mais la Zandra que j'ai connue n'aurait pas réagi de la sorte. Elle serait là dehors en train de montrer au monde et même à ce connard qu'elle est dotée d'une force mentale insoupçonnable.
Ça me picote les yeux
William: tu t'es bâti un nom après la perte de papa et de ton bébé. Tu peux aussi garder le cap aujourd'hui. Lève-toi de ce lit et va faire ce que tu as toujours su faire. Te battre et ne pas baisser les bras comme tu le fais depuis petite.
Ça me pique encore plus les yeux. Il envoie sa main à la rencontre de mon corps sous la couette et me fais de douces caresses.
William : allez Gazelle, lève-toi ! Stp.
J'éclate en sanglots.
William : heeee!.
Il repousse la couette en dévoilant mon corps, puis me prend dans ses bras.
William : oui c'est ça ! Si ça peut te faire du bien, pleure. Vide ton esprit de toute cette peine.
Je ne m'arrête pas. Je le serre très fort, sa chemise est toute mouillée de mes larmes.
Nous avons passé un long moment ainsi. Il me redresse un tout petit peu pour me regarder droit dans les yeux. Je me sens honteuse, du coup je baisse le regard.
William: tu n' as pas à avoir honte. Je ne te juge pas. Tout ce que je souhaite, c'est que tu ailles mieux. Il faut que tu te lèves maintenant. On va prendre une douche?
Vivement mon regard le fixe d'incompréhension et d'interrogation
Moi: euh...
Il éclate de rire
William : mais non! C'est juste pour te taquiner. Mais ça ne me gênerai pas de t'accompagner tu sais?!
Je ne parle plus et je me contente une fois de plus de baisser la tête en triturant les doigts.
William : je vais voir où en est Gabriel avec ton sandwich le temps pour toi de prendre ta douche. Ok?
J'opine en reniflant
William : tu as besoin d'autre chose ?
Il est debout près de la porte. Je lève mon regard vers lui. Il est si bienveillant avec moi..
Moi: Merci William!
Il me fixe longuement puis me fait un sourire. Quand il se tourne pour s'en aller, la porte s'ouvre en fracas sur ma mère ratant de justesse de le frapper en pleine figure.
Je n'ai même pas le temps de réaliser ce qu'il se passe que je reçois des gifles sur le visage et elle me frappe copieusement le corps. Je n'ai pas de force pour me défendre, je subis.
Hélène : toute une famille? tu te tapes toute une famille? C'est la honte de quoi tu cherches ? Hein ? Ça ne va pas dans ta tête? C'est la folie ? C'est la folie ????
Elle crie de toutes ses forces. Tu sais de quoi on te traite dehors? Tu es l'enfant de qui ? C'est quelle souillure ça?
Je sens qu'on la tire loin de moi mais elle continue de vociferer des paroles
Hélène: Dans tout un pays ? Tu te tapes le père, le fils et le neveu????? Il n'y a pas d'homme au Cameroun?
Mes oreilles sifflent, mon corps chauffe à cause de ses coups. Je pleure, silencieusement et je suis à fond dedans.
Gabriel en colère entre en trombe sûrement alerté par ses cris et le bruit des coups .
Gabriel: tu recommences à la battre ? TU AS RECOMMENCÉ ???
En un clignement des yeux il la tire par les cheveux des bras de William.
Hélène: Aaaahhhhh!! Laisse moi! Laisse moi!
Gabriel : tu es venue l'achever ? Terminer le travail que tu as commencé il y a des années? Ma soeur? Tu veux la tuer ?
Il tire plus fort
Hélène : woyeeeeeee ! Woyeeeee! Aaahhhhh! Laisse moi.
Elle se retrouve au sol
William : arrête Gabriel!
Il essaie de l'empêcher d'aller plus loin, j'observe sans avoir la force de stopper ça . Je pleure de plus belle en silence . Le voir enragé, me comprime le cœur...
Gabriel : je vais te tuer de mes propres mains. Mère indigne... Sale pute !
Hélène : c'est ta sœur la pute...
Il lui donne une paire de gifle, bien appliquée.
Moi :(petite voix) Gabriel !
Hélène: Aieoooooo. woooyeeee
Elle crie très fort. William de toutes ses forces l'éloigne d'elle en tonnant.
William: ÇA SUFFIT GABRIEL !
Gabriel : va te faire foutre sale aigrie, sorcière.
Hélène parvient à se mettre débout en titubant
Gabriel :Va te faire foutre!
Il gigote entre les mains de William, prêt à lui bondir dessus une fois de plus
Hélène : sois maudit! Je te maudis de toute mon âme
Gabriel : naître de ton ventre est déjà ma malédiction. Tu peux pas faire plus que ça. Sors de nos vies... Une bonne fois pour toute. On a jamais eu besoin de toi et on n'aura jamais besoin de toi.
Hélène : je suis chez ma fille.
Il ricane en se dégageant des bras de William.
Gabriel :ta fille la pute ? Tu la bats parce que d'après toi elle fait la pute partout et tu veux rester ''chez'' elle ? Mhum???... je te donne 30 minutes pour quitter MA MAISON! Sinon tu y laisseras ta peau des fesses.
Elle sort en courant
Hélène : je suis dans ma chambre, viens me faire sortir, idiot !
Gabriel se tourne vers moi
Gabriel : tu veux encore que je te fasse un Dessin ? Elle va te tuer putain... Elle va y arriver. Et crois moi, c'est à toi que j'en voudrais. Même dans une tombe je t'en voudrais ... car tu ne fais rien pour éviter cela
Contre toute attente, il fond en larme
Gabriel : je ne veux pas te pedre... Pas de cette manière là... Je ne le supporterai pas car après tout ça tu aurais choisi de me laisser tout seul
William va le serrer contre lui, voyant mon impuissance.
Gabriel : elle va te tuer maman...
Nous éclatons en sanglot à l'unisson.
Maeva FOTSO
Une fois de plus, j'arrive chez Gabriel lorsque les choses se passent. Je suis au niveau des marches lorsque tout ce grabuge me parvient. Je viens avec l'intention d'avoir une discussion avec Gabriel. Depuis la dernière fois, malgré le fait qu'il vive chez les parents, nous ne nous sommes pas calculés. J'ai compris qu'il ne ferait pas le pas alors je me suis décidée à venir le confronter pour mettre les choses au clair et se retrouver comme avant. Malheureusement, sa mère est encore en train de foutre le bordel...
Je suis tellement concentrée à écouter et imaginer Gabriel dans ses états que je ne me rends pas compte qu'elle est sortie et me bouscule au passage.
Poussée par une force invisible, je me mets à la suivre. De justesse, je retiens la porte de sa chambre avant qu'elle ne se ferme en un claquement.
Hélène : tu fous quoi là petite morveuse? TU FOUS QUOI LÀ ?
Moi: vous ne vous rendez pas compte de tout ce mal que vous leur faites ?
Hélène : Toi te crois où ? Tu t'adresses à qui de la sorte?
Moi: pourquoi vous forcez? Êtes-vous si aveugle ? Il ne veulent pas de vous... Ils ne vous supportent pas. Vous allez continuer à leur pourrir ainsi l'existence?
Hélène: tu as de l'audace pour me parler de la sorte. C'est le zizi de ce cretin qui te monte à la tête ? Tu ferais mieux de te trouver une autre vache à lait car lui tu ne l'auras jamais. Pas tant que je vis... Elle ose même se placer devant moi. Tu me connais?
Moi: je ne..
Hélène : ferme ta sale bouche là... Tu penses que c'est toi qui va me dissuader de rester dans la vie de mes enfants? Tu es née ? Non mais tu t'es regardée ? A part monter et descendre partout dans le quartier telle une poule en chaleur tu sais faire quoi ? Ta mère alors... N'en parlons pas. A vivre aux dépens des autres. À vivres des restes des autres. Vous êtes toutes des vauriennes.
Moi: je ne vous permets pas... 99
Hélène : tu vas faire quoi? Avant même de lever ton petit doigt je t'aurais effacer de la surface de cette terre. Et crois moi que j'en suis capable.
Mon regard scille parce que je sais qu'elle peut le faire mais je ne la laisse pas voir ma peur.
Moi: pas besoin d'avoir de la cervelle pour savoir ce que vous êtes. Par contre vous ne savez pas de quoi, moi Maeva FOTSO je suis capable. Prenez ça comme vous voulez, mais vous feriez mieux de prendre son exigence en considération.
Hélène : puisque tu es son avocat, on verra qui perdra! (me lance t-elle avec un air de défi et un regard rempli de haine).
Je ne m'attarde pas plus et je sors rapidement de là. Dès que la porte se referme, je souffle un grand coup en posant ma main sur ma poitrine. Je m'avance quelques secondes après vers la chambre de Zandra quand Gabriel en ressort les yeux tout rouges. Dès qu'il me voit, il se fige sur place. Bizarrement moi aussi. Une grande distance nous sépare... Je ne sais pas si je dois avancer car j'ignore comment il pourrait m'accueillir après tout ce temps passé sans se calculer...
Moi: (petite voix) Gabriel...
Il baisse les yeux, je le vois avancer mais il me dépasse et prend les marches. Mon coeur se serre. Je me retourne et je descends le rejoindre tout de même. À la cuisine, il boit de l'eau et remarque ma présence
Gabriel : va t'en Maeva . J'ai pas envie de me prendre encore plus la tête...
Moi: c'est comme ça que tu me vois maintenant? Un problème?
Il pose son verre sans un regard pour moi. Ses traits sont tirés
Moi:... faut qu'on parle
Gabriel : c'est pas le bon moment.. Va t'en stp
Son ton est sans réplique, mais mon cerveau comprend autrement...des pensées traversent mon esprit... La peur, l'appréhension...
Moi: je sais qu'elle a tué votre père.
Il tourne brusquement la tête pour me regarder
Gabriel: t'as dit quoi ?
Il a bien entendu ce que je viens de dire.. Je me triture les doigts. Je ne l'ai jamais vraiment vu en colère. Avoir une relation à distance c'est aussi ça... On s'est parfois disputé au point de se raccrocher au nez mais jamais en face. Je ne sais pas trop comment il pourrait réagir. Me taper dessus comme il vient de le faire avec sa mère... Je ne sais pas
Gabriel : tu as perdu ta langue ? Répète ce que t'as dit ?
Il s'avance vers moi et je remarque que ses poings sont fermés. J'aurais du écouter son conseil et m'en aller.
Gabriel : très bien! ça ne te concerne pas, alors tu effaces cela de ta tête...
Moi: c'est tout ce que tu trouves à me dire? Tu ne te soucies pas de comment je l'ai appris ? Ça ne te dérange pas que j'évoque le sujet pourtant toi et moi ne l'avons jamais abordé ?
Il est devant moi et me fixe dans les yeux...
Moi: (petite voix) parle-moi Gabriel !
Gabriel : va t'en Maeva... VA T'EN!
Mes yeux picotent, et sans m'en rendre compte les larmes perlent sur mon visage. Je renifle un grand coup en me passant le bras de revers sur le nez. Je le fixe un instant puis je m'en vais le coeur meurtri.
Dans un couple lorsque le partenaire fuit la discussion qu'est ce qu'on est sensé faire? Là je fais quoi ? Y a déjà de la distance entre nous. Maintenant le fossé sera énorme et peut-être qu'on ne pourra plus se retrouver... Ça me fend le coeur de le voir me traiter ainsi... À cause d'elle! Je n'ai pas demandé à sa mère d'être si mauvaise... Je n'ai pas choisi mes parents, les siens non plus. Pourquoi se comporte t-il de la sorte ?
De retour à la maison, je ne peux penser à rien qu'à l'attitude de Gabriel à mon égard. Ne veut-il plus de moi ? Je me fais des films ? Mon coeur est comprimé au maximum. Tout ce dont j'ai besoin c'est de lui parler. J'ai passé la journée à l'appeler en vain. Il a fini par éteindre son téléphone...
Au téléphone
Moi: ma'a !
Maman: oui! C'est comment?
Moi: ma'a on peut parler ?
Maman : je suis un peu occupée présentement. Ton père me fait déjà les gros yeux... Attends...
Clic!
Elle a raccroché avec empressement. Je vais en cuisine question de m'occuper l'esprit en cuisinant mais rien n'y fait. Gabriel ! Maman me rappelle
Maman: je t'ai trouvé préoccupée tout à l'heure. Il y a un souci ?
Moi: oui...
Je lui relate l'épisode avec la mère de Gabriel sans pour autant mentionner mes problèmes avec Gabriel. Tant que je n'aurais pas parlé avec lui, je ne le ferai pas.
Maman : tu es où?
Moi: à la maison.
Maman : votre sel vous l'achetez où ?
Moi: au marché Nkoulouloun.
Maman : bon va acheter du sel mais chez une femme chez qui tu n'as Jamais fait les courses. Il faut acheter en grande quantité. Ça ne doit pas servir en cuisine surtout .
Moi: je fais quoi de ça ?
Maman : tu vas verser à la maison en faisant ta prière. Tu m'as suivi?... Attends! Va acheter je te rejoins chez vous. On va faire ça ensemble. Cette sorcière n'aura pas mes enfants.
Moi: ok
Maman : j'ai dit que tu achètes en quantité hein... Je vais aller chez Zandra verser une partie.
Moi: d'accord ma'a. Je vais et je reviens.
Maman : j'arrive!
Avant qu'elle ne raccroche je l'attends crier le prénom de papa. Sacrée maman !