Trop c’est trop (2)
Write by Saria
Chapitre 15 : Trop c’est trop (2)
***Siège du consortium***
***Kader***
J’écoute Iba, l'un de mes nombreux cousins parler de la gestion du consortium. Au début, il m’a combattu férocement. Je me souviens qu'un jour, j’ai dû l’évacuer de la salle de réunion. Mais aujourd’hui, c’est l’un des plus objectifs. Il a compris que je ne viens pas m'en mettre plein les poches. Même si son père est aujourd’hui définitivement hémiplégique, il fait la part des choses. Je me masse les tempes douloureusement quand nous sommes perturbés par un raffut : Yacine et Audrey déboulent dans la salle de réunion. Tous les regards convergent vers eux : normal… personne ne les avait encore jamais vus dans la famille. Trop peur de les exposer. Je me lève les sourcils froncés de contrariété.
Moi : Mais qu’est-ce que c’est…
Mon assistante fait un geste d’impuissance murmurant « Je n’ai pas pu les arrêter ». Je hoche juste la tête. Des murmures s’élèvent, ça commence à chuchoter. Yacine entoure automatiquement les épaules de sa sœur. Je me lève pour reprendre le contrôle.
- Je présente mes excuses à l'auguste assemblée ! Il faut que j’aille écouter l'urgence qui amène les gosses ici.
Voix railleuse dans mon dos : Quoi Kontigui, tu ne nous présentes pas tes enfants toubabs ?
C’était Karam un autre cousin, un emmerdeur de première celui-là.
Moi (me retournant avec un large sourire) : Pas besoin puisque le sang a parlé et tu les as reconnus !
Sans attendre sa réponse, je fonce vers la porte. Nous marchons rapidement vers mon bureau.
Moi : J’espère sincèrement que vous avez une bonne raison de venir…
Yacine (me coupant) : Tatie est partie !
Je me tourne vers lui étonné.
Moi : Pardon ?!
Audrey : Elle est partie pour l’aéroport avec toutes ses affaires… Papa… il faut que tu arranges les choses entre vous !!!
Yacine : Tu m'as dit qu'on s’identifie toujours à ses parents… moi jamais je ne laisserais partir une femme comme tata Selma !
J’accuse le coup… J’inspire fortement avant de répondre.
Moi : … J’ai une réunion familiale à finir !
Les enfants : Mais papa !
Moi : ça suffit ! C’est ma charge ! Vous rentrez à la maison ! Irène, demande au chauffeur de les ramener.
Irène : OK !
***Au même moment***
***Aéroport Thomas Sankara***
***Selma***
Contrairement à mon premier départ, je suis incapable d’être stoïque. Les larmes coulent le long de mon visage… Les gens me jettent des regards apitoyés mais je n'en ai cure. Le vol est prévu pour 11h30 et on arrive à Cotonou à 13h30, heure locale.
J’enregistre mes bagages et remplis mes formalités de police. Puis j’attends d’embarquer… Une vieille dame s’assoit à côté de moi. Elle me lance un regard de compassion.
Une trentaine de minutes plus tard, nous commençons à embarquer. Je prends mes affaires et suis le mouvement. Je retrouve mon siège ; à peine m'installé-je que la vieille s’assoit à mes côtés. Je suis assise côté hublot ; je détourne la tête trop malheureuse. Mais Seigneur qu’est-ce que j’ai cru ? J’aurais dû partir quand j’ai compris qui était Audrey !
Mes sanglots redoublent, purée que ce voyage commence et que je retrouve les miens. J'ai une seule envie : rentrer chez moi !
Le commandant de bord fait une annonce sur un retard pour le décollage. Je ne suis pas vraiment bien. En fait, ça m'exaspère d'attendre en terre hostile. Deux fois, je suis venue au BF par amour, deux fois le BF m'a virée ! J’étouffe un autre sanglot.
« Chérie ?! »
Tcho ! Pourtant j’ai essayé ! J'ai essayé hein les tatas, j’ai essayé. Il n’est pas pour moi… Je crois que c’est ça.
« Selma ?! »
Je lève la tête pour voir Kader penché sur moi… Mon cerveau bugge et ma vue se brouille de larmes. Je baisse la tête.
Kader : Pardonne-moi, chérie. Je me suis conduit comme un salaud et un con.
La vieille : Il vient de résumer son genre, ma fille… écoute-le !
Moi (péniblement) : Que fais-tu là ?
Kader : Je suis désolé… Je veux que tu restes, s'il te plaît !
Moi (rire jaune) : Que je reste !? Dans quelles conditions ?! Tu ne te décides à rien…
La vieille (m’interrompant) : Et pourtant Josey a déjà chanté « Diplôme »[1].
Je jette un regard à la vieille pointue-là ! Elle me fait un clin d’œil entendu ; si je n’étais malheureuse, je serais tentée d’éclater de rire.
Moi (continuant) : Et tu n'as aucun égard pour moi. Je t’aime Kader mais… c'est trop cher payé… j’ai l’impression que parce que tu le sais, tu en profites… Je rentre chez moi ! Il est temps pour moi de tourner la page.
Une hôtesse s’avance vers nous pour demander à Kader de rejoindre sa place en classe affaire. Il hoche la tête et se tourne vers la vieille.
Kader : Vous voulez bien échanger votre place avec moi ?
La vieille : Fiston… Ya même pas de soucis ! Mais il faut convaincre la petite-là de ne pas te quitter.
Kader : Je vais essayer maman.
La vieille (s’enfonçant dans son siège) : Ah bon, tu vas essayer hein ?! Va chercher ta place ailleurs !
Kader : Promis, je lui ferai changer d’avis !
La vieille (se levant) : Ce n’est pas mieux ? Maintenant tu as parlé ! Je dis oh mon garçon, je peux boire le champagne là-bas non ?!
Kader : Oui maman !
La vieille (me regardant dans les yeux) : Faut accepter son affaire-là vite… C’est un bon petit !
Abah !!!Comme dirait Loubna, qu’elle le connaît quelque part ? Je me renfrogne et tourne la tête. Je colle mon front contre le hublot, bien décidée à l’ignorer.
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[1] En référence au Titre de la chanteuse ivoirienne Josey Priscille.