UN DÉBUT DES CONSÉQUENCES

Write by Albert ley kasanda


Je n’en crois pas à mes oreilles. Il m’a viré alors que je n’ai pratiquement commis aucune faute. Il ne peut pas être hautain jusqu’à ce point. Je n’ose riposter. Je dois me dois reconnaitre fière pour m’abaisser devant ce que je considère comme n’étant pas une faute lourde. Je me retire tout de suite de la salle de réunion la tête haute alors que Rose ne s’empêche de rire dans sa barbe.


Je me dirige dans mon bureau où je ne perds pas une seule seconde à ranger mes affaires dans un carton. Je m’arrête un moment, le carton en mains, une idée me traverse l’esprit. Comment ferai-je pour survivre ? Daniel n’est plus là, et qui pourra prendre soin de moi ? 


C’est quand je me rends compte que je viens de commettre la pire erreur de ma vie. J’aurai peut-être imploré le pardon du nouveau patron, cependant je lui ai tenu tête en me donnant raison. Mes yeux deviennent tout à coup humide, j’ai comme un pincement au cœur.


Quelques temps après, Brenda me rejoint dans le bureau, me trouvant avec le carton en mains que j’ai aussitôt posé sur la table pour accourir dans ses bras où je n’ai pas pu retenir mes larmes.


— Je suis fichue Brenda, j’ai tout perdu.


Elle ne dit mot pour l’instant, elle cherche sans doute le mot qu’il faut pour me consoler. Elle pousse un soupir tout en caressant mon dos. Elle est tout aussi bouleversée que moi.  


— Que vais-je devenir maintenant ? Pourquoi la vie est-elle aussi injuste avec moi ?


— Chut ! Ne dis pas ça Barbara, dit-elle en essuyant mes larmes.


— Bien sûr ! La vie essaie de tout m’enlever. D’abord mon bonheur en emportant mon Daniel dans l’au-delà, et puis c’est mon travail, comment ferai-je pour survivre ? Je n’ai plus rien, rien du tout. Tu m’entends ?


Brenda devient triste. Je peux le voir dans ses yeux. Elle est presqu’au bord des larmes, je peux le voir mais elle essaie de le cacher en m’aidant à prendre le carton. J’arrête de pleurer, et j’essuie mes larmes pour me rendre compte que mon amie ne dit plus rien, bien au contraire, elle se penche sur le carton. Je m’approche d’elle pour m’apercevoir des gouttes des larmes sur le carton.


— Brenda, tu vas bien ?

Elle pleure toutes les larmes de son corps, je n’y comprends plus rien.


— Je n’en peux plus Barbara ! Pourquoi la vie est-elle cruelle avec toi ? Cela fait un an ! Une bonne année que tu pleures la mort de Daniel. Tu as traversé drame après drame, c’est comme un karma ! Tu sais quoi ? Je vais aller dire ses quatre vérités à cet homme, il n’a aucun droit de te renvoyer.


J’arrête Brenda qui compte voir le nouveau patron de ce pas. Je la retiens par son poignet.


— Ne fais pas ça. Si telle est la volonté de Dieu, eh bien ! Je l’accepte.


Je prends mon carton, et je n’hésite pas à partir de l’agence immobilière en laissant mon amie derrière moi. Je passe dans les couloirs la tête haute lorsque Rose me voit, et ne se retient de venir se réjouir de mon malheur.


— Oups ! Tu dois porter la poisse pauvre veuve ! Euh…Je dois reconnaitre que le veuvage te va à merveille. Les larmes et toute la mélancolie que tu portes en toi ne pourra te quitter un jour, tu es faite pour souffrir. D’abord ton époux meurt tragiquement juste après votre mariage, et là, c’est ton travail que tu perds. Cours te purifier sale pécheresse !


Je me tais, je n’ose répondre à ses provocations. Je reprends ma marche, et elle prend le courage de continuer dans sa bêtise.


— La prostitution ! Oui, c’est tout ce qui te reste ! Sale fille de joie. 


Je me demande c’est que j’ai bien fait à cette femme pour qu’elle m’en veuille jusqu’à ce point. Je suis pris d’une colère bleue que j’ai juste envie de tout casser. Je ne peux pas me retenir, les paroles de cette sorcière se mettent à faire effet, je me mets à me dépêcher jusqu’à temps que je me heurte à un homme en costume, laissant tomber mon carton.


— Tu ne peux pas regarder où tu marches ?


Je remarque que c’est le nouveau patron que je viens de heurter, — décidément je n’ai aucune chance avec cet homme — j’essuie les larmes, puis j’essaie de m’accroupir pour tout ramasser en m’excusant. Je lève les yeux, et je vois une tache de café sur son nouveau costume gris. Je suis complètement paniquée que j’essaie de lui éponger quand il m’arrête d’un signe de main.


— Désolée monsieur, je ne vous ai…


— Tu veux bien la fermer ? C’est encore toi ? Je te croyais hors de cet endroit depuis bien longtemps, et te voilà à ramper. Écoutes, je n’avais pas de motif suffisant pour te renvoyer et je peux avoir l’esprit tranquille de t’avoir viré. Je ne peux pas travailler avec une personne maladroite, dégages !


Tout le personnel est alerté qu’ils sont venus voir ce qui se passait. Brenda me trouvant à terre, en train d’être humilié par cet homme, essaie de prendre ma défense lorsque je l’arrête en hochant la tête. Je prends mon carton pour me diriger vers la Peugeot. Brenda me rejoint et me trouve assise devant le volant.


— Eh ! Dis-moi que tu n’es pas sérieuse. Tu ne vas pas conduire toute seule !


— Pourquoi pas ?


— Pas dans cet état ! Et puis pourquoi tu ne m’as pas laissé lui régler son compte à cet arrogant qui nous sert de patron ?


— Brenda, je ne veux pas que tu aies des problèmes à cause de moi. Tu en as déjà assez fait pour moi alors laisses-moi me débrouiller toute seule, merci pour tout.


Je démarre la voiture, laissant Brenda crier mon nom. Je ne sais pas ce que ma vie deviendra, en tous cas, il faut que je reprenne ma vie en mains. Je ne peux rester à m’apitoyer sur mon sort. Daniel est mort, certes, mais moi, je continue à vivre et ce n’est pas un mirage.



Je suis devant ma villa. Je ne sais plus quoi faire. Je monte les escaliers pour me diriger à toute allure dans ma chambre où j’ouvre directement le coffre-fort. Je tremble de la main lorsque je m’aperçois qu’il n’y a plus qu’un seul billet de dix-mille francs congolais. Je suis terrorisée.


— Il ne me reste plus que dix-mille francs, oh mon Dieu !


Je m’écroule au sol jusqu’à ce la sonnerie du téléphone me relève rapidement. Je renifle dès que je vois que c’est Liliane au bout du fil.


— Oui allo !


— Salut sœurette, tu es où là ?


— Dans ma chambre, où veux-tu que je sois ?


Elle raccroche aussitôt, et j’entends la porte claquer. Je sors pour voir qui c’est…


— Surprise !


C’est elle, je m’en suis doutée.


— Liliane ! Que fais-tu là ?


— Bar chérie, ce n’est pas une façon d’accueillir ta cousine.


Je tourne mes yeux vers le plafond en m’asseyant.


— Je te préviens Liliane, si tu es là pour de l’argent, je n’ai plus rien, je suis sur la paille.


Elle écarquille les yeux, on dirait que je viens de lui annoncer une mauvaise nouvelle. J’en étais sure ! Que peut-elle bien me vouloir si ce n’est que me soutirer un peu d’argent ? Liliane est infirmière à l’hôpital Jason Sendwe. Je ne l’ai jamais porté dans mon cœur, mais c’est tout de même la seule famille que j’ai. Orpheline depuis ma tendre enfance, je n’ai connu que très peu mes parents. J’ai grandi sous le toit de ma tante paternelle qui est la défunte mère de Liliane. Elle observe un moment de silence, puis elle fonce les sourcils.


— Comment ça tu n’as plus rien Bar ?


— Arrêtes déjà de m’appeler Bar, pour commencer, je me suis faite renvoyer de mon job, et pour couronner le tout, je viens de me rendre compte qu’il n’y a plus qu’un billet de dix-mille francs dans le coffre-fort.


Elle secoue la tête, m’accusant d’être une mauvaise gestionnaire.


— Comment peux-tu dilapider l’argent de Daniel toute seule ? 


— Je te rappelle que tu me dois cinq cent mille francs.


Elle écarquille les yeux, puis papillonne ses cils plaqués.


— C’est déjà bon ! Changeons de sujet, tu aimes beaucoup l’argent ma petite.


Quoi ? Mais je rêve ! Voilà que la reine des cupides se met à me faire la morale, déjà que sa morale laisse à désirer.


— Dis Bar, comment as-tu perdu ton job ?


— Arrêtes de m’appeler Bar, grogné-je. Et puis je n’ai pas envie d’en parler.


Elle observe un moment de silence, elle me fixe dans les yeux. Elle est trop bavarde pour se taire pendant une minute.


— Il faut bien qu’on parle, on ne va pas rester là à nous regarder dans les yeux.


— Comment il va déjà ton fiancé ? 


— Qui ça ? Docteur Pierre ?

J’acquiesce. Elle tourne ses yeux dans tous les sens puis elle se met à ricaner.


— Fiancé ? Tu rêves ! On est juste amis.


Liliane a la mauvaise manie de coucher sur un coup de tête. Elle ne prend jamais sa vie au sérieux. Bien qu’elle a dépassé les trente ans, elle ne pense qu’à voir tout ce qui se trouve dans les pantalons des hommes qu’elles croisent.


— Sérieusement Liliane, il faut que tu prennes ta vie en mains. Envisages au moins de te marier un jour.


— Tu t’es mariée et on a vu le résultat.


Ces mots viennent me poignarder en plein cœur. Je commence à en avoir assez que tout le monde me le balance en pleine face comme si c’était ma faute, la mort de Daniel. Je ne dis plus un mot, je baisse juste mon regard ce qui fait culpabiliser l’infirmière.


— C’est bon, je ne le pensais pas ! Écoutes, s’il est vrai que tu as été virée et que tu n’as plus un centime, il serait mieux que tu mettes en vente les biens de Daniel.


Comment peut-elle être cupide à ce point ? Tout ce dont à quoi elle pense, c’est juste de l’argent et rien que de l’argent. Comment peut-elle me conseiller de vendre les biens de mon défunt époux ?


— Es-tu sérieuse Lili ?


— Mais bien sûr ! Lorsque ta belle-famille apprendra que tu es sans job, elle voudra bien profiter de cette faiblesse pour tout t’enlever.


— Comment peux-tu penser cela ?


— Dois-je te rappeler qu’ils ont failli te jeter hors de cette maison alors que tu venais fraichement de perdre ton Daniel ?


Je respire profondément lorsque je me rends compte qu’elle a quelque peu raison. Ma belle-famille n’a pas cessé de tourner autour de ma villa tels des vautours. Si Daniel et moi n’étions pas marié sous régime de la communauté des biens, ils m’auraient tout enlevé. Je réfléchis un moment, et pourtant la réponse est évidente ; je ne vendrai jamais cette villa. C’est le seul souvenir qu’il me reste de Daniel.


— Tu vois bien que j’ai raison ? Vends cette villa, puis les voitures et trouves-toi une maison à louer.


— Ça suffit Liliane, si tu continues de m’insister à ce que je vende quoi que ce soit, je me verrai te foutre hors de ma maison, ok ?


Liliane fronce les sourcils, elle se lève du fauteuil et prends son sac en mains.


— Je sais que tu es une ingrate. Tu sais quoi ? Ne comptes plus sur moi pour venir me battre pour tes intérêts, et oublies-moi.


Elle s’en alla dans une colère noire, ce qui ne m’inquiète aucunement. Cette femme n’a rien de bon à apporter si ce n’est que ses mauvaises ondes de femme cupide et impudique.



 


JUSQU'À CE QUE LA MO...