Une première approche particulière
Write by lpbk
Depuis que j’ai réussi à me glisser entre les bras de
Philippe, enfin… à me blottir contre lui, je flotte sur un nuage. Je me rends
compte que malgré ma timidité, c’est hyper facile de l’approcher. Il m’a tenu
dans ses bras musclés et forts pendant plusieurs minutes. Même que mon amie
Elie a tout suivi de la scène, d’ailleurs elle faisait exprès de me faire des
grimaces ceci dans le but de me faire éclater de rire. Je me retenais car
j’étais censée avoir de la peine et il ne fallait pas que je perde toute ma
crédibilité envers Philippe.
Comme tous les matins, j’entre dans mon bureau et Elie
m’accueille en riant.
— Tu t’es remise de tes émotions ? me demande-t-elle.
— De quoi parles-tu ?
— C’est évident pourtant. Je parle de ta séance de câlins avec mon
voisin.
— Oui ! Et ça ne voulait rien dire pour moi puisque je n’y pense même
plus.
— En tout cas, tu en as profité. Je te répète que Philippe est tout un
numéro. Il se prend pour un sauveur à prendre n’importe qui dans ses bras comme
ça.
Géniale l’image que mon amie a de moi. Moi, une
inconnue, n’importe quoi.
— Je ne suis pas n’importe qui. Ca veut peut-être dire qu…
— Ne penses pas trop vite, Angie. Philippe a vraiment de drôles de
comportements parfois.
— Ah bon… dis-je déçue.
En continuant ma conversation avec mon amie, la porte
d’ouvre et j’entends la voix de Philippe. Mais qu’est-ce qu’il fait ici
encore ?
— Elie ! dis Philippe en entrant.
— Mais qu’est-ce que tu fais encore ici ? répond mon amie. Il n’y a
plus rien à réparer.
— C’est vraiment grave ce qui m’arrive.
— Quoi encore ? répond mon amie, en soupirant.
Mon amie n’est pas du tout patiente avec lui. Je
dirais même qu’il lui tape sur les nerfs.
— J’ai tout perdu, Elie ! Tout ! Mon portefeuille qui contenait
mon argent et toutes mes cartes. Je n’ai plus rien ! Il faut que je mange,
que je paie mon loyer. Je me suis fait voler…
Elie se met à rire. Franchement, elle manque
sérieusement d’empathie.
— Ce n’est pas drôle ! la reprend Philippe.
— C’est bien ton genre. Et pour tout te dire, j’ai comme l’impression que
ton histoire a une suite.
— Je me suis fait voler ma voiture !
Ah non ! Philippe a vraiment de gros problèmes.
— T’es sûr de ça ?
— Oui ! Puisque je ne la trouve plus !
— Tu as peut-être oublié où tu l’as stationnée, encore une fois !
— Non, je te dis que non ! Vraiment, je suis malchanceux, dit
Philippe en s’asseyant sur une chaise juste à côté de moi.
Je le regarde et je me dis que Philippe a vraiment
l’air de passer un mauvais moment. Il a l’air complètement désespéré. Si Elie
ne veut pas s’occuper de lui, je vais le faire. Après tout, cela me permettrait
de le connaitre et de devenir son amie. Et en étant son amie ce sera plus
facile pour me rapprocher de lui. Je réponds et je me surprends moi-même à
dire :
— On va t’aider. Nous allons t’aider !
Philippe se tourne vers moi, étonné.
— Ah oui ? Pour retrouver mon auto ?
— Certain ! En plus, on va t’aider à récupérer tes cartes et on va te
prêter de l’argent…
Mon amie est outrée.
— Quand tu dis « on », tu m’inclus là-dedans ?
— Evidemment ! Hein ? Philippe nous a rendu service, on peut bien
faire ça pour lui, dis-je à mon amie d’un ton convaincu.
Philippe répond aussitôt :
— Tu es très gentille Angie, mais tu es en peine d’amour et je ne veux pas
te déranger… Tu dois prendre soin de toi avant tout.
Oubliant ma mise en scène avec Marc, je réponds :
— Hein ? De quoi tu…
Ah oui, c’est vrai ma fameuse mise en scène avec Marc.
Justement je devrais m’excuser auprès de lui.
— Ah oui… c’est vrai… mais ce n’est pas si pire… je veux m’occuper
l’esprit ailleurs.
Je poursuis en prenant un air attristé.
— J’ai tellement mal… je souffre de l’intérieur…
Je fais exprès pour faire pitié. Même que je m’efforce
à verser une larme. Finalement, je suis meilleure comédienne que ce que je
croyais.
Philippe s’approche de moi, encore une fois.
— Tu vas t’en sortir… pauvre toi… aucune fille ne devrait souffrir comme
toi…
Il met sa main dans mon dos pour me consoler et je
frissonne. Elie, voyant la scène me regarde en hochant la tête et comme l’autre
jour, elle me fait des grimaces pour essayer de me faire rire. Je pousse un début
de rire, mais je change le tout en un faux pleur.
— C’est trop dur… Je ne veux plus en parler…
— Non, il faut en parler. tu dois vivre ton deuil et après tu vas être
mieux… Prends ton temps pour ça, Angie. C’est important.
J’essuie mes fausses larmes en disant :
— Je vais t’aider quand même… j’ai besoin d’aider les autres afin de ne
pas trop me concentrer sur ma douleur, dis-je en exagérant mon état d’âme.
— Bien sûr, Angie. Tu es une personne si gentille. Merci.
— Elie et moi, on pourrait venir te rejoindre à ton appartement et on va
t’aider à chercher ta voiture. Tu as peut-être juste oublié où tu l’as garée…
— Peut-être…
— On va t’aider à la retrouver, hein Elie ?
— Oui… dit mon amie, pas du tout contente.
— Merci les filles ! Je me sauve, j’ai du travail qui m’attend. Bonne
journée !
Il part, heureux d’avoir trouvé de l’aide. Tout de
suite, Elie me dit :
— Qu’est-ce qui t’a pris ? Je passe tous les jours de ma vie ou
presque à aider ce gars-là, et là, ce soir, je vais prendre ma soirée à
chercher sa voiture qu’il perd au minimum une fois par semaine.
— Tu abuses !
— Pas du tout. Ce gars-là vit sur une autre planète. Il oublie tout et
perd tout. Ça me surprend qu’il se souvienne de son nom.
— Franchement ! Tu exagères comme d’habitude.
— C’est vrai ! Je ne vois vraiment pas ce que tu lui trouves…
— Je fais pas ça pour ça. S’il te plait Elie, juste une soirée. Juste une.
Après je ne te demande plus rien.
Elle soupire.
— D’accord ! Mais c’est la dernière fois que je fais ça ! Je le
fais pour toi, pas pour lui. Il fait exprès d’oublier ses affaires. Ça donne
quoi de l’aider s’il continue sans cesse de le faire.
— Ça sert à être avec lui pour le connaitre. Tu vas venir avec moi comme
ça rien ne pourra paraitre.
— Evidemment ! C’est sans doute pour ce genre de chose que nous
sommes meilleures amies.
— Merci ! T’es vraiment la best des besties.
Je la sers encore dans mes bras. Vraiment je me
demande parfois ce que je ferais si elle n’était pas là. Ce n’est pas que je ne
sois pas autonome, c’est juste que j’ai souvent besoin qu’on m’accompagne dans
des situations embarrassantes. Et conquérir le cœur de Philippe en est une.
A la fin de la journée, je me rends chez Elie où nous
attendons que Philippe arrive.
— Ça valait bien la peine qu’on se dépêche de finir de travailler, il y a
personne à son appartement ! dit mon amie en s’asseyant sur le sofa.
— Il va arriver là, il sait qu’on devait venir l’aider en fin de journée.
— C’est bien son genre, NOUS OUBLIER !
— Non, c’est nous qui sommes en avance. On va l’attendre, on est pas
pressé de toute façon.
— Parle pour toi !
— Comment ça ? Qu’est-ce que tu avais à faire ce soir ?
— Euh…
— Tu vois, tu ne sais même pas ce que tu avais à faire.
— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Bref, j’étais censée voir
quelqu’un ce soir.
— Hein ? Un mec ? Qui ? Qui ? Qui ? dis-je,
vraiment curieuse.
Oh ! Je crois que j’ai mis le doigt sur quelque
chose d’intéressant !
— Ben non ! dit tout de suite mon amie, sur la défensive.
— Ah… je réponds, déçu. Je pensais que tu avais un mec, sérieux.
— Es-tu malade ? Je n’en veux pas moi ! Je n’ai pas besoin de
m’accrocher à un moron. Je veux être libre, vivre ma vie et m’amuser.
— L’amour n’empêche rien de tout cela…
— Ah, tu es trop romantique. La preuve, nous sommes ici, dans mon salon à
attendre un fantôme qui se pointera probablement jamais.
— Oui, il va arriver, je te dis ! Il était tellement content qu’on
prenne l’initiative de l’aider.
— N’importe quoi ! En tout cas, là, je vais lui faire un texto. Je
suis tannée à force de l’attendre.
Elie,
T’es
où ? On t’attend !
Il répond tout de suite :
Philippe,
Pourquoi
faire ?
Elie rit aux éclats.
— Je le savais !!!!
— Quoi ?
— Il ne sait pas de quoi je parle !
— Il est juste distrait.
Elle pianote déjà de nouveau sur son portable.
Elie,
On
t’attend. Il parait qu’on doit t’aider à retrouver ta voiture !!! Tu te
réveilles ?!!!
Philippe,
T’es
sûre que c’était ce soir ?
Elie soupire.
Elie,
OUI !
GROUILLE !
Philippe,
J’ai pas
le temps là… Pouvez m’attendre encore une heure ? J’arrive tout de suite
après mon client.
Elie,
Dépêche-toi !
On n’attend pas plus qu’une heure.
— Il va arriver dans une heure !
— Tu vois ? Il va arriver !
— Angie ! Il va falloir que nous attendions une heure !
— Oui et alors ? C’est pas la fin du monde. On va en profiter pour
papoter entre filles.
— Tu ferais n’importe quoi pour le voir, n’est-ce pas ?
— Rien à voir ! Je veux juste l’aider.
— C’est ça !
Une heure plus tard
— Veux-tu que j’aille voir si Philippe est arrivé ? demandai-je à mon
amie.
— Si tu veux. Masi je ne pense pas qu’il soit là, d’habitude quand il
arrive il fait beaucoup de bruits. Je l’entends tous les soirs, ouvrir sa porte
et la claquer ensuite.
— On sait jamais…
Je sors de l’appartement de mon amie et je vais cogner
à la porte de son voisin. Je me colle contre la porte et j’essaie d’écouter ce
qu’il se passe à l’intérieur. Je reste collée ainsi tout en essayant aussi fort
que je puisse de sentir son parfum. Hum ! Ca sent bon, mais je n’entends
rien.
Mon amie sort sa tête du cadre de la porte et me
regarde drôlement puis me demande :
— Qu’est-ce que tu fabriques ?
— Rien…
Elle soupire de découragement.
— Ah non, c’est pas vrai !
— Quoi ?
— T’es pas en train d’essayer de sentir son odeur contre le bois de cette
porte là…
Mais pourquoi elle devine toujours tout ?
— Non, je vérifie juste s’il est là…
— Ouais, c’est ça ! Franchement, t’es la pire des romantiques de la
planète !
— Même pas vrai.
— Ecoute, Angie ! Philippe n’est visiblement pas là et il n’arrivera
pas avant un bout ! Viens qu’on retourne à notre soirée.
Je soupire de déception et je me retourne pour aller
dans l’appartement d’Elie. Au même moment, je lance un cri de la mort.
— AH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Mais qu’est-ce qu’il fait là lui ?
— Désolé, je ne voulais pas te faire peur, me dit Philippe, tout
doucement.
— Mon Dieu ! J’ai failli mourir.
— Désolé. Je pensais que tu m’attendais.
Elie sort sa tête du cadre de la porte pour voir ce
qu’il se passe. Elle avait entendu mon cri de la mort.
— Ça va Angie ? Ah, te voilà toi ! dis mon amie à Philippe.
— Ben oui, je pense que cette fois-ci j’ai été pas mal silencieux, parce
que ton amie a eu peur en me voyant, dit-il en riant. Mais qu’est-ce que tu
faisais coller contre ma porte ?
— Euh… C’est que… euh…
Merde ! Il fallait qu’il me voie collée contre la
porte de son appartement pour essayer de sentir son odeur. C’est pas fort mon
affaire, pas fort du tout ! Je réussi à dire :
— Rien. Je voulais voir si tu étais arrivé.
— Ah bon, dit-il en haussant les épaules.
Je soupire de soulagement. Ouf ! Il n’a pas
remarqué comment la situation est bizarre.
Je me tasse pour laisser passer Philippe et il entre
dans son appartement en nous disant :
— Ca ne sera pas long, je reviens !
— Dépêche-toi ! répond Elie, visiblement en colère contre lui.
— Promis, les filles !
— Prend ton temps ! je réponds, avec mon plus beau sourire.
Elie lève les yeux au ciel en entendant ma réplique.
Je la regarde, ne comprenant pas :
— Ben quoi ?
— Rien… Je ne te trouve pas assez dur avec lui.
— Pourquoi le serai-je ? Il a perdu sa voiture, on va l’aider… et il
travaille dur pour gagner son argent. On n’est pas là pour l’engueuler parce
qu’il a quelques minutes de retard.
— Quelques minutes ? Ca fait une heure qu’on l’attend !
— Oui et alors ? Ce n’est pas grave. C’est pour une bonne cause. Il
travaille.
— Ben oui, toujours les mêmes excuses !
— T’es trop dur avec lui ! Viens ! En attendant qu’il soit prêt,
on va faire des tests de filles dans les magazines.
— Ah non, pas encore ! Je n’ai jamais la réponse que je veux dans ces
tests là…
— Ben oui, ça va être fun, on va rire, dis-je en prenant mon amie par la
main pour l’amener dans le salon.
En riant, je commence à m’amuser avec Elie. Je réponds
aux questions du test dans un magazine. On rit tellement elle et moi qu’on perd
la notion du temps. Elie regarde sa montre.
— Mon Dieu ! Ca fait une heure qu’on fait ça, dit-elle en se levant.
— Penses-tu que Philippe nous attende ? demandai-je en me levant à
mon tour.
— Je te parie qu’il nous a encore oubliés !
— Il a dû arriver quelque chose d’important, dis-je une fois pour prendre
sa défense.
— Ça me surprendrait…
Elie, encore en colère contre son voisin sort de son
appartement en trombe et cogne à sa porte.
— Philippe Chouinard ! crie Elie au travers de la porte.
— Chut ! Ne crie pas comme ça, je chuchote à mon tour.
— Il va voir ma façon de penser.
Philippe finit par ouvrir la porte, tout échevelé et
en baillant, il répond :
— Ah… les filles… désolé… je me suis endormi. J’ai mal dormi la semaine
passée. J’étais trop stresse parce que j’avais perdu mon auto, mes clés, mes
cartes, mon téléphone…
Elie le coupe brusquement.
— As-tu perdu ta tête aussi ?
— Non, pas encore… dis-je en ricanant.
— Ah oui, et aussi je t’ai entendue toute la nuit, Elie. C’est qui le gars
qui est entré chez toi hier ? En tout cas, je sais pas qui c’est, mais
vous m’avez empêché de dormir.
Comment il est au courant de cela et pas moi ?
— Merde, dit mon amie, tout bas.
— Je le savais que tu voyais quelqu’un ! Je le savais ! C’est
qui ?
— Personne d’intéressant !
Elie soupire et dit :
— Bon, tu viens là ! j’ai pas que ça à faire, moi.
Je regarde mon amie avec un drôle d’air. Quand elle
change de sujet comme ça, c’est souvent parce qu’elle a quelque chose à cacher.
Pourtant elle devrait me parler ouvertement de ses secrets non ?
— Bon on y va ? Tu vas voir on va la retrouver ton auto, Philippe.
— Ah, tu es trop gentille, Angie.
Je le regarde avec des étoiles dans les yeux. Ca y
est ! Il me remarque. Victoire ! Je le savais que je ne faisais pas
tout ça pour rien. Maintenant, j’ai toute son attention.
— Ça me fait plaisir.
Je lui souris de toutes mes dents. Même que je souris
un peu trop, c’est pas très naturel. Vraiment, on s’entend à merveille. C’est
génial. Finalement, l’approcher était beaucoup plus facile. Je remarque qu’Elie
commence à s’impatienter sérieusement.
— Bon ! Vous êtes prêts ? Moi, j’ai autre chose à faire ce soir.
Je suis pressée.
— Ah oui ? Tu vas où ? que je lui demande, encore plus
curieurse.
— Nulle part ! Je veux juste me coucher tôt. On y va, ordonne Elie.
Je les suis sans rien dire. Je pense qu’Elie vit quelque
chose avec un gars, mais elle n’ose pas m’en parler. Mais pourquoi ? C’est
étrange. D’habitude, elle et moi on ne se cache rien, on se raconte tout.
Pourquoi ça change tout à coup ? Je hoche la tête et nous sortons dehors.
Nous marchons dans la rue, il fait nuit, noir et froid. Il y a beaucoup de
vent, il faut presque s’accrocher à tout ce que l’on trouve pour ne pas
s’envoler. Tout le long de la route nous cherchons la voiture de Philippe.
Pendant ce temps-là, Elie texte.
— Voyons, ton téléphone sonne beaucoup ! Tu reçois pleins de messages
ce soir ! C’est qui ?
— Ah ! T’es fatigante avec ça !
— Aller Elie, dis-moi de qui il s’agit. Je le dirais à personne,
promis !
— Je n’ai personne dans ma vie, Angie. Bon, là on cherche la voiture de
l’autre-là, c’est ça qui est important. Elle est de quelle couleur déjà ?
— Noir ! Euh… non, bleu…
— Noir ou bleu ?
— Je ne me rappelle plus.
— Pourquoi ça ne m’étonne pas ! soupire Elie.
— Ah, je pense que je la voie, dis-je en traversant la rue.
— Ça ne se peut pas, on n’est bien trop loin de chez nous. Et elle est
dans un stationnement de dépanneur.
— Ca veut dire que quelqu’un aurait volé ton auto ? Après le voleur
l’aurait abandonné là pour acheter du lait ? dis-je surprise.
— Peut-être… Mon Dieu ! Ca ne doit pas être un voleur bien futé. A
moins que ça soit pour un hold-up.
— Mais là, si le voleur a commis un crime avec ta voiture, tu vas aller en
prison à sa place ? demandai-je, inquiète.
— Bien non ! Je n’ai rien fait moi. ce n’est pas faute si j’oublie
toujours mes clés dans le contact dans mon auto. En tout cas, l’important c’est
que je l’ai retrouvée.
— Attends ! Peut-être que le voleur est encore là… dis-je à Philippe,
inquiète pour lui.
— Tu penses ?
— Ben, c’est sûr ! Attendons ! Sinon on va appeler la police.
— C’est une bonne idée !
Elie impatiente, ajoute :
— Ce n’est pas un vol du tout, relaxer ! Vous suivez trop de films
vous deux.
— Tu ne sais pas, Elie, ça peut-être grave.
— Non ! répond Elie. Regarde, Angie !
Je me tourne vers on amie et je demande :
— Quoi ?
— Le dépanneur est fermé !
— Hein ? Dis Philippe et moi en même temps.
— Alors, il n’y a aucun danger !
— Mais qu’est-ce que mon auto fait là alors ? Ah à moins que…
— Que quoi ? répond Elie, toujours impatiente.
— Hier, je suis allée au dépanneur et…
— Non ! non ! Tu as oublié de reprendre ta voiture.
— Je pense que oui.
— Espèce d’idiot ! Triple imbécile !
Mais à quoi elle pense mon amie pour dire ça à
Philippe ? Parfois, Elie manque vraiment de tact… je dois défendre
Philippe. Sinon, il ne voudra plus jamais passer du temps avec moi.
J’ajoute :
— Elie ! Ben non ! Philippe n’est pas un idiot ! Il est
juste fatigué et ça le rend distrait, n’est-ce pas ?
Elie lève les yeux au ciel en soupirant. Philippe
répond :
— Ah c’est pas grave, Angie. Elie a raison, je peux être vraiment idiot.
— Tu te traites toi-même d’idiot ?
— Oui, ça m’arrive souvent. Je le sais que je suis programmé pour faire
des conneries.
Nous rions tous les deux à cette remarque, mais Elie
interrompt vite notre petit moment de rigolade.
— Bon, je dois y aller, moi.
Curieuse, je lui demande où.
— Je vais me coucher !
Je regarde l’heure et fronce les sourcils.
— Il est tôt, non ?
— Oui, mais je travaille demain. On travaille tous demain.
— Depuis quand tu te préoccupes de l’heure à laquelle tu te couches la
veille d’un jour de travail ?
— C’est ma nouvelle résolution. Bref, je dois y aller… Bye, à demain,
Angie !
Elle se sauve presque en courant.
Je la regarde partir et demande à Philippe :
— Penses-tu que c’est vrai qu’elle allait se coucher ?
— Je ne crois pas moi… En tout cas, si elle se couche, ce n’est sûrement
pas pour dormir.
— Tu penses qu’Elie a un amant ? je réponds à Philippe.
— Ben moi, ça fait plusieurs fois que je vois un gars. En fait ce n’était
pas vraiment un gars, mais un homme, un homme assez âgé. Il sort tard de son
appartement.
— Un homme plus âgé qu’elle… c’est vraiment pas son genre. Si Elie voyait
quelqu’un, qui est en plus plus âgé, je le saurais. On est amies depuis si
longtemps… On se dit tout elle et moi.
— Je ne sais pas. Elle ne veut peut-être pas se faire juger, je ne sais
pas…
— Pourquoi je la jugerais ? Voyons… je suis pas comme ça !
— Je sais pas. Tu devrais voir ça avec elle.
— Non, je vais attendre qu’elle m’en parle. Elle doit avoir une bonne
raison.
En marchant avec Philippe jusqu’à chez lui, je
réfléchis. Pourquoi mon amie, ma meilleure amie ne m’a jamais parlé de ce
gars-là ? Si Philippe a raison, Elie vivrait une histoire secrète.
Peut-être qu’elle souffre en silence ? Pourtant, elle n’a pas l’air de
souffrir, au contraire ! Pourquoi elle ne m’en parle pas ? Moi qui lui
raconte tout. Je me sens tout à coup rejetée. Elle ne veut pas me faire
confiance ? Je ne suis pas quelqu’un de confiance ? Je me remets en
question juste à cause de cet incident et pourtant je ne devrais pas. Mon
amitié avec elle est tellement importante, je ne voudrais pas la perdre pour
rien au monde. Non ! Non ! Je ne dois pas penser au pire, Elie va
surement m’en parler ! Oui, elle le fera ! Mon amie a un amoureux
secret. Mais qui ? Je dois le connaitre, sinon Elie ne m’aurait pas caché
cette information si importante.