Une rencontre
Write by Fleur de l'ogouée
Bradley Davis
Je sors du bureau tout fatiguée, je n’ai qu’une envie me coucher et dormir, les promotions au boulot c’est bien mais la charge de travail ne diminue pas, au contraire je gère un peu tout. Je me pose dans la voiture histoire de souffler avant de partir, quand mon téléphone sonne, c’est Samira
- Allô Sami
- Allô chou….. j’ai urgemment besoin de toi, dit elle en pleurant
-Tu pleures quoi?
-Viens me chercher
-Tu es où ?
-Au Pk15
- D’accord j’arrive
Il n’y a qu’elle qui peut me faire quitter le centre ville pour les PK, en plus à cette heure de pointe, mais c’est pas grave, c'est ma Sami. Je conduis tranquillement, près d’une heure de route plus tard j’arrive enfin au lieu qu’elle m’a indiquée, je la récupère et on va vers un petit resto snack où on a l’habitude d’aller. Elle refuse de me raconter pourquoi elle est dans cette état et je n’insiste pas. On mange un bon poissons braisés avec des bonnes bières glacés, on écoute la musique bruyante et regarde les quelques courageux qui sont sur ce qui est surement la piste de danse voilà les plaisirs simples de la vie. Ce genre de petite soirée improvisée en début de week-end il n’ y a rien de mieux que ça. Une fois que nous avons fini de manger et même de digérer, je me dirige vers chez Sami. Nous sommes tout les deux silencieux, on se laisse bercer par une compilation de slow, à un feu tricolore une folle me rentre dedans, l’impact est minime, j’espère que les dégâts le seront aussi. Nous descendons de la voiture, et la dame en face aussi descends. C’est une femme magnifique, son teint chocolaté ressort majestueusement bien sous cette belle robe rouge. J’en perd les mots quelques minutes, mais la fatigue prend le dessus sur moi, et je m’énerve, il faut dire qu’en presque 20ans que j'ai le permis de conduire je n’ai jamais eu un accident. Samira essaye de me calmer et me ramène dans la voiture, quelle soirée!!!!
Mélanie
Mbourou, veuve
Moutsinga
Je descends de la voiture à toute allure
eh Dieu heureusement que l’impact est minime, les passagers de
l’autre voiture descendent aussi, c’est un couple
Le
monsieur : Vous pourriez être plus attentive en conduisant bon
sang!!
La dame : Bradley calme toi akaa y a quoi
Moi : Je
suis désolé je reconnais mon manque d’attention, je prendrai en
charge toutes les réparations
La dame : Ce n’est pas la
peine, il n’y a presque rien
Le monsieur : On voit que ce
n’est pas ta voiture
La dame : Soyez prudente madame
Elle
l’a pris par le bras comme pour le diriger vers leur voiture et moi
aussi j’ai fais de même, heureusement qu’il n’y a rien eu de
grave, pardon mes enfants ont déjà perdu leur père ce n’est pas
le moment d’être distraite au volant, j’essaie de reprendre mes
esprits pour rentrer saine et sauve à la maison. En conduisant je
repense au couple de l’accident, la femme à l'air si aimable et l’homme
si froid avec un visage inexpressive, tout le contraire de mon Thomas
qui était un homme drôle, plein de vie, malicieux et super aimable,
quel perte pour l’humanité.
Je trouve les petits loups devant
la télé, je les envois de suite au lit et libère la petite voisine
qui me les garde les rares fois où je sors la nuit. Je n’oublie
pas d’envoyer un SMS aux filles pour dire que je suis bien rentrée,
je ne mentionne même pas l’accident sinon elles vont s’imaginer
les pires scénarios. Je passe faire un bisou à mes bébés et je me
pose dans ce grand lit. Je commence à lire un roman mais mon cœur
n’y ai pas je repense à la conversation avec les filles, je ne
sais pas si un jour je pourrais me remettre en couple et si c’est
le cas es-ce que je vais pouvoir aimer cet homme, je me sens liée a
vie à mon Thomas, les larmes roulent sur mes joues, je me demande si
cette tristesse finira un jour, je n’en peux plus de cette douleur
dans mon cœur; Une invitée se manifeste à la porte et j’essuie
rapidement mes larmes, c’est ma 8 ème merveille qui est à
l’embrasure de la porte
- Je peux dormir avec toi maman ?
-
Oui viens mon bébé
Ma fille, mon bébé c’est la photocopie
conforme de son père, sa présence et celle de son frère me fait
tenir, quand ma vie n’a plus de saveur il me suffit de les regarder
pour me sentir mieux.
La routine boulot - enfant -
dodo y a que ça, je n’ai pas d’amis donc personne à qui rendre
visite, et depuis le drame je me suis renfermée et les seules
personnes qui me donne le sourire c’est la famille, j’ai de la
chance de les avoir. Ma belle famille c’est un autre chapitre,
certains mon carrément accusé d’avoir tuer leur frère soit
disant que les femmes de mon ethnie ne vivait que pour les fétiches,
d’après eux un amour comme le nôtre ne pouvait être que
mystique, par contre sa famille au sens restreint parents, frères et
sœurs eux ont été là pour moi, nous avons partagé notre douleur
ensemble et ils me considère toujours comme membre de la famille,
ils sont géniaux avec les enfants, je bénis le ciel pour leur
présence dans nos vies.
On sonne à la porte, je n’attendais
pourtant personne, je vais voir qui est là et je vois Junior mon
cousin, je suis agréablement surpris, c’est Junior mon petit
cousin qui poursuit ses études au Bénin
- Oh Junior le
terrible tu es rentré quand ?
-La grande je suis rentrée,
vendredi dernier j’ai croisé Sandra hier en boîte je me suis dis
mieux je viens dire bonjour à la Méli avant qu’on me dénonce
-
Donc on doit d’abord te voir avant que tu viennes dire bonjour à
ta cousine favorite hein
-Toi aussi tu sais que tu es ma
personne, mais il y a pas le gain et le taxi ici la c’est dingue
-
Pardon on a pas encore les taxis-motos ici, tu nous emmène même
quelles nouvelles de la bas
- Ah le Master oh
- Mameh
félicitations quand on te disait de ne pas te décourager avec le
bac tu vois non
- Ah mais passer le bac 4 fois c’était dingue
aussi, mais bon ça à payer
- Bon vient d’abord manger un
bon plat du pays
Ça m’a fait plaisir d’avoir de la
visite, Junior c’est le fils de maman Mado la sœur de maman, ce
sont les deux seules filles de ma grand-mère entourées de 6
garçons, je comprends pourquoi elles sont autant proches, c’est
évident que ses enfants soit nos cousins favoris.
Samedi
8h le téléphone sonne, c’est Lydia je saute du lit et enfile
aussi vite que possible la tenue de sport que j’ai préparé la
veille, elle nous force Sandra et moi à faire un jogging tout les
samedis matins avec elle, depuis deux semaines déjà. Mais on a
trouvé la grande sœur là où même, quelle idée de nous traîner
un samedi matin courir comme si on préparait un marathon. Je conduis
vite vers le point de rencontre à la tribune au bord de mer, Sandra
aussi n’est pas encore là je suis sauvée. Une bonne heure au pas
de course plus tard, je ne sais pas qui a dit à Lydia qu’on
voulait être mannequin, je suis épuisée je m’assois sur un tronc
d’arbre pour me reposer, puis mes yeux croise quelqu’un il m’a
aussi reconnu et s’avance vers moi , je me lève pour aller à sa
rencontre
- Bradley c’est ça ?
-Oui et vous ?
-
Moi c’est Mélanie
- Enchanté et vraiment désolé pour la
manière dont j’ai réagis le soir de l’accident, je passais une
mauvaise soirée et ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le
vase
-Je
comprends, je ne vous en veux pas de toute façon
Il observe ma
main, sûrement à la recherche d’une bague , je n’en ai pas. Ma
bague de mariage se trouve sur une chaînette en or, elle me fait
office de pendentif, ça bien sur il ne peut pas le savoir, et je
n’en vois pas non plus une à ses mains sûrement un adepte du
concubinage
- J’espère que votre amie va bien
Avant
qu’il n’est le temps de me répondre une femme qui n’est pas
celle du soir de l’accident l’appel < Bébé il faut qu’on y
aille > on se dit au-revoir de façon formelle et je m’éclipse
pour rejoindre les filles, je suis choquée et déçue je ne sais
même pas pourquoi.
Lydia : Tu parlais avec qui ?
Sandra :
Il est beau en tout cas
Moi : Le gar de l’accident
Lydia
: Quel accident ?
Ah moi aussi avec ma longue bouche, obligé de
leur raconter l’histoire depuis le début sans omettre le
changement de femme.
Lydia
: Maman es ce que les gos de Libreville dorment, en couple ou pas
elles attaquent
Sandra : Là tu as trop parler comme moi, mais
en même temps un gars saignant comme ça je comprends hein moi-même
je peux tenter
Moi : Pardon gère tes lycéens au calme
Sandra
: Il avait 20ans hein
Lydia : Soit 4 ans de moins que toi à
l’époque
Moi : Méchant clash 1-0 pour les vielles
On a
fait nos étirements et nous nous sommes séparés, elles me font du
bien, pouvoir parler, rigoler me sentir existé en tant que femme.
Avec elles je peux oublier cette tristesse qui m’habite, je peux
faire la folle et rire aux éclats.
Je me suis réveillée toute fatiguée, hier après le sport je suis allée faire du roller avec les enfants, du coup j’ai le corps pas mal courbaturé, j’ai juste envie de rester au lit mais il faut tout de même que je me lève pour faire la cuisine j’ai promis à Junior de faire des pâtisseries pour la petite fête qu’il organise pour célébrer son Master, c’est surtout une occasion pour Ma’a Mado et maman de boire et manger tranquillement ces inséparables. Je me mets aux fourneaux, c’est un véritable plaisir pour moi de pâtisser, malgré la fatigue je sors tout mon arsenal, je vais faire des cupcakes, deux tartes et trois cakes, je sais que les gens vont se ruer sur les brochettes de Lydia et sur les plats que les maters vont faire donc pas la peine d’en faire des tonnes. Il est 11h quand je finis j’ai bien fait de me réveiller tôt, du coup je peux m’occuper de mes bébés maintenant, même si ils ont déjà 8 ans et qu’ils sont autonomes j’aime bien prendre soin d’eux, j’en profite pour passer un moment privilégié avec chacun, je sais que dans bientôt ils vont se marier et abandonner leur veille mère. Je sers le petit dej juste un bol de céréales pour leur permettre de tenir jusqu’au moment où on va servir à manger, en générale dans nos fêtes on mange vers 14/15h, au moins là ils n’auront pas le ventre vide. Je sors pour me couler un bon bain, la baignoire c’est vraiment le luxe ultime pour une personne comme moi, je trouve que ça te permets de te relaxer au maximum, d’ailleurs c’est ce petit objet qui m’a convaincu de prendre cette maison et de ne même pas en visiter d’autres. Je sors les tenues pour les enfants, on s’apprête tranquillement il est 13h quand on prend le départ. Les petits loups sont tout contents de pouvoir enfin jouer avec leurs cousins, moi aussi ça me fait plaisir de passer un bon moment en famille ça m’évitera de rester affalé sur le canapé, on arrive rapidement il n’ y a pas trop de bouchons. Je dépose les pâtisseries dans la cuisine où je trouve maman.
Maman: Que belle oh
Moi: Aka les flatteries, on dit quoi?
- Je suis la oh, le nouveau traitement la me donne trop sommeil
- Il faut bien suivre la prescription hein, la nouvelle locataire se comporte bien?
- Oui oh et elle paie tôt le 25 au plus tard c’est bon avec elle
La
femme là aime trop l’argent regarde le large sourire quand elle te
sort la phrase là. A peine je sors de la cuisine pour aller dehors
je vois les deux folles qui arrivent presque en courant
Sandra :
Heureusement que tu es belle, le feu sort
Moi : Vous avez toutes
quoi aujourd’hui ?
Lydia : Laisse toi-même tu verras, en tout
cas tu es fraîche hein, petit Jean slim et tout
Moi : Pardon il
fait chaud
Sandra : En tout cas, vas dire bonjour aux gens qui
sont dans le salon aussi
Elles s’en vont en ricanant, j’ai
atterrie dans la famille là comment même. Je finis de saluer ceux
qui sont dans la cours, tout le monde a toujours un mot gentil pour
moi depuis la tragédie et ça me va droit au cœur. Je vais au grand
salon où y a les papas, je salue et rigole avec mes tontons et
mes grands cousins, après tout ça je reconnais un visage je vois
enfin pourquoi les filles là faisaient les folles.
Bradley :
Bonsoir Mélanie comment vas-tu ?
Moi : Je vais bien et toi ?
Bradley : Pareil, on pas eu le temps de discuter la dernière
fois
Moi : Oui ta fiancée avait l’air pressé
Il sourit, il est beau quand il sourit
Cousin Lionel : La Méli on dit quoi ? Tu connais ce
gaillard là non?
Moi
: On est la toujours la routine, oui je le connais
Lionel : En
tout cas Bradley doucement hein c’est ma prunelle dit-il en prenant
la main
Bradley:
T’inquiète man
Moi : Lionel toi là tu aimes trop le
kongossa, moi je pars
Lionel: Regarde-moi sa tête
moi
:Comme la tienne
Lionel: Elle a 31ans ne suis pas son
maboulisme
Je sors en riant j’ai vraiment une famille de
dingue, mais du coup je suis intrigué l’inconnu de l’accident
AkA Bradley a quel lien avec nous ? Je retourne à la cuisine je
croise encore les filles, je ne sais ce qu’elles font collée l’une
à l’autre comme deux aimants.
Moi : Je l’ai vu
Sandra
: Il est trop beau, mais je te le laisse
Moi : Ce n’est pas un
cousin ?
Lydia : Non on a aucun lien de parenté c’est un bon
ami de Lionel
Moi : C’est bien pour lui
Je
n’attends même pas qu’elles finissent d’argumenter, je
retourne à la cuisine un instant, la nourriture est prête je bave
même seulement, on commence à mettre les plats dehors sous la
tente. On sert d’abord les enfants puis après les adultes se
servent. Je m’assois pas loin du buffet pour pouvoir me resservir
tranquillement, j’aime manger et je l’assume. Je vois Bradley
venir s’asseoir à côté de moi.
Donc toute les places qui sont libres il n’a pas vu, il me souhaite bon appétit et chacun commence à manger en silence, il fini de manger et dépose son assiette, moi je continue de bien manger quand je finis je passe au dessert. Je le regarde discrètement oui il est beau mais je ne me sens pas spécialement attirée par lui. Je souris en repensant à Sandra, toujours à l’affût de nouveaux bouquets ( bel homme), on ne sait jamais avec qui elle sort malheureusement pour elle bientôt elle n’aura plus de nouvelles proies vu que tout les hommes de Libreville seront ses Ex s.
Bradley Davis
Depuis
l’accident je n’arrive pas à me la sortir de la tête, elle a un
quelque chose dans le regard qui m’attire, je n’ai pas l’habitude
des fêtes de famille, mais il fallait que je la revoit, elle est
belle. Elle est concentrée sur je ne sais quoi sur son téléphone
mais il faut que j’engage la discussion, on ne va pas rester là
comme deux ados, en plus elle pense que je suis fiancée, c’est un
bien trop grand mot pour moi.
- Je n’ai pas de fiancée
Ma
voix semble la sortir de sa bulle, elle se redresse me regarde
pendant quelques secondes avant de répondre
- Autant pour moi
- Vous êtes une très belle femme
- Merci
Je
voulais ajouter autre chose, lui dire que son visage me hante mais on
a été interrompu par une petite fille, elle l’a appelé maman
donc je suppose que c’est sa fille, elle s’en vont et me laisse
là tout seul, je ne connais personne ici et il faut dire que je ne
suis pas très sociable. Mais à ma grande surprise une femme vient
vers moi, elle était là hier au bord de mer, elle doit être sa
sœur, elle s’assoit sur la chaise que Mélanie occupait quelques
instants auparavant.