Vicissitudes : Chapitre 05
Write by Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Issifou
Lorsque j’entends cela, je suis hors de moi ; non ! Ma mère plaisante
sûrement ; Lolita ne ferait jamais une chose pareille. Je jette mon
regard sur elle ; elle s’est assise dans le fauteuil, la tête entre ses
deux mains. Je me rapproche d’elle et je l’interroge en espérant que
tout ceci ne soit qu’une invention de ma mère :
- Loli, as-tu effectivement giflé ma mère ?
Ma femme aussi me répond par des pleurs. Je l’interroge à nouveau et elle me donna une réponse en sanglotant.
- Pardonne-moi chéri, ta mère m’a mise hors de moi. Je regrette, c’est la colère et je me suis emportée.
Je m’effondre dans un fauteuil ; qu’est-ce qui m’arrive ? Maman avait
donc raison ? Je prends une femme qui porte la main sur celle qui m’a
donné la vie ? Ma mère c’est ma mère ; peu importe ses incartades, je ne
peux jamais la toucher à plus forte raison permettre à une femme de
porter la main sur elle ; en un éclair, je revis certaines parties de
mon enfance, notamment quand j’étais malade et que ma mère veillait. Je
la revois se démener pour résoudre nos besoins mon frère et moi. Tous
ces sacrifices pour qu’ aujourd’hui, une femme vienne gifler ma mère ?
Je ne veux même pas savoir ce que ma mère a fait. Si c’était sa propre
mère, quelque soit ce qu’elle lui fera, osera t-elle porter la main sur
elle ? Si Lolita ne sort pas d’ici, je risque de commettre un crime,
tellement je vais la botter ! Je suis enragée.
Je m’avance vers elle
et lui intime l’ordre de sortir de la maison ; mais elle continue de me
supplier. Je la traîne par le bras et je la mets dehors puis je ferme
le portail. Je n’ai jamais été aussi énervé de ma vie. C’est vraiment
une hypocrite comme ma mère l’a toujours dit. Aujourd’hui, elle a été
enfin démasquée.
Adéline
Hier je suis encore allée
en prison pour voir mon Amour. Il semble ne compter que sur sa famille.
Si seulement je pouvais lui dire ce qui s’est passé avec Eric et
l’attitude de sa deuxième mère envers moi ! Mais je ne peux pas en
parler, du moins pas maintenant ; il aura trop de peine et je ne veux
pas qu’il souffre ; je n’en ai d’ailleurs parler qu’à Lolita. Je préfère
épargner à Wilson cette douleur. Mais moi j’ai déjà compris que sa
famille ne lèvera pas le petit doigt pour lui ; qu’est-ce que je peux
donc faire ? Je n’ai pas d’argent. Même si je travaille durant vingt
ans, ce n’est pas sûr que je puisse amasser une telle somme. Lolita et
son mari m’ont promis cinq millions. Et le reste ? Tiens ! J’ai une
idée. Je vais appeler Hélène pour voir si elle peut trouver un client
pour la maison mise en vente ; je sais qu’elle a beaucoup de relations.
Après le message que je lui ai envoyé pour la remercier, je n’ai plus
eu de contacts avec elle. Je vais lui téléphoner ; je lance son numéro
immédiatement et l’opérateur m’annonce que mon crédit est insuffisant
pour un appel. Zut ! Je ne voulais pas dépenser mais je suis obligée de
recharger mon compte car c’est pour la bonne cause. Je me chausse et je
sors pour me diriger vers un point de recharge.
Lolita
Je
ne sais pas ce qui m’a pris. Depuis que ma belle-mère a traité mes
parents de crève-la-faim, une grande colère m’a envahi ; elle peut
m’insulter moi, mais pas mes parents ; je n’ai pas su me maîtriser quand
elle m’a touché le front avec un doigt et qu’elle m’a poussé me
traitant d’impolie. J’ai craqué et j’ai réagi énergiquement. Le coup
était déjà parti avant que je ne réalise ma bêtise. En aucun cas, je ne
dois porter la main sur elle ; aurais-je porté ma main sur ma propre
mère quelque soit ce qu’elle me fera ?
J’ai beau supplier
Issifou, il ne voulait rien entendre ; il m’a jeté dehors ; j’ai
continué à le supplier derrière la porte sans succès ; je n’ai même pas
mon téléphone pour appeler Adéline ou ma sœur Elisabeth, ; je n’ai aucun
sou sur moi pour prendre un taxi car ma moto et mon portefeuille sont à
l’intérieur. Je suis restée derrière le portail pendant deux heures de
temps. Finalement, je vois Issifou sortir avec sa mère, la domestique
et ma fille. Je le supplie encore ; j’essaie de l’approcher mais cette
fois-ci, il me repousse violemment sous le regard silencieux de sa mère
en me lançant :
- reste loin de moi Lolita sinon je vais copieusement te battre ; ne me pousse pas à bout.
Il rentre à l’intérieur du bâtiment et me sort mon sac en mains ainsi que ma moto puis déclare :
- Je te ferai parvenir tes habits et autres effets plus tard.
Il ferme le portail, rentre dans sa voiture et démarre. Heureusement
que ma fille dormait dans la voiture et n’a pas suivi cette triste scène
; elle n’aurait d’ailleurs rien compris ; elle a un an.
En
pleurs, je prends ma moto et me rends chez Adéline. Mais la porte est
fermée, elle n’y est pas. Plutôt que de l’appeler, je m’assois sur sa
petite véranda pour évacuer le reste des larmes emmagasinées dans mes
yeux.
Maman Issifou
Je crois rêver ; cette idiote de Lolita
ose porter la main sur moi ! Je reconnais que je l’ai provoqué mais en
aucun cas, elle ne doit lever la main sur moi. Ne sait-elle pas que les
parents sont sacrés ? Si j’étais sa mère, allait-elle oser me gifler ?
Ma belle-mère aussi n’était pas tendre avec moi ; mais jamais je n’ai
haussé le ton sur elle, encore moins lever la main sur elle jusqu’à ce
que la mort ne l’emporte. Ce que Lolita a fait est inadmissible.
Au moins mon fils a réagi comme il faut ; il l’a sorti de chez lui ;
c’est ce qu’elle mérite. J’observe mon fils conduire ; il est encore
furieux. Il ne dit rien. Je m’adresse à lui :
- Tu ne me demandes pas où tu m’emmènes ?
- Chez toi bien sûr ;
- Non, je veux aller chez ma copine Ganiatou.
- Pour quoi faire ?
- Tu n’as pas vu que ta femme m’a traumatisé ? J’ai besoin de me changer les idées.
- Ok ;
- Tu vois ce que ta femme a fait ? Je t’ai toujours dit qu’elle
me traite mal quand tu n’es pas là ; tu en as eu la preuve toi-même.
- Je suis désolé, maman. Tu as bien vu que je n’ai pas toléré cet acte.
- Oui et je t’en remercie ; Comment vas-tu te débrouiller avec Fatima ?
- La domestique s’en occupera ;
- Non, dépose les chez moi à la maison ; je m’en occuperai comme je l’avais toujours fait d’ailleurs.
- Merci maman.
Une fois à destination, je libère Issifou.
Adéline
Je recharge mon compte et je me dirige vers mon appartement dans une
cour commune. Dès que j’ouvre le portail, je trouve Lolita assise sur ma
petite véranda, pleurant à chaudes larmes. Je presse mes pas vers elle.
- Loli, pourquoi pleures-tu ?
Elle sanglote de plus belle.
- Loli, quelqu’un est mort ?
Elle secoue la tête.
- Mais qu’est-ce qui ne va pas ? Parle Loli ;
Je l’aide à se relever et j’ouvre ma porte pour que nous entrons. Je la
fais asseoir et je cours lui chercher de l’eau. Je n’ai même pas de
réfrigérateur pour lui servir de l’eau fraîche. Je la questionne à
nouveau :
- Loli, dis-moi ce qui ne va pas.
- C’est ma belle-mère.
- Encore elle ? Mais tu n’es plus chez elle.
- Elle est venue chez moi.
Lolita me raconte le déroulement de l’incident. Je soupire.
- Loli, je t’ai toujours demandé de te contrôler ; maintenant on
dira que tu n’as pas raison du simple fait que tu aies porté la main sur
ta belle-mère. Aucun homme ne peut accepter cela ; tu pensais que ton
mari allait applaudir et te remercier ? Il ne peut que réagir. Imagine
que ce soit lui qui gifle l’un de tes parents. Loli, tu es comme une
sœur pour moi ; je me dois de te dire la vérité.
- C’est la colère, Adéline ; je te jure que ce n’était pas prémédité ;
- Tu n’as pas besoin de jurer Loli, je le sais ; mais je t’ai
souvent demandé d’être patiente et de te maîtriser. La colère ôte
l'esprit et la raison. La colère est une bête cruelle et furieuse,
l'être en colère n'a plus aucune retenue. Une personne en colère
ressemble à un esclave : il ne se possède pas. La colère est à la fois
le plus aveugle, le plus violent et le plus vil des conseillers. Tu as
déjà oublié ce qui est écrit dans la Chronique « Un si lourd secret » de
Djifa Blessings que nous avons lue ensemble? Elle disait qu’un moment
de patience dans un moment de colère nous évite plein de moments de
regrets. C’est pourquoi je t’ai souvent demandé de toujours te maîtriser
quand elle te provoque; tu vois, maintenant, son fils lui donnera
raison.
- Il faut que tu lui parles Adéline ;
- Tu dois lui donner un peu de temps pour se reprendre;
- Et en attendant, je fais comment pour voir Fatima? Je ne supporterai pas d’être loin de ma fille.
- Tranquillise-toi. Tu as beaucoup pleuré; prends un bain et
repose -toi; en attendant, je vais téléphoner à ta sœur Elisabeth.
Je lance le numéro d’Elisabeth qui décroche automatiquement.
- Allo
- Sœur Elisabeth, je t’appelle pour Lolita;
- Il y a un problème?
- Oui; est-ce que vous pourrez venir chez moi?
- Ok, j’arrive tout de suite.
Je remets l’appel d’ Hélène à plus tard. Pour l’heure je dois m’occuper de Lolita.
Elisabeth
Je raccroche après avoir fini de parler avec Adéline au téléphone ;
j’espère qu’il n’y a rien de grave par rapport à Lolita ; depuis qu’elle
a déménagé, tout va bien et elle ne se plaint plus ; Adéline m’a dit
qu’elle n’est pas malade ; mais alors, quel problème peut-elle bien
avoir ? Ses seuls soucis, c’était sa belle-mère et le chômage ; à
présent elle travaille et elle vit seule avec son mari et son enfant. Je
vais me dépêcher d’aller voir ce qui ne va pas avec elle.
Je
fais aussi vite que je peux et me voilà devant le Stade principal où je
suis censée attendre Adéline pour qu’elle vienne me chercher ; vivement
le jour où comme je le vois dans les films, notre pays sera doté d’un
plan d’ adressage, opération qui consiste à attribuer une adresse
précise à chaque bâtiment d’une ville que ce soit un hôpital, une
maison, une école, un magasin etc. En d’autres termes, Il s’agit de
dénommer ou de renommer les voies et de numéroter les bâtis
correctement. Ceci nous permettra de nous rendre directement aux
adresses indiquées. J’attends donc debout sur le chaud soleil ; j’avais
déjà averti Adéline en cours de route à mon approche du Stade. Je
piaffais d’impatience quand je la vis surgir.
- Bonsoir Elisabeth ;
- Oui Adéline, que se passe t-il avec Loli ?
- Allons, je vais t’expliquer ;
Cinq minutes plus tard, nous sommes chez Adéline qui me raconte
l’incident. Lolita dormait profondément dans la chambre d’Adéline.
- Alors, Elisabeth, je t’ai fait venir ici pour que tu lui parles
et que tu trouves avec elle une solution. Tu sais que moi je n’ai
aucune expérience du mariage...
Je soupire car je suis dépassée. Comment résoudre l’équation-ci ?
A suivre.......