Vicissitudes : Chapitre 18
Write by Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Kadessa
Je me suis difficilement réveillée ce matin. Je ne me sens pas bien. Ma
tête tourne. Je ne pense pas que j’irai au magasin aujourd’hui. C’est
même le coup de fil de Issifou qui m’a réveillé. Ne me voyant pas
jusqu’à dix heures, ma mère se pointe dans ma chambre :
- Kade, tu ne vas pas vendre aujourd’hui ?
- Maman, je ne me sens pas bien ;
Aussitôt je sens que j’ai envie de vomir et je cours dans ma salle de bains.
A mon retour, ma mère m’interroge :
- Que se passe t-il avec toi ma fille ?
- Je ne sais pas maman ; je ne suis pas en forme c’est tout ;
- Il vaut mieux aller à l’hôpital ; habille-toi, on y va ;
- Non, maman, j’ai plutôt envie de dormir.
Ma mère me regarde avec un air étrange et me demande d’approcher. Elle scrute mes yeux puis tâte mes seins. Elle se prononce :
- Assieds-toi Kadessa ;
- Je veux plutôt me coucher maman ;
Je m’allonge et je me couvre car je frisonne ; ma mère poursuit.
- Qui t’a mis enceinte Kadessa ?
J’écarquille les yeux de surprise ; zut ! Qu’est-ce que ma mère raconte ?
- Pourquoi parles-tu ainsi maman ?
- As-tu eu tes menstrues ce mois-ci ?
- Je devais normalement les avoir eu hier ; mais parfois je connais deux ou trois jours de retard ;
- Je ne pense pas que tu les auras. Tu m’as tué Kadessa ; tu tombes enceinte alors que tu n’es pas mariée ?
- Tu t’inquiètes pour rien maman, je ne peux pas être enceinte ;
- Et pourquoi en es-tu aussi certaine ? Es-tu sûre que tu n’as pas eu à avoir des rapports sexuels ?
- Oui maman mais juste une fois ; cela ne suffit pas ;
- Tu te trompes, Kade, J’espère que c’est Issifou l’auteur.
- Si je suis enceinte, cela ne peut être que de lui, maman.
- Mais comment peux-tu te laisser aller aussi facilement et aussi rapidement ?
- Nous ne l’avions pas prémédité maman ;
- Dans ce cas, fais-toi confirmer la grossesse par un test d’urine ou
une prise de sang ; je dois en parler avec sa mère ; il doit vite te
prendre en mariage avant que ton père ne s’en rende compte.
Issifou m’a envoyé un message pour m’inviter à dîner ; il vaut mieux
qu’il vienne plutôt me chercher pour qu’on aille à l’hôpital. Je lui
téléphone sans attendre.
Darius
J’ai longuement réfléchi à
la demande d’Adeline ; la voir m’implorer à genoux m’a troublé ; j’ai pu
ainsi réaliser la sincérité de l’amour à travers cette fille ; elle
aime son gars et se bat pour lui. Je suis sidérée de voir qu’il existe
encore ce genre de femmes sur cette terre, prête à tout quand elles
aiment. Elle tient à le libérer mais sans le tromper. Si seulement,
cette femme pouvait être mienne !
Celles que je rencontre ne
m’aiment que pour mon aisance. Sans argent, pas d’amour ; je me souviens
de la dernière en date avec laquelle j’ai eu une relation sérieuse ;
tout allait bien pendant une année jusqu’au jour où j’eus la bonne idée
de la tester ; je lui ai alors fait comprendre que ma maison, mes
voitures, et mes autres biens appartenaient à un ami qui bientôt allait
rentrer et reprendre ses biens ; je devrais alors me contenter d’une
moto et d’aller en location. C’est depuis ce jour que les disputes ont
commencé et elle a fini par se séparer de moi dès qu’elle a trouvé un
autre homme riche. Ah les femmes ! Et pourtant je l’aimais bien. Dieu
sait combien j’aimais cette fille ! Darla, elle s’appelle. J’ai mis du
temps à m’en remettre. Si elle n’était pas partie, je serai un homme
marié aujourd’hui. C’est depuis ce jour que je change les femmes comme
des chaussures ; je ne voulais plus m’engager avec elles. Il est des
cœurs tendres et palpitants qui déchirés, saignent longtemps, très
longtemps. Après déception sur déception, on a du mal à se reconstruire
et on devient une autre personne.
Mais Adeline me fait changer
d’idée sur la femme ; elle me fait revenir sur ma décision. Son attitude
me donne à nouveau espoir que les femmes ne sont pas toutes les mêmes.
Même si je ne réussis pas à l’avoir, je garderai au moins en esprit
qu’il existe des femmes vertueuses et que je pourrai en rencontrer.
Adeline est une femme de confiance, son futur mari peut lui faire
confiance; avec ce genre de femmes, on peut avoir la conscience
tranquille, c'est une personne avec qui l’on se sent rassuré.
Je prends mon téléphone et je l’appelle. Je lui fixe un rendez-vous pour ma réponse.
Maman Issifou
J’accueille avec bonheur l’information que me donne Ganyatou. Si
Kadessa est enceinte, c’est que mon fils n’a plus le choix ; je vais
accélérer les choses. Je suis très contente. Enfin, j’aurai une belle
fille à ma convenance : jeune, belle, musulmane, polie et battante. Je
promets à Ganyatou de hâter le mariage des enfants. Maintenant Issifou
n’aura plus le choix ; je vais organiser ce mariage avec faste. Kadessa
habitera avec moi pour que je puisse bien prendre soin d’elle. Ce n’est
pas parce que la cohabitation n’a pas fonctionné avec Lolita que ce
serait la même chose pour elle. Avec Lolita, la relation a été
tumultueuse parce qu’elle n’a pas un bon caractère. En plus de cela,
elle refuse catégoriquement de se convertir à l’Islam; et pour finir,
elle est têtue comme une mule et très orgueilleuse. Maintenant son règne
prendra fin.
Lolita
Mon mari m’a promis de mettre un terme
à sa relation adultérine et je le crois ; s’il ne voulait pas le
faire, il n’allait pas promettre. Vivement que ce soit vite fait ! Je ne
me vois pas rester dans un foyer polygamique. Impossible ! Je ne peux
pas partager mon homme. Il m’est trop précieux. Ce matin, j’ai retrouvé
sa chaleur qui m’avait tant manqué. Lorsque je pleurais, il m’a pris
dans ses bras et je me suis lovée dans le creux de son épaule, il m'a
serrée contre lui. Dans notre silence à nous, j'ai juste senti sa main
se poser avec assurance sur la mienne. Un long effleurement, d'une
infinie douceur, plus bouleversant et plus romantique que la plus intime
des caresses. C’est à ce moment là que je l’ai supplié de mettre un
terme à son infidélité. J’ai senti de l’hésitation dans son regard mais
il a très vite fait son choix ; et ce choix, c’était moi. Adéline
m’avait dit que les conséquences corrigent mieux que les conseils ; elle
avait raison. J’avais même la tête où ? Heureusement que j’ai recouvré à
temps mes esprits ; pourvu que Issifou rompe avec cette fille ! Mais
comme il me l’a promis, il va le faire ; Issifou tient toujours ses
promesses. Ouf, j’ai eu chaud !
Kadessa
J’ai demandé à
Issifou de plutôt passer chez moi parce que je ne me sentais pas bien.
Je voulais qu’il m’emmène à l’hôpital mais ce matin il m’a dit être
occupé. Je me lève et je fais l’effort de prendre un bain ; je me rends
dans un centre de santé très proche de notre domicile. Un test d’urine
m’est fait et cela s’est avéré positif ; je ne m’attendais pas à une
grossesse mais c’est tant mieux ; Issifou n’aura plus d’autre choix que
de prendre ses responsabilités. Le Médecin procède à une prise de sang
pour confirmer.
Si mon père apprend que j’ai fait l’amour avec
Issifou alors qu’il ne m’a pas encore épousé, je m’imagine sa colère. En
effet, mon père est très strict.
Le soir comme convenu, Issifou se pointe chez moi ; je note un certain embarras et je le questionne :
- Dis chéri, tout va bien ?
- Oui ça va ; tu te sens mieux ?
- Oui, comme je t’en avais parlé, je suis allée à l’hôpital ;
- Rien de grave j’espère ;
- Non, au contraire ; attends-moi un instant, s’il te plaît, chocolat de mon gâteau.
Cette expression fait sourire Issifou ; je le taquine :
- Pourquoi tu souris ? N’es-tu pas le chocolat de mon gâteau ?
- Arrête tes plaisanteries, Kade.
Je le laisse sur place et je vais chercher les résultats de mon test de
prise de sang. Revenu vers lui, je le lui tends ; il prend et lit puis
fronce le visage :
- Tu es enceinte, Kade ?
- Oui mon chéri ;
- Et c’est moi l’auteur ?
Sa question m’offense mais je fais l’effort de lui répondre avec amabilité :
- Bien sûr que c’est toi l’auteur.
Issifou émet un long soupir. Je reste muette. Je ne lui pose aucune
question ; je lui sers à boire mais il refuse ; il reste pensif un
instant puis demande à partir ; je ne le retiens pas.
J’ai
bien compris qu’Issifou est déçu et embarrassé ; mais il devra s’y
faire. D’ailleurs cela ne fera que hâter notre mariage. Ma mère a déjà
d’ailleurs informé sa mère sans attendre les résultats médicaux ; elle
était sûre que je portais une grossesse.
Issifou
Je démarre
rapidement ma voiture et je m’éloigne de la maison de Kadessa avant de
m’arrêter ; j’éteins le moteur pour bien réfléchir ; pour une surprise,
c’en est vraiment une. Kadessa enceinte ! Mon Dieu, je ne me suis pas
protégé ; ce soir-là, j’ai bien pensé à le faire ; mais je n’avais
jamais prévu une telle situation alors je n’ai pas de préservatif chez
moi. Le désir était trop fort car depuis le départ de Lolita, j’étais en
mode sevrage. Oh chair ! Pourquoi es-tu si faible ?
Comment
vais-je gérer cette nouvelle situation ? Est-il juste de rompre avec
elle, la laissant mère célibataire ? J’avoue que je n’ai pas su me
retenir. Oh Lolita ! Elle va trop souffrir de cette situation. J’ai bien
vu comment elle a pleuré ce matin ! Heureusement que je lui ai dit la
vérité ; si j’avais menti qu’il n’y avait aucune autre femme, comment
lui annoncerais-je maintenant la grossesse de Kadessa ? Même si c’était
difficile pour moi, je lui ai promis de cesser de voir Kadessa mais
cette grossesse change tout ; je ne veux pas être injuste ; j’ai péché
en fornicant avec Kadessa et je dois l’assumer.
La sonnerie de mon téléphone vient perturber le cours de mes pensées. Je regarde l’écran : c’est ma mère.
- Allo maman ;
- Issifou, pourrais-tu passer me voir aujourd’hui ?
- Non, maman, sûrement demain mais pas aujourd’hui.
- Pourquoi ? Tu as un programme aujourd’hui ?
- Je suis juste fatigué maman,
- Si c’est la fatigue mon fils, alors moi je vais me déplacer vers toi.
- Non maman, je ne veux pas que tu viennes ;
- Pourquoi ?
- Je ne veux plus d’histoires entre toi et ma femme ;
- Hum ; à cause de ta femme, je ne vais plus venir chez toi ? Tchrr ; A bientôt.
Elle raccroche. Que peut-elle bien avoir à me dire qui lui tient tant à cœur ?
Darius
J’attends Adeline depuis trente minutes ; elle n’est pas en retard,
c’est moi qui suis arrivé en avance ; chaque fois que je dois voir cette
fille, je m’empresse toujours. Elle est la seule qui ait réussi à
m’emballer après Darla ; toutes les autres, pffff !
J’ai bien
réfléchi et j’ai décidé de l’aider ; cela me fait mal car dès que son
fiancé sortira, je n’aurai plus aucune chance ; mais, il me faut
encourager une si brave femme et espérer que Dieu m’en donne une qui
lui ressemble. En plus, à quoi sert d’avoir de l’argent si on ne peut
aider son prochain ? Ma mère me répétait souvent que la seule perfection
qui soit, c’est d’aider les autres. De plus, ne dit-on pas qu’après le
verbe aimer, le verbe aider est le second plus beau verbe du monde ?
La voilà qui s’avance majestueuse ; son caractère rend encore plus
éclatant sa beauté ; pourquoi ne peut-elle être à moi ? Néanmoins, je ne
vais pas changer d’avis.
Lorsqu’après les échanges de salutation,
j’ai fait savoir à Adéline que je lui prêterai cet argent, elle ne s’en
revenait pas ; elle a coulé des larmes de joie ; j’avais déjà apprêté le
chèque de vingt-trois millions, somme qu’elle m’avait demandé. Sa
réaction est euphorique ; un large sourire s’est déssiné sur son visage
le rendant encore plus radieux. Elle s’exclame :
- Dieu te le rendra Darius, merci infiniment, je cours de ce pas à la banque chercher l’argent.
- Bien, bonne chance avec ton gars Adeline ; j’espère qu’il connaît la valeur de la perle que tu es ;
- C’est un amour Darius ; je l’aime beaucoup. Dès sa sortie, je l’emmène te remercier.
- Non, ce serait un supplice pour moi. Je ne veux pas le rencontrer. Je
vais faire un immense effort pour ne plus te déranger Adeline ; quand
tu seras prête pour le remboursement, fais-moi signe ; et si un jour ton
fiancé déconnait, pense à moi. Je t’apprécie sincèrement.
-
Merci Darius mais je préfère que tu ouvres ton cœur afin qu’une autre
femme vienne s’y introduire car mon Wilson ne déconnera pas ; c’est un
homme bien ;
- Trève de bavardage ; allez, va à la banque.
Adeline sort du bar avec vitesse. Cela se voit qu’elle est très heureuse. Bonne chance à elle.
Adeline
Dieu Merci, tu es trop bon ! C’est la phrase que je me répétais dans
mon cœur jusqu’à arriver à la banque. Comme c’est Samedi, il y avait du
monde mais cela ne me dérange guère ; j’attendrai le temps nécessaire ;
je ne reviendrai pas lundi car il me faut retirer cette somme
aujourd’hui.
Lorsque c’est mon tour de passer à la caisse, l’on
me demande de patienter deux minutes, le temps que l’on passe un coup
de fil à Darius ; quand le montant est élevé, c’est la procédure.
Après que Darius ait confirmé la transaction, l’on m’invite dans une salle où j’étais seule avec le payeur.
Mes yeux pétillent quand le caissier insère l’argent dans la compteuse de billets. Je n’arrive pas à le croire.
A suivre............