Voilée

Write by debo rah


Chapitre 5 page 1

Point de vue Saïd 


Cette fois je l’ai tué, le connard que je suis a finalement détruit sa vie . Le pire c’était quand le docteur m’a annoncé : mr Noma nous n’avons rien pu faire , elle était partie,elle n’a même pas voulu se battre pour notre enfant,et pour me punir elle l’a emporté avec elle. Pourtant il ne restait que quelques mois,quelques maudits mois pour qu’il vienne au monde . Mariam,tu as été mon rêve éveillé, quand arrêteras-tu de ne faire qu’à ta tête ? Quand ?


Point de vue Karim 


Ma femme est inconsolable, et moi encore plus. Je m’en veux énormément mais par dessus tout,ce soir, j’ôterai la vie de celui qui a pris celle de ma sœur. Je prendrai sa vie même si la tienne me reviendra pas . Et soudain mon téléphone sonne et c’est Oussmane ,mon meilleur ami.

Je décroche et c’est la première fois depuis quelques heures que je me mets à pleurer.


Oussmane : ne pleure pas, elle n’est pas morte . Vient me retrouver à L’hôpital Sèwa c’est une rue après chez moi . Dépêche toi.

Je ne savais plus ou me mettre je me dépêche et prend ma voiture en grillant tous les feux rouges. J’étais comme possédé.

J’arrive et je le voit juste à l’entrée de sa voiture entrain de s’impatienter.


Moi : je suis là,ou est-elle ?


Oussmane  : elle va bien ,les médecins ont pu stoppé l’hémorragie . 


Moi: qu’est ce qui se passe,tu m’expliques ? Pourquoi t’ai avec elle et pourquoi tous le monde pense qu’elle est morte ?


Oussmane : j’étais dans le bureau de mon oncle,quand il a été appelé aux urgences . J’ai donc décidé de rentrer chez moi,c’est alors que dans le couloir de l’entrée j’ai aperçu Saïd . Alors là tout est aller très vite , j’ai foncé dans la salle d’urgence sans réfléchir, et je l’ai vu coucher plein de sang. Mon oncle m’hurlait de sortir et je l’ai supplier pour sa vie . Je suis resté dans la salle. Et dès qu’il m’a dit qu’elle était hors de danger je lui ai demandé de m’aider à la sortir de cet enfer . Il n’a pas hésité parce que sa mère était morte en couche suite aux agressions physiques portées par son père à son égard. C’est alors qu’il est sorti lui annoncer qu’elle était morte . On a dû remplacer son corps par celui d’une femme qui n’avait pas de famille .


Moi:...


Comme toute réponse je pris mon meilleur ami dans les bras , reconnaissant de son geste envers ma sœur. 

Oussmane : Je te propose de la loger dans ma maison à Perpignan. Elle pourra être tranquille là bas,et ton neveu pourra naître en toute sécurité. 


Moi: Tu l’aime n’est-ce pas ?


Oussmane : tu sais que je n’ai jamais cessé de l’aimer.

Moi: Alors fais le ,emmène là avec toi , demain j’irai faire un virement sur son compte . Partez dès demain matin, c’est plus sûr.


Oussmane  : Vient, tu pourras lui parler.

C’est alors que je le suis à l’intérieur de cet hôpital qui selon Oussmane était le 2 eme hôpital de son oncle .

Elle était couché,le front cousu et le teint livide . J’avais à peine effleuré ses doigts qu’elle ouvrait déjà les yeux pour laisser échapper quelques larmes.

Aujourd’hui je me devais de lui dire la vérité sur notre père,elle avait le droit de savoir.


Moi : Il faut que tu parte demain avec Oussmane sur la France. Il a proposé de te loger dans sa maison à Perpignan, en Provence. Tu pourras y être tranquille et en sécurité.


Mariam : je ne veux pas passer toute ma vie à fuir , je dirai la vérité à nos parents .


Moi : non surtout pas,maintenant que tous te pensent morte ,non . Notre père n’est pas qui tu crois.


Mariam : comment ça dit-elle faiblement.

 

Moi: C’est le chef de Saïd, il n’a jamais été avocat, il a toujours menti à notre mère et le père de Saïd également. Voilà pourquoi personne ne va te soutenir, tu dois partir.


Mariam : Et toi ? 


Moi: Comment peux tu arriver à te préoccuper de moi dans cet état ? Pourquoi es tu si pure ,pourquoi ?


Mariam : tu es mon frère,je ne veux pas te perdre .


Moi: on viendra avec Alima dans un mois ,si on part toute suite ça va attirer les soupçons.


Mariam : j’ai besoin de mes affaires,mes documents d’identités sont chez toi,je l’ai ai laissé dans un des tiroirs de la table basse au chevet du lit . Fais attention à toi.


Moi: Tu les auras pour demain matin, je vais aussi te virer 5000 euros sur ton compte principal. 


Mariam : Es-tu aussi dans le cartel ? 


Moi: si je les quitte , ma femme sera tué.


Mariam : Mais c’est notre père comment peut-il faire ça ?


Moi : Il se le permettra parce que nous ne sommes pas ses enfants. Nous avions 5 et 3 ans quand notre mère s’est remariée.

Elle devenait de plus en plus pâle,ça fait trop de nouvelles d’un coup et j’avais peur de continuer. Elle se mets à pleurer,j’aurais tout donner pour éviter ce jour,hélas il fallait qu’elle sache .

Je sors de la chambre d’hôpital et confie sa surveillance à Oussmane.

J’arrive chez moi et ma sœur est toujours en larmes mais je ne pouvais pas lui dire qu’elle était en vie c’était trop dangereux.

Je monte chercher ses documents et ressort en prenant soin de vérifier si je n’étais pas suivi .

A mon arrivée elle dormait,je laisse tous les documents à Oussmane et lui remets deux billets d’avion pour eux .

Moi: je ne sais pas comment te remercier, tu risque ta vie pour elle.


Oussmane : tu me l’a confié et je suis déjà gracié par cette confiance que tu me donne .


Moi: on ne pourra que s’envoyer des messages codés ,pas d’appels, il te faudra faire très attention là bas , mais je sais qu’on n’a pas de planque en Provence,il faudra éviter les grandes villes comme Paris ,Lyon ,Bordeaux,Nice et surtout Marseille. J’ai conscience du sacrifice que tu fais ,es-tu sûr de pouvoir l’assumer ?


Oussmane : Pour elle,j’assumerais tout et je prendrais des agents de sécurité . Ne t’inquiète pas.

Je le prends une dernière fois dans mes bras et repars vers la chambre d’hôpital de ma sœur.

Je dépose une petite lettre à son chevet,et lui embrasse le front ,avant de rebrousser chemin.


Point de vue Mariam 


Il était 6h du matin quand Oussmane vient me réveiller pour le grand départ.

Nous étions en route pour l’aéroport de Cotonou quand il me tend la lettre de Karim.


Petite soeur, 

Si tu lis ceci tu serais alors réveillé et prête à partir.

Tu m’as montré la voie. Seul, j’ai marché longtemps et maintenant il y a comme de l’eau dans mes yeux. Ton courage, ton obstination m’ont insufflé la force et le désir de courir après mes rêves. Ces rêves ne sont pas les meilleurs. Ni les plus grands, ni les plus beaux, mais ils sont miens. Tu m’as fait comprendre qu’il faut essayer de trouver le meilleur des compromis pour soi-même au lieu de courir après un vain idéal. Tu m’a appris qu’il faut se focaliser sur nos forces et non nos faiblesses. Qu’il faut composer au mieux avec le temps imparti ici bas.

Petite sœur, tu m’a appris que c’est compliqué de nager à contre-courant. De se battre contre ses propres démons, contre ses peurs, contre soi. On est si imparfait, on fait tant d’erreurs. Mais on apprend. Mais on comprend. Et on accepte cette vérité. On sèche nos larmes et on avance.

Petite sœur, sur le ring de la vie, on ne t’a pas fait de cadeaux. On t’a mis au tapis plusieurs fois. Mais toi, tu te relevais. Encore et encore. Tu rendais coups sur coups. Je t’imaginais toujours, regardant avec hargne face à la fatalité qui te mettait à genoux et ressortant un “I will be back” digne du meilleur de Terminator.

Petite soeur, ton adversaire était impitoyable, méthodique, patient. Tu savais que tu allais perdre mais tu as résisté malgré tous les pronostiques les plus fatalistes. Et cette résistance signifiait pour toi accepter ces petites joies qui nous paraissent si insignifiantes. Tu pouvais rayonner pour un rien alors que l’on se lamente au quotidien. C’est pas juste, aurait dit Titeuf. En effet, il n’y avait pas de justice à te voir vivre ce mariage d’enfer. Mais tu trouvais encore la force de sourire. Tu trouvais encore la force de me sourire.

J’espérais te serrer une dernière fois dans mes bras. J’espérais te parler de mes dernières et prochaines aventures, te dire que je t’aime.

Te souviens-tu, petite soeur, de la douceur de nos printemps.

De nos courses poursuites, de nos fous rires, de nos parties de cache cache dans les champs ouverts à tous vents ?

Derrière les frêles arbustes dans le jardin, on se disputait souvent alors, toi et moi, pour un tout, pour un rien.

On tramait des complots invraisemblables pour retenir les rayons du soleil.

J’aurai rêvé, petite soeur, de faire ce voyage avec toi.

 

Main dans la main, riant de tes maux

Mais mon cœur s’est tû parce que je t’abandonne une fois de plus .

Petite soeur, j’aurai du te dire plus souvent que je t’aime.

Je t’aime ma sœur .

Karim 


Une larme perlait sur ma joue droite ,et je remarque que nous étions déjà arrivé à l’aéroport.

En prenant les marches de l’avion,voilée aux côtés d’Oussmane ,pour la première fois depuis la nuit dernière,j’ose un regard vers lui ,cet homme qui m’avait juré durant notre enfance de m’épouser.

Il me tient la main fermement et nous suivons l’hôtesse qui nous installe dans nos sièges. C’est alors que je lui dis :


Moi: Merci Oussmane , j’espère qu’un jour tu trouveras une femme à la hauteur de ta bonté.


Lui: De rien princesse,dit-il en me caressant la joue ,par contre j’ai déjà trouvé cette femme.


Moi: c’est une excellente nouvelle mon vieux.


Lui : par contre je ne suis pas si vieux dit-il il en riant de bon cœur.

Je jette un coup d’œil à l’assemblée de nuage qui s’offrait à mon regard de par la petite vue que j’avais en espérant que ce voyage m’éloigne définitivement de tout ce que j’ai connu . 

MARIAM 2