XXII

Write by Les petits papiers de M

Philo

En me réveillant, l’horloge me révèle que j’ai à peine dormi. Il est un peu plus de six heures. Je reste là à fixer le plafond alors que toutes mes découvertes de la veille me remontent à l’esprit. J’ai décidé de me venger. Purement et simplement. Il est hors de question que je me laisse une fois de plus piétiner. Philo la molle comme ma Caro aime tant m’appeler vient de mourir. Ils ne sont pas prêts pour ce que je leur réserve.

A son réveil, j’aide Romain à prendre son bain et lui donne son petit déjeuner avant  le passage de l’équipe médicale pour ses soins.

-         Je suis bien triste d’être allongé là alors qu’on vient à peine de se retrouver

-         Ah bon, pourquoi ?

-         On devrait être en train de profiter de quelques jours juste tous les deux

-         Rétablis-toi. Il n’est jamais trop tard pour bien faire les choses

-         Tu as raison. Merci pour ta sollicitude, ma chérie. Dis-moi, tu n’aurais pas vu mon téléphone ?

-         J’allais te poser la même question. Quand je suis allée prendre tes affaires hier, je ne l’ai pas trouvé. Tu l’as laissé au bureau ?

-         Je ne crois pas. Je me souviens être rentré à la maison avec

-         Je l’ai pourtant appelé en vain. Ça n’a même pas sonné. Je vais jeter un coup d’œil dans ta voiture quand je vais rentrer

-         J’espère que je ne l’ai pas perdu. Je n’ai aucune envie de dépenser des centaines de mille pour un nouveau téléphone

-         J’y vais. Je vais repasser ce soir avec les enfants sauf si je trouve ton téléphone avant. Essaie de te reposer

Toute la journée j’ai attendu l’appel de cette Queenie. Mais il faut croire que son message ne contenait que des menaces vaines. J’ai donc décidé de prendre les choses en main en me rendant sur place.

   

Rachelle

Il est bientôt 17h et aucune nouvelle de Romain. Il pense vraiment qu’il est en position de s’engager dans un bras de fer avec moi ? À moins qu’il veuille divorcer de sa femme et donc n’en a rien à foutre qu’elle sache ou non la vérité. J’en suis là de mes réflexions quand je vois Serges toquer à la porte de mon bureau. J’ai le choc de ma vie en voyant apparaître derrière lui Philomène.

-         Serges : je te promets que j’ai essayé de l’en empêcher. Mais elle a juré faire un scandale si je ne l’amenais pas directement chez toi

Je n’ai pas osé lui demandé s’il lui avait fait traverser le harem. Il est rapidement ressorti en fermant la porte, nous laissant seules à nous jauger du regard pendant de longues minutes. Je réalise qu’en dehors des photos, c’est la première fois que je la vois d’aussi près. La première règle de ma relation avec Romain a été que je reste le plus loin possible de sa femme. Elle ne devait jamais soupçonner mon existence. Si j’ai autant duré à ses côtés c’est parce que de toutes celles avec qui je l’ai partagé au fil des ans, je suis la seule à avoir scrupuleusement respecté cela. Je me demande même comment j’y suis parvenue. Il a de la chance. Elle est vraiment magnifique et les années l’ont plutôt embellie. Me connait-elle ? Pourquoi est-elle ici ? Je ne sais pas grand-chose d’elle en dehors de sa gentillesse et de sa pudeur au lit. Mais cela ne répond pas à ma question. Que fait-elle ici ?

-         Bonsoir Queenie. Je peux m’asseoir ?

Elle m’appelle Queenie. A quel point est-elle au courant de nos activités ? Romain lui a-t-il tout dit ? Je devrais l’appeler

-         Bien sûr. Pardonnez mon impolitesse. Je dois passer un coup de fil rapidement. Je vais envoyer quelqu’un s’occuper de vous pendant ce temps

-         (déposant un téléphone sur la table) si c’est mon mari que vous pensez appeler, c’est inutile. Son téléphone est avec moi

-         (me rasseyant) ok

-         J’ai cru comprendre à travers vos échanges, que vous êtes l’associée de mon mari dans cette affaire dont j’ignore tout depuis de longues années. Je ne suis pas là pour faire des histoires. Je veux juste les pièces manquantes à mon puzzle. Etant donné le coup bas qu’il s’apprête à vous faire, je suis sure que nous pouvons toutes les deux trouver un terrain d’entente. Qu’en pensez-vous ?

-         (prudente) et qu’est-ce que vous savez exactement ?

-         Que mon mari me dissimule sa double vie et qu’il fréquente assidument mon ex fille Bella qui rêve de devenir la reine de cet endroit. Je me trompe ?

C’est ce moment que choisis Lina pour faire son entrée accompagnée de l’une des filles habillée très légèrement dans une des nouvelles tenues que nous avons commandées pour le harem.

-         Désolée, je ne savais pas que tu étais occupée. Alors qu’est-ce que tu en penses ? nos clients vont mourir de désir de...

A défaut d’avoir remarqué les gros yeux que je lui faisais, elle finit par être stoppée dans son élan par le regard surpris et choqué de Philomène qui va d’elle, à moi et à la tenue inexistante de la fille qui l’accompagne. Elle congédie elle-même celle qui l’accompagnait avant de fermer ma porte à clé et de nous rejoindre.

-         L’impératrice, mais qu’est-ce que vous faites ici ?

-         C’est une maison de prostituées ?

Je crois que c’est à ce moment qu’elle réalise la déco fraichement refaite de mon bureau où sont exposées quelques photos de nus artistiques dont une de moi-même. Lina et moi échangeons un regard mais personne ne lui répond pour autant, ce qui a le don de l’énerver.

-         Est-ce que vous allez arrêter de me prendre pour une idiote et répondre à mes questions ?

-         Lina : oui tanti. Mais ce n’est pas exactement ce que vous croyez.

Elle essaye avec les mots les plus justes possibles de lui expliquer la vision derrière le harem.

-         Donc le restaurant à côté vous appartient ou pas ?

-         Moi : il nous appartient également. C’est juste pour ceux qui ne sont pas des habitués de la maison. comme une façade politiquement correcte

-         A quel point Romain est-il impliqué ?

-         Nous sommes tous deux les fondateurs. Nous avons commencé à Lomé quand il était étudiant. C’est quand votre relation est devenue sérieuse qu’il a décidé de s’installer ici

-         Donc si je comprends bien, Lina tu bosses ici ?

-         Oui tanti

-         Et Bella aussi ?

-         Oui

-         Donc tu étais au courant de leur relation et de ce qu’elle faisait de ses nuits ? et tu me laissais te la confier comme à une grande sœur alors que c’est sur un tel chemin que tu l’entrainais ? mais qu’est ce qui n’a pas marché avec toi ?

-         Tanti…

-         Laisse tomber. Ce n’est plus l’important aujourd’hui. Vous avez réussi ce que vous visiez. Puisqu’ils veulent être ensemble, je vais leur céder la place pour qu’ils puissent se marier et vivre leur amour au grand jour.

-         Moi : vous allez briser votre mariage pour cette fille-là ?

-         Parce que pour vous ce n’est pas suffisant de découvrir que son mari est un proxénète qui couche avec la fille qu’il a élevée ? sans compter toutes les autres cochonneries qui se passent depuis plus de dix ans derrière ces murs ?

-         Je n’essaye pas forcement de le défendre, mais vous devez comprendre que le boulot fait partie de Romain. Cela ne l’a pas empêché d’être un bon père et un bon mari durant toutes ces années. Il vous aime. Il n’essayait que de vous protéger en vous cachant la vérité toutes ces années. Vous devrez penser à reconsidérer votre position.

-         Ma décision est prise. Je vous recontacterai incessamment. J’espère que vous serez disposée à m’aider

-         Je ne veux pas ajouter à votre désarroi. Mais si vous attendez de moi que je vous fournisse des preuves contre Romain, c’est non

-         C’est ce qu’on verra

-         Écoutez Philomène, je ne peux qu’imaginer ce que vous traversez. Mais avant de céder à la colère, je vous demande de penser à votre vie avant le chaos causé par Bella. J’ignore où se trouve Romain. Mais je vous en prie, trouvez votre mari et discutez en avec lui avant de tout gâcher. Je comprends que vous nous trouviez dégoûtants et immoraux. Mais, pensez-y

-         Lina : tanti, le Padre n’a jamais voulu coucher avec Bella. Il ne savait pas que c’était elle quand c’est arrivé.

-         N’essayez pas de me mentir pour le défendre. Quand je les ai découverts en train de s’envoyer en l’air dans ma maison, il ne le savait pas ? tous ces mois où il l’a assidument fréquentée, là aussi c’était contre son gré ?

-         Lina : elle lui donne quelque chose. Disons qu’il est sous une emprise qui n’est pas tout à fait naturelle qui renforce son attachement chaque fois qu’il couche avec elle. Je suis désolée de vous le dire comme ça mais il existe beaucoup de choses dans le monde que nous fréquentons

-         Je mesure à quel point vous êtes prêtes à tout pour sauver la tête de votre boss. N’importe quoi !

-         Moi : écoutez, vous avez dit vous-même que Bella rêve de devenir la reine de cet endroit. S’il y a bien quelqu’un dont les intérêts sont menacés ici, c’est moi. J’ai mis ma vie dans ce business. J’ai sacrifié plus de choses que vous ne pouvez imaginer. Romain ignore tout de cette histoire parce qu’il n’a jamais voulu entendre raison au sujet de cette fille. Maintenant, il est sur le point de lui donner des parts dans cette entreprise parce qu’elle porterait son enfant.

-         Quoi ??!!

C’est son expression qui me fait réaliser l’énormité de la bourde que je viens de commettre.

-         Bella est enceinte de Romain ? et j’imagine que vous allez aussi me dire que ce sont les effets secondaires du gris-gris qu’elle lui a fait ?

Ni moi, ni Lina n’avons su quoi lui répondre. Cette histoire prend des proportions vraiment terribles. J’espère que cela ne nuira pas à nos affaires parce qu’il n’y a pas pire danger qu’une femme en colère.

 

Philo

Je suis écœurée par ce que je viens de découvrir. Je n’ai jamais imaginé durant toutes ces années que mon mari pouvait être adepte de pratiques aussi dégradantes. Un homme pieux et actif à l’Eglise, un modèle de père et de mari qui n’est en réalité qu’un immonde hypocrite. En repartant vers la sortie, Lina me fait passer par un chemin différent de celui que j’avais emprunté. Nous traversons un couloir dont les portes sont remplies de photos de filles quasiment nues avant de rencontrer des filles dont la plupart sont en tenues outrageusement sexy et légères. En sortant du hall de réception, c’est avec Bella que je me retrouve nez à nez. Je ne compte plus le nombre de fois où je l’ai suppliée de me dire où elle vivait dans Cotonou, comment je m’inquiétais pour elle. Je la fixe du regard quelques secondes avant de la dépasser sans rien ajouter et de rentrer chez moi. Ma colère est bien trop grande. Mais je ne vais pas pour autant agir de façon inconsidérée. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Je récupère les enfants pour les emmener passer du temps avec leur père à l’hôpital. Ce soir je vais dormir à la maison. Je ne veux pas prendre le risque de laisser ma colère prendre le dessus si je me retrouvais seule avec lui. J’ai besoin de temps pour fouiller tranquillement son téléphone et mettre mon plan sur pieds avant qu’il ne sorte de l’hôpital. Il m’a déjà demandé de lui acheter un nouveau téléphone. Je dois agir rapidement avant qu’il ne soit à nouveau joignable.

Le lundi, à la première heure, je suis en rendez-vous avec maître Mariette SOTCHENOU. Si tu tiens vraiment à sortir d’un mariage dans ce pays, elle est la personne à avoir dans son équipe, dixit Linette dont c’est une promotionnaire. Je sais qu’elle saura faire preuve de discrétion parce que je n’ai pas l’intention d’y mêler nos familles. Sauf si Romain a envie que tout le monde soit au courant de sa double vie.

-         Alors, madame GBEDJI, dites-moi tout

-         Je veux divorcer

-         Ça, je l’avais bien compris à travers notre appel d’hier

-         Dans ce cas dites-moi ce qu’il y a à faire. Je veux que cela aille vite et que je sois libérée au plus tôt de ce mariage

-         Je vois. J’imagine que la dernière fois que vous étiez aussi hâtive, c’était pour votre mariage ? dites-moi, comment vous vous sentiez ce jour-là ?

-         Pourquoi vous me parlez de mon mariage ? je ne comprends pas.

-         Laissez-moi vous expliquer quelque chose. Les choix faits avec émotion ne sont pas toujours les plus avisés. Je suis moi-même mariée et donc parfaitement consciente des défis que peut rencontrer un mariage. Je suis la meilleure dans mon domaine. Si j’accepte votre dossier, vous divorcerez. Vous pouvez en être certaine. Mais je préfère vous dire que mes méthodes sont violentes et que je ne recule devant rien. Êtes-vous prête à écraser les bons souvenirs, les moments de joie et de complicités de plus de dix ans de mariage pour votre liberté ? A déterrer tous les morts enfouis dans les placards ? A livrer le pire de votre mari et exposer toutes les choses cachées de votre couple ?

-         Il n’y a pas moyen de faire les choses de façon plus discrète ?

-         Certainement. Mais j’ai cru comprendre qu’un divorce à l’amiable vous ferait perdre une partie de vos biens

-         En effet. Et je ne veux surtout pas les lui laisser.

-         Raison de plus. Ce à quoi vous devez donc vous attendre, c’est divorcer sans aucune discrétion. Il faudra exposer de la façon la plus claire possible les faits probants des torts qui vous ont été causés. Alors, dites-moi, pourquoi voulez-vous divorcer ?

-         

-         Il vous bat ?

-         Non

-         S’il y a bien une personne à qui vous devez dire toute la vérité, c’est votre avocat Philomène. Je dois tout savoir

-         Il me trompe

-         Et ?

-         Ce n’est pas une raison suffisante ?

-         L’est-elle pour vous ? il s’agit de votre divorce et de ce que vous jugez acceptable ou non. Si c’est cela la raison pour laquelle vous voulez divorcer, soit ! avez-vous des preuves ?

-         J’ai son téléphone où ils échangent des messages

-         Un bon avocat pourrait démonter cet argument très rapidement. Les messages ne sont que des intentions. Nous avons besoin d’un flagrant délit. Compte tenu des enjeux de ce divorce en particulier

-         (me mettant subitement à pleurer sans raisons) je connais cet homme depuis que j’étais sur le campus. Ça nous fait quoi ? quinze ans ensemble ? et je découvre que l’homme dont je partage la vie, dont je crois tout connaître est un proxénète. Il a une maison de prostitution de luxe. Il se lève chaque dimanche et va enseigner la morale à des groupes de jeunes alors qu’il est le pire des hypocrites. Et le comble, il me trompe avec ma fille adoptive. Cet enfant que nous avons élevé ensemble ! il l’a mise enceinte. Et maintenant il cherche à lui construire un patrimoine en lui léguant des parts de son bordel. Et pendant ce temps, j’étais là comme une conne, me souciant de l’un comme de l’autre alors qu’ils se foutaient de moi ! vous savez comment ils me surnomment, Philo la prude, la sainte vierge. Il m’a regardé droit dans les yeux en me laissant croire que cette histoire n’avait jamais existé. Que c’était une erreur. Et sa mère ! elle me regardait chaque jour en souriant alors que dans mon dos, elle creusait ma tombe

Je crois que pendant plus d’une demi-heure, j’ai déversé ma bile sur la pauvre avocate. Elle m’a écoutée calmement en prenant des notes après m’avoir passé un carton de mouchoirs.

-         L’aspect sur lequel on pourrait l’attaquer n’est pas son infidélité. Ce serait plutôt l’abus de confiance, l’atteinte aux mœurs et même le fait qu’il vous ait caché ses activités immorales et contraires aux mœurs au moment du mariage. Et bien sûr mentionner l’infidélité en arrière-plan. Mais je dois vous dire que le boulot est un établissement qui a pignon sur rue dans le monde de la nuit. Votre mari a parfaitement su conserver son anonymat et travailler avec discrétion toutes ces années. Il n’y a que son associée qui était connue. Divorcer pour ce motif, si nous arrivons à apporter les preuves nécessaires, dévoilera son identité à la face du monde. Êtes-vous prête pour cette exposition sachant que vous avez des enfants et que votre famille est un modèle pour votre communauté ? c’est à cela que je voudrais que vous réfléchissiez d’ici notre prochain rendez-vous, lundi. Pendant ce temps je vais commencer à monter mon dossier.

-         Vous connaissez le boulot ?!

-         On a tous nos petits secrets

Je suis sortie de son bureau abasourdie. Dans quel monde suis-je donc pour n’avoir rien vu ou soupçonné toutes ces années ? Je ne sais plus où j’en suis. Je m’assois quelques minutes sur l’un des bancs publics devant les bureaux de l’avocate. Finalement j’appelle ma mère.

-         Maman, j’ai besoin de toi

-         Depuis quand tu fais bébé toi ?

-         (riant pour masquer mon désarroi) tu pourrais me garder les enfants quelques jours ? je vais laisser un de nos véhicules avec vous pour que votre chauffeur puisse les emmener au cours et pour les activités extra scolaires

-         Il y a un problème ?

-         Non, non. Je t’ai dit que Romain est souffrant non, je veux lui ménager un peu de temps de repos à la maison. il lui faut du calme

-         Ok. tu les amène quand ?

-         A la sortie des cours. Je vais de ce pas préparer leurs sacs.

Je suis d’abord passée à la boutique de Tokpa donner des consignes à mon assistante. Ensuite je suis rentrée faire nos valises à tête reposée et c’est avec elle dans la voiture que je suis allée déposer les enfants, avant de m’en aller. J’ai pris maman en aparté quelques minutes dans sa chambre pour lui faire part de la situation.

-         Comment tu as pu traverser tout cela sans m’en parler Philo ?

-         Je croyais pouvoir faire confiance à ma Caro

-         (respirant un grand coup) le séjour du tronc d’arbre dans l’eau ne l’a jamais changé en caïman. Je t’ai dit que cette dame était dangereuse. Elle t’a toujours clairement montré son mépris

-         J’ai bien appris la leçon maman. J’ai tellement mal

-         (me prenant dans ses bras) je sais ma chérie, je sais. Mais il y a de ces moments-là dans la vie d’une femme où elle est soumise à de rudes épreuves. C’est comme une tempête, ça passera. Que comptes-tu faire maintenant ?

-         Je vais disparaître quelques jours. Mais c’est à toi seule que je le dis. Quoi qu’il arrive, garde ça pour toi. Lorsque je serai arrivée je te donnerai un numéro où me joindre parce que le mien sera éteint.

Après un petit moment avec les enfants, je suis partie en taxi vers une destination dont moi-même je ne savais rien.

   

Bella

Le regard que m’a lancé ya Philo veut tout dire. Elle sait. Et sa présence au boulot, aux côtés de Lina prouve qu’elle sait vraiment tout. Je n’ose pas imaginer le cataclysme que cela a dû causer chez eux. Est-ce la raison de la disparition de Romain ? C’est avec fébrilité que j’ai tenté plusieurs fois de joindre son numéro : en vain. Je n’ose même pas me pointer devant Lina pour lui poser des questions. Mais où est passé Romain bon sang !

En entrant dans son bureau je m’aperçois que rien n’a bougé. L’enveloppe que j’avais laissée sur le bureau y est toujours. Je l’ouvre pour voir de quoi il s’agit et là, j’ai le choc de ma vie. Sur un post-it collé sur la première feuille, le notaire avait laissé quelques mots.

« Voici quelques arrangements qui peuvent être faits dans l’intérêt de l’enfant que porte Mlle Bakwo. Je vous prie de me rappeler au plus tôt pour que nous puissions finaliser les contrats »

Romain m’aime au point de penser à me léguer des biens ? Oh mon Dieu ! C’est donc ça qu’a découvert l’impératrice ? Cela veut dire que… Romain assume entièrement notre relation ! Je me sens si merveilleusement émue. Je me lève et effectue une petite danse de la victoire avant de m’asseoir dans son fauteuil et de lire attentivement le document. Malheureusement il y a de nombreux termes techniques et le niveau du français utilisé ne me facilite pas non plus la tâche. Mais le plus important à retenir dans tout ça, c’est que j’aurai une part du Boulot si je suis enceinte. Et là, pas de bébé. Qu’est qui a même pu lui faire croire que je suis enceinte ? Je prends plus d’une heure enfermée dans le bureau de Romain, à essayer de le joindre et à réfléchir à un moyen de tourner tout ça à mon avantage. Je crois que je vais lui laisser croire que je suis enceinte jusqu’à ce qu’il signe ce document. Ensuite j’aviserai.

En désespoir de cause, je finis par appeler Ma Caro qui m’annonce que Romain est hospitalisé et a perdu son téléphone. Et moi qui m’étais imaginé plein de trucs. Si ça se trouve, il n’est encore au courant de rien.

 

Romain

En rentrant ce soir, je me sentais en forme. Prêt à reprendre ma vie en main et à corriger mes erreurs avec Philo. Sauf que là, nulle trace de Philo où que ce soit et ses portables ne passent plus. En ne la voyant pas venir me chercher à la clinique, j’étais rentré en taxi avec ma Caro. Là, il est 23 heures et toujours pas de nouvelles.

-         Arrêtes de t’arracher les cheveux, c’est une adulte. Il ne lui est rien arrivé

-         C’est ma femme. depuis que je la connais, elle n’a strictement jamais disparu ne serait-ce que cinq minutes, sans avertir de sa position. Et d’ailleurs où sont les enfants ? quelqu’un est allé les chercher ?

Après avoir vérifié leurs chambres, j’ai appelé mes frères qui m’ont dit ne les avoir pas vus. J’avais le cœur au bord des lèvres quand ma belle-mère m’a assuré qu’ils allaient bien.

-         Mais comment sont-ils arrivés chez vous ?

-         Philo est passée les déposer ici avec leurs vêtements. Elle m’a demandé de les garder quelques jours parce que tu avais besoin de repos. Et elle a laissé la voiture ici. Il y a un souci ?

-         Non, non. Je m’inquiétais juste de ne pas la voir à la maison

-         Ah bon ? ça fait quand même un moment qu’elle est partie d’ici

-         Elle est sûrement à la boutique. Je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Bonne nuit maman

-         Bonne nuit Romain

Mon instinct me dit que quelque chose ne va pas. Où a-t-elle bien pu passer ? Ce n’est définitivement pas son genre de se comporter ainsi. Lui serait-il arrivé quelque chose ? Je me précipite vers mon téléphone qui sonne sous le regard moqueur de Ma Caro. Malheureusement ce n’est que Rachelle

-         Écoute Rachelle, je ne suis pas d’humeur à

-         Ta femme sait tout

-         Pardon ?

-         Philo, elle est au courant de tout

Je m’éloigne de ma mère et me dirige vers notre chambre parce que je ne peux définitivement pas avoir cette conversation près d’elle. Et c’est en me rendant dans notre dressing que je réalise une chose qui ne m’avait pas frappé tout à l’heure. Il manque une valise et le trolley de la série de bagages que j’ai offert l’an passé à Philo. Avant que toute cette histoire ne commence, je lui avais promis qu’on irait s’amouracher deux semaines rien que tous les deux loin du monde. Elle m’avait ri au nez. Et sur un coup de tête, je lui avais acheté cette série en signe de bonne foi. Et là, il manquait la plus petite des valises et le trolley. Le téléphone collé à l’oreille, j’ouvre ses placards et réalise l’absence de quelques vêtements.

-         Tu as raison. Ma femme sait tout et elle est partie.

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