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Ecrit par Annabelle Sara

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Vendredi soir, je suis assis sur la banquette en cuir d’un des snacks les plus en vue de la capitale. Je ne sais pas qu’elle heure il est, mais vu comment Hervé est avancé, il ne doit pas être plus de 22 heures. Je ne sais pas pourquoi ce gars s’entête à boire alors qu’il ne supporte pas l’alcool. Je plains la fille qui l’accompagne ce soir, elle devra surement jouer les boniches et nettoyer son vomi et l’aider à se laver dans la matinée.

Je sirotais mon verre de Jameson et je me demandais pourquoi j’avais accepté cette sortie avec les gars sachant que je n’avais pas trouvé une compagnie digne de ce nom ce soir. Mais me voici avec un pote à moitié saoul accompagné d’une fille qui se demandait ce qu’elle faisait là ; un autre qui normalement devrait être chez lui avec sa femme et leurs enfants mais qui se retrouvait ici avec une jeune demoiselle trop jeune pour avoir le droit de voter.

Je ne comprenais pas Franck et son habitude de ratisser les collèges et lycées !

Moi je ne suis pas du genre à mettre les mains dans le berceau, ma règle c’est si la fille n’est pas née avant mon entrée en sixième alors elle n’est pas dans la catégorie baisable, d’office.

J’ai 36 ans, je n’ai pas l’intention de me poser mais en dessous de 26 pour moi c’est comme un détournement de mineur.

Franck lui n’avait pas les mêmes scrupules que moi.

- Tu as au moins vérifié qu’elle est sortie avec sa carte scolaire ?, lui ai-je soufflé alors que la petite se déhanchait devant lui.

La canaille me fit un sourire carnassier. Quand je pense que j’ai assisté au mariage de ce bon à rien !

- Elle n’a pas besoin de carte avec moi mon frère ! Je suis son laissez-passer pour la nuit… Laissez-passer vers les choses interdites !

Il se mit à rire !

- J’espère que tu n’as pas dit à ta femme que nous étions ensemble, murmuré-je en portant mon verre à mes lèvres.

- Tu la connais, si je prononce ton nom elle pète un câble ! Tu n’es pas une bonne couverture mon pote ! Tu as une très mauvaise réputation et tu nous entraines dans la folie…

J’ai secoué ma tête, bien-sûr que j’ai une réputation ! Les femmes se soufflent le mot en disant qu’aucune ne devrait s’approcher de moi, mais alors elles sont comme des abeilles autour d’une fleur en pleine pollinisation. Les clins d’œil, les bisous à distance, les regards insistant, elles savent que je suis le chasseur donc ce qu’elles peuvent faire de mieux c’est de me tourner autour et attendre que je décide et choisissent dans quelle gamelle je vais décider d’aller laper comme un chien.

Mais je n’ai aucune envie de boire à la même source, surtout qu’une fois que j’ai gouté au fruit 3 fois je connais le goût et je n’en veux plus.

- Tu n’as pas trouvé une fille pour t’accompagner ce soir type ?, me demanda Hervé en rapprochant ses 120 kg de moi.

- Non !

- Mais les filles sont « sok-sok » ici ce soir tu n’as qu’à tendre la main et les attirer comme l’aimant attire le métal, ajouta-t-il en tendant un bras vers la salle enfumée.

Les regards des petites esseulées semblaient ne pas se décoller de nous ou plus tôt de moi.

- Le bonbon sucré des gos n’est pas inspiré ce soir ?, demanda Franck se moquant.

Je n’étais en rien affecté, mon verre et se petit moment de détente étaient plus que suffisant pour moi. 

- Je ne manque jamais d’inspiration mon pote ! Il n’y a juste pas de matières ce soir !

- Massa, avec toutes les cocos ci ?, s’exclama Hervé. Tu fais ça comment noo man ? Parfois tu me wanda avec tes mimbas là sérieux !

- Faut le laisser massa nous on est dehors pour choquer on ne rigole pas…

- Tu choques toi ? 

J’ai éclaté de rire !

- Sérieux les gars regardez-vous ! Vous voyez le style de rombière que vous ramassez je ne sais où ? Franky mon gars au moins quand tu choisi une lycéenne prends la peine de choisir une vierge pas une pisseuse qui a déjà lu toutes les pancartes des auberges de Yaoundé non. Regarde là une minute, tu ne vois pas que son djansang est délavé ? Toi alors mon frère une go est assise depuis 2 heures même ouvrir la bouche pour bailler elle n’a pas ouvert ! Tu n’as pas peur qu’elle pisse sur elle parce qu’elle a peur de demander où se trouvent les toilettes ?

Les gars me regardaient et je lisais la rage et l’envie dans leurs yeux ! ils savaient que je disais la dure vérité !

- Il n’y a pas de matière ici les gars et au lieu de faire comme vous et tremper dans le fond de la marmite je préfère rester tranquille jusqu’à ce que je vois un vrai morceau à me mettre sous la dent…

Je n’avais pas fini de parler que Dieu exauça mon vœu. Une vision paradisiaque passa devant mes yeux. Fine, sexy, noire le genre de teint qui donne envie de mordre dans une barre de chocolat. Elle portait un minishort en lin blanc qui venait couper juste en-dessous de ses fesses contrastant avec la texture crémeuse de ses longues jambes noires.

En levant la tête, mon regard jaugea ses seins derrières son top en wax, ils iraient bien dans la paume de ma main, ils n’étaient pas lourds donc facile de tenir un dans une main.

Mes doigts picotèrent par anticipation.

Elle est sexy, mais elle a l’air fragile ! Je ne sais pas pourquoi la première chose qui me traverse l’esprit lorsque je la vois c’est la facilité avec laquelle je pourrais la briser avec mon 1,90 m et mes 95 kg de muscle.

Mais j’avais l’eau à la bouche ! Cette petite chose fragile me faisait saliver ! Cela dit il était hors de propos que je me lève et engage quoi que ce soit ! Il y a un nombre incalculable de filles ici qui m’ont donné des envies de baisser mon jeans mais je ne le fais pas juste parce qu’au-delà de ce que beaucoup se dise, je ne choisis pas mes conquêtes juste parce qu’elles pourraient me faire bander. 

J’ai besoin de plus !

De la matière !


Journal intime d'un...