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Ecrit par Dr Sool
S’IL SUFFISAIT D’AIMER
Partie 2
Chapitre 6 :
L’un des moments les plus déterminants dans la vie d’une femme est celui où elle prend conscience qu’elle n’est plus seule. Celui où elle réalise qu’il y a un être qui vit en elle, qui dépends entièrement d’elle et qu’elle ne peut pourtant ni voir, ni sentir, ni entendre. Un être qui a été créé d’une partie d’elle et d’une partie de quelqu’un d’autre.
Chacune prends la nouvelle en fonction de si c’était prémédité ou pas et de si ça faisait partie de ses projets ou pas.
Lisa contemple les deux barres qui s’affichent sur la bandelette et mille et une émotions lui parcourent tout le corps, mille et une idée lui traversent l’esprit. Un mélange de surprise, d’inquiétude et d’appréhension. Elle a certes toujours souhaité se marier, fonder une famille et avoir des enfants, mais sans doute pas de cette façon encore moins à ce moment précis.
Elle parcoure sa chambre de long en large en se demandant ce qu’elle doit faire. A 24 ans elle n’est plus si jeune et il est bien sur hors de question de penser à se faire avorter. Car même si l’avortement semble souvent être la solution la plus facile et la plus accessible pour résoudre ce genre de problème, il peut être très lourd de conséquences, aussi bien physiques, psychologiques que spirituelles.
Il est très facile d’avaler une poignée de médicaments et de se dire tout simplement :
« C’est pour que mes règles reviennent, de toutes les façons ce n’est qu’une petite boule de sang insignifiante ».
Mais la réalité est toute autre, car dès la sixième semaine après les dernières règles, le cœur de ce petit être commence à battre. C’est le premier organe qui devient fonctionnel, peut-être parce que dès les premières semaines, il se revendique déjà comme être vivant à part entière qui a aussi le droit à la vie.
C’est parfois en cédant à la panique, en se laissant submerger par la peur, ou en se retrouvant toute seule face à cette énorme responsabilité qui frappe en plein visage que certaines trouvent le chemin de cliniques aux pratiques clandestines. Elles montent sur une table destinée à donner la vie, dans le seul but de l’ôter à un être qui a pourtant dû faire la guerre dans leurs entrailles pour être l’élu. Le pratiquant dispose son arsenal d’aspiration et de curetage pour pratiquer une intervention qu’il sait pourtant pleine de risques et de conséquences, sans en prévenir sa patiente. Elle reste ainsi allongée, attendant patiemment d’être débarrassée de ce boulet.
Après quoi elle se lève sans doute et enfile ses vêtements comme si rien ne s'était passé. Dans le meilleur des cas,il n'y a pas de séquelles physiques, mais c'est un poids qu'elle porterait toute sa vie. S'il arrive un jour qu'elle veuille enfin concevoir et n'y arrive pas, c'est une culpabilité qui la rongerait encore et encore. Elle imaginerait à chaque fois comment aurait été cet enfant, a quoi il aurait ressemblé ? Elle se demanderait si c'était un garçon ou alors une petite fille? Et toutes ces questions n'auraient jamais de réponse et son amertume ne trouverait d'issue que si elle arrive a se pardonner d'avoir posé cet acte et accepte les conséquences qui en découlent.
Dans le pire des cas, le curetage aurait laissé des débris accrochés à la paroi utérine. Ces débris à leur tour s'infecteraient, laissant échapper de temps à autre des pertes plus ou moins malodorantes qu'elle prendrait sûrement pour un dernier lavage destiné à la débarrasser définitivement des "restes" de son problème.
Voilà comment petit à petit son utérus pourrirait sans même qu'elle se rende compte. Puis un jour elle tomberait dans les pommes, ou peut être ferait juste un malaise accompagné une fièvre très prononcée.
Conduite à l'hôpital d'urgence, elle ne penserait certainement pas a faire savoir à l'équipe médicale qu'elle a récemment pratiqué un avortement et ceux ci n'iraient pas chercher de ce côté en première intention. Malheureusement, quelques heures plus tard, elle pourrait d'une septicémie...
Au final l'avortement n'est sans doute pas la meilleure alternative !
Lisa s’allonge dans le lit, regardant droit dans le plafond tout blanc. Elle qui est d’habitude si prudente, qui prends toujours le soin de faire enfiler à son partenaire un préservatif avant toute poursuite de match. Comment cela a pu lui arriver à elle ?
Une seule petite erreur, une seule nuit sans protection a suffi à faire d’elle une maman. Ce soir-là pourtant elle y avait pensé, pendant même qu’ils s’échangeaient des baisers langoureux, elle avait pensé à s’arrêter un instant pour ouvrir le tiroir au chevet de son lit et retirer un préservatif. Cela n’aurait sans doute pas pris plus de dix secondes, mais aurait surement plombé l’ambiance et refroidi chacun d’eux dans ses ardeurs. A ce moment-là elle avait donc fait le choix de faire primer son désir sur sa raison. Elle s’était convaincue « qu’une seule fois » ce n’était pas suffisant pour tomber enceinte. Elle qui maitrisait si bien son cycle menstruel et était convaincue de ne pas etre en période féconde.
Elle pousse un long soupir et s'apprête à sortir des toilettes lorsqu'elle entend frapper à la porte. Elle balance immédiatement sa bandelette dans la poubelle et de dirige vers la porte.
Depuis que Joël a fait convoquer son épouse pour la poursuite de la procédure de divorce, il a quitté son domicile avec toutes ses affaires pour s'installer dans l'appartement meublé qu'il occupait lors de ses escapades avec Lisa. Bien entendu celà lui coûte cher,mais il consent à en payer les frais en attendant que cette dernière accepte enfin de s'installer avec lui.
Joël entre volontiers, et embrasse son amante tel un mari aimant qui revient du boulot retrouver sa tendre épouse. Lisa sait très bien que ce genre de nouvelle serait le prétexte idéal pour encourager encore plus Joël dans son délire de divorce avec lequel elle n'est pas d'accord, mais accepte de subir:
-(perplexe) Tu fais une de ces têtes ! On dirait que t'as vu un fantôme.
-Fantôme?!! Ah mais non! Je...je ne m'attendais juste pas à te voir ici.
-Comment ça ?!! Et pourtant je passe tous les soirs et parfois je reste toute la nuit! Et justement en parlant de ça, sois raisonnable s'il te plaît emménage avec moi. On pourrait se dégoter un bel appartement et ça nous ferait des économies !
-Joel ce n'est pas une bonne idée. Je ne suis pas encore sûre d'être d'accord avec ton divorce, et puis tu ne peux pas t'installer ainsi avec une autre femme alors que tu es encore marié!!
-(l'embrassant) Qu'es ce que ça peut bien faire? Ce n'est qu'un papier qui soutient une mascarade qui n'a duré que trop longtemps.
-Joel...
-(l'attirant à lui) Chutttt...La journée a été longue et j'ai juste envie de profiter de ta douceur...(l'embrassant) De ton odeur... j'ai juste envie de te faire l'amour...
Lisa se laisse embrasser, caresser, et une fois de plus elle ne prends pas de précaution. Seulement cette fois, elle ne juge plus celà vraiment utile puisqu'elle est déjà enceinte ...
Pendant ce temps, à quelques mètres de là, Azaya termine d'assaisonner le poulet et le met au four après avoir pris le soin de ranger soigneusement chaque morceau sur le plateau préalablement recouvert de papier pour cuisson. Elle commence à éplucher les plantains pour les faire frire dans de l'huile quand elle se rend compte qu'elle a oublié d'acheter du sucre pour le jus de baobab.
Elle traverse le salon où son assis Mehdi et son frère, essayant chacun d'étoffer la revue littéraire de sa thèse :
Mehdi : Tu sors babe?
Azaya: je vais juste chercher du sucre à côté, j'en ai pas pour longtemps.
Mehdi: Désolé, j'ai pas fait les courses. Mais je peux aller acheter si tu veux,pour t'éviter d'abandonner tes fourneaux !
Azaya: c'est pas la peine chéri. Tu ferais plutôt mieux de te concentrer un peu sur ton travail. Ya que le four en marche et il s'arrêtera tout seul de toutes les façons.
Sur ce, elle poivre la porte et prends la direction des escaliers laissant ainsi les deux frères devant leur écran.
Abdel dévisage son frère pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce qu'il s'en aperçoive :
-Quoi?!
-Quand es ce que tu compte lui dire?!
-(perplexe) Je peux savoir de quoi tu parles?
-Je te parle bien sûr d'Anissa!! Quand es ce que tu compte dire à ta petite copine que tu iras la semaine prochaine assister à la soutenance de ta fiancée?!
-Il n'y a rien a dire. Parce que je n'irais nulle part.
Mehdi lève les yeux et de laisse tomber dans le divan, le regard inquiet. Abdel l'observe un instant avant de s'exclamer :
-Ah non! J'y crois pas non! Tu ne lui as même pas parlé d'Anissa ! Alors depuis tout ce temps tu ne lui as toujours pas parlé de ta fiancée.
-(vexé) Déjà tu arrêtes de l'appeler ma fiancée,parce que ce n'est sans doute pas le cas! Et puis pour répondre à ta question c'est oui, je ne lui en ai pas parlé tout simplement parce que ce n'est pas important.
-Je ne sais pas pourquoi tu continue de te voiler les yeux. Votre petite aventure était sans doute bien cool mais il va falloir que tu sois réaliste. Tu ne peux pas te mettre tes parents à dos pour une petite fente comme les autres...
-(se levant, furieux) Tu ferais mieux de surveiller ton langage!
-Et toi tu ferais mieux de te faire une raison ! Ce genre de file c'est juste pour s'amuser et basta. Si t'avais vu a quoi ressemble Anissa tu ne serais pas entrain de t'enteter ainsi. As tu même seulement essayé de la contacter?!
-( exaspéré) Mais de quel côté est tu finalement ?! Je t'ai toujours considéré comme mon frère de sang, ne me fait pas regretter toute l'estime que j'ai pour toi !
-Cest justement au mon de cette estime que j'essaie de te raisonner Mehdi! Je suis de ton côté ! Et tout comme tes parents je ne veux que ton bien !
-Dans ce cas respecte les sentiments pour Azaya et ne me parle plus jamais de cette histoire.
-(insistant) Tu connais pourtant ta mère ! Et je n'ose même pas parler d'oncle Ryad . Si Oumi Zoulia a décidé que tu épousera Anissa, crois moi...
-(furieux) Quoi c'est elle qui t'a envoyé le convaincre ?! Mais pour qui te prends tu au juste? Que mes parents le fasse je peux encore le comprends, mais toi!!...Abdel va t'en s'il te plaît...
-(sarcastique) C'est pour une petite souillure sournoise que tu me chasse de chez toi?!
-(tonnant) Abdel ramasse tes affaires et dégage de ma vie, ou je ne répondrais plus de moi!
Abdel range ses affaires se dirige vers la porte, vexé d'être chassé ainsi comme un moins que rien. Il croise sur le paillasson Azaya qu'il ne manque pas de bousculer intentionnellement. Elle se retourne et le regarde, complètement dépassée, puis entre et referme la porte.
Mehdi est posté à la fenêtre, regardant le vide, semblant à la fois bouleversé et inquiet. Elle s'approche de lui et entoure sa taille de ses bras:
-Pourquoi Abdel s'en va ainsi? Vous vous êtes disputés ?
-(froidement) Oui.
-Depuis que je ne te connais tu ne t'ai jamais disputé avec lui au point de terminer ainsi en queue de poisson. Qu'es ce qu'il ya?!
Il se retourne et la prends dans ses bras, puis lui donne un baiser dans les cheveux:
-Ce n'est pas important.
-Tu sais que tu peux tout me dire n'es ce pas chéri ?!
-Oui
-Alors de quoi s'agit t'il ?
-Je ne veux pas en parler pour le moment babe.
Il Referme son ordinateur et range ses affaires qu'il emporte avec lui dans la chambre, tandis qu'Azaya retourne terminer le repas.
Après avoir déposé toutes ses affaires sur la table Mehdi se laisse tomber dans le lit et pousse un profond soupir. Depuis que sa mère est venue lui rendre visite, il est habité par cette angoisse permanente de perdre Azaya et il ne sait pas comment faire face à ce dilemme. Comment pourrait il la regarder en face et lui dire que ses parents on déjà arrangé avec l'ambassadeur un mariage pour lui? Comment le lui expliquer sans la blesser?
C'est de plus en plus difficile de lui cacher la vérité. D'éluder la question à chaque fois qu'elle demande des nouvelles de Oumi Zoulia ou cherche à savoir ce que cette dernière dit d'elle.
Azaya adossée sur le cadre de la porte les bras croisés observe depuis déjà un moment son amoureux submergé par ses pensées :
-Et tu me dis que ce n'est rien d'important ?!!
-(sursautant)Tu m'as fait peur!
-Le repas est servi, tu viens?!
-(se mettant en position assise) Donne moi un instant s'il te plaît, j'arrive.
Mehdi se dirige vers la salle de bain et se rince le visage à l'eau froide, question de se revivifier. Puis il rejoint sa dulcinée dans le salon:
-(souriant) Quelle délicieuse odeur!! Tu ne cessera donc jamais de me surprendre !
-Attends de goûter avant de me faire des éloges monsieur le cachottier.
-(s'asseyant) Je ne suis pas cachottier babe, c'est juste que...il ya certaines choses qui ne sont pas faciles à dire.
-(inquiète) Quoi donc?! Je suis disposée à tout entendre moi. Cesse ces mystères s'il te plaît.
-Tu en es sûre ?!!
-(prenant sa main) Évidemment !!
-(terminant sa bouchée) Je me suis disputé avec Abdel parce qu'il a essayé de me convaincre d'accepter de me marier...
-(perplexe) Mais...Ce n'est pas ce que tu veux?! Alors nous deux c'est juste du vent c'est ça ?! Tu n'as pas l'intention de m'épouser ?!!
-C'est justement où se trouve le problème. Celle que je suis censé épouser ce n'est pas toi.
-(dépassée) Tu as dit quoi?!
-Mes parents m'ont arrangé un mariage avec la fille d'un de leurs amis...
Azaya suite la table toute nerveuse et commence à marcher de long en large dans le salon.
-Viens t'asseoir s'il te plaît.
-(vexée) M'assoir? Comment ça m'assoir quand tu m'apprends une telle nouvelle?! Je le savais bien et toi, t'essayais de me rassurer et me faire croire que c'est moi qui étais parano.
-Azaya calme toi!
-(hors d'elle) Me calmer? Abdel n'est qu'un sombre hypocrite! Je savais qu'il ne me portait pas dans son coeur, mais à ce point ?!! Et puis tes parents, il ne me connaissent même pas. Ta mère n'a même pas pris la peine d'apprendre à me connaître qu'elle m'a rejetté comme une malpropre. Alors comme ça je ne suis pas assez bien pour toi?! Je suppose que cette autre fille est de votre "classe sociale"! Ou du moins elle est sans doute musulmane...
-(tonnant) Mais calme toi bon sang! Tu vois comment tu réagis ? Et tu pense que la prochaine fois que j'aurais quelque chose dans le genre qui me charie je t'en parlerais?!
-Mehdi...
-(déposant ses couverts) Tu fais quoi? Je n'aurais vraiment vraiment pas dû te parler de ça...
-(navrée) Tu n'as pas fini ton plat!!!
-(quittant la table) Je n'ai plus faim...
Mehdi se dirige vers la chambre et claque la porte. Azaya sent une vague de tristesse monter en elle et laisse échapper les larmes qui ne demandent qu'à se frayer un chemin. Il ya quelques jours encore sa mère lui tenait ce discours dissuasif au sujet de son idylle avec Mehdi. Elle savait déjà qu' hadja Zoulia n'avait pas eu une bonne première impression d'elle mais de là à proposer directement une autre femme a son fils sans même lui donner une chance à elle...
Le monde semble s'écrouler sur ses épaules et elle ne sait pas à quel saint se vouer, encore moins quel combat mener. Celui de convaincre sa famille ou celle de son amour.
La société et ses lois si cruelles, ses moeurs si intransigeantes. Barrières tribales, barrières religieuses, barrières sociales. Était ce de leur faute si chacun avait jetté son dévolu l'un sur l'autre dans une société qui ne tolère pas les différences ? Comme si ce n'était pas déjà assez difficile comme ça de trouver la bonne personne, celle qui fait sentir des papillons dans le ventre et qui fait sourire pour rien au milieu de tout. Comme si ce n'était pas déjà assez difficile comme ça de tomber amoureux et que celà soit réciproque, de trouver "la" personne qui apporte le bonheur et l'épanouissement auquel tout être humain a droit. Il faut encore faire face à cette panoplie d'obstacles pourtant facilement surmontables quand on vit dans le meilleur des mondes. Malheureusement ce n'est pas le cas...
La porte de la chambre s'ouvre et Mehdi apparaît dans le salon. Les couverts sont encore sur la table et Azaya endormie sur le divan, les larmes séchées sur les joues.
Il relève son torse et s'installe en dessous d'elle, puis la serre dans ses bras jusqu'à ce qu'elle se reveille. Il lui donne un baiser sur le front, puis la joue et enfin les lèvres, avant de dire:
-Je suis vraiment désolé babe. Je ne voulais pas te rendre triste.
-(caressant ses bras) C'est moi qui suis désolée d'avoir réagi si excessivement...Je n'aime pas qu'on se dispute ainsi.
-Moi non plus.
-(triste) Qu'es ce qu'on va faire alors ?
-Je n'en sais rien mon cœur, je n'en sais vraiment rien. Tout ce que je sais c'est que je t'aime plus que tout...C'est tout ce dont je suis certain.
Il la serre encore plus fort et tous les deux restent ainsi jusqu'à ce que sommeil suive.
Les jours passent et Lisa commence à ressentir la batterie de malaises de début de grossesse. Ses réveils matinaux sont ponctués par des nausées qui précèdent des vomissements. Si jusqu'ici elle n'a rien dit à Joël pour avoir tout le temps d'y réfléchir, il est évident que son secret ne restera pas un pour longtemps.
Cet après midi là encore Lisa n'arrive pas à quitter son lit. Épuisée par les vomissements, elle n'a pas eu assez de force pour aller chercher quoi manger dans la supérette habituelle.
Elle entends frapper à la porte et le trajet depuis son lit jusque là lui semble si long qu'elle préfère demander au visiteur d'entrer en de rassurant juste d'être bien couverte.
Joël entre et referme la porte puis se dirige vers elle inquiet. C'est bien la première fois qu'il la trouvé ainsi enfouie dans la couette:
-Cherie tu vas bien?
Il s'approche et jauge son front avec le dos de sa main:
-(inquiet) Mon Dieu tu chauffe!! Nous devons tout de suite nous rendre à l'hôpital !
-(essayant de se lever) Ce n'est rien de grave... J'ai du prendre un peu froid...
-(perplexe) En pleine saison sèche ?
-Je suis sortir hier faire des courses vêtue légèrement et puis tu sais que le soir il fait un peu frais...
-(essayant de la porter) Peu importe. Je t'emmène à l'hôpital tout de suite...
-(vexée) Mais lâche moi!! Qu'es ce que tu n'as pas pigé dans "tout va bien"?!!
Il la redépose stupéfait et s'installe sur le rebord du lit. Il la dévisage complètement largué.
-(inquiet) Tu as au moins pris quelque chose?!
-Oui. Ça ira mieux, merci pour ta sollicitude.
-Tu as mangé ?
-Pas encore...
-(se levant) Je vais te chercher à manger.
Il s'apprête à sortir lorsqu'il aperçoit un essaim de mouches à travers la porte du balcon. Il se dirige vers là et trouve la poubelle pleine à craquer. Chose vraiment très étrange puisque Lisa est d'une propreté exemplaire et n'est pas du tout du genre à laisser les ordures s'accumuler ainsi.
Il retrousse les manches de sa chemise et attrape un sachet poubelle propre. Il attaché soigneusement celui qui est dans le seau et le double dans le nouveau sachet, avant de de rappeler qu'il y a une poubelle dans les toilettes.
-(curieuse) Qu'es-ce que tu fais? Je croyais que tu étais déjà parti !
-Puisque je vais en route je veux profiter pour me débarrasser de ces ordures. Je sais que tu détestes être dans un environnement insalubre et ça m'inquiète encore plus que tu te sente mal au point de ne pas sortir tes poubelles.
-Ah j'ai dû oublier. Tu peux laisse, il ya des gamins qui ont l'habitude de passer collecter les ordures en échange de quelques sou...
-Tu as vu les mouches qui ont élu domicile près de ta poubelle? A cette allure l'air dans cette chambre deviendra très vite irrespirable. Ça ne me coûte rien alors je vais le faire.
Il se dirige vers la salle de bain et saisit le plastique plein d'ordures pour le superposer au premier. Il semble qu'une lame usagée s'est retrouvée au fond du plastique et y a fait un trou à travers lequel, quelques ordures se sont glissées pour rester collées dans le petit panier à ordures. Joël fait bien attention à ne pas tout renverser. Il attaché l'embouchure du paquet et le retourne...
Il enfile ensuite dans sa main un plastique pour ramasser les ordures restées dans le panier lorsque soudain il aperçoit une bandelette rangée dans son boîtier.
-(scandant) Je meurs de faim là ! Qu'es ce que tu fais encore ?!
-...
Il reconnaît bien qu'il s'agit d'un test de grossesse et il en découvre le résultat stupéfait. Il prends un moment pour essayer de se calmer, puis ressort la bandelette à la main:
-Quand est ce que tu comptais me l'annoncer ?!
-(se retournant) T'annoncer quoi ?!
-Que tu es enceinte...
-(balbutiant) Quoi ce test de grossesse ? Ben il n'est pas le mien. C'est une amie qui est arrivée ici et puis...
-(s'approchant) Je ne suis pas stupide Lisa. Ceci ne fait qu'expliquer clairement tes malaises et pourquoi tu refuses d'aller à l'hôpital. Il est de qui?
-Joel s'il te plaît...
-Reponds moi juste s'il te plaît. Il est de moi ou alors tu continue de t'envoyer en l'air avec n'importe qui?!!
Elle administre une claque bien appliquée avant de scander :
-Je ne te permets pas de m'insulter !
-Lisa je veux juste savoir ...
-Ca ne te regarde pas! C'est de moi qu'il s'agit ! Et je ne suis même pas encore sûre de vouloir le garder!
-(s'approchant d'elle) il est de moi n'es ce pas?! Il ne peut pas en être autrement.
-(soupirant) Joël ce n'est pas le moment.
-(souriant) Bien sur qu'il est de moi. Comment ai je pu douter?!
Il la prends dans ses bras tellement content, tandis qu'elle est inquiète de la suite des événements. Maintenant que Joël est au courant de sa grossesse, il ne voudra certainement plus retourner auprès de sa famille. Même si sa raison ne cessait jusqu'ici de l'inciter à encourager son amant à reconstruire sa relation avec son épouse, son coeur quand à lui cri au secours, tellement avide de cet amour qui lui est offert si gracieusement. Ce qu'elle a toujours voulu, comment y renoncer?!
Lorsque le 20 mai pointe le bout de son nez c'est la panique dans le rang des futurs docteurs de la faculté de médecine. Plus qu'une quarantaine de jours avant leurs soutenances de thèse doctorale. C'est le moment où chacun campe devant le bureau ou à maison de son directeur de thèse pour faire corriger son travail. Les maîtres de la paillasse forcent les ultimes résultats, tandis que les recruteurs s'attèlent à effectuer leurs statistiques finales. La revue de la littérature continue d'être enrichie, et la discussion, cette partie si subtile et si ardue occupe les désormais l'esprit des plus avancés.
Azaya est partie passer le weekend dans sa famille, après avoir pris le soin de faire des repas prêts à manger à son amoureux. Il n'a qu'à sortir une gamelle et la faire chauffer dans le micro-ondes, le tour est joué. Ceci lui permet de rester concentré sur son travail, tout en s'alimentant correctement.
Cet après midi là, il est assis devant son écran à rassembler des résultats dans un tableau lorsqu'il entends frapper à la porte. Pour quelqu'un qui n'a pas l'habitude de recevoir des visites c'est bien sûr très étrange, mais bon, il se lève pour aller voir qui c'est.
Sur le pas de la porte, se tient une jeune femme très élégamment vêtue. Une longue robe saumon en mousseline brodée de fils d'or sur l'encolure. Un bandeau assorti à la robe retient sa longue chevelure en arrière, laissant apparaître distinctivement les traits de son visage allongé. Autour de son épaule pend une petite Sacoche noire ornée de perles blanches et or. Dire qu'elle est belle serait un malhonnête euphémisme parce qu'elle est bien plus que ça. Pas besoin d'avoir une boule de cristal pour comprendre qu'elle est sans doute née avec une cuillère en or dans la bouche :
-(souriant) Salut Mehdi...
-(perdu) Salut...
-(lui tendant la main) Anissa...Hadja m'a donné ton adresse et elle a insisté sur je te rendre une petite visite, bien que tu ne sois pas venu à la soutenance...!
-(embarrassé) Euh je...Je suis désolé...
Elle lui rends le paquet qu'elle tient dans ses mains:
-Je t'ai gardé ceci...
Avant qu'il ait eu le temps de dire quoi que ce soit, elle s'invite à l'intérieur...
Pendant ce temps à quelques kilomètres de là Azaya est installée dans son lit à lire un roman lorsqu'elle entend des voix dans le salon. Des éclats de rire et des exclamations qu'elle a du mal à déchiffrer correctement. Puis elle entends frapper à sa porte et sa maman entre immédiatement :
-(toute joyeuse) Allez Azaya viens vite!! C'est un grand jour aujourd'hui !!
-(se levant perplexe) Qu'es ce qu'il y a?
-(l'entraînant) C'est une surprise. Allez suis moi dans le salon, tu n'en croiras pas tes yeux.
A mesure qu'elle s'avance vers le salon elle entends plusieurs voix qu'elle identifié aisément jusqu'à ce qu'elle entende une voix qu'elle n'a pas entendu depuis des années. Non ce n'est pas possible, pense elle. Ça ne peut pas être lui.
Elle dégage le rideau devant elle et il se retourne dans sa direction souriant de toutes ses dents:
-Salut Azaya...
-(stupéfaite) Eric...?! Mais que...
A suivre....
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