1. EVINCER
Ecrit par Femme, comme force
TOME 2 (En cours de redaction)
1. Evincer
Il est 7h par là. Je n’irai pas au cours aujourd’hui car je veux passer cette journée avec Jean-Noël et en savourer chaque seconde. Je le regarde dormir, buvant chaque trait de son visage de mes yeux avides. Lentement, je parcours son front, ses beaux sourcils lisses, ses paupières, ses cils, son nez, sa bouche, ses pommettes, ses joues et son menton. Du bout de mes doigts, je caresse sa barbe, prenant soin de ne pas déranger son sommeil. Mon cœur est tellement enflé d’amour pour lui que ç’en est presque douloureux. Qu’a-t-il bien pu me faire pour me rendre aussi raide dingue de lui ?
J’ai cet homme dans les veines.
Il m’a pourtant bien dit que son cœur appartenait à sa femme. Mais je l’ai quand-même dans les veines. La minute où je l’ai aperçu pour la première fois dans cette salle de sport, il a fait mon cœur prisonnier avec une aise qui me sidère encore à ce jour. C’était un violent coup de foudre. Mon premier. Plus je le bois du regard, plus je réalise que même s’il n’était pas financièrement à l’aise, cela n’aurait rien changé. Même menuisier, balayeur de marché ou pousse-pousseur, il m’aurait volé mon cœur avec la même facilité. En ce moment précis, je sens que je ferais n’importe quoi pour lui. Même s’il me poussait à commettre les actes les plus viles, je m’y plierais pour lui faire plaisir.
Il bouge dans son sommeil et dit quelque chose d’inintelligible. Il est tellement beau couché là, à moitié couvert par les draps, vulnérable et sexy à rendre dément. Et savoir qu’il est mon homme me fait me sentir comme une déesse. Son téléphone qui se met à sonner me fait sursauter. L’appareil posé sur la table de chevet sonne plusieurs fois sans qu’il ne se réveille. Sur l’écran sont affichés les mots « Ma moitié », me faisant comprendre que c’est son épouse qui appelle. Cela ramène en mémoire cette fois où elle avait appelé, lorsque Jean-Noël et moi étions dans la voiture. Son appel avait abruptement mis fin au beau moment que nous passions.
Et s’il se réveillait et prenait l’appel, pour ensuite disparaitre comme la dernière fois?
Cette pensée fait que mon cœur se serre. Je ne saurais supporter une autre phase d’absence. Surtout après qu’il m’ait fait l’amour comme si j’étais la femme la plus désirable de la planète, me rendant encore plus amoureuse que je ne l’étais déjà. Le smartphone arrête de sonner, je prie que cette femme n’appelle plus. Je sens de la haine monter dans mon cœur lorsque l’appareil se remet à sonner et que le même nom apparait sur l’écran.
Oh, c’est quoi cette insistance ?
Qu’elle me laisse savourer, dis donc ! Elle a déjà le titre de Madame son épouse avec tous les privilèges qui s’y rattachent. Qu’elle arrête d’appeler et me laisse me réjouir avec mon homme. Avec son petit corps sec là, elle ne peut pas laisser Jean-Noël prendre un peu d’air ? Tout le temps l’appeler comme s’il y avait le feu. Je lâche un juron à voix basse, lorsque cette fois, la sonnerie réussit à le tirer de son sommeil. Malgré ses paupières encore lourdes, Jean-Noël allonge rapidement le bras et récupère le téléphone de la tablette de chevet. Je me rappelle mentalement de ne pas faire de bruit. Je ne me souviens que trop bien de comment il m’avait réprimandée d’avoir toussé l’autre fois dans la voiture, alors qu’il parlait à sa chère et tendre. Malheur si ma gorge se met à gratter ici et que je doive tousser.
- Allô mon amour, fait-il après avoir décroché.
- …
- Non, je dormais. Tu sais que quand tu es hors du pays, je tends à paresser sur le lit. Je m’ennuie tout seul, sans toi.
Oh, elle n’est donc pas à Kinshasa ? Cette nouvelle m’emplit d’une euphorie qui me fait presque léviter. Cela veut dire que j’ai Jean-Noël pour moi toute seule. Elle doit sûrement être aux states. Un pays qui est une seconde patrie pour Jean-Noël et sa famille. Elle y est certainement pour se faire traiter, vu que c’est une petite maladive. Oh Seigneur, comme je hais cette femme ! Je la hais. Je prie qu’elle reste au pays de Trump aussi longtemps que possible.
- Regarde bien dans l’armoire, continue mon homme d’une voix paresseuse, en se grattant nonchalamment la tête.
- …
- Tu as trouvé ?
- …
- Tu vois que tu ne sais pas bien chercher les choses.
- …
- Hahaha !
- …
- D’accord, mon amour. À plus.
- …
- Je t’aime aussi.
Il dépose le téléphone à sa place initiale et me regarde avec un petit sourire.
- La sonnerie du téléphone t’a réveillée ? me demande-t-il en caressant ma joue
- Oui, mens-je
- Tu es toute belle comme ça, avec tes cheveux ébouriffés, me murmure-t-il
- Merci.
- Tu me donnes de ces envies ! me dit-il dans un souffle.
- Je suis là pour les assouvir, réponds-je en promenant ma main sur son torse.
Sa main glisse de ma joue à mon cou. Elle se promène un moment sur mes épaules, avant d’aller caresser ma poitrine, m’arrachant un petit gémissement. De son autre main, il me fait écarter les jambes. Ses doigts agiles vont fouiller ma fleur avec une dextérité qui me fait râler de plaisir. Chacune de ses caresses semble m’envoyer une douce et délicieuse décharge dans le système. Couché sur le dos, il me fait me mettre à quatre pattes sur lui, de façon que ma généreuse poitrine se retrouve au niveau de ses lèvres. Il entreprend de titiller tour à tour mes tétons avec sa langue, pendant que ses doigts continuent à caresser ma fleur qui s’imbibe de plus en plus. Avec une douceur qui me tue presque, il me pétrit le bourgeon, les grandes lèvres et les petites ainsi que l’orée de ma vulve. Les yeux fermés, il me tète comme s’il prenait le lait et frotte les bouts de chair sensibles recouverts de ma mouille de plus en plus vite, m’envoyant de temps en temps son majeur dans ma fente qui n’a pas arrêté de ruisseler. Lorsqu’il passe une protection et me fait m’assoir sur son membre en érection, je perds mes moyens.
Pendant qu’il m’administre des coups de reins qui me font me dandiner de plus en plus vite sur lui et bougent ma poitrine dans tous les sens, je ressens beaucoup de mépris pour sa femme à qui il a dit des je t’aime il y a quelques minutes. La pauvre cruche ! Elle ne sait pas que je monte son mari ici. Et bien même ! Ça donne envie de filmer ces rapport sexuels vigoureux et de les lui envoyer, rien que pour lui donner un bon AVC. Je suis certaine que Jean-Noël ne se lâche pas avec elle comme il le fait avec moi. Il me possède avec la vigueur d’un vrai mâle et prend son pied sans retenue aucune. Avec son épouse, je parie qu’il doit tout le temps se montrer trop prudent, jusqu’à ce n’est même plus bon. Son corps maigre tomberait en pièces si Jean-Noël la prenait comme il me prend là, bestialement sexuel. Elle ne peut pas supporter la vraie baise, pfff!
À un moment, Jean-Noël se désimbrique de moi et me fait me coucher sur le dos. Il écarte mes jambes très grand jusqu’à ce que je me retrouve avec le bassin relevé et mes genoux de part et d’autre de ma tête. Mama, la contorsion de ça ! Mais je suis souple. Tenant fermement mes cuisses afin de bien me maintenir dans cette position, il se fraye à nouveau un chemin en moi et entreprend de me culbuter à grands ahans, avec une énergie qui nous fait presque quitter le lit. C’est à croire qu’à chaque coup de boutoir, il veut ressortir par ma gorge. Le meuble qui nous porte bouge de quelques centimètres à chacun de ses retours qui au fil de minutes se font des plus en plus rapprochés. Ses bourses qui tapent furieusment contre mes fesses font un peck-peck répété qui vient se mêler à nos gémissements. Voilà ce que je disais. Il ne peut pas se lâcher ainsi avec sa kwashiorkorée d’épouse qui ressemble à une mante religieuse en malnutrition. Il se libère dans un râle guttural et se laisse tomber sur moi, respirant fort. Il dépose des baisers sur mon front et caresse mes cheveux.
- Tu es super, me souffle-t-il, faisant gonfler mon cœur de fierté.
Il me trouve super, je suis sur un nuage. Tous les deux en sueur, nous restons immobiles l’un sur l’autre. Lorsque nous nous décidons enfin d’aller à la salle de bain, je m’applique à le laver avec tendresse comme s’il était un enfant. Chose qu’il apprécie beaucoup et se laisse faire avec joie. Pendant les minutes passées dans la salle de bain, nous rions aux éclats, nous nous embrassons et nous caressons tendrement, les yeux dans les yeux. Je n’ai jamais été aussi heureuse en compagnie d’un homme. Il a vraiment volé mon cœur. Je dois donc m’atteler à voler le sien, afin que tout soit vraiment parfait.
Je sais que je ne sortirai pas sa femme de son cœur en un jour, mais j’y mettrai du mien. Je suis de loin plus jeune, plus fraîche, plus endurante et plus belle que son épouse. Je finirai bien par évincer cette dernière de son cœur si je joue bien mes cartes.
Des minutes plus tard, nous nous rendons tous les deux à la cuisine où je nous fais rapidement des spaghettis bolognais que nous mangeons en amoureux. Après le repas, il me dit devoir se rendre rapidement quelque part, mais qu’il ne va pas tarder. Lorsque son véhicule quitte l’enceinte, je vais allumer mon téléphone et découvre des messages d’Ehud et quelques appels manqués. Je remarque aussi qu’il est en ligne.
Eish, l’Israélien-ci ! Comment vais-je faire pour me débarrasser de lui sans le blesser ?
Je ne veux vraiment pas le blesser car pendant le peu de temps que nous avons vécu ensemble, il ne m’a montré que bonté. Dans ses messages, il me dit être mécontent du fait que je ne réponds pas à ses appels. Il me présente quand-même ses condoléances et me demande si j’ai besoin d’argent pour aider ma famille qui traverse une période de tristesse. Il demande également s’il peut passer à Kingabwa-village pour présenter ses respects aux miens. Merde alors !
Je lui réponds être vraiment désolée et lui rappelle que, comme je l’avais mentionné la veille, le réseau est vraiment merdique de ce côté. C’est comme le courant de la SNEL, ça fait seulement le jeu de lumière. Et que pour pouvoir lui répondre, j’ai dû monter sur une petite colline là. Je lui écris qu’il peut me faire un rapide Orange money. Mais que pour ce qui est de passer payer les respects, il ne doit pas se déranger car les routes de Kingabwa-village sont biodégradables ; sa jolie jeep risque de boire la boue noire à gogo et rendre l’âme. Seules les motos anciens modèles des vieux pères connaissent ces routes.
>> Quand reviens-tu ? envoie-t-il en réponse.
<< Je t’avais dit après l‘enterrement, chéri.
>> Et c’est dans combien de jours ?
<<Cela dépendra des cérémonies traditionnelles qui devront être performées.
>> J’espère que ce ne sera pas trop long. Je te fais le transfert dès que je me libère.
<< Merci, chéri. Merci d’être là pour moi en ce moment difficile.
>> Je t’en prie. Envoie-moi une photo.
Eeeeh ! Je ne peux pas lui envoyer une photo ! Il s’attend sûrement à ce que je lui envoie une photo avec des cases en arrière-plan et des gens qui pleurent le défunt inventé.
<< Dans ma culture, c’est interdit de prendre les photos pendant le deuil. Le totem familial risque de m’attaquer, envoyé-je, priant mille dieux qu’il gobe ce gros mensonge.
>> Oh ! Mais je vois souvent les gens faire des photos pendant vos deuils d’ici!
<< Seuls les initiés peuvent. Moi, je ne suis pas une initiée, donc je risque d’énerver les totems.
>> Oh, je comprends mieux. L’Afrique et ses tabous.
<< Ah oui hein. Chéri, j’attends ton transfert.
>> Entendu, ma belle Ashanti.
Le connaissant, il n’enverra pas une petite somme comme contribution pour mon fameux deuil. Pendant quelques minutes, je réfléchis sur quelle manœuvre mettre en place pour quitter Ehud dans la paix. Je sais qu’il est de loin plus riche que Jean-Noël, et les jolis montants ainsi que les cadeaux qu’il déverse facilement sur moi me manqueront. Mais mon cœur a choisi.
Il bat pour Jean-Noël.
Plus j’y pense, plus je me dis que je dois simplement calculer comment aller récupérer mes affaires de chez lui, à son absence, et filer. Mais avant cela, Jean-Noël devra me trouver la solution du logement, vu que c’est vraiment confirmé qu’il est maintenant mon homme. Il a promis de prendre soin de moi. Je fais un message à Angélique pour prendre de ses nouvelles. Elle n’est pas en ligne, signe qu’elle est occupée. Je m’apprête déjà à déposer mon téléphone lorsqu’il se met à sonner. C’est un numéro non répertorié. Je décroche avec beaucoup de réticence.
- Allô ? fais-je méfiante
- Ashanti, fait une voix masculine à l’autre bout du fil
- C’est qui, s’il vous plait ?
- Tu ne reconnais plus ma voix ?
- Heu…non. C’est qui ?
- C’est Martin.
Eeeh ! Comme il n’a pas pu m’insulter comme il fallait, il a attendu quelques mois pour se procurer une nouvelle puce, afin de me piéger et me déverser son venin ?
- Ne raccroche pas. Je ne viens pas en ennemi, s’empresse-t-il d’ajouter
- Qu’est-ce que tu veux ? Tu veux m’insulter un peu plus ? Ce que tu as fait il y a deux mois ne suffit pas ?
- Comment as-tu pu me trahir de la sorte ? fait-il, répondant à ma question par une question.
- …
- Je te considérais vraiment, Ashanti. Je nous projetais dans le futur.
Ah, quitte ! Il laisse sa Olga, madame revolver, pour venir se projeter dans le futur avec moi ?
- Je ne m’en suis toujours pas remis, tu sais ? continue-t-il
- …
- Je n’imaginais pas que tu pouvais me faire ça.
- …
- Pouvons-nous nous voir pour parler face à face ?
Hum, c’est pour qu’il aille bien me têter avec sa dure tête chauve ?
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
- Tu me manques.
- …
- J’ai vraiment besoin de te voir. Malgré que tu m’as déçu, tu me manques. Je n’arrête pas de penser à toi, fait-il, la voix rauque.
Voilà un sorcier haut gradé. Là où je cherche à me débarrasser du pigeon Ehud, pour vivre mon amour en toute liberté avec Jean-Noël, il y a l’autre qui veut revenir s’ajouter. Feu sur toi, Martin. Ennemi du progrès sentimental comme ça ! Il a encore la nostalgie de ma boîte à miel très piquante, pitié. Il devra se contenter des souvenirs et se branler sa longue saucisse avec. Quand il jetait mes affaires dehors comme celles d’une malpropre, il avait réfléchi ?
- Je ne peux pas, répliqué-je
- S’il te plaît, supplie-t-il d’une petite voix
- Je suis passée à autre chose, Martin. Fais pareil et arrête d’appeler ma ligne.
Ceci dit, je raccroche et bloque son nouveau numéro. Comme promis, Ehud m’envoie une somme non négligeable pour le faux deuil.
>> J’ai hâte que tu reviennes, m’envoie-t-il
Ce qu’il ignore est que son règne tire à sa fin.
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