1/ Laana

Ecrit par Shayanna225

1/Laana 


Pajé, 10 ans plus tard 



Zuleyha SELEMANI 


" Saboussa, Saboussa" 


" C'est chaud, croustillant et délicieux" 


" Saboussa, saboussa" 


En tournant sur la ruelle à droite, je rencontre un acheteur. Il m'en prend 5. Il me remet un billet. Je lui fais la monnaie et lui redonne après avoir pris mon dû. Normalement avant que 9heure soit, tous mes saboussa seront vendus. Les gens achètent tout ce que je vends sans monnayer avec moi un rabais. Ils sont très compréhensifs surtout que c'est grâce au saboussa que moi et ma bibi arrivons à vivre. Du moins, devant la cours de notre maison à 10heure, je vends du coco, du jus de coco, des bonbons et des œufs. C'est mon quotidien. Je n'aime pas l'école. Ma bibi a usé de toutes sortes de stratagème mais ils ont échoué. Je ne me vois pas passer une minute sans elle. 

Je fais le tour du quartier en fredonnant le même air. Lorsque je reviens à mon point de départ, il ne me reste qu'un seul saboussa. Celui-ci est pour moi me dis-je quand un homme vraiment grand alors la très grand me le demande. 


Lui: Je pourrais avoir ce saboussa ? 


Zula : Désolé ! Ce n'est pas à vendre. En plus c'est mon petit déjeuner. 


Lui : S'il te plaît, j'ai vraiment faim. Tu me le donnes et je te donne 10.000 shillings. 


Zula : Mon saboussa ne coûte pas si cher monsieur. (Réfléchissant) Je pourrai toujours racler la marmite une fois à la maison donc tenez, prenez ce saboussa gratuitement. 


Je pose le plateau sur le sol et lui sert le saboussa dans un papier. Je lui remets. Je soulève mon plateau. 


Zula : Bon appétit monsieur!


Je suis ainsi partie. Et pourtant...


Lui: Zuleyha! 


Je me retourne. C'est commun que tous m'appellent Zula mais que l'on m'appelle Zuleyha, signifie amplement que la personne n'est pas de la région mais me connaît par le biais de quelqu'un. 


Zula : Monsieur ! 


Lui: J'aimerai te tenir compagnie jusque chez toi. 


Zula : (le regardant de haut) Hum ! Pajé est petit. Si vous essayez de me kidnapper, je vais crier si fort que les villageois vous bruleront vif. Tout le monde me connaît ici. 


Lui : (arquant un sourire) Le fort caractère de Talo (murmurant) si j'avais su, je serai venu la voir plutôt. 


Zula : Ma maison est à quelques marches de la dernière ruelle. Marchez devant, je serai derrière au cas où. 


Il remue la tête et marche avant moi. Je le suis de près en gardant 2 mètres de distance de lui. Je m'assure à emprunter les ruelles bondés de gens. Bibi dit que les hommes n'ont plus de pitié pour les petites filles. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté qu'il me suive d'ailleurs. Mais chose étrange, en arrivant devant la maison de ma grand-mère, il entre. Je le suis donc jusqu'à l'intérieur. 


Zula : (posant le plateau) Bibi j'ai tout vendu. Regarde ça fait assez de shilling pour s'offrir des fruits de mer. 


Bibi: (voix faible) Zula viens près de moi malaïka. 


Zula : (m'approchant) Je suis près de toi bibi. 


Bibi : Tu auras 10 ans dans quelques jours. Tu sais ce que ça veut dire ? 


Zula : Que je suis grande ! 


Bibi: Non que tu es en âge de raison. Et moi ta bibi je suis vraiment fatiguée. 


Zula : Je peux te masser bibi. Où est-ce que tu as mal ? 


Bibi: Zula j'ai besoin que tu t'absentes quelques mois loin de Zanzibar. 


Zula: Mais pourquoi? J'aime être ici. En plus qui va balayer la tombe de maman ? 


Bibi : L'important est que tu nous gardes dans ton cœur Zula. Tu n'aurais pas envie de connaître la Tanzanie ? La capitale ? 


Zula : Hum ! 


Bibi: Zula ta bibi est fatiguée. 


Zula : Raison de plus pour que je reste m'occuper de toi. Où veux-tu que j'aille. Tu es toute ma famille. 


Bibi: (fixant l'homme en question) Tu iras avec lui. Il s'occupera de toi. Il te nourrira et te mettra à l'école. Il prendra soin de toi.


Zula : L'école ? Hum ! 


Bibi: Quand tu seras dans sa maison, fais-toi petite. Ne cherche pas d'embrouille. Quoi qu'on te demande, fais-le et bien. Ne cherche pas de conflit. Un enfant qui veut réussir honore ses parents Zula. 


Zula : Bibi… 


Bibi: Zula j'ai besoin que tu partes loin un moment. Je pourrais me reposer en paix. 


Zula : Mais comment tu vas manger ? 


Bibi: Je me débrouillerai. Est-ce que tu peux aller avec cet homme ? 


Zula : Oui ! Si c'est pour revenir dans quelque mois bibi.


Bibi: (soupirant) Nayilou prends soin de Zuleyha. Après moi elle n'aura que toi. Sache t'en souvenir. C'est toute une génération que je te remets. J'ai perdu mon unique fils dans la mer. Sa femme est morte en couche la semaine qui a suivi en me laissant Talo. Mais elle encore, les ancêtres me l'ont repris. Je n'ai plus de force pour veiller sur cet enfant mais toi, tu as encore la vigueur pour le faire. Je ne te demande pas une reconnaissance. Tu ne l'as pas fait du vivant de Talo, ce n'est pas aujourd'hui que tu le feras. Je te demande juste de veiller sur elle jusqu'à ce qu'elle soit en âge de prendre son indépendance. Talo est décédé à 17 ans. J'espère vivement que ma Zula vivra jusqu'à 100 ans. Et que d'elle jaillira une multitude d'enfant. C'est tout ce que j'avais à te dire. Pour le reste, je serai toujours avec elle et l'âme de sa mère aussi. 


Nayilou: C'est compris bibi! 


Bibi: Soit un homme sinon tu risques de rencontrer le malheur. Talo n'a pas prononcé de bonnes paroles avant de mourir. Elle était dévastée, meurtrie mais haineuse. 


Nayilou: Je ferai de mon mieux. 


Bibi: Zula regarde près de la porte. Je t'ai fait une petite valise. Court te rafraîchir et porte la belle robe que j'ai étalée sur le lit pour toi. Une fois prête, tu iras avec cet homme. Il sera ton nouveau gardien. 


J'étreins ma bibi et court prendre ce bain…


Tanzanie capitale DODOMA  


Je respire bruyamment en entendant le monsieur me parler. 


Nayilou : Nous sommes arrivés ! Réveille-toi ! 


Zula : D'accord ! 


Je m'étire un peu et me lève. Il me tient la main et porte mon petit sac. Dans ma tête, j'espère que bibi se repose bien. Elle me manque déjà. Nous traversons une immense salle puis nous atteignons le parking. Il y a des lumières qui m'enchantent. Je souris en les regardant illuminer la ville. 


Nayilou : C'est joli n'est-ce pas ? 


Zula : Très joli ! 


Il resserre sa paume autour de ma main et me guide vers une voiture. Il ouvre la portière arrière me fait monter puis ouvre le coffre et y pose mon sac. Il contourne la voiture et monte à son tour. Il conduit. Nous arrivons devant une superbe maison. Il éteint le contact puis me parle. 


Nayilou : Zuleyha ! Si tu te rappelles, bibi ta demandé d'être sage ? 


Zula : (secouant la tête) 


Nayilou : Bien ! Je vais te présenter à ma femme. Je voudrai que tu sois gentille et polie. D'accord ? 


Zula : Oui d'accord! 


Nayilou : Si elle te demande de faire un travail, tu le fais ? 


Zula : Oui ! 


Nayilou : Ne la contrarie pas. 


Zula : D'accord ! 


Nayilou : À part ça, bienvenue à la maison. 


Zula : merci monsieur ! Mais… 


Nayilou : Je t'écoute! 


Zula : Je fais comment pour gagner de l'argent ici ? Est-ce que je pourrai vendre les saboussa devant la maison ? 


Nayilou : Zuleyha si tu as remarqué c'est un quartier de riche. On ne consomme pas ces aliments ici. Mais si tu es sage, peut-être que tu pourras les vendre sur commande. 


Zula : Super ! 


Nayilou : Tu sais les cuisiner ? 


Zula : Ça et plus encore ! Bibi m'a tout appris. 


Il acquiesce. C'est le moment de descendre. Il m'aide à le faire. 3 gamins accourent vers lui. Il les porte et les bisoutes à tour de rôle. Une femme également s'avance vers nous mais se braque en me voyant. Elle serre la mine et nous tourne dos. 


Nayilou : Viens Zuleyha! 


Je le suis en tirant sur mon sac. Il me le prend. Il entre en premier. C'est à mon tour de fouler le seuil de leur demeure mais j'entends son " non" catégorique. 


Dawiya : Je ne veux pas de cette fille dans ma maison. 


Nayilou : Dawiya nous en avions parlé déjà. 


Dawiya : (haussant le ton) Et je t'ai refusé à plusieurs reprises. 


Nayilou : Reprends-toi ! Elle est orpheline. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? 


Dawiya : Je ne sais pas mais je ne la veux pas dans ma maison. Je refuse qu'elle cohabite avec mes enfants. 


Il me fixe et reporte son attention sur elle. 


Nayilou: c’est quand même ma… 


Dawiya : Ta quoi? Tu oses dire ce mot et tu peux dire adieu à ce mariage. Nayilou je ne vais pas me répéter. Elle ne vivra pas sous le même toit que nous. 


Elle tourne en rond et se repositionne face à lui. 


Dawiya : (se massant la tempe) Elle peut néanmoins rejoindre la maison des domestiques. 


Nayilou : Dawiya, elle dormira sur quoi ? 


Dawiya : Ce n'est pas mon problème. C'est ton problème. Ramasse ta chose et ramène là où est sa place. 


Zula: (faisant un pas en avant) Mon sac. 


Dawiya : (hurlant de rage) Ne fais pas un pas de plus. Nayilou ramasse ta chose avant qu'elle ne me salisse mes marbres. 


Est-ce que c'est moi la chose? Mon petit cœur est en train de ressentir bien de frustration. Le monsieur hésite encore avant de me rejoindre à la terrasse. Il ne me fixe plus dans les yeux malgré que je fasse l'effort pour regarder ses yeux. Il me ramène vers un indépendant. Il frappe à la porte. C'est une femme qui ouvre. 


Nayilou : J'ai besoin d'installer cette petite sous votre toit. 


Elle : C'est compris monsieur ! 


Nayilou : Désolé de vous déranger mais j'ai besoin de régler quelques soucis avec ma femme. 


Elle: Ne vous inquiétez pas. Je vais en prendre soin. 


Il s'accroupie en face de moi. 


Nayilou : Tu vas dormir ici cette nuit d'accord et demain je te promets de trouver une solution. 


Zula : si on ne veut pas de moi ici, ramène-moi chez bibi s'il te plaît. 


Nayilou : Zuleyha entre à l'intérieur. Elle s'occupera de toi. 


Zula : D'accord ! 


Je rejoins l'intérieur. Il m'assiste un moment puis part. La dame me reçoit avec un bol de chocolat chaud. Mon petit cœur est frustré. Mais je ne sais pas pourquoi. Cela m'embête déjà de rester vivre ici… 


Au petit matin 


Toc, toc, toc ! 


Je me lève en sursaut. La dame est déjà réveillée. Elle est même prête pour rejoindre le travail. Je regarde à travers la fenêtre, il fait encore nuit. 


Elle: endors-toi encore un peu, il n'est pas encore jour. Je vais préparer le petit déjeuner et je t'enverrai ta part. Qu'est-ce que tu aimes ? 


Moi: Du saboussa ! 


Elle: (souriant) Je verrai si je peux te cuisiner ça. 


Toc, toc, toc. 


Elle: J'arrive madame! 


Elle ouvre la porte et la dame la repousse avec violence. Elle s'en prend directement à moi. 


Dawiya: Toi ! 


Elle: Madame elle va dormir encore un peu. 


Dawiya : Qu'elle te suive en cuisine. Elle doit faire le service pour mes enfants. 


Elle : Madame c'est qu'une enfant. 


Dawiya : Je te paye pour discuter avec moi ? Je te dis qu'elle te suive en cuisine tout de suite. 


Je me lève du lit et cherche quelque chose de lourd à porter, il fait froid. 


Dawiya : Dépêche-toi ! 


Elle: Nous arrivons. 


Elle me fixe avec dédain et repart. 


Elle: Tu ne toucheras à rien d'accord ? Je ferai tout. 


Je la suis en cuisine. J'aimerai la croire mais mon intuition me dit qu'elle ne pourra rien contre la femme du monsieur. Je ne sais pas ce que je lui ai fait pour qu'elle me déteste. Normalement, tout le monde m'aime. La domestique est très gentille par contre. Elle m’apprend à faire quelques trucs. À 6h 45, le petit déjeuner est posé sur la table. À mon tour de manger, la femme du monsieur nous demande de faire le service. Il fait tellement froid que je grelotte. Cependant je serre le lait qui est chaud et dont la carafe pèse à ses enfants. Sur le dernier, ma main tremble et le lait se verse sur le sol. Je pose donc la carafe sur la table en cherchant quelque chose pour nettoyer quand soudain je reçois de l'eau bouillante sur mon dos.


Zula : Mama… 


 Le cri qui sort de ma bouche alerte son mari. Je ne porte qu'un pull. Ma tête, mon dos sont en train de fondre. J'hurle comme pas possible. Je ne sais pas ce qu'elle comptait faire mais cette fois, son mari s'est interposé. Il m'a secouru en me mettant derrière lui. 


Nayilou : Dawiya tu perds la tête ! 


Dawiya : Je t'avais prévenu. 


Nayilou : (me redressant) Zula ! 


Zula : (sanglotant) Mama… Mama… bibi… 


Il me tire de là. Sa femme tente de s'approcher. 


Nayilou : (la mettant en garde) Ne me pousse pas à te porter main. 


Dawiya : Nayilou ? Me porter main à moi ? 


Nayilou : (la repoussant) dégage de mon chemin. Demande au chauffeur d'amener les enfants à l'école. Je l'emmène à l'hôpital. 


Entre temps la domestique court me verser de la farine sur le dos. C'est dans des circonstances aussi désastreuses que je suis prise en charge. Devant le médecin, il affirme que je me suis brûlée. Quand nous nous retrouvons seuls, je le supplie encore une fois. 


Zula : Ramène-moi chez ma grand-mère. Je veux retourner chez bibi. Ramène-moi s'il te plaît. 


En guise de réponse, il secoue la tête. En guise de non, il préfère sortir le temps que le médecin me soigne. 


Zula : (larme coulant) Je veux retourner chez les miens… 


Nayilou SEPETU 


J'essaye de ne ressentir aucune affection pour cet enfant mais mon cœur est en train de me trahir. Qui diable a demandé à Tanyat de mourir ? Elle voulait de cet enfant, elle aurait pu vivre. Au moins cela pour s'occuper de sa fille. Ce matin j'ai vu rouge en voyant Zuleyha se tortiller de douleur. D'ailleurs qu'est-ce qui s'est passé dans la tête de ma femme pour donner une carafe en verre qui pèse plus que la petite dans le service ? Elle savait pertinemment que Zula aurait soit brisé la carafe soit pire mais il lui a fallu une simple étincelle pour que la flamme en elle s'embrase complètement. Je suis à la fois déçu et choqué par son comportement. Si seulement j'avais rendu visite à Tanyat, si seulement j'étais retourné… Merde ! J'ai l'impression de brûler dans ma propre chair. 

A cause de l'appel de ma mère, j'ai laissé Zula au soin du médecin. Je me dépêcherai d'aller la chercher aussitôt que j'aurai fini. 


Dans son salon, ma mère m'adresse un regard des plus sombres 


Ma : Nayilou! 


À l'entente de son timbre de voix, je sais déjà à quoi m'attendre… 


Ma: Dawiya…


Nayi: Je sais déjà ce que tu vas me dire maman. Je te fais un résumé rapide. Dawiya t'a appelé pour se plaindre du fait qu'elle a renversé une tasse d'eau chaude sur le dos de Zuleyha. 


Ma: Ce n'est pas en étant sur les nerfs que tu vas résoudre quelque chose. 


Nayi: Parce que tu cautionnes son acte ? 


Ma: Et même si elle l'avait brûlé vif ? Tu ne crois pas qu'elle a assez subi ? 


Nayi: (choqué) Tu t'entends maman ? 


Ma : Nayilou je t'ai éduqué pour que tu ais une femme et des enfants. Je ne t'ai pas éduqué pour que tu reproduites les mêmes bêtises que ton père. 


Nayi: (me levant) Je pense qu'il a bien fait de rester avec l'autre. 


Ma:(hors d'elle) Qu'est-ce que vous trouvez à ces femmes ? 


Nayi : Tu sais ce que je regrette maman ? Mon pire regret a été d’abandonner Tanyat au profit de tes exigences de maman. 


Ma: C'était une fille sans éducation. Dawiya a de la valeur. Comment on vous met ça dans la tête ? 


Nayi : Zuleyha est innocente au milieu de toute cette affaire. Je ne demande pas à Dawiya de l'accepter comme une fille. J'ai tout simplement voulu qu'elle vive avec nous. 


Ma: C'est hors de question. Emmène la dans un orphelinat ou je ne sais pas mais tu ne vas pas imposer une bâtarde à Dawiya et encore moins temps que je suis vivante. 


Nayi : Un orphelinat? Écoute maman, je ne vis pas dans une résidence de plus 12 chambres pour envoyer ma fille dans un orphelinat. Vu que c'est toi que Dawiya écoute, dis-lui ceci, dès ce soir Zuleyha dormira sous notre toit et dans l'une des chambres. 


Ma: Tu n'oseras pas Nayilou. 


Je quitte son champ de vision. À l'heure qu'il est Tanyat doit sans doute se retourner dans sa tombe. Je suis dans un cauchemar… 


(...) 


Zuleyha a passé la journée à l'hôpital. Je lui ai pris des médicaments à la pharmacie. Nous sommes sur le chemin du retour. Zula ne dit pas le moindre mot. J'ai même l'impression qu'elle se crispe en se rendant compte que nous sommes déjà arrivés.


Nayi: Zula ne t'inquiète pas. 


Elle renifle. 


Zula : Ramène-moi chez ma grand-mère ! 


Je comprends son insistance mais la vieille est mourante. Pourquoi Tanyat m'a fait ça ? Je suis entre le marteau et l'enclume. Je me vois très mal la laisser seule maintenant que je la connais. 


Nayi: Fais-moi confiance ! 


Elle renifle plus fort. Ses larmes se montrent déjà. Elle les essuie à l'aide de sa manche. Nous pénétrons à l'intérieur après l'ouverture du portail. J'ai juste le temps de garer que la portière arrière est ouverte de force. Dawiya tire la petite par les cheveux. Je ne coupe même pas le contact que je descends à la hâte. Dawiya est en train d’asséner des coups de gifles à la petite qui essaie par tous les moyens de se défaire de ses bras. Je l'immobilise brutalement mais elle arrive quand même à retenir la petite par son bras. Elle lui tire les cheveux. Merde ! Qu'est-ce qu'elle voit en cette petite ? J'ai l'impression qu'elle voit Tanyat et personne d'autre. Je le sais parce qu'elle a déjà vu sa photo dans mes affaires. Elle est carrément en train de se défouler sur la petite comme si elle était sa rivale. Tout à coup, elle force à quitter mon étreinte et par inattention fléchi genoux. Zula qui a déjà assez souffert, la gratte au visage. Dawiya la lâche sur le champ. Elle se tient le visage qui est en sang. Ses yeux sont rouges de couleur. Elle se rue sur moi. 


Dawiya : Elle me laisse des marques !


Nayilou : (prenant le partie de Zula) Tu la cherché. 


Dawiya : Je ne veux pas de cette chose ici… 


Zula: Je m'appelle ZULEYHA ! Je ne suis pas une chose. Je m'appelle Zuleyha et je suis précieuse. 


Nayi: Zula tais-toi ! 


Zula : Tu as tué maman et aujourd'hui tu me livres à la mort ? 


Je suis décontenancé. 


Zula : Je ne suis pas bête ! Je comprends et j'entends tout. (Pointant du doigt Dawiya) Entre toi et moi l'une de nous deux n'aura pas assez de vie pour tenir dans cette maison. 


Nayi: Zula ! 


Zula : Et toi je te préviens ! Parle à ta femme. (Fixant Dawiya) Tu veux la souffrance ? Nous allons souffrir dans cette maison. Je vais rester ici. Je serai ton poison jusqu'à ton dernier souffle. Je jure sur la tombe de ma mère que tu ne connaîtras plus jamais le bonheur. Je serai ton tourment. (Tremblant) Je m'appelle Zuleyha et je suis précieuse. Je suis rare. Si tu me touches, tu touches mes ancêtres. 


Elle essuie ses larmes du revers de la main. Je me rapproche d'elle mais elle me donne dos. À un moment j'ai cru entendre la voix de Talo. Cette altercation me donne des sueurs froides. Zula rejoint l'appartement de la domestique. Quant à moi, je ne sais plus où me mettre. Dawiya s'est enfermée dans notre chambre. Je me faufile dans un lieu où le silence règne. Cette atmosphère me donne mal à la tête. Je m'assois sur le sofa à la recherche d'un peu de repos. Mon corps s'assoupit. Mes paupières deviennent lourdes. Je me laisse emporter. Or ce n'est ni un sommeil mais un autre cauchemar. 


Quelques minutes plus tard 


Perdu dans le fond de ce trou noir, je tourne en rond. Tout à coup la lumière jailli et du devant moi apparaît Tanyat. 


Tanyat : 2 fois Nayi! 2 fois que ta femme frappe ma fille et que tu es incapable de l'aider. 


Je ne peux pas parler. Mes membres sont lourds. 


Tanyat : Á ton réveil, prépare ses obsèques. 


Toujours aussi lourd, je tente de lui hurler non. Je refuse qu'elle mette son plan à exécution. Mais ce cri assourdissant de la domestique me fait émerger. Trempé de sueur, je me dirige vers la salle de séjour. La domestique se tient la bouche en coupe. Je ne comprends pas pourquoi jusqu'à ce que je m'aperçoive du corps de Dawiya giser sur le sol.


Domestique : Son corps a d'abord frappé le mur violemment comme si quelqu'un l'y maintenait puis il s'est projeté sur le sol. Et nous avons entendu le son d'un claquement. 


Je remonte lentement vers sa dépouille l'âme en peine. Le cou de Dawiya est cassé, sa langue est visible et du sang coule de son nez. Ses yeux quant à eux sont ouverts. La gorge nouée et le corps tremblant, je fléchis genoux. Mes larmes ne remontent même pas. Je crois que je suis maudit… 


A bout de souffle, je lâche ces mots 


" La malédiction de Talo" 


Avant de sombrer dans des sanglots monstres… 


Mwanamke wa Saba awa...