2/ Uchaguzi
Ecrit par Shayanna225
2/ Uchaguzi
Tanzanie city 5 ans plus tard
Nayilou SEPETU
Veuf pour la 5e fois en 5 ans. Mon existence est réduite à ça depuis le décès brusque de Dawiya. Lorsque j'ai évoqué les circonstances mystérieuses autour de sa mort, ma mère m'a ri au nez. Mes 3 fils ont été repris par leur grand parent. Quant à Zula, je l'ai gardé près de moi. Il n'y avait plus de tension, plus de rêve, plus rien. Des mois se sont écoulés et ma mère m'a présenté une autre femme. À celle-là, j'ai confié que Zula était intouchable. Elle m'a en retour juré qu'elle ne ferait rien contre elle. Le mariage fut célébré et elle intégra le domicile conjugal. Au premier abord, Zula restait à sa place. À cause de la marque émotionnelle occasionnée par Dawiya, elle n'a pas intégré la maison, elle dormait avec la domestique. Zula, je l'ai dit, restait à sa place. Elle ne gênait personne. Elle évitait même de parler, de se montrer. Elle vivait comme un fantôme dans cette maison. C'était tant mieux pour moi. Mais pour ma seconde épouse, c'était une plaie. Elle racontait que Zuleyha lui faisait de l'ombre. Chose que je trouvais absolument faux. Comment une enfant peut faire de l'ombre à une femme alors qu'en dehors de la cuisine dans laquelle elle participe pour avoir à manger, elle ne quittait pas l'appartement de la domestique ? Ma seconde épouse ne supportait pas ma fille. C'était ça la vérité. Leurs aura ne concordaient pas. Ce qui était bien dommage car avec mes 3 garçons, elle s'entendait à merveille. Je ne sais pas si Zula arrivait à comprendre ces choses, mais elle devenait de plus en plus invisible. Mon épouse était à 6 mois de grossesse lorsque je me suis absenté pour une demi-journée. À mon retour, j'ai ramené des vêtements à Zula. Lorsque je demandais de ses nouvelles, mon épouse m'a fièrement dit que Zula avait fuguée. Je n'y ai pas cru une seconde. Zula n'est pas imprévisible. Cette nuit, il a pluie des cordes et j'ai fait des cauchemars, de long cauchemar. Talo me gueulait après. Elle me tenait responsable. Au petit matin, ne trouvant pas le sommeil, je suis sortie de ma maison. J'ai sillonné le jardin et l'envie de sortir marcher m'a animé. J'ai à peine ouvert le portail que je l'ai vu assise sur le sol le corps tremblant. Elle s'était recroquevillée. Elle avait passé la nuit dehors. Et la pluie l'avait chicoté. À cet instant, je compris que j'allais devenir de nouveau Veuf.
Zula : Les aspirines !
J'émerge de mes pensées. Je prends le verre d'eau et les cachets que me donne Zula.
Nayi: Merci Zula!
Zula : De rien !
Elle attend que je prenne le cachet et repart avec le verre d'eau. Elle a 15 ans mais ne fait pas son âge. Elle fait femme. Sa croissance n'est pas normale mais je présume qu'elle le tient de sa mère. Déjà à 17 ans, Talo était une femme. Elle avait le corps, les attributs, le visage, la taille et la douceur. Je ne l'ai pas connu faible. Talo a toujours eu un fort caractère. Contrairement aux filles du village, c'était une fille difficile à approcher. J'ai même cru que je n'y arriverais pas. Mais j'ai pu la rendre amoureuse, assez amoureuse pour ne pas retourner en Tanzanie bredouille. Cependant, je n'aurai pas dû jouer avec ses sentiments. Elle était forte je le redis pourtant elle est morte de chagrin. Cela signifie que son cœur était précieux. 5 ans à perdre toutes les femmes qui sont entrées dans ma vie, c'est comme un retournement de situation. Talo m'a juré que j'allais souffrir. Je comprends l'ampleur de ses mots tout comme j'ai compris l'ampleur de mon erreur maintenant que j'ai 40 ans et que je suis Veuf pour la 5e fois. Je deviens un cas désespéré et pour dire vrai, je n'ai plus goût à rien. Je vis mais mon âme est morte.
Mes frères arrivent en groupe. Ma mère est dans un état lamentable. Elle s'approche de moi et m'enlace. Je reste de marbre en entendant ses pleurs. Hamissa m'a 5e épouse a cherché sa mort. Aucune femme douée de raison ne peut tenter de brûler avec du fer à repasser le visage d'une enfant sous prétexte qu'elle fait des yeux à son invité. Elle est décédée il y a une semaine mais je me rappelle de cette nuit comme si c'était hier…
Flash-back
Nayi: Tu tires encore la tronche ?
Hamissa pose son peigne sur la commode et me fixe.
Hamissa : Ta fille a 15 ans non ? Et si tu lui trouvais un mari ?
Nayi : (buvant un verre) Qu'est-ce qu'il y a ? Ma fille te fait de l'ombre ?
Hamissa : Qui peut me faire de l'ombre ? Je suis belle. Mais c'est juste que je ne peux pas vivre avec elle.
Nayi : Avant que nous nous mariions, je t'avais déjà parlé de mes conditions. Zula reste avec moi.
Hamissa : En tout cas, je te chanterai des symphonies aux oreilles jusqu'à ce que tu décides d'entendre raison. Il ne peut pas avoir deux femmes dans cette maison.
Nayi : La jalousie te ronge. Ma fille est dotée d'une beauté légendaire.
Elle ne dit plus rien et se couche.
Hamisa : Ce soir mon frère dort dans la chambre d'amie. J'espère que tu n'y vois aucun inconvénient ?
Nayi : Non!
Pendant que je défais ma cravate pour prendre de l'air, un cri sordide me sidère. Je me dépêche d'aller voir ce que c'est, mais le cri s'estompe.
Nayi : Tu n'as rien entendu ?
Hamisa : Rien du tout !
Un autre cri interrompt une nouvelle fois ma quiétude. Je remets mes boutons et tente de sortir quand Hamisa me passe devant.
Hamisa : Je vais voir ce que c'est chéri. Ne t'inquiète pas.
Je ne l'écoute surtout pas. Le cri rebondit encore et je cerne la voix de ma fille. Je ne sais pas la force qui m'a habité mais immédiatement j'ai poussé Hamisa sur le côté et j'ai bondit sur la porte de Zula. La porte fermée, je n'ai pas attendu les pompiers pour la fracasser à l'aide d'un fer. Ouverte, mon sang n'a fait qu'un tour dans mes veines avant que je ne comprenne que le frère de mon épouse, cet homme qui doit avoir 35 ans était en train de croupier, transpirer sur ma fille à essayer de coucher avec elle de force. Avec toute la rage que j'avais, j'ai saisi ses cols et je l'ai jeté au sol. Zula s'est enfuie à l'extérieur. Son pyjama était en morceau. Elle cachait ses parties intimes dévoilées.
Nayi: (avec rage) Tu l'as violé ?
Lui: non !
Je remarque que sa braguette est encore fermée. Mais c'est trop pour moi. Je me jette sur lui pour le rouer de coup. Ma femme tente de me calmer mais c'est une gifle des plus redondantes qui se loge sur sa joue.
Nayi : Vous êtes complice!
Hamisa : (soutenant) C'est ta fille qui fait des yeux doux à mon frère. Il n'est qu'un invité ici. Qui a bien pu lui indiquer sa chambre ?
Nayi : Hamissa tais-toi sinon tu vas me mettre hors de moi.
Hamissa : Je te l'ai dit. Tu devrais lui trouver un mari. Mon frère est chez lui. Si elle lui ouvre la porte et qu'il ressent le besoin de coucher avec, il le fera.
Nayi : (saisissant ses cheveux) Qu'est-ce que tu dis ?
Hamissa : (me repoussant) C'est à cause d'elle que tu me frappes Nayilou ? Eh bah c'est ce qu'on va voir.
Nayi: N'ose même pas la toucher si tu ne veux pas signer ton arrêt de vie.
Hamissa : Je n'ai pas peur de sa sale chienne de mère fantôme. Je suis le terminus de cette Talo. Regarde pour voir.
Hamissa se rend à la buanderie, y passe une minute ou deux puis revient avec un fer à repasser qui est chaud à cuire de la viande. Zula se relève aussitôt.
Nayi : Arrête ça tout de suite.
Hamissa : C'est ton visage qui attire les hommes. Alors quand ce fer à repasser te sera passé sur le visage, on verra quel homme doué de sens t'approchera. Je m'oppose à son geste. Zula recule. Je me mets entre elles. Sans attendre, ma femme me brûle sciemment le bras avec le fer à repasser puis lance le fer sur Zula. En essayant de dévier, elle tombe dans les escaliers. Hamissa persiste. Zula fait son possible pour la fuir. Hamissa lui court après avec le fer à repasser. Je tente de la rattraper. Au moment où elle pose la main sur Zula, un vent frissonnant parcourt la maison. Les rideaux sont balayés. Je ne sais si j'ai été le seul à voir mais j'ai comme vu l'âme de Talo marcher à la vitesse de l'éclair et gifler Hamissa. L'âme de ma femme est aussitôt sortit de son corps. Lorsque son corps a rejoint le sol, elle était morte les yeux ouverts comme toutes les autres avant elles. Zula perdit connaissance sur le champ.
Fin du flash-back
Ma: Si nous sommes tous réunis chez toi c'est parce que ton problème devient sérieux. Nayilou tu as battu le record des veufs dans ce pays. 5 fois Veuf en 5 ans. À un moment, j'ai pensé que l'âme de Dawiya n'était pas en paix. Mais tes femmes s'entendaient parfaitement avec tes fils. Alors je ne vois pas en quoi son âme serait l'assassin de ces femmes.
J'écoute ma mère d’une oreille attentive. Mais si je parle, est-ce qu'elle prêtera l'oreille ?
Ma: invraisemblablement aucune d'entre elles n'a pu te donner d'enfant. Celle qui a suivi Dawiya est morte en couche avec son bébé. Ohuru est décédé dans son sommeil.
Je marque un arrêt dans mes réflexions. Jusqu'à présent je ne sais pas ce qu’Ohuru a pu faire pour que la malédiction de Talo la frappe. Elle était l’une des plus irréprochables.
Ma: Latifa a eu un accident de voiture. Quant à l'avant dernière, elle s'est suicidée en se jetant du haut de votre batiste. Et Hamissa meurt en tentant de frapper ta sorcière de fille.
Nayi : (raclant ma gorge) je t'ai parlé mais tu n'as pas écouté maman. C'est vraiment triste.
Ma: Tu ne peux pas rester seul Nayilou. J'ai trouvé mieux que tu épouses la fille du chef.
Cette fois je ris. J'éclate de rire.
Ma: J'ai parlé au voyant. Il m'a dit que tu devrais laisser Zula à un génie. Ainsi le génie pourra contrôler la malédiction qui est sur toi et toi mon fils, tu pourras reprendre ta vie là où tu l'as laissé.
Nayi: Cette fois c'est moi que tu veux enterrer maman. Vraiment je remarque combien tu m'aimes.
Ma: Nayilou arrête d'avoir peur.
Nayi : Peur de quoi ? De la réalité ? Ce que je vis maman n'est pas un simple mystère. C'est une réalité. En entrant dans cette maison, ma fille a ramené sa mère avec elle.
Ma: Raison de plus de l'en éloigner.
Nayi : Pour que Tanyat me pende contre mon plafond ? Dis maman est-ce que tu as envie d'enterrer ton premier fils ?
Ma: Non !
Nayi : Alors pitié laisse Zula tranquille. Elle ne dérange personne. Et me concernant, je n’ai plus l’envie de me marier.
Sur ces mots je me lève.
Nayi : Cette migraine me fatigue. Je vais me coucher. Vous êtes chez vous mais de grâce, ne cherchez pas des noises à Zula. Je ne veux plus enterrer personne.
Avant de monter me coucher, je me dirige dans la cuisine.
Nayi: Zula tu peux venir un moment ?
Elle dépose le couteau et m'approche.
Nayi: Comment tu te sens?
Zula: Bien !
Nayi: Est-ce qu'il a abusé de toi ?
Zula : Non ! Il a seulement pu déchirer mes vêtements. Tu es arrivé au bon moment.
Nayi : Tu me dis la vérité ? Ne le couvre surtout pas.
Zula : Je te dis la vérité. En plus je n'ai pas d'intérêt à mentir.
Nayi : Ne me garde rien comme déjeuner. Je vais longuement dormir.
Zula : Je te cuisinerai de quoi déjeuner quand tu seras réveillé.
Nayi : Merci !
Zula: Repose-toi bien !
Je caresse ses cheveux et la prend dans mes bras. Elle reste rigide et ne m'étreint pas. Je tire le maximum de réconfort et remonte me coucher. J'espère dormir ne serait-ce qu'un peu. Un tout petit peu…
Maman SEPETU
J'ai préféré attendre que Nayilou remonte dormir pour me concerter avec ses frères.
Ma : Qu'est-ce qu'on fait ? Il ne veut pas entendre raison ?
Bijal: On devrait l'y emmener nous-même.
Juma: On le fait là pendant qu'il dort. À son réveil, elle sera déjà chez le génie et l'esprit de sa mère captif dans le même endroit.
Bijal: J'adhère ! C'est ce qui est le mieux.
Ma: Alors mettez-vous en action.
Juma: Zula !
Zula : Oncle Juma!
Juma : Viens vite !
Elle se ramène.
Juma: J'ai laissé des petits fours dans la voiture. Est-ce que tu peux aller me les chercher ? J'ai une petite faim.
Elle accepte et part. Bijal se lève en versant de l'alcool sur un papier mouchoir. Quand elle foule le sol de la terrasse, il se saisit de son cou et pose le mouchoir sur son nez. Elle se débat mais humecte la substance. Les secondes qui suivent, elle perd connaissance. Il la ramasse comme un sac et la pose sur le siège arrière en prenant le soin de la ligoter.
Bijal: On peut partir Juma !
Ma : Vous irez sans moi. J'ai besoin d'être présente quand votre frère se réveillera. Vous avez vos talismans sur vous ?
Juma : Oui !
Ma: Gardez les jusqu'à votre retour ici. Appelez-moi quand vous sortirez de chez le génie.
Juma : On fera vite maman.
Je leur accorde ma bénédiction et les regarde s'en aller. Mon fils n'est pas le seul homme à avoir des enfants en dehors de son mariage. Que le fantôme le laisse vivre et s'éloigne à jamais. Je me mets ainsi à asperger la maison. Le sage a dit que ceci conjuguerait le mauvais sort et éloignera l'âme haineuse de cette Tanyat. Il ne reste plus qu'à mes fils d'arriver sain et sauf et de revenir en chair et en os…
2 heures plus tard
J'accueille mes fils les bras ouvert. Ils ont l'air essoufflé malgré qu'ils étaient véhiculé tout le long. Je leur apporte des rafraîchissements pendant qu'ils me racontent leur tumulte.
Bijal: on n'a fait tout ce que le sage nous a dit. Nous avons lancé les cauris, casser les œufs, marcher pieds nus jusqu'à la frontière de la forêt maudite. Une fois en face, nous avons présenté Zula comme l'offrande.
Ma: Elle dormait?
Juma: Tu parles ! Elle était réveillée, les yeux ouverts.
Ma: Et alors ?
Juma: Un gigantesque serpent à surgit du sol maman.
Ma: Il la tué !
Bijal: Il a avalé Zula !
Ma: Donc elle est morte !
Juma: Évidemment qu'elle est morte. Elle a tellement crié… Je crois que ses souffrances étaient atroces. Mais que pouvions nous faire ? Le serpent a disparu en laissant ce talisman.
Bijal: Fais le porter à Nayilou ! S'il n'est pas encore réveillé, fais le maintenant.
Je prends le talisman et rejoins mon fils dans sa chambre. Passant un doigt sur son nez, je comprends qu'il respire. Je lui fais porter le talisman et me lève en le scrutant. Il se réveille immédiatement comme s'il sortait d'un long cauchemar.
Nayi : Zula !
Ma: Nayilou respire!
Nayi : Où est Zula !
Ma: Je suis ta mère. Tout ce que je fais pour toi c'est par amour. La malédiction t'empêchait de vivre.
Nayi : Je demande après ma fille maman.
Ma: Le génie la englouti.
Il laisse échapper un cri strident et son corps perd en vigueur. Allongé sur son lit, j'ai bien peur qu'il soit mort.
Ma: Nayi ! Nayilou!
Il ne bouge pas le petit doigt. Mon cœur se met à battre de façon impromptue.
Ma: Nayi ! (hurlant) Nayilou !
Ses frères accourent. De loin, je me prends la tête en coupe. Bijal s'approche de son grand frère.
Ma: Il est mort ?
Juma secoue la tête en posant ses deux mains sur sa nuque. Incrédulement, je me rapproche de son lit et me met à le secouer.
Ma: Nayilou tu ne peux pas me faire ça. Nayilou, tu me fais quoi ? (en larme) Nayi (serrant sa tête contre mon ventre) Nayilou ! (fixant le plafond je hurle) Tanyat rend moi mon fils. Rends-moi mon fils sorcière. Tanyat rend moi mon fils.
À bout de souffle, je pleure en sourdine. Je n'ai pas à enterrer mon fils. C'est le fils qui enterre sa mère. Tanyat je refuse de perdre cette bataille. Je refuse.
Ma: Nayilou revient ! C'est fini ! Revient ! (brisée) Nayilou…
Zuleyha SELEMANI
Mon souffle se coupe et redevient normal au rythme des mouvements de cette bestiole. Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas encore morte. Je me demande comment j'ai fait pour vivre alors que mes os ont été broyés avant qu'il ne m'avale. Subitement je le sens effectuer des mouvements circulaires. Au fur et à mesure, je repars vers ce que j'ose appeler sa gueule. Un autre mouvement plus terrible et je me sens vomir par le serpent. Aussitôt mon corps immobile tombe dans le précipice. Une mare d'eau me réceptionne. Je me sens prise dans un tourbillon le temps de 5 secondes puis revenant à la surface, je retrouve la mobilité de mes membres. Mes yeux se baladent sur les énormes roches entourant la mare. Elle a l'air d'une grotte et cette mare est alimentée par des chutes d'eau. L'eau est clair, très claire. Je me laisse flotter à l'intérieur d'elle en me nettoyant de cette substance gluante sur ma peau. Lorsque je me sens moins gluante, je tente de quitter la mare mais le serpent refait surface en me tournant autour comme s'il me surveillait. Je reste à ma position. Je n'ai surtout pas envie de retourner dans son ventre. Il me tourne autour pendant plus de 7 fois et moi je ne le perds pas de vue. Je guette chacun de ses mouvements jusqu'à ce qu'une main froide comme la glace se pose sur mon épaule. Mon cœur se trouble. J'ai l'impression que je vais m'évanouir. Et oui mon corps me lâche. Le serpent continue de nous tourner autour. Je ne comprends alors pas comment il peut avoir quelqu'un dans mon dos. Quelqu'un de froid, quelqu'un de pas humain. Je prends mon courage à deux mains et le fixe dans les yeux. Au même moment le serpent disparaît. Les yeux du personnage s’éclairent étrangement.
Lui : petite Mjane, que fais-tu chez le Shetwani (génie) ?
Sa question reste sans réponse. Je n'ai jamais vu d'être comme lui. Je ne pourrai pas le décrire. Mes mots sont moindres.
Lui : Si je te trouble, je peux te faire la faveur de changer mon apparence.
Mes lèvres restent fermées. Il n'émet plus non plus le moindre mot. Il plonge dans la mare et ressort avec un aspect plus humain.
Lui: Je te fais moins peur ?
Sa voix sonne comme celui d'un être normal. Mais je reste craintive.
Zula: Laissez-moi retourner chez moi !
Lui: Petite Mjane!
Zula : Je ne suis pas une veuve.
Lui: Sibi te guidera dans ton antre.
Zula : Pourquoi faire ?
Lui : Prépare-toi à devenir une femme.
Zula : C'est quoi devenir une femme ?
Il ne me répond rien. Il disparaît aussitôt. Le serpent réapparaît. Il me fixe méchamment. Je sors de l'eau et marche devant lui. Il me suit comme s'il était mon ombre. Nous parcourons la grotte ensemble. Il me guide dans un endroit en hauteur. Des marches apparaissent et disparaissent aussitôt que je les dépasse. Au sommet de la grotte, je remarque de la lumière dans une pièce. En y entrant, des pétales de roses ornent le lieu. Il y a un lit, des rideaux et des draps. La pièce est décorée comme celle d'un humain. Le serpent n'y entre pas. Il ne reste même pas à la porte. Il quitte l'endroit. Je remarque le mini jacuzzi fait de pierre. Je crois que ce sera là que je prendrai mon bain. Un pas après l'autre, je découvre l'endroit. Enfin, un endroit qui ne me semble pas inconnu. Le souffle coupé de l'être derrière moi me témoigne qu'il est de retour. J'efface l'image que j'ai de lui et lui refait face. Il est changé. Ses fossettes se creusent alors qu'il ne sourit même pas et ses yeux sont d'une couleur à tomber. A-t-il changé d'apparence ?
Djany : Djany !
Zula : Zuleyha!
Djany : (arquant un sourcil) Content de me montrer dans mon aspect réel et humain.
Zula : C'est quoi devenir une femme ?
Djany : (souriant) Tu n'as pas encore fini ta croissance. Repose-toi petite Mjane ! Ici il n'y aura pas de belle-mère sadique. Il n'y aura pas de père laxiste. Il n'y aura que tes faveurs, tes souhaits et ton bonheur.
Zula : Qui es-tu ?
Djany : Je suis Djany. Autrefois homme mais maudit par le génie de Sibi.
Zula : Tu es mi-homme mi- génie ?
Djany : Je suis le Shetwani ! Le génie homme, dieu du village voisin. Je reprends mon aspect normal au coucher du soleil et avant que le zénith ne pointe.
Zula : Tu vas me tuer?
Djany : J'ai bien d'autre projet pour toi. Ici tu apprendras à te forger. Mais surtout à devenir une femme.
Zula : C'est quoi devenir une femme ?
Il arque un sourcil et indépendamment de moi, me ramène à sa poitrine. Ma tête touche à peine sa poitrine que mes forces me lâchent. Je me sens porter. Je le revois me poser délicatement sur le lit pendant que mes paupières se ferment de fatigue.
C'est quoi devenir une femme ?...